Les Egouts

Depuis un peu plus d'un mois déjà, les séides de Nurgle s'étaient infiltrés dans la ville de Mandrasa-Prime. Sous les directives de Syphilus, leur maitre, la troupe s'était installée dans les égouts citées sous le quartier industriel. Au fil des semaines, ce lieu se dégrada petit à petit, l'air devient vite irrespirable, vicié par la puanteur de la mort, les murs se recouvrirent d'un couche de mousse et de champignons, les quelques autochtones des lieux, à savoir les rats, furent contaminé par la peste. L'eau qui circulait autrefois n'était plus que de la vase noire de jais, abritant de nombreux parasites. Aucun humain sain d'esprit n'oserait s'aventurer dans de pareils lieux, et les fous qui y pénètreraient ne récolteraient rien d'autre que maladie et mort.

Au milieu de cette forteresse que lui constituait la puanteur et la pourriture, se trouvait Syphilus, l'Apôtre Noir, juché sur un trône fait de bois moisi, surplombant ainsi ses serviteurs. Deux Compagnons de la Peste se tenaient près de leur maitre, aussi immobile que celui-ci, tandis que leurs camarades menaient des patrouilles dans le reste des égouts, la plupart des cultistes s'affairaient à diverses tâches ; allumage d'encens, prière à destination de l'Apôtre et de Nurgle, sacrifice de rats. La petite troupe menait les mêmes activités depuis qu'elle était arrivé en ces lieux, et que leur chef s'était tue après avoir donné ses derniers ordres. Les hérétiques avaient l'habitude de ces longs enfermements de la part de Syphilus, nul n'osait contester son autorité pendant ces "absences", certains disaient même que, dans ces moments là, l'Apôtre Noir était en contact avec Nurgle et recevait ses ordres.

Cependant aujourd'hui était un grand jour, tout le monde le savait, ou plutôt le pressentait, d'où l'activité, supérieure à la normale, qui régnait dans l'antre. L'Apôtre avait enjoint psychiquement ses fidèles à se rassembler, il s'apprêtait à donner de nouveaux ordres, aussi, c'est avec un certain enthousiasme que les cultistes piétinaient d'impatience d'entendre leur guide s'adresser à eux et prêcher la bonne foi, tandis que les Compagnons de la Peste attendaient impassiblement de nouveaux ordres. Finalement la voix grave et profonde de Syphilus se fit entendre :

"- Mes enfants, le jour de gloire est arrivé. Notre force augmente au fur et à mesure que les mortels se divisent. Nous devons nous assurer que plus rien ne pourra jamais les réunir et commencer à distribuer les présents de Grand-Père. Une partie des humains luttent pour ces conceptions matérialistes qui les qualifient si bien ; la misère, la pauvreté les pousse à se révolter contre leurs maitres. Augmentons leur malheur et le conflit éclatera, il sera alors encore plus simple de prendre ce monde ! Mes enfants adorés, prenons les armes, avec discrétion, nous prendrons leurs réserves d'eau et nous les bénirons par la suite, faisons de même avec leurs vivres. Les présents du Dieu de la Déchéance se répandront alors, les seigneurs de cette ville seront alors incapables de résoudre les malheurs de leurs serfs, qui se révolteront. Mes fils, notre heure est venue, notre dieu est avec nous et nous observe, nous ne devons pas échouer !
- Loué soit notre maitre, loué soit notre Apôtre ! Cria l'un des cultistes, aussitôt repris par ses congénères."

Les hérétiques se mirent alors à genoux pour prier Syphilus, même les Compagnons de la Peste semblaient sortir de leur passivité, excités par les paroles de leur guide. Leur chef s'avança alors vers l'Apôtre Noir pour lui demander d'une voix monocorde :