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 Intérêts croisés

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Njarll
Grimaldus
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Arax, Inquisiteur
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés - Page 3 Icon_minitimeDim 10 Fév 2013 - 19:17

Bon, et bien j'ai du retard et mon ordre est un peu chamboulé...
Ce cinquième chapitre devait en théorie voir l'introduction d'Hyrtis en tant que personnage principal et dépeindre la mise en place des derniers éléments du complot de Gaïa, sauf qu'en un mois, j'ai réussi à écrire à trois reprises les cinq même pages pour ne pas en être satisfait... je n'arrive pas à me mettre dans la tête de notre ami l'Hypurant au bon gout et du coup... et bien sa participation se verra toujours à travers les yeux d'autres personnages, tant pis pour lui!
Si vous percevez par suite un truc qui semble non expliqué, n'hésitez pas à demander, j'essayerais d'expliciter ce qui devait se passer dans le chapitre 5 original mais il est possible que j'oublie des choses.
Enfin bon, après cette pause, c'est reparti et c'est ça l'important!
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Arax, Inquisiteur
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés - Page 3 Icon_minitimeDim 10 Fév 2013 - 19:21

Chapitre 5: L'Impératrice du Nord


De tous les désagréments que pouvaient impliquer un voyage en valkyrie, Sirion n'hésitait aucunement à dire que le pire était le bruit. Filant à près de mille sept cent kilomètres par heures, le transport militaire qu'il avait réquisitionné traçait sa route entre Hélipolis et Khorsadan où se trouvait toujours la révérée Fille de la Terre à son départ, une heure plus tôt. Il aurait bien évidemment pu prendre une navette aquila ou un arvus diplomatique comme il en avait l'habitude mais de tels véhicules n'étaient pas pensés pour des traversés atmosphérique, il leur fallait, pour profiter au mieux de leur vitesse, s'élever jusqu'à la stratosphère afin d'y faire montre de leur pleine puissance avant de redescendre là où se rendaient leurs passagers. Une telle trajectoire eut prit quatre à six heures de plus qu'un vol tendu de valkyrie et avec les événements qui se bousculaient actuellement, l'ambassadeur n'était aucunement paré à céder autant de son temps. Ainsi donc il se trouvait ballotté sur les sièges inconfortables d'un aéronef militaire, le vent hurlant à ses oreilles malgré l'insonorisation relative de la cabine.

Autour de lui, deux cataphractaires, visières baissés et l'arme gardée contre le torse n'avaient pas fait mine de bouger depuis leur décollage, deux heures plus tôt, Philaeus pour sa part avait réussi à s'endormir dans son harnais bien que le diplomate se trouva totalement incapable de comprendre comment il y parvenait. Atius enfin se tordait nerveusement les pouces, ses lèvres se mouvant rapidement alors qu'il se récitait les dernières données arrivées par le canal informatif et qui défilaient en une holoprojection devant ses yeux. Les barons Aran Astellan et Herun Hestus avaient tous deux été chargés de maintenir le contact avec le fils du soleil et de superviser l'ouverture officielle de l'ambassade d'Helipolis tandis que leur supérieur partirait s'entretenir avec la fameuse Ahotep.

Sirion ne se faisait aucune illusion, la guerre était désormais déclarée avec le bombardement d'une forteresse assadienne par une flottille rhédalienne et ce quand bien même l'accrochage n'avait fait qu'une douzaine de blessés et quelques dégâts matériels avant que l'ennemi ne prenne la fuite. Néanmoins, il restait encore beaucoup à faire quant à établir l'ampleur de l'engagement aldéran dans les premières phases du conflit, les garanties à donner et à recevoir. Il n'allait certainement rien régler de définitif dans les jours, peut être les heures, à venir mais il n'en avait pas moins voulu se déplacer aussi vite que possible et n'avait de fait prit avec lui que l'un de ses analystes les plus efficaces et son principal conseiller militaire et responsable des forces du Domaine à la surface.

Tout n'avait réellement été que folie depuis l'attaque contre un des gardes de Khefren, rien n'avait eut de sens. L'attentat causé avait été orchestré sans la moindre forme de talent, ne mettant nullement en danger la vie du Fils du Soleil et ne procurant aucun avantage à ceux qui l'avaient déclenché. La simple arme du crime pourrait être utilisée pour ternir l'image de la rhédalie, le petit pistolet passé outre les détections était en effet doté d'un mode automatique, en totale opposition avec le deuxième article des accords d'Unea. Le vaisseau diplomatique qui avait conduit la délégation rhédalienne à bon port n'avait apparemment aucunement été mise au courant de l'action et les gardes du Fils du Soleil n'avaient eut aucune peine à s'en emparer à quai sans que ses occupants n'aient la moindre occasion de se défendre. Dans le même temps, les quatre navires qui avaient bombardé la forteresse d'Aron n'avaient causé que des dommages mineurs, ne débarquant pas un fantassin au sol avant de se replier lorsque la flotte assadienne avait fait mouvement. Ils étaient apparus de nulle part à en croire les rapports d'observation de l'empire et de même avaient disparu dans la nuit sans laisser de traces, le seul témoignage de leur passage se limitait à quelques impacts sur les murailles de la prison et au fait que deux patrouilleurs du delta avaient disparu dans la demi heure précédant l'attaque.

Avec cette succession d'agressions, l'empire était en position pour lancer son assaut contre la république et il était probable que dès le lendemain les premières divisions assadiennes s'avanceraient au sud dans l'Isthme Galaté. En un sens il s'agissait là d'une victoire pour les alliés d'Aldéran à la surface mais Sirion ne pouvait s'empêcher de s'interroger: y avait il de la dissension au sein de la république? Un parti ultra militariste qui aurait trouvé moyen de noyauter la délégation pour conduire à un incident? Cela semblait peu probable, si il était certain que les rhédaliens ne soient pas tous en accord quant à l'attitude à prendre dans le règlement du conflit, il était tout aussi clair que la délégation avait pour charge de déclencher les hostilités de manière subtile et une faction politique sachant infiltrer de tels pions n'aurait sans doute pas été impatiente au point de ne pas pouvoir réfréner son action quelques jours au moins pour laisser aux dignitaires principaux l'occasion d'agir. Néanmoins se posait alors la question du qui... L'adepte qui avait tout déclenché venait des marches impériales et non de Rhédalie, peut être le gouverneur Alun avait il craint que la menace d'une intervention extra-sectorielle et la démonstration de force effectuée par les aldérans ne puisse infléchir ses alliés et les pousser à négocier, plutôt que la domination assadienne, l'installation d'un conseil dirigeant sous influence aldérane et dont il aurait été exclu. Si tel était le cas, Sirion devait lui reconnaître une certaine clairvoyance.

Un moment l'ambassadeur ferma les yeux, tentant de se focaliser sur les souvenirs qu'il gardait de ses terres, d'Inès et de ses filles. Il s'efforça d'oublier où il se trouvait et pourquoi il s'y trouvait mais il eut beau faire des efforts, ceux ci restèrent sans résultat. Il rouvrit les yeux pour voir Atius qui semblait apparemment désireux de lui parler.

-Qu'y a il mon jeune ami? demanda il avec un sourire.
-Le premier citoyen Rhédalien est en train de faire une allocution transmise par ondes dans toute la république. Un de nos aéronefs espion vient de nous le transmettre et je me disais que... vous êtes fatigué et il n'est pas indispensable que vous l'entendiez en direct puisqu'il ne... enfin vous ne... la délégation ne saurait répondre dans la soirée et...

Sirion referma les yeux une nouvelle fois mais les rouvrit après un court instant. Son regard bleu glacier était de nouveau pleinement éveillé.

-Je n'ai nul besoin de dormir, déclara il, mon seul désir serait de m'évader quelques instants mais il n'est pas question que mon envie prime sur mon devoir.
-Je ne... à aucun moment je...
-Calmes toi, tu n'as pas mal agi et quand bien même l'aurais tu fait que tu ne devrais pas laisser cela te troubler ni ne devrais tu te répandre en excuse. Tu es un aldéran, tu portes en toi la fierté de douze millénaires d'histoire, ton nom s'est maintenu à travers les siècles et tes ancêtres ont su trouver leurs place dans les cieux aux côtés des saints fondateurs, de l'Empereur Immortel et du précurseur Aldéran, ils ne s'attendent pas à ce que tu te montre humble pas plus qu'ils ne te veulent condescendant, ils attendent de toi que, conscient de ton héritage et de ta valeur, tu affirmes ta force.
-Oui mon seigneur, répondit le jeune homme avec une certaine gène mais en soutenant tout de même le regard du comte.

Sirion activa le transmetteur qu'il portait à l'oreille et d'une commande mentale le calibra sur la fréquence où étaient restituées les paroles de ce fameux « premier citoyen ».

-... onge que cela. Jamais la Rhédalie en tant qu'entité n'a armé d'assassins pas plus qu'elle n'a connaissance d'une escadre ayant opéré au nord de l'atoll Girion ces derniers jours. Nous faisons face à une campagne de désinformation assadienne comme cela nous est déjà arrivé plus d'une fois au cours de notre histoire mais une fois de plus nous ne laisserons pas un mensonge devenir réalité.
« Peuple de Rhédalie et des républiques sœurs, vous savez aussi bien que moi que nous sommes une nation fière, bâtie sur l'honneur et le sacrifice. En ce jour nous apprenons que de nouveau, certains des nôtres sont devenus martyrs, les trente deux membres de notre délégation dans les Terres du Soleil et dont nous avons eut confirmation de la mort d'au moins deux et dont les autres semblent avoir été fait prisonniers par les assadiens. En tant que premier parmi notre peuple, je serais le premier à m'excuser auprès des familles des disparus et je les prie de faire preuve de la force dont les leurs ne doivent pas manquer de témoigner en ces instants même. Nous n'avons nulle crainte que les victoires à venir sauront nous fournir en prisonniers que nous pourrons échanger contre ces braves représentants de la nation!
« Quelques heures en arrière, la prétendu Fils du Soleil assadien nous a déclaré son hostilité bien que la guerre n'ait encore pleinement éclaté, déjà nous nous préparons à lui donner l'enfer, lui comme ses sous fifre esclavagistes et sa noblesse corrompue. N'ayez crainte car notre cause est juste et par ce fait même, l'Empereur est avec nous. Ne craignez donc nulle obscurité car la victoire viendra! »

Il continua encore longtemps, en appelant à la fibre patriotique de chacun, démentant encore et toujours les allégations d'attaque. Une telle attitude était évidemment à prévoir mais Sirion ne pouvait s'empêcher lui aussi de trouver la chose étrange d'autant qu'après le retrait des forces Rhédalienne de l'Isthme suite à la campagne éclair de Vestus comme l'avait là aussi répété le premier citoyen. Si effectivement l'Empire lançait sa campagne dès le lendemain, il était possible de faire des avancées retentissantes avant que l'ennemi ne puisse contre attaquer...

-Merci de m'avoir signalé cette communication Atius, dit l'ambassadeur. Je voudrais maintenant que tu me dise tout ce que tu as pu glaner quant aux manœuvres sur les Marches Impériales, ce sont après tout elle que nous sommes sensés contrebalancer...



L'arrivée à Khorsadan se fit alors que se levait le soleil. Sept heures pour parcourir les dix mille kilomètres séparant la capitale des Terres du Soleil de ce qui allait sans doute être la base arrière de la campagne à venir avait pleinement laissé le temps à Sirion de comprendre que la mobilisation des réserves dont s'étaient enorgueilli Paneb et Ralens quelques jours plus tôt allait poser un problème majeur: il faudrait des mois pour transporter une dizaine de divisions du coeur de Terres du Soleil jusqu'au front. Néanmoins, alors que la Valkyrie décélérait en approche de sa destination, il se rendit compte que l'ost déjà assemblé dépassait l'entendement.

Khorsadan se trouvait à la frontière entre les Jungles d'Abondance, couvrant la façade ouest de l'Empire Assadien en plus de son nord et les Terres du Soleil qui s'étendaient à perte de vue à l'est. Bâtie à l'origine sur la rive est de l'embouchure du fleuve Aurae, la cité avait à son aube été une plaque tournante du commerce entre les colons peuplant les terres de l'ouest et ceux établis à l'est. Lorsque plus tard s'étaient établis les deux royaumes, ceux ci avaient longuement combattu pour sa possession avant que la frontière ne soit établie sur le fleuve et que la ville puisse de nouveau servir aux échange, ses vastes forteresse servant néanmoins épisodiquement lorsque l'hostilité renaissait. Enfin, lorsque s'étaient unis les royaumes, Khorsadan s'était étendu sur la rive ouest, devenant l'une des rares cités de cet empire à être dirigée aussi bien par des hommes que des femmes.

Cela faisait six mille ans que la cité était partagée entre la double couronne et Sirion doutait que le moindre de ses habitants, si ce n'était le moindre être sur cette terre, soit pleinement conscient du rôle de la gigantesque place forte à demi en ruine qui trônait au cœur de cette agglomération. Les tout premiers couples régnant de l'Empire unifié avaient déployé de large efforts pour effacer le souvenir qu'il fut un temps où les deux terres n'étaient pas rassemblées, où elles s'étaient mesuré l'une à l'autre et où la haine entre les peuples d'alors dépassait celle qui pouvait exister entre rhédaliens et assadiens des jours présent. Malgré tout, le symbole restait fort, bien que peu prennent conscience de son ampleur, d'assembler l'ost des deux couronnes en ce lieu.

Plus qu'une ville, Khorsadan était en effet devenue ou peut être redevenue un baraquement géant. Les collines alentours étaient couvertes d'une véritable forêt de tente s'étendant sur des milles et des milles. Au loin Sirion pouvait voir la lisière des Jungles d'Abondance mais même à cette distance il percevait les lumières allumées dans ses cimes, signe que l'ost du nord assemblé avait prit part de ses quartiers hors de vue des troupes du sud. Le rassemblement devait, en première estimation, dépasser les trois millions de soldats en comptant simplement ceux autour de la ville et l'ambassadeur n'avait nul doute que plus encore résidaient au sein des murs. Alors que la valkyrie survolait le campement il put voir les nombreuses pistes d'atterrissage et les voies provisoires de chemin de fer où ne cessaient de circuler des trains, d'où sans cesse partaient de nouveaux avions.

Philaeus grogna à une telle vue.

-Leur art de la guerre est véritablement désuet, commenta il, un tel rassemblement, une telle concentration de besoin et de puissance. Des frappes stratégiques, d'artillerie ou aériennes pourraient causer des dizaines de milliers de pertes en quelques instants et, bien pire, le simple fait de couper l'approvisionnement en nourriture d'un tel camp serait le moyen le plus économique que je vois de priver mon ennemi de... peut être cinq cent mille hommes?
-La Fille de la Terre a assemblé cet ost pour montrer sa force je pense, non pas pour l'envoyer d'un bloc en campagne, répondit le comte d'un air doux, elle est encore sur ses terres et j'ose imaginer qu'elle a suffisamment d'éclaireurs dans les terres alentours pour prévenir toute infiltration d'artillerie.
-Elle n'a sans doute pas assez d'avions pour interdire tout simplement le ciel à ses ennemis... la moindre bombe larguée ici serait plus létale qu'un tir de canon tormentor lourd dans une de nos formations...

Sirion sourit.

-C'est pour cela que nous présidons à des dizaines de mondes et que les assadiens doivent lutter pour obtenir la seule main mise sur leur planète.

La valkyrie finit par s'approcher de l'antique citadelle et se posa sur une aire d'atterrissage que les agents du génie avaient du déblayer dans le cadre de la remise en état partielle de ce quartier général. Les autorisations avaient été données sans difficultés mais Sirion remarqua que nul comité d'accueil ronflant n'avait été envoyé le saluer. Au lieu de cela, lorsqu'il descendit la rampe de l'appareil, inspirant pour la première fois depuis des heures un air non recyclé, une simple estafette se tenait là pour le diriger.

La femme était assez petite et trapue avec des épaules musculeuse mais un visage fin. Sa peau était d'un noir riche et profond très loin du teint habituel au sein des Terres du Soleil, elle ne devait pas être de noble ascendance mais l'arrangement de ses cheveux et le treillage de sa ceinture laissait supposer qu'elle était d'un grade relativement élevé dans la hiérarchie malgré tout.

-Bienvenue au QG de Khorsadan, dit elle en un haut gothique tout à fait respectable. Je suis Alys Quelua, agent de liaison déléguée à votre service pour la durée de votre séjour ou jusqu'au départ de mon unité.
-Enchanté de faire votre connaissance, répondit Sirion. J'imagine que la Fille de la Terre a été prévenue de ma venue?
-Son altesse Ahotep est consciente de tout ce qui se passe sur le camp et dans les environs, néanmoins elle est actuellement partie en reconnaissance au sud en prévision des mouvements de la journée, elle ne pourra probablement vous recevoir que dans plusieurs heures.

Cela n'était pas pour contenter l'ambassadeur mais il n'était guère en position de s'imposer dès maintenant.

-Que voulez vous dire par... partie en reconnaissance? La fille de la terre en personne participe à de telles missions?
L'autre opina du chef.
-Son altesse Ahotep a toujours eut à cœur de conduire elle même les opérations. Elle a néanmoins prévu votre venue et la Future Mère Méhyt a été chargée de vous recevoir.
-La Future Mère?
-Oui, la Future Mère a insisté pour accompagner l'armée en déplacement. Elle s'est approprié une dépendance d'où elle tient sa cour et Ahotep a jugé qu'elle saurait vous faire patienter.

Sirion ne dit rien. Le titre de Reine Mère était le deuxième plus prestigieux au sein des Jungles d'Abondance. Depuis six mille ans, les familles dirigeantes des deux royaumes formant l'Empire d'Assadie s'unissaient, l'une fournissant la femme et l'autre l'homme. Néanmoins, là où les Fils du Soleil étaient les enfants direct du couple royal précédent, les Filles de la Terre étaient issues d'une union plus lâche, en partie pour éviter la trop forte consanguinité mais aussi afin de garer en partie l'indépendance des Jungles d'abondance. Les filles nées d'un Couple Régnant n'avaient aucun pouvoir directe hormis la possibilité de pouvoir arranger par elle un mariage diplomatique intéressant, néanmoins, l'ainée parmi celles ci portait le titre de Future Mère et leurs filles celles d'Enfants du Pacte. Lorsqu'une Fille de la Terre passait de vie à trépas lui succédait une des Enfants du Pacte, habituellement la plus âgée toujours non mère et sa propre mère gagnait le titre de Reine Mère, régente des Jungles d'Abondance en cas d'absence de sa fille, responsable de la régence en cas de vacance du pouvoir.

Néanmoins, là où la Reine Mère disposait habituellement d'une grande influence, une Future Mère était le plus souvent précieusement gardée en Quentyl, chargée d'enfanter et de vivre sa vie en réclusion afin de ne nullement perturber le pouvoir en place. Il était monnaie courante que les Futures issues de plusieurs Filles de la Terre différentes intriguent les unes contre les autres au sein de leur petit palais arboricoles mais qu'elles en sortent était bien plus rare.

Après qu'Atius et Philaeus et leur escorte aient été dirigés vers ce qui devaient leur servir à tous de logement dans les prochains jours, Sirion se laissa donc conduire, notant que la forteresse était presque exclusivement occupée par les femmes combattantes des jungles du nord. Aussi bien guerrières des basses couches à la peau noire que métis issues d'unions avec la noblesse des terres du sud, il se trouvait entouré de femmes. Celles ci allaient, de ci et de là, porteuse de messages, courant rejoindre leurs unités, s'occupant d'un des fameux dragons de jungles, s'entrainant au tir, aussi bien au fusil qu'avec les fameux arcs des jungles. Les seuls homme qu'il vit étaient une douzaine d'officiers réunis avec autant de femmes dans un tente, sans doute pour discuter de stratégie. Si les troupes des Terres du Soleil étaient sans doute les plus nombreuses assemblées dans les environs de la cité, il était clair que la Fille de la Terre accordait bien plus sa confiance aux guerrières qu'elle avait déjà mené à de multiples reprises au combat qu'à des soldats n'ayant jusqu'alors jamais connu la réalité du champs de bataille.

Quelua les conduisit loin des centres apparents d'activité vers ce qui semblait un ancien jardin maintenant laissé à l'abandon. Sirion observa les restes d'allées et les bassins fissurés. De ce qu'il savait, la dernière occupation active de la forteresse remontait à plusieurs siècles et les guerres pour empêcher la formation de la République, il était dès lors logique que le même genre de configuration conduise à sa nouvelle occupation.

Les alentours d'un pavillon au milieu de tout ce laissé allé semblait néanmoins bien mieux tenu, les chemins avaient été remis en état et un petit bassin avait vu son eau drainée et ses pourtours réparés. Le pavillon en lui même semblait avoir été récemment repeint et des plantes grimpantes avaient été installées et en couvraient de façon harmonieuse déjà un bon quart.

-C'est ici que réside la Future Mère?
-En effet. Dame Méhyt a été proposée par sa mère pour assurer le rôle de responsable de la diplomatie dans l'Isthme ainsi que de gouverneur temporaire de régions nouvellement contrôlées et elle établira sa capitale ici une fois l'armée partie.
-La cité de Khorsadan n'a elle pas toujours été sous gouvernement des Terres du Soleil?

Quelua le regarda avec un air mi amusé mi agacé.

-Le jour où les Terres du Soleil se montreront assez forte pour se diriger et se défendre par elles mêmes, nous les laisserons faire, en attendant, nombre de ces hommes doivent apprendre de nouveau ce que signifie avoir de véritables dirigeants.

Il ne manquait plus que cela, rumina Sirion en passant la porte.

L'intérieur était aménagé en une salle de réception, réduite mais luxueuse dominée par un fauteuil enchâssé dans un arbre tropical qui avait visiblement été transporté de loin. Personne ne s'y trouvait toutefois et Quelua le laissa sur place allant chercher la maitresse de ces lieux. Elle revint quelques instants plus tard, suivie d'une jeune femme qui, tout en marchant, finissait une lecture apparemment passionnante.

La Future Mère présentait, comme on pouvait s'y attendre, quelques traits communs avec ses demis frères, Ralens et Khefren: une haute taille, des pommettes relevées, un nez fin... néanmoins sa peau était bien plus foncée sans atteindre le véritable noir de Quelua, témoignant que malgré les noms, le soleil frappait les Jungles d'Abondance aussi fortement que les Terres du Soleil ou du moins que les maîtresses des jungles n'avaient nulle crainte de s'y exposer. Elle portait une robe faite de ce qui apparaissait de près comme les feuilles rouges d'un arbre du nord mais qui aurrait pu passer pour n'importe quel tissus fin à distance. Comme de coutume dans l'ensemble de l'Assadie elle allait pied nu mais les siens étaient menus et agréable au regard, tatoués de symboles végétaux, ses jambes fuselées, au contraire de celles de toutes les femmes que Sirion avait vu depuis son arrivée, n'étaient pas faites que de pur muscles et semblaient plus faites pour attirer le regard que pour assurer une course rapide et une escalade aisée des arbres des jungles.

« Elle m'envoie à sa fille car celle-ci tient de la diplomate et qu'elle même est une guerrière, pensa le comte, ce genre de détail n'auraient même pas effleuré Khefren... »

-Bienvenue, Ambassadeur, déclara la jeune fille en posant son livre sur un meuble attenant.

Elle effectua le signe de l'Aquilla sur son coeur et Sirion mit un instant avant de lui rendre, plus coutumier qu'il était de celui de l'Ange ou de l'Unité et n'ayant guère vu celui-ci reproduit depuis son arrivée. Il détailla et mémorisa son visage, notant bien qu'il devrait faire des recherches à son propos car il ne savait que peu sur elle là où il s'était efforcé de se familiariser avec la majorité de ceux qu'il s'apprêtait à rencontrer avant même son arrivée sur Karala.

-Je suis Méhyt, de la lignée des Filles de la Terre et régente des conquêtes à venir. Ma mère n'est malheureusement pas présente comme je ne doute pas que la lieutenant Quelua vous en a fait part, aussi, étant moi même dans l'attente de ses directives, je me suis dit que je pourrais vous tenir compagnie jusqu'à son arrivée et peut être pourrais-je répondre à quelques unes de vos questions dans la mesure de mes maigres moyens?

Elle s'était exprimé non seulement en haut gothique mais en utilisant de nombreuses locutions typiquement aldéranes. La fille ne devait pas avoir plus de seize ans, quinze plus probablement mais son éducation semblait avoir été jusque là brillante... ou très bien ciblée.

-La... lieutenant Quelua comme vous venez de dire, m'a dit que c'était votre mère qui vous avait chargée de vous occuper de moi.

L'autre ne se démonta pas le moins du monde.

-Certes oui, charmante attention de sa part? Mais je l'imaginais tout aussi charmante de la mienne de faire la proposition.
-Certes comme vous dites, sourit Sirion. Et bien en ce cas, qu'avez vous à proposer pour passer le temps?
Quelua, voyant qu'elle n'était plus indispensable pour le moment s'en-fut, partant rejoindre les autres aldérans.
-Vous jouez au régicide?
-Tout ambassadeur doit savoir perdre au régicide, quant à savoir jouer, cela reste à vérifier!

Cela la fit rire et ce rire amusa légèrement le comte. Néanmoins il n'était guère d'humeur à jouer: il n'avait pratiquement pas dormi depuis plus de vingt quatre heures et il avait espéré pouvoir s'entretenir au plus vite avec la Fille de la Terre avant prendre un peu de repos. N'ayant cependant que peu à faire avec Atius et Philaeus qui devaient déjà être de leurs côtés en train de récolter des informations sur les environs, il se laissa conduire à une table de la petite résidence.

Ils firent deux parties en trois quart d'heures et si il se laissa malmener au cours de la première moitié de la première, la bonne humeur et la légère fanfaronnade de son opposante surent l'agacer suffisamment pour qu'il la défasse sans coup férir, renversant la situation au cours du premier affrontement et allant droit à la victoire lors du deuxième.

-Votre niveau de jeu n'est pas si mauvais que ce que vous laissiez dire, déclara la jeune fille, légèrement bougonne.
-Savoir perdre implique de connaître suffisamment le jeu pour le conduire vers notre défaite sans que cela ne se voit et ce même face au pire des incapables, rares sont ceux à comprendre l'entrainement que cela requiert!
De nouveau elle rit avant de l'inviter à sortir profiter de l'air matinal.

Le soleil était encore bas sur l'horizon et dans la pénombre créée par les plis et replis des terres alentour, il n'était pas évident de voir que tout autour de la citadelle s'étendait un ost à la taille dépassant l'entendement commun.

L'éloignant des zones occupées par l'état major, Méhyt le conduisit à travers les jardons abandonnés jusqu'à une tourelle d'où ils purent au mieux voir les étendues alentour. Alors que Sirion se laissait reposer sur un rebord, sa jeune compagne, visiblement enthousiaste, attira son attention sur ce qui n'était encore qu'un point dans le lointain.

Le regard de Sirion peina de prime abord à distinguer ce qu'elle indiquait mais en quelques instants la trace presque invisible devint plusieurs vastes et nobles silhouettes. Longs de cinq mètres et d'une envergure dépassant les quinze, une douzaine de dragons des forêts revenaient vers le campement avec installés sur leurs dos leurs duos de cavalières et leurs canons autopropulseurs. Au sein de cette escadre, une créature se démarquait nettement, ses écailles d'or brillant à la lueur du soleil et sa masse écrasant celle des monstres alentours qui pourtant ne paraissaient être que des vermisseaux. La Future Mère fit de grand signe dans la direction des bêtes et si la plupart n'infléchirent pas leur trajectoires, la plus grande vira néanmoins sur l'aile, glissant entre les airs pour venir en un instant se poser sur la tourelle près de laquelle se trouvaient les deux observateurs. Sur son dos, la cavalière était seule. Sa carnation était plus foncée que celle de Méhyt mais on sentait néanmoins le sang du sud qui coulait pour partie dans ses veines. Ses traits eux aussi semblaient à ceux de la Future Mère mais ils étaient plus grossiers et une large cicatrice les barraient du haut du front jusqu'à la mâchoire. Elle portait une combinaison thermique assadienne, méticuleusement arrangée à sa silhouette et autour de sa taille, un harnais décoré la retenait à sa monture et à son arme. Elle s'en défit d'un geste expert et, avec la souplesse d'un chat, se laissa glisser le long des flancs de sa monture jusqu'au sol où elle planta ses yeux presque dorés dans ceux du comte.

-Monsieur l'Ambassadeur, j'attendais votre venue en des conditions moins... urgentes... néanmoins j'espère trouver suffisamment de temps pour vous laisser voir qui est celle qui en appelle à l'aide de la glorieuse aldéran dans ce conflit et vous persuader ainsi de la justesse de votre appui.

Sirion tendit la main que l'autre prit avec force sans détourner le regard un instant. Elle n'avait eut nul besoin de dire qui elle était mais Sirion commençait déjà en effet à imaginer ce qu'elle pouvait être et du avouer que sa mise en scène de présentation avait été autrement plus convaincante que celle de son époux...


Dernière édition par Araxyrie le Jeu 14 Fév 2013 - 6:31, édité 1 fois
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Jarlaxle
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés - Page 3 Icon_minitimeMar 12 Fév 2013 - 18:05

Intéressant, le cadre s'élargit :noel:
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Tenkaranpu
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés - Page 3 Icon_minitimeMer 13 Fév 2013 - 11:19

Quelle planète de sexystes... :oui:

Citation :
Sa carnation était plus foncée que celle de Méhyt mais on sentait néanmoins le sang du sud qui coulait pour partie dans ses veines. Ses traits eux aussi semblaient à ceux de la Future Mère mais ils étaient plus grossiers et une large cicatrice les barraient du haut du front jusqu'à la mâchoire
Elle ressemble pas du tout à la Fille du Soleil. :P


J'avoue, le coup ds dragons est bien pensés. Il y a des "dinosaures" (termes simplifiés et généralisés) sur de nombreux mondes de la galaxie, et on sait que certains, quoique non décrits, sont qualifiés de "dragons" sur Fenris. C'est bien d'y avoir pensé pour ta fic. ;)


(ps : ce n'est pas une faute d'orthographe ! :p)
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés - Page 3 Icon_minitimeLun 18 Fév 2013 - 15:50

Du haut de sa quarantaine d'années, la Fille de la Terre n'avait pas l'air de jeune ingénu de son mari. Plus que cela, d'elle se dégageait une force, une énergie communicative. Elle n'était certainement pas belle en comparaison de merveilles telles Gaïa ou plus simplement sa fille voir Inès dans ses jeunes années mais elle avait néanmoins un charme de meneuse, le charisme qui poussait à suivre indépendamment d'autres facteurs que le simple instinct.
Sirion s'inclina en la voyant, un poing sur son cœur, en un symbole d'Unité, maintenu en aldéran depuis les jours de la Grande Croisade. Il avait envisagé un instant de lui baiser la main mais au vu des gantelets blindés qu'elle portait, il s'était vite convaincu que la chose serait fort incongrue.

-C'est un honneur d'enfin vous rencontrer Madame, j'ai beauco...
-Je n'ai nul temps à perdre en politesse, répondit la souveraine des terres du nord. Je suis venue vous saluer car je pense que l'assistance d'Aldéran nous fera gagner cette guerre et nous permettra de nous imposer au niveau planétaire, c'est un fait, ce n'est pas pour autant que je m'attends de vous à ce que vous vous égariez en vaines courbettes artificielles pas plus que vous ne devez vous attendre à me voir ramper à vos pieds tel mon époux.

Il n'avait pas semblé à l'ambassadeur que quiconque ait rampé à ses pieds depuis son arrivée, il avait d'ailleurs donné des ordres expresses en ce sens à tous les esclaves qui étaient passés à son service.

-Je prend bien cela en note, dit il d'une voix neutre.
-Si vous le voulez bien, nous allons discuter en marchant, j'ai des ordres à donner, la guerre commence dans une demi heure.
-Il n'y a pas eut de déclaration encore, répliqua Sirion tout en s'efforçant de caler son pas sur celui de la monarque.
-Mon époux a tenu une allocution il y a une demi heure, le conflit est ouvert et nous serons les premiers à marcher.

Sirion s'étonna de ne pas avoir été prévenu mais une très rapide vérification lui permit de voir que les communications étaient brouillées dans la zone.

-Vous m'avez interdit de communiquer avec mes agents?

La Fille de la Terre leva à peine un sourcil.

-Toute communication radio est impossible dans l'ensemble de la forteresse. Je ne veux pas qu'un espion puisse transmettre quelque information que ce soit plus vite que ne peuvent voler mes dragons.

Il y avait du sens en cela, d'autant plus que la masse même de l'armée impliquait une forte inertie et que donc le temps gagné en une transmission par onde des informations eut été perdu par simple logistique.

-Mon responsable militaire, le Maréchal Philaeus, est disposé à assurer la couverture partielle de votre avance en déployant deux ailes de chasse, il est également paré à vous fournir des unités de reconnaissance furtive.
-Il n'en est pas question!

Sirion ne put empêcher une très légère surprise d'apparaitre sur son visage, il était plus habitué à ce que l'on demande plus qu'il n'offrait plutôt que l'on décline une assistance n'engageant à rien.

-Nous sommes encore loin d'être entrés en un affrontement direct et un déploiement de vos force ne serait que de peu de valeur, de plus, je compte bien gagner cette guerre avec votre assistance mais avec mes soldats.
-Je ne...
-Je ne suis pas mon cousin, je ne veux pas vous voir combattre à ma place. Quels alliés seront nous, nous qui par suite ne pourrions vous fournir de soldat pour vos guerre alors que les vôtres auraient versé leur sang pour nous? Non. J'attends d'Aldéran des conseillers militaires, des instructeurs et des analystes. Plusieurs de nos compagnies d'armement sont désireuses d'intensifier le commerce entre nos deux domaines, nous voulons importer votre qualité mais certainement pas que vous ayez à vous substituer à nous. Nous voulons être vos débiteurs mais nous n'aspirons pas non plus à tout vous devoir.
-Je vois que vous avec à cœur la dignité de votre nation.
-Plus que toute autre chose, répondit elle avec un sourire. Et c'est également avec dignité que nous tenterons de vous rendre l'aide que vous nous aurez accordée.
-Notre seul désir est le maintient du calme dans nos environs galactiques.
-Je n'en doute pas, répondit elle avec des yeux dénués de la moindre chaleur.

Alors qu'ils sortaient du jardin, Sirion put remarque l'activité qui s'emparait du camp: de nombreux officiers partaient, à pied ou en véhicules légers, certains à dos de dragons des forêts.

-Comme je vous l'ait dit, je n'ai pas énormément de temps à vous consacrer pour le moment mais mon QG mobile sera là d'ici moins d'une heure, je vous invite à m'y rejoindre alors, nous pourrons discuter.

Le comte n'eut pas même le temps de signifier son accord ou désaccord que déjà elle partait, le laissant seul le temps qu'il remarque que Quelua était de nouveau présente.

-Un sacré personnage!
L'ambassadeur crut avoir mal entendu.
-Vous, elle, vous...

L'autre eut un petit sourire.

-Je fréquente la Fille de la Terre et sa fille depuis trop longtemps, j'oublie parfois quelle est leur place et quelle est la mienne. Toujours est il que vous devriez prendre un peu de repos, elle vous a invité sur son Astre, vous n'y dormirez pas bien les premiers jours je pense!

Ne comprenant qu'à moitié, Sirion avoua néanmoins qu'il tombait de fatigue, il se laissa donc guider vers la tente où dormait Atius et d'où Philaeus communiquait avec quelques uns de ses hommes répartis au sein de l'armée en tant qu'observateur. Comme il l'avait déjà expliqué plusieurs fois, avant d'enseigner il fallait apprendre de ses élèves et découvrir ce qu'il convenait de leur dicter aussi avait il déployé plusieurs analyste au sein de l'ost alors qu'il était encore à Hélipolis. Le maréchal avait, plusieurs années durant, dirigé des divisions de garnison composées à plus de 95% d'aldéranéens venus d'une vingtaine de monde, il avait donc l'expérience de la variété et c'était pour cette raison qu'il avait été sélectionné pour cette mission. L'ambassadeur ne prit pas la peine de lui demander ce dont il pouvait s'agir, il savait qu'il aurait un rapport à ce propos bien assez tôt.

Il s'allongea sur une couchette au confort relatif mais, focalisé sur l'idée qu'il n'avait droit qu'à une heure de repos, il s'endormit aussi tôt qu'il eut fermé les yeux.



Sirion s'éveilla aussi fatigué que lorsqu'il s'était allongé. Cette Quelua avait bien eut raison, dormir à bord de l'Astre n'était pas chose aisée quand on n'y était point habitué. La structure toute entière ne cessait de bouger légèrement, le sol n'était jamais tout à fait stable et les machines, bien que discrètes, se faisaient néanmoins entendre lorsque le sommeil semblait enfin daigner venir.

Il se redressa donc avec une certaine lenteur de la couchette, somme toute confortable qu'il occupait tout en regrettant une nouvelle fois d'avoir insisté pour discuter avec la Fille de la Terre aussi tôt que possible.
Posant les pieds sur le sol, il se trouva légèrement déséquilibré par un mouvement rapide du plancher mais il sut compenser presque instantanément. Satisfait de lui même il s'autorisa un bref sourire juste avant qu'une forte embardée ne le jette au sol...

-Encore la reine qui part en balade... Je dois avouer qu'en tant que soldat, l'idée d'une telle souveraine peut plaire, elle est plus souvent au front que nombre de commandos.

Tout en parlant, Philaeus tendit à l'ambassadeur une main amicale et celui ci se releva avec son aide, vérifiant le bon ordre de ses côtes.

-Je commence à me faire vieux de m'inquiéter d'une chute si brève, remarqua il.
-C'est en prenant toujours garde à tous les maux potentiels que l'on maintient le mieux sa santé!
-C'est toi l'expert...

Les deux officiels aldérans avaient beau travailler ensemble depuis quelques années déjà, ils ne s'étaient mit à se tutoyer qu'au cours de ces derniers jours passés au milieu d'une foule étrangère dont les trois quart ne maitrisaient pas un mot de gothique.

-Et quant à Ahotep, elle sort certes sans cesse, mais les engagements n'ont toujours pas commencé que je sache?

Sirion avait posé cette question tout en enfilant un des ses pantalons bleu nuit.

-On aurait eut un premier accrochage avec des unités de républiques et présipautés alliées à la Rhédalie: les premiers bataillons qui débarqués dans les ports contrôlé par l'alliance impériale devraient entrer en territoire ennemi dans la journée.

Le comte pouvait compter sur Philaeus pour être au courant de telles informations, quelle que soit l'heure du jour ou de la nuit. Il n'arrivait d'ailleurs pas toujours à comprendre comment il trouvait le temps à la fois de lire tous les rapports de ses multiples agents, du service de renseignement, de la division tactique et dans le même temps discuter et même sympathiser avec les officiers natifs tout en apprenant leur langue.

-Toujours aucune trace de l'aviation?
-Non, c'est comme si les Rhédaliens voulaient nous attirer dans l'Isthme sans résistance... je peux les comprendre en un sens, mener la guerre à une Assadie en pleine forme serait suicidaire, entre la rigueur du désert d'un côté et les jungles de l'autre, il n'y aurait que bien peu d'espace où faire manœuvrer une armée peu habituée à de tels théâtres d'opération et en faisant face à un ennemi au moral encore au beau fixe. Dans les montagnes ou les plaines étroites face à nous, le nombre sera un facteur bien moins prenant et ils connaissent plus ce genre de terrain que leurs adversaires.

L'analyse était correcte, Sirion ne voyait trop que dire de plus, il était le premier à avouer ne pas savoir quelle manœuvre était la meilleure à appliquer. Il avait lu tous les tomes du Tactica Imperialis, les œuvres complètes d'Ulhan le Téméraire, de Pierre-Alexandre Tellier, le Haut Maréchal aux deux mille victoires, de Sirion Vénus évidemment, le leader à qui il devait son nom et qui avait su réprimer le Soulèvement d'Illiryum de même qu'il avait dévoré certaines œuvres étrangères au domaine comme les Essais de Slaydo, Macharoth et Biota sur la très récente Croisade des Mondes de Sabbat ou celles de Macharius sur ses célèbres conquêtes du début du millénaire et, de tout cela il n'avait tiré qu'une seule conclusion. Il n'y avait pas de règle universelle de la Guerre. Là où le Tactica Imperialis enseignait de toujours tirer parti de ses forces et des faiblesses de l'ennemi, Ulhan affirmai que la meilleure façon de faire baisser sa garde à son ennemi était d'exposer un flanc apparemment vulnérable à son coin le plus fort, Tellier disait que la seule force utile était celle appliquée, Vénus que le bon général n'avait pas même à utiliser de ses canons et devait laisser son adversaire s'épuiser là où Slaydo affirmait qu'un meneur se devait de foncer de lui même jusque dans la gorge de la Bête pour s'assurer que l'autre n'ait pas de repos. Macharoth déclarait que l'élan était une force qui compensait la faiblesse à laquelle il exposait et Biota pensait pour sa part qu'un élan non soutenu était le meilleur moyen de transformer un avantage que l'on possédait en atout conféré à l'ennemi. Macharius enfin n'avait pas de telles considérations, l'idée même de défaite ou d'opposition ne semblait jamais lui effleurer l'esprit. Aussi, là où d'autres, plus savants en la matière que lui, ne semblaient pas capable de trouver un accord, le comte se contentait d'agréer quand quelqu'un spécialisé en la matière donnait un avis et gardait ses réflexions pour lui.

-Tu as parlé de cette éventualité aux officiers que tu fréquentes?
-Bien évidemment!
-Quel est leur avis?
-Que l'affrontement sur l'Isthme est exactement ce qu'ils désirent, par le biais d'autres gros porteurs ils estiment pouvoir déployer rapidement des forces le long des chaines montagneuses et s'assurer que l'ennemi ne pourra pas échapper au feu de la flotte. Une bataille de grande ou moyenne ampleur gagnée dans l'Isthme ouvrira d'une part les terres de Rhédalie et d'autre part enjoindra nombre de forces mineures locales à s'engager dans notre camp ou à en changer si ils s'étaient déclarés pour la Rhédalie.

Cela confirmait tout à fait l'avis de Sirion sur la chose.

-Cette guerre va prendre longtemps, déclara abruptement le maréchal.
-J'en suis conscient, répondit le diplomate d'un air las.
-Mais je ne suis pas sûr que tu te rende compte à quel point... J'ai beaucoup discuté histoire militaire avec les locaux et le début de leur langue que je maitrise: les conflits entre grande puissance se règlent généralement en une ou éventuellement une série d'une demi douzaine de grande batailles, pas plus. Les campagnes se résumaient habituellement aux longues manœuvres préalables à l'engagement d'une action décisive avec éventuellement une prise de ville ici où là... Et malgré tout, les conflits des deux derniers siècles ont duré en moyenne un an et demi à deux ans chacun, et encore, c'est en considérant qu'il n'y avait pas de trop longue distance entre les belligérants.
-Et tu penses que cette guerre ne sera pas comme les précédentes?
-Je le sais. Il n'y a eut qu'un conflit qui ait réellement duré plus que les autres au cours des derniers siècles de l'histoire karalane.
-La révolution rhédalienne...
-Exactement. Quand les soldats ont vu qu'ils ne se battaient pas simplement pour un conflit d'intérêt dont ils ne percevaient pas la portée mais pour la nature même de leur avenir, pour maintenir ou changer une situation qui durait depuis des millénaires, ils ont accepté le concept de défaite, le premier pas vers un conflit... on ne dira peut être pas moderne mais au moins non archaïque.

Sirion ne répondit pas, il se doutait déjà d'une telle chose.

-Cette fois, Rhédaliens et Assadiens vont se battre pour l'hégémonie planétaire, pour peut être annihiler le vieux système de nations indépendantes et pour peut être enfin engager leur nation dans des conflits extra-planétaires. Si, simplement, s'installe une guerre de tranchée lors de la campagne de l'Isthme, la débloquer pourrait prendre... six ans peut être... et sur toute cette durée les nations principales n'auront même pas été engagées.

Six ans d'une impasse auraient présagé de dix ans de guerre et nul ne pouvait savoir comment évoluerait la situation dans la décennie à venir, la chute du Pacte d'Elchin, la victoire ou la défaite de Jin Yazo, la reprise de Gydéa...

-Il y a tout de même une alternative.

Sirion n'aimait pas à donner d'avis militaires, il avouait son ignorance, mais il aimait encore moins l'idée que sa présence puisse être inutile.

-Au contact de la guerre et sous l'influence de l'extérieur, l'un des belligérants pourrait adopter une doctrine de combat moderne et plier l'affaire en quelques mois ou années.

Ce fut au tour de Philaeus de rester silencieux.

-C'est justement ce que je crains...

Face à l'air interloqué du comte, il poursuivi.

-Depuis quelques siècles, la Rhédalie s'est montrée en avance très nette vis à vis de l'Empire et je crains que même avec notre assistance, nous ne changeront pas notre mastodonte d'allié assez vite pour précéder une révision doctrinale de l'art de la guerre républicain...



La vue était toujours aussi impressionnante en sortant sur le pont de l'Astre d'Ahotep.

Long de deux cent mètres, large de cinquante, la forteresse volante était tout aussi bien un porte avion aérien qu'un QG mobile et un palais flottant.

Les jungles du nord de l'Assadie recelaient de nombreuses merveilles et parmi elles, un certain nombre de plantes et d'animaux avaient développé l'étonnante capacité de produire et de stocker de grandes quantités d'hydrogène. Ainsi, la végétation des jungles était elle à moitié enracinée dans le sol et à moitié flottante, les géants fixes entourant de véritables forêts mouvantes. Les premiers colons à s'aventurer dans les jungles avaient bien entendu été émerveillées de telles choses et avaient par suite comprit tout l'intérêt de bâtir leurs cités dans les hauteurs, à l'abri des prédateurs à la surface et des autres hommes. Si les premières bâtisses s'étaient sans doute cantonnées aux arbres fixes, les villes mouvantes eurent tôt fait de naître et l'usage de cet hydrogène dans toute sorte de tâches n'avait pas tardé. Sirion, lors de ses recherches sur Karala avait ainsi lu que lors des conflits qui avaient opposé, des millénaires plus tôt, ceux qui allaient devenir les Jungles d'Abondance et les Terres du Soleil, les nordistes avaient fait usage des premières forteresses flottantes, en tirant un avantage énorme... mais subissant aussi de plein fouet la nature explosive de l'hydrogène...

Depuis, la tradition était restées bien que l'hydrogène avait été remplacée en écrasante majorité par de l'hélium et l'Astre, bien qu'étant sans doute le mieux armé de sa race n'était qu'un des cuirassés volants dont disposait la Fille de la Terre.

C'était grâce à de telles machines de guerre qu'Ahotep avait emporté ses campagnes sur les terres de l'Union Eubastèque et l'ambassadeur n'avait nul doute qu'elle espérait faire de même cette fois ci.

Posté à la proue du vaisseau, il scrutait l'horizon en espérant la voir revenir, n'ayant de toute manière guère mieux à faire, bloqué comme il était sur cette folie, il ne pouvait rencontrer personne, n'avait nul avec qui discuté, entouré comme il l'était de militaires et la Fille elle même ne lui accordait pas plus d'une demi heure par jour. Aussi lisait il tous les rapports qui lui parvenaient de l'ambassade, de l'orbite, des bases aériennes, de l'arrière en général. Comme il s'y était attendu, le Fils du Soleil n'avait toujours pas fait faire mouvement à ses troupes d'élite mais au moins sa flotte avait quitté le delta. Aran annonçait avoir négocié quelques accords commerciaux, vendant à prix d'or un certain nombre des babioles que renfermaient le vaisseau de la délégation, ne comblant aucunement le creux financier que représentait une expédition de telle sorte mais atténuant au moins un minimum ce déficit.

Au milieu de tout cela Sirion se sentait vide. Il estimait avoir réussi à calmer deux crises en deux jours, avait su s'imposer à un monarque de statut divin sur un monde où il n'avait aucune autorité réelle et tout cela pour se voir relégué en arrière par la terrible inertie d'un conflit qui avait finit par réussir à passer sa garde. Il restait ici pour négocier avec la Fille de la Terre mais il savait au plus profond de lui que c'était avant tout pour ne pas se poser: il n'obtiendrait rien de concret pour le moment, tant que la première défaite ne serait pas venue, et il le savait. Néanmoins, il savait aussi que lorsqu'il se retrouverait sans activité, il dormirait deux jours d'affilée avant de s'éveiller pour se rendre compte que cette mission sur ce monde arriéré pourrait bien être la dernière de sa carrière si il espérait revoir Orae et y finir ses jours.

Alors qu'il contemplait l'azur, il finit par percevoir une nouvelle fois l'escadre de l'impératrice revenant de mission. Ahotep laissait désormais les missions d'avant garde à ses éclaireurs mais elle prenait néanmoins soin de venir deux fois par jour sur l'un ou l'autre des fronts soutenir ses hommes. Elle accordait ensuite à Sirion une audience en arrivant et celui ci se retrouvait ensuite de nouveau désœuvré.

La patrouille se rapprocha et l'aldéran remarqua alors que les dragons étaient un de moins qu'a l'accoutumée. Alors qu'ils se rapprochaient plus encore, il remarqua que l'un d'entre eux était blessé de même qu'une cavalière sur un autre. Les hostilités avaient donc bien commencées.

Un à un les dragons se posèrent sur le pont en commençant par le blessé et celui à porter une cavalière l'étant aussi. Si la première bête se posa avec une certaine lourdeur, se reposant tout autant sur sa légèreté que sur ses forces déclinantes, Sirion dut admettre comme à chaque fois que les autres avaient une certaine majesté. Si les jungles étaient aussi bien connue pour leurs diverses espèces de pseudo félins géants ainsi que pour tout la variété d'oiseaux et de primates évoluant dans leurs plus hautes ramures, les dragons restaient incontestablement l'espèce dominante, exception faite des hommes. Intelligentes, les bêtes avaient été dressées plus vite encore que n'avait été domptée la végétation flottante des jungles et l'un des deux historiens aldérans à avoir visité Karala six millénaires auparavant, avant que ne s'établisse la double couronne, avaient désigné les habitantes des jungles du nord les amazones chevauche dragon. Parmi ceux ci existaient des seigneurs comme chez les hommes et Sirion avait apprit que la bête que montait Ahotep était l'un de ceux ci. L'Astre tout entier fut secoué lorsqu'elle se posa avant de glisser du flanc de sa majestueuse monture.

Sirion n'était pas convaincu que la Fille de la Terre ait une particulière envie de lui parler à peine revenue de son premier engagement mais il pensait à juste titre qu'il ne pourrait plus converser avec elle si il la laissait rejoindre son conseil de guerre et rédiger les nouveaux ordres.

-Je n'ai pas de temps à perdre avec vous, diplomate, dit elle en le voyant arriver.
-De cela je me doute aussi ne serais-je pas long: je veux assister à votre conseil ou a défaut que mon Conseiller Philaeus s'en voit ouvrir les portes.

Elle s'arrêta et le transperça d'un regard, silencieuse pendant un instant.

-Que vous chaud les détails de nos opérations militaires? Je vous ait déjà dit ne pas vouloir de l'intervention de vos troupes et je sais que vous avez au sol déjà nombre d'agents parmi mes gens capables de déterminer ce que peuvent faire nos troupes.
-Cela est vrai, admit Sirion, néanmoins, comme vous l'avez dit, vous attendez de nous des conseillers et des analystes, des enseignants en matière de guerre et nous ne pouvons être cela que sous réserve que vous soyez disposés à nous montrer comment vous procédez et à écouter les commentaires que nous avons à faire à ce propos.

Ahotep sembla considérer la chose quelques fractions de secondes avant de répondre:

-Très bien, suivez moi, vous raconterez à votre Philaeus ce que vous avez pu apprendre.
-J'espérais...
-Vous espériez qu'une fois que j'aurais dit oui au fait d'introduire un de vous deux en mon conseil, j'accepterais de vous prendre tous deux, dit elle avec un sourire. Vous espériez que mon esprit ayant donné un accord, il oublie un instant quels en ont été les termes car celui ci aurait été informel et rapidement clos. Tel n'a pas été le cas, il vous faudra faire mieux la prochaine fois.

Elle se détourna alors sans une parole de plus et Sirion, quelque peu décontenancé n'eut rien de plus à faire que de suivre.



La salle de contrôle de l'Astre était située sous le ventre du mastodonte aérien. Ses parois comme son sol étaient constitués de verracier et accordaient une vue panoramique sur le monde au dessous et son centre était occupée par un lourd générateur holographique représentant l'ensemble de l'Isthme. Étaient présents une quarantaine d'officiers, pour majorité des guerrières du nord mais aussi quelques généraux des Terres du Soleil en habit d'apparat là où toutes les femmes étaient revêtues des mêmes tenues protectrices près du corps qui représentaient le seul type d'uniforme de combat reconnu dans les Jungles d'Abondance. Tous étaient militaires, mais Sirion vit tout de suite que là où les généraux de Khefren semblaient plus à leur place à l'arrière des lignes à coordonner les actions de troupes éloignées, les combattantes d'Ahotep, pour la plupart, étaient des meneuses habituées à conduire de l'avant. En cela déjà, il pouvait identifier un paramètre qu'il serait bon de modifier chez ces assadiennes, mener de l'avant avait certes l'avantage de stimuler les soldats mais garder une vision d'ensemble du champs de bataille était alors bien moins aisé et le simple fait de pouvoir transmettre les ordres nécessaires au bon déroulement d'une bataille n'était alors aucunement garanti.

La modélisation en trois dimension du terrain des campagnes à venir fascinait tout autant Sirion que ceux l'entourant: il avait lu les nombreux rapports quant aux progressions de l'armée Assadienne et rapportant l'ampleur effrayante des déplacements engagés mais les voir ainsi se mouvoir en une représentation accélérée des derniers jours avait quelque chose de bien plus frappant que de simplement lire à ce propos.

Trois millions de soldats descendaient sur le côté est de l'Isthme, principalement des hommes des Terres du Soleil avançant à pied ou par voie ferrée. Deux têtes de pont avaient été établies sept cent kilomètres au sud de la frontière de l'Empire en partant de deux villes alliées aux assadiens et dans les ports desquels avaient pu débarquer une avant garde de quelques dizaines de milliers d'hommes qui se renforçait avec chaque jour qui passait. A l'ouest, les troupes des Jungles d'Abondance progressaient avec lenteur: si la face est était aménagée, du moins au niveau des côtes, avec force routes et relais, villes et dépôts de ravitaillement, l'est était en grande partie inhabité , ses seules villes regroupées plus de mille cinq cent kilomètres au sud de la frontière et universellement en faveur de la Rhédalie. La Fille de la Terre avait, apparemment, décidé de réserver ses propres force sur ce front afin de réduire ce qui devrait en toute logique être une des principales poches de résistance face à la progression impériale.

Les derniers officiers arrivèrent et Sirion, habitué aux us et coutume des conseils Aldérans, s'attendait à ce que débattent entre eux les serviteurs de la Fille de la Terre avant que celle ci, au fait des avis de ses subordonnés, puissent prendre les décisions qui lui semblaient les meilleures. Il n'en fut rien, celle qui prit la parole dès le début de la réunion fut Ahotep en personne et elle parlait avec un ton d'autorité qui ne laissait aucun doute quant au fait qu'elle savait déjà précisément ce qu'elle attendait de ses hommes.

-L'escarmouche dans laquelle je me suis trouvé prise à parti, commença elle, nous a vu prises à parti, ma garde et moi, par des troupes que nous avons identifié comme provenant de la cité état de Dorrh, jusque à présent non alignée dans le conflit.

La représentation holographique fit un zoom immédiat sur la zone.

-Dorhh est l'une des quatre plus grandes ville de l'Isthme avec une population de quinze millions d'âmes. Elle dispose d'une armée conséquente et d'une flotte moderne.

De nouvelles représentations s'affichèrent, chiffrant les troupes de la cité et le budget alloué à son armée au cours de la dernière décennie.

-Trois autres cités des environs de Dorrh se sont jusqu'à maintenant maintenu hors du conflit, comptant sur une quadruple alliance pour se prémunir contre une intimidation des deux blocs. Néanmoins, par sa position, Dorrh formerait à la fois un point de ravitaillement idéal pour toute opération se passant plus au sud et nous fournirait un verrou grâce auquel nous pourrions prévenir toute percée républicaine. Ils nous ont fournit un cassus belli parfait en s'en prenant directement à ma personne, je ne compte pas laisser cela passer.

Sirion leva un sourcil inquiet quant aux implications d'une telle déclaration.

-D'ici quatre jours nos premières brigades venues du nord arriveront sur le territoire de la cité état, de plus, une force de cent mille hommes a été débarquée non loin au nord afin de préparer l'arrivée du gros des troupes, avec son appui nous pouvons couper la cité de ses alliés en moins d'une semaine et l'engager sur deux fronts. Selon mes estimations, Dorrh peut être réduite en moins de deux semaines ce qui enverra d'une part un message fort aux autres cités de l'Isthme et d'autre part assurera notre position à venir. Dans ce but, la moitié d'entre vous iront rejoindre leurs unités dès cette après midi et préparer l'invasion.

Nul ne dit rien face à cette déclaration, les généraux solaires, peu habitués aux ordres d'une telle maîtresse n'étaient pas sûrs de l'attitude qu'ils devaient avoir et celles nordistes, au fait des us de leur maîtresse savaient qu'il n'y avait pas lieu de discuter ses ordres pas plus que de s'exclamer de leur teneur.

-Général Aouet, continua Ahotep en se tournant vers l'un des hommes des Terres du Soleil les plus richement habillés. Je veux que vous preniez six divisions avancées par train et que vous les conduisiez à l'est de la cité par marche forcée. Je veux qu'au moment d'engager le combat vous puissiez couper l'ennemi de ses champs à l'intérieur des terres.
-A vos ordres, éminence, répondit il.
-Amiral Nefer, continua elle sans accorder la moindre attention à celui qui venait de lui parler. Vous allez rejoindre la flotte du Golfe aux Lapis: vous allez vous positionner en vue d'un blocus sur les côtes de Dorrh, enjoignez également les flottes à quai de nos alliés à descendre plus au sud, je ne veux pas que les Rhédaliens puissent saisir l'occasion pour agir en faveur des dorrhien.

-Entendu... cepen...

Elle s'était déjà détourné.

-Aîla, tu vas partir avec une escadre mineure de dragons, rejoint l'armada et mène trois barges de débarquement et une de bombardement vers nous, is oar sask to spak do Dorrh, oul no lat do men spak it.

Sirion n'avait rien compris de la deuxième partie des ordres mais la dénomée Aîla acquiesça et sans attendre quitta la salle tandis que se détournait Ahotep. Ce ne fut qu'après que celle ci eut donné ses ordres une nouvelle fois dans se langage étrange et que toutes celles-ci furent parties dès leurs ordres reçus que les hommes commencèrent à faire de même. En un demi heure, la Fille de la Terre eut dépêche chacun de ceux qu'elle avait convoqué à cette réunion vers une mission ou une autre. Ce ne fut qu'après que le dernier fut parti que Sirion s'autorisa à parler.

-Je ne pense pas qu'il est de mon domaine d'expertise de critiquer vos choix militaires, vénérée Fille, mais au niveau politique votre action...

-Est tout a fait justifiée.

Son ton était aussi tranchant que lorsqu'elle débitait des ordres et Sirion vit bien que, si elle s'attendait à ce qu'il s'exprime et qu'elle était en un sens heureuse qu'il n'eut pas défié son autorité en présence de ses sujets, elle n'admettait tout de même pas la critique.

-Dorrh et ses alliés contrôlent une bande de cinq cent kilomètres de long sur deux cent de large. Bande sur laquelle mes troupes ne seraient pas les bienvenues et surtout où je ne pourrais élever d'ouvrage défensif. Si je respectait la neutralité de Dorrh et que les Rhédaliens parvenaient à y infiltrer des troupes, je ne pourrais les détruire ce qui créerait une menace sur mes arrières. Si je respectais leur neutralité, je devrais laisser aller leur commerce et donc rendre bien plus aisées ces fameuses infiltrations et si je laissais une telle situation en place, les autres cités et petits états me penseraient assez faible pour espérer tirer de moi la même chose. Dans un conflit qui embrase votre monde, vous n'avez que des alliés et des ennemis, il n'y a pas d'alternative.
-Il est vrai que vu sa position, Dorrh ne saurait rester neutre, concéda Sirion. Il est tout aussi vrai que les laisser dans une telle position pourrait envoyer un mauvais message au reste de l'Isthme mais, majesté, attaquer sans préavis une faction neutre risque de rassembler les derniers neutres autour de la Rhédalie. Ne vaut il pas mieux un certain nombre d'imprévisibles et des ennemis réduits qu'aucune inconnue dans votre équation mais un parti adverse renforcé?
-Minimiser les inconnues est toujours un mieux à la guerre, diplomate, vous devriez vous en souvenir. Néanmoins, si vous admettez que je ne puis laisser de « neutres » derrière moi mais que vous avez néanmoins prit le risque de me parler de votre désaccord, j'imagine que vous avez une certaine idée à proposer qui, à votre sens, pourrait à la fois maintenir une bonne image de moi et éviter l'engagement militaire?
-Tout à fait votre altesse. Vous avez chargé tous ceux ici présent d'une mission, donnez moi celle d'obtenir l'engagement de Dorrh de ne commercer, pour la durée du conflit, qu'avec votre glorieux empire et d'interdire ses terres aux alliés de la république. Ainsi la neutralité de la cité serait préservée en théorie mais elle sera de facto votre soutien, ne fournissant simplement pas de titre de même qu'elle ne le ferait pas sous occupation.

Ahotep garda le silence un instant avant qu'un sourire minuscule se dessine sur ses lèvres.

-Et bien, pour vous dire le vrai, en vous invitant à cette réunion, c'est cette mission que j'espérais vous confier. Étant donnée que vous la proposez vous même, j'imagine que vous l'acceptez. Trois dragons ont déjà été sellés pour vous et vos amis ainsi qu'une garde, je compte sur vous pour être parti d'ici une à deux heures.


Dernière édition par Araxyrie le Mer 20 Fév 2013 - 21:06, édité 1 fois
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Jarlaxle
Bregan d'Aerthe.
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés - Page 3 Icon_minitimeLun 18 Fév 2013 - 22:11

Haute en couleur la Ahotep :noel:

C'est très bon, toujours ^^
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Tenkaranpu
La chienlit c'est lui!
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés - Page 3 Icon_minitimeMar 19 Fév 2013 - 19:49

Félicitations, Arax, tu n'as pas écrits la "Fille du Soleil", cette fois. :ok: Enfin, je crois. :sarcastic: Par contre...


Citation :
-Je ne suis pas mon frère, je ne veux pas vous voir combattre à ma place. Quels alliés seront nous, nous qui par suite ne pourrions vous fournir de soldat pour vos guerre alors que les vôtres auraient versé leur sang pour nous? Non. J'attends d'Aldéran des conseillers militaires, des instructeurs et des analystes.
Son frère ? Tu veux pas plutôt dire son "mari" ? :noel:


Citation :
de tout cela il n'avait tiré qu'une seule conclusion. Il n'y avait pas de règle universelle de la Guerre.
... S'il y en a. Les bénéfices (avantages), les pertes, le grisbi et le mensonge. C'est l'inébranlable quatuor de ce milieu de branleur (lol). On pourrait aussi évoquer l'unicité du commandement, mais ce n'est pas toujours vrais, en particulier dans les affaires les plus... anarchiques. Par exemple, la plupart des émeutes ne peuvent pas être simplifier en "chef des racailles vs général de la cavalerie blindée", mais il y a des exceptions comme dans "Lelouch Lamperouge fout le boxon VS gouverneur-militaire local".


Citation :
-Trois autres cités des environs de Dorrh se sont jusqu'à maintenant maintenu hors du conflit, comptant sur une quadruple alliance pour se prémunir contre une intimidation des deux blocs. Néanmoins, par sa position, Dorrh formerait à la fois un point de ravitaillement idéal pour toute opération se passant plus au sud et nous fournirait un verrou grâce auquel nous pourrions prévenir toute percée républicaine. Ils nous ont fournit un cassus belli parfait en s'en prenant directement à ma personne, je ne compte pas laisser cela passer.
Casus Belli, avec un seul "s" ! ;)


Citation :
-Et bien, pour vous dire le vrai, en vous invitant à cette réunion, c'est cette mission que j'espérais vous confier. Étant donnée que vous la proposez vous même, j'imagine que vous l'acceptez. Trois dragons ont déjà été sellés pour vous et vos amis ainsi qu'une garde, je compte sur vous pour être parti d'ici une à deux heures.
Wow, elle est tellement habituée au pouvoir absolu qu'elle prend même des décisions pour ceux auxquelles elle n''est pas sensée pouvoir donner d'ordres... Taoïstiquement parlant, c'est plutôt grave comme symptome. XD
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés - Page 3 Icon_minitimeMer 20 Fév 2013 - 21:03

Il faut vraiment que je me sortes de la tête la version première de l'Assadie ><



Citation :
... S'il y en a. Les bénéfices (avantages), les pertes, le grisbi et le mensonge. C'est l'inébranlable quatuor de ce milieu de branleur (lol). On pourrait aussi évoquer l'unicité du commandement, mais ce n'est pas toujours vrais, en particulier dans les affaires les plus... anarchiques. Par exemple, la plupart des émeutes ne peuvent pas être simplifier en "chef des racailles vs général de la cavalerie blindée", mais il y a des exceptions comme dans "Lelouch Lamperouge fout le boxon VS gouverneur-militaire local".

Les multiples échecs des "conflits" actuels en Afghanistan ou en Irak repose justement sur cette erreur de croire que l'unicité du commandement est universelle: non, une guérilla est multi-céphale et c'est de là que vient sa force.



Citation :
Wow, elle est tellement habituée au pouvoir absolu qu'elle prend même des décisions pour ceux auxquelles elle n''est pas sensée pouvoir donner d'ordres... Taoïstiquement parlant, c'est plutôt grave comme symptome. XD

Un bon dirigeant n'a pas à donner d'ordre, il laisse entendre de manière plus ou moins clair ses volontés et les autres s'exécutent. Par là même, un bon dirigeant peut commander à ceux qui ne relèvent pas de son autorité en les conduisant sur le chemin qu'ils désirent, c'est ce qui se nomme la manipulation. Ici, Ahotep manipule Sirion puis prend la peine de le lui faire remarquer afin d'essayer d'imprimer en lui l'image d'une dirigeante capable de jouer au plus fin avec lui. Ensuite, il est probable que notre comte, désormais échaudé, contre attaque à son tour...
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés - Page 3 Icon_minitimeMar 26 Fév 2013 - 13:31

Petite mise à jour qui vient clore le chapitre 5 ^^


***************


Dorhh était sans conteste une belle ville.

D'une architecture grandement inspirée par la culture Assadienne dans son centre, la périphérie de la ville où se trouvait la réalité du pouvoir était, pour sa part, d'un style tirant plus sur le gothique oriental, tout en arches majestueuses et en constructions démesurées. La ville vivait au rythme de son astroport, l'un des six à la surface à soutenir un trafic relativement intense et elle avait beaucoup gagné de son commerce avec l'extérieur, d'exportations en partie mais surtout des colonies établies dans le reste du système, exploitant les métaux des autres planètes telluriques ou qui recelaient des usines à basse pesanteur, pression ou température. Sans être une des cinq Grandes Puissances, la cité était l'une des économies les plus florissante à la surface et en temps de paix, cette force lui donnait une grande influence sur les autres nations, même d'un statut supérieur.

Néanmoins la paix n'était plus d'actualité et le Gouverneur Général Horath de Dorrh le savait pertinemment.

-Dorrh a fait partie de l'Empire Assadien par le passé, je ne me trompe pas? demanda Sirion en prenant un petit verre de cristal tendu par ce qui devait être une esclave venant justement des Terres du Soleil.
-En effet, concéda l'autre, notre cité a été fondée par des colons assadiens avant les réformes libérales...
-Et Dorrh reste culturellement liée à l'Empire depuis lors, si je comprends au moins en partie votre histoire?
-Certes...

Le gouverneur s'engageait sur une pente savonneuse, il le savait, mais il ne pouvait nier certaines évidences. Toute cette partie de l'Isthme Galaté avait fait partie des terres du Couple Régnant pendant plusieurs siècles avant qu'une série de conflit avec l'ancienne Couronne Élective de Rhédalie ne prive le mastodonte du nord de son influence dans la région. Malgré tout, plus de deux mille kilomètres au sud des frontières actuelles de l'Assadie se sentait encore sa marque, qu'elle soit dans l'architecture, les coutumes ou même l'ethnie des habitants. Si Dorrh, par son urbanisation, se distinguait fortement de l'Empire dont les plus grandes villes n'atteignaient pas une telle taille, un cinquième de sa population restait composée d'esclaves, ses seigneurs en petit nombre dirigeaient les masses du haut de leurs pyramides et leurs nuits étaient toujours veillées par des gardiennes, bien souvent formées au nord...

-Du fait de la proximité de vos peuples, je peine à voir la raison profonde de votre opposition à la campagne de la Fille de la Terre, Ahotep quinzième de son nom, sur vos terres.
-Je vous l'ait déjà dit Ambassadeur, répondit le gouverneur, je ne m'oppose en rien à sa campagne, je maintiens juste ma ville ainsi que son alliance dans la neutralité... je n'ai pas d'hostilité à l'égard de l'un comme de l'autre des belligérants.

Il l'avait déjà dit en effet, cela faisait une journée entière qu'il le répétait, et il n'en restait qu'une à Sirion pour pouvoir lui faire entendre raison. Malgré tout, chacune de ses déclaration laissait voir moins de conviction que la précédente.

-Niez vous comprendre le raisonnement de la Fille de la Terre? Si vous laissez ouvertes vos frontières à tous, vous la condamnez à violer votre intégrité territoriale ou a se résoudre à laisser des ennemis libre d'évoluer dans son dos.
-Certes...
-D'autant que l'ire de la Fille de la Terre la pousse à chercher le combat. Vous avez abattu une de ses gardes du corps et elle crie pour vengeance.

L'autre resta silencieux un moment.

-Une fois de plus, je déclare que nous ne pouvons être tenu pour responsables de ce qui est advenu à la Fille de la Terre. Nous l'avons détecté, elle et ses guerrières en violation de notre espace aérien. Nous l'avons sommée de se replier hors de notre espace, chose qu'elle n'a pas fait, et lorsque nous avons déployés des ornithoptères pour la forcer au repli nous avons été engagé par ses dragons. Nous avons perdu deux astronefs dans l'engagement et nous n'avons pas été à l'origine de celui ci, nous ne saurions être tenus pour responsables d'une telle occurrence!

Ce n'était pas la première fois que Sirion entendait cette version et il n'était pas du genre à l'oublier. La déclaration était fort plausible: attaquer des éléments de l'armée de la Fille de la Terre sans pour autant se mettre sous protectorat rhédalien ou des marches impériales eut été un véritable suicide. Si le comte avait accepté l'histoire de pilotes au sang chaud ayant engagés des hostiles sans avoir idée de qui ceux ci pouvaient être, l'hypothèse que la Fille elle même, désireuse d'embraser le conflit, ait déclenché les hostilités lui avait traversé l'esprit dès qu'il l'avait entendu parler lors du dernier briefing avant son départ de l'Astre.

Il n'avait que peu pu voir Ahotep mais il pensait déjà l'avoir en partie cernée: elle était assez brillante, du moins suffisamment pour que son nom s'imprime très probablement dans l'Histoire de ce monde pour les quelques siècles à venir, en bien ou en mal, mais surtout, elle était avide de pouvoir. Elle n'avait pas fait appel à Aldéran pour assurer la paix à son monde, elle avait simplement vu là une occasion rare de défier l'ordre planétaire sans avoir à faire face à une pleine coalition des autres grandes puissances. Sirion ne savait pas quelle était l'ampleur de son ambition, si ses espoirs étaient d'assurer l'hégémonie assadienne sur le continent, d'installer ses pions sur le trône d'un Empire Rhédalien ressuscité, d'augmenter le nombre de couronnes de l'Empire Assadien, d'établir une monarchie planétaire ou même d'étendre sa domination au niveau sectoriel mais il était plus ou moins certain que son désir n'était pas simplement d'épargner les vies des karalans.

-Gouverneur général, demanda il, que pensez vous de l'avenir de Karala?
-Vaste sujet que celui ci. Mais je ne me risquerais pas à faire de pronostics sur le déroulement d'un conflit n'ayant pas même réellement commencé.

Cet homme était prudent, de cela, Sirion s'était rapidement fait une claire idée et cela signifiait bien souvent que bien qu'un tel esprit ne soit guère enthousiaste, le confronter à ce qu'on lui montrait comme inéluctable pouvait aisément guider ses choix.

-En ce cas, quelles sont à votre avis les possibles issues de ce conflit?
-C'est un évidence que vous demandez là! Une guerre ne trouve d'issue qu'avec un vainqueur si les protagonistes ne sont qu'au nombre de deux et je ne vois pas la Coalition ou l'Union prendre les armes pour leur propre compte, leur intérêt est de rester intact alors que les autres s'épuisent ou, éventuellement, de rejoindre le camp du vainqueur afin, avec une force préservée, de peser dans les négociations de fin de conflit.

Une fois de plus, Sirion considéra l'homme qui lui faisait face et une fois de plus il fut convaincu d'avoir perçu la mesure de celui ci.

-Vous oubliez une issue toutefois: le conflit s'enlise au point que chaque camp ne puisse trouver en lui la force de le terminé. Néanmoins, il est vrai que ces trois options semblent les plus probables. Maintenant, quelles seront, à votre sens, les conséquences de l'une ou l'autre de ces issues?
-Et bien...
-Commencez par les termes généraux, que dire du camp qui perdra la conflit?
-La république de Rhédalie sera sans doute démembrée par les assadiens si ceux-ci emportent la décision, ils rétabliront l'ancienne noblesse ou une nouvelle... beaucoup des anciens dirigeants rhédaliens ayant survécu aux purges se sont réfugiés au nord et ont été récupéré par certaines familles praticiennes de l'Empire... Il me semble probable qu'un tel sort attende également les Deux Couronnes si elles devaient s'incliner.
-En cela nous sommes d'accord. Si l'Assadie s'incline, elle sera allé à l'encontre de son gouverneur planétaire et ne saurait donc maintenir son intégrité territoriale tandis qu'une rhédalie vaincue le serait par une force qui s'imposerait probablement comme la prochaine gouvernante planétaire et serait ainsi dans une même position. Il est possible que l'Assadie n'emporte pas une totale décision, mais le pouvoir Rhédalien sera brisé pour des décennies ad minima. Que pensez vous que feront les Rhédaliens des élites assadiennes? Des traditions de culte de la personnalité, de l'esclavage généralisé?

-Ils... priveront les élites de leurs richesses et libéreront les esclaves j'imagine... ils feront probablement aussi des purges...
-Et vous imaginez qu'ils laisseront ensuite certaines des principautés de l'isthme conserver les traditions qu'ils auront abrogé plus au nord? Même si vous n'êtes pas l'allié de l'Assadie, c'est elle qui vous permet de conserver vos traditions de même que la Rhédalie vous garanti votre indépendance face au voisin du nord.

L'autre ne répondit pas. Le comte d'Orae n'avait aucun doute qu'il était conscient, au moins partiellement, de sa position, mais ne devait pas être habitué à ce qu'on la lui mette sous les yeux.

-Je dirige une vénérable cité, dit il d'un ton bas qui alla par suite croissant. Notre seul puissance commerciale équivaut à celle de toutes les Terres du Soleil, nos pactes avec le Méchanicum nous ont doté d'une industrie n'ayant que peu de pareils, nous avons la plus puissante flotte spatiale du système! Nous avons des esclaves, il est vrai, mais notre gouvernement est aussi démocratique que celui des terres du sud! Ils ne peuv...
-Quel commerce espérez vous faire en temps de guerre? D'autant que si vous lui refusez ce qu'elle veut, Ahotep bloquera votre astroport et quelques semaines suffiront pour annihiler pleinement cette « puissance » commerciale.
-Notre flotte...
-... est composée de vaisseaux de commerce. Le traité d'Unëa interdit bien à chaque nation de Karala d'armer ses engins spatiaux, je ne me trompe pas?

Cela coupa totalement le gouverneur dans son élan. Il était un homme de commerce, un politicien peut être quoi que loin d'être étincelant mais il n'était pas un homme de guerre, il ne l'avait jamais été et n'avait donc pas même considéré ce genre de choses avant que celle ci ne vienne frapper à sa porte.

-Certes... mais pensez vous que la victoire Assadienne me soit plus favorable? Pensez vous qu'en me soumettant maintenant je garderais ma cité une fois qu'Ahotep aura annexé l'Isthme? Je sais bien qu'elle compte en finir avec les royaumes mineurs, rétablir l'Empire dans ses anciennes frontières. Si je m'allie à elle maintenant...
-Si vous vous alliez à elle maintenant, vous garderez votre pouvoir pour la durée du conflit et, pendant ce temps là, nous pourrons négocier. Aldéran n'a pas d'intérêts particuliers sur cette planète hors Assadie mais cela pourrait changer. Le secteur Enlenthis vit peut être ses dernières années et si tel est le cas, la Passe Forine sera sans nulle doute rattachée administrativement au Conseil Aldéran. A ce moment là, nous aurons besoins de partenaires au sol et votre ville n'a elle pas grandit dans l'espoir de vivre en partenariat avec les terres hors monde? Soutenez Ahotep maintenant, laissez la situation évoluer à son rythme lent. Nos émissaires à Kar Duniash travaillent d'arrache pied et nous devrions obtenir un mandat au moins temporaire d'ici moins d'un an. D'ici là, si vous ne lui donnez pas de motif, Ahotep n'aura pas l'occasion de vous marginaliser et alors, revenez vers moi et nous prendrons les mesures pour garder une partie de l'Isthme au moins indépendante.

L'autre ne semblait guère enthousiaste.

-Refusez et la Fille de la Terre vous écrasera. Elle n'aura aucun remord à le faire: ses troupes sont déjà déployées en ce but et, si vous ne signalez pas votre alignement avec elle d'ici demain, ses troupes marcheront dans vos rues dans moins d'un mois. Je ne doute pas qu'elles y perdront beaucoup mais vous ne pouvez espérer vaincre seul.
-Vous dites cela comme si je n'avais pas le choix!
-Vous avez le choix, simplement pas celui ci. Avez vous entendu parler d'un certain Solon?
-Pas que je sache, répondit le gouverneur.
-J'aime beaucoup la lecture, répondit Sirion, et nous avons à Aldéra la chance de préserver près d'une trentaine de bibliothèque datant d'avant l'age de l'Impérium et l'Ère des Troubles. Solon était un philosophe de l'ancienne Terra, issu de la peuplade des graëca et il déclarait que, lors d'une guerre civile, celui qui ne prenait pas parti devait être taxé d'infamie. Bien que vous n'en avez pas la perception, cette Karala sur laquelle vous êtes né et avez vécu ne représente qu'une entité de cette galaxie et dans ce conflit qui déterminera son devenir, vous ne pouvez rester neutre. Votre choix est donc de prendre part pour l'Assadie ou la Rhédalie, libre à vous d'agir selon vos convictions, votre perception, vos prévisions... mais souvenez vous simplement que l'armée Rhédalienne la plus proche il y a encore une semaine se trouvait à Vestus, à six cent kilomètres au nord d'ici et; bien qu'ils soient par la suite redescendus vers le sud, je doute qu'ils se soient arrêtés suffisamment près pour pouvoir vous assister en quoi que ce soit.




-L'entretien s'est bien passé?

La représentation de la Fille de la Terre n'était guère plus ourlée d'artifices que ne l'était la personne même lorsqu'on la voyait directement. Ahotep avait reçu la communication à bord de son astre, visiblement dans une salle de briefing au vu des formes indistinctes que le système de projection retransmettait par intermittence et, une fois de plus, elle n'avait pas fait montre de la moindre volonté de s'entourer d'un quelconque cérémonial.

-Les rencontres ont eut des résultats variés... Les représentants du Méchanicum disent qu'ils sont pleinement indépendants de ce conflit, qu'ils ne sauraient prendre les armes pour défendre la ville face à une attaque mais qu'ils ne sauraient tolérer d'être attaqués par vos forces sans que cela ne soit perçu comme un assaut direct contre Mars et ce qu'elle représente. Les guildes pour leur part se sont montrées plus ouvertes à la discussion, elles savent qu'un conflit engendrerait la ruine de leur affaire. Elles sont prêtes à payer leurs taxes à quiconque possède la réalité du pouvoir tant qu'elles restent libre de leurs actions.
-Et le gouverneur?
-Celui ci est une autre affaire. Il est effrayé, terriblement inquiet à l'idée de perdre son pouvoir alors même que les us et coutumes de Dorrh signifient que sa charge n'est que temporaire. Il est néanmoins paré à se joindre à votre cause sous réserve que le type de gouvernement de la cité reste inchangé et que Dorrh n'ait pas à fournir de troupe si ce n'est pour sa propre défense. Il est néanmoins plus que probable que qu'il soit paré à renégocier ces termes avec la bonne incitation, peut être en lui proposant que la gouvernance de la cité lui soit confié à lui et ses héritiers plutôt que le conseil des sages n'ait à élire un nouveau gouverneur d'ici trois ans...
-Bien. Dites lui que je suis prête à le rencontrer dans sa ville mais selon mes termes.

Le ton de l'impératrice ne présageait rien de bon.

-Et... puis-je savoir quels sont ces fameux... termes?

Elle sourit alors. Un sourire cruel, froid, calculateur.

-Je veux que lui et le reste du cadre dirigeant de Dorrh et de son alliance se rassemblent dans l'ancien palais impérial de la cité et j'y poserais mon Astre afin de recevoir leur féauté.

Elle savait.

Depuis le début elle avait su, depuis le début telle avait été son intention, depuis le début, depuis qu'elle avait provoqué l'altercation à l'origine de ce conflit. Elle avait déployé ses soldats tout en envoyant un négociateur car la négociation faisait partie de son assaut. Elle n'avait aucune envie d'alliés dans l'Isthme et il était vrai qu'elle n'avait que peu à y gagner tant les forces militaires des princes et des cités étaient négligeables devant les siennes. Elle savait que la première part de sa campagne ne lui apporterait pas de victoire face à ses ennemis directs mais plutôt que de seulement faire faire mouvement à ses forces, elle voulait déjà en profiter pour accroitre ses domaines. Elle avait fait venir sa fille dans le sud, une enfant formée dès le plus jeune âge pour gouverner et dominer afin de diriger ses « alliés » qui n'avaient d'autre devenir que d'être des sujets.

-Vos barges de débarquement et de bombardement seront aussi de la partie j'imagine? En survol afin de montrer votre puissance... en attendant de faire plus...

De nouveau ce sourire.

-Seules deux d'entre elles seront visibles, je ne compte pas effrayer mes futurs... amis...

Elle savait, et elle savait de même qu'il avait comprit.

-Je ne prendrait pas part à cela, dit Sirion. J'ai négocié un accord pour vous, si vous voulez user de cette négociation en un sens qui ne lui est pas premier, faites, mais ne me demandez pas d'y participer. Vous avez des agents en ville qui m'ont déposé, envoyez les négocier ces termes. Pour ma part je repars au nord dès cette après midi.

Ce sourire, ce maudit sourire ne la quittait pas.

-Ne voulez vous pas assister au spectacle?
-J'ai eut droit à plus que mon comptant de trahisons au cours de ma vie, je ne compte pas assister à une que je peux éviter sans y être contraint par mon devoir. Nous sommes alliés Ahotep et je ne doute pas que sous peu, vous vous souveniez d'à quel point vous avez besoin de cette alliance. Dès lors, il serait prudent de votre part de vous souvenir que si vos alliés mineurs ne représentent rien à vos yeux, que vous pouvez les écraser sous vos bottes et vous abstenir d'agir selon leur terme, de même le peux le Conseil.
-Je ne l'oublie pas, ambassadeur, dit elle. Je n'oublie rien...
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés - Page 3 Icon_minitimeMer 27 Fév 2013 - 19:14

[La vie est un long fleuve tranquille]

La saloooooope...
Roh la salope.

[/La vie est un long fleuve tranquille]

J'aime toujours autant :noel:
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés - Page 3 Icon_minitimeMer 27 Fév 2013 - 20:48

Jolie référence, j'aime beaucoup ^^
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés - Page 3 Icon_minitimeJeu 28 Fév 2013 - 11:44

Merci bien ^^
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés - Page 3 Icon_minitimeMer 13 Mar 2013 - 15:11

Suite relativement courte mais c'était ça ou poster une douzaine de pages d'un coup...
Introduction d'un nouveau personnage, moins maitrisé que les deux autres, tout commentaire est, plus encore que d'habitude, bienvenu! :)



Chapitre 6: Intrigues à la Cour




Une nouvelle fois les rayons du soleil, habilement canalisés par un ingénieux système de miroirs, vinrent doucement frapper le visage de Luuçaliia, la tirant d'un sommeil peuplé de nombreux rêves. Un instant elle se crut, comme elle avait été quelques secondes auparavant, toujours sur Gydéa, à vivre dans la demeure d'un noble qui avait été assez stupide pour lui offrir, avec son cœur, toutes les possessions qu'il pouvait avoir. Elle se voyait blottie contre le corps de celle à qui elle même s'était offerte, plus heureuse qu'elle ne l'avait jamais été dans sa vie antérieure. Elle battit des paupières un instant avant de se rendre compte qu'elle ne faisait que serrer entre ses bras un traversin couvert d'un doux satin et que le lit dans lequel elle se trouvait était celui que sa position de favorite lui valait au harem.

La provocatrice se renfrogna légèrement en se rendant compte qu'une nouvelle fois elle s'éveillait seule et une partie d'elle même en voulut encore à Gaïa du rôle qu'elle lui avait attribué. Il était vrai que ses compétences étaient exploitées au mieux et qu'elle aimait en un sens le pouvoir que lui donnait sa position mais dans le même temps elle regrettait d'être séparée de son amour tout comme elle savait que la prêtresse devait souffrir de leur séparation.
De tous les membres de la cabale menée par Gaïa, Luuçaliia avait été la première à arriver en Assadie. Elle avait été offerte par la famille Aourat au harem impérial sous l'identité d'une esclave hors monde comme on en voyait de plus en plus au sein de la Coalition Eradienne. Elle avait, quelques jours durant, du se conformer aux lois en vigueur dans ce cercle fermé, respecter et servir les plus révérées parmi les courtisanes, apprendre les nombreux rituels qui émaillait la journée, servir suivant la mode locale de prêtresse dédiée au culte du Fils du Soleil. Comme toujours, elle s'était montrée une élève incroyablement douée. Elle avait rencontré pour la première fois Khefren une semaine après son arrivée alors qu'elle avait été chargée de lui apporter sa nourriture et sa boisson une après midi. Il ne l'avait alors que peu remarquée mais la favorite d'alors l'avait félicité pour le service impeccable qu'elle avait rendu. Sa récompense était venue la semaine suivante lorsque cette même femme avait conseillé au Fils du Soleil, de passage dans le harem, de venir visiter la nouvelle venue. A compter de cet instant, sa mission avait été presque entièrement accomplie.

Masabakès Luu, tel était le nom que lui avait donné le cartel. Elle était l'une des disciple des Treize, une des meilleures intrigantes de cette galaxie et parmi ses maîtres, elle avait en particulier suivit l'enseignement de celle connue comme la maîtresse des séductions. Avant même sa rencontre avec Gaïa, elle avait été une tentatrice de talent, une amante experte, pleinement apte à faire plier la volonté des hommes pour peu que tel soit son désir.

Pourtant, au cours des huit dernières années, elle avait découvert qu'elle avait énormément à apprendre. De Gaïa, son cher amour, elle avait apprit qu'il existait des courtisanes dont la séduction dépassait la simple attirance physique, dont le pouvoir d'avilissement pouvait corroder l'âme en quelques minutes. Elle avait découvert de tout nouveaux sommets de plaisirs, de tout nouveaux niveaux de contentement. Elle qui n'avait jamais été religieuse avait découvert Dieu Il n'était non pas un Empereur lointain et froid comme celui dont elle avait put visiter cent temples au cours de sa vie antérieure pas plus qu'une idole barbare et sanguinaire telle que les autorités de la plupart des mondes décriaient l'objet des croyances des peuplades égarées. Ce qu'elle avait découvert était un dieu qui correspondait à ce qu'elle était, un dieu qui prêchait le plaisir et le perfectionnement, un dieu qui savait récompenser les meilleurs et qui n'avait que faire d'un bigotisme idiot. Huit ans durant elle avait mit de côté sa nature de provocatrice pour devenir un agent de l'Hexarchie Linciane, une disciple du grand Shornal et la compagne de sa chère Gaïa et cette nouvelle allégeance l'avait rendue meilleure qu'elle ne l'avait jamais été. Autrefois simple agent du Cartel, elle ne doutait pas que ses talents approchaient désormais ceux de Masabakès en personne et un jour, son dieu le lui avait promit, elle même serait impératrice des séductions!

Son amour l'avait chargée de séduire le Fils du Soleil Assadien, cela ne lui avait demandé qu'une après midi. Une fois arrivé dans sa couche, le jeune Khefren avait eut droit au plus grand moment de plaisir de sa vie, il s'était retrouvé prit dans un piège dont il ne ressortirait jamais, la provocatrice y prenait garde. Il avait ordonnée que Luuçalia passe la nuit suivante dans sa propre chambre, un privilège normalement réservé aux plus éminentes des favorites et à la Fille de la Terre en personne. La provocatrice n'avait ensuite pas quitté cette pièce de deux jours et lorsqu'enfin elle retourna au harem, ce fut en tant que première des favorites, couverte de soie et d'or , usurpant la position de celle qui avait fait l'erreur de la recommander quelques jours plus tôt.

Depuis lors, elle tissait sa toile. Suivant les instructions de Gaïa, elle avait put faire introduire de nouvelles venues au harem, d'autres filles originaires de Lincia ou du moins élevée suivant ses coutumes, présentes non pas pour satisfaire le seigneur de ces lieux mais pour créer une zone d'influence au sein même du palais. En tant que Première Favorite, Luu dirigeait en théorie le harem bien qu'elle délégua partie de ces responsabilisé à certaines de ses acolytes recommandées par son aimée. Elle même se chargeait de travailler Khefren en personne pour qu'il agisse autant que possible en accord avec les intérêts de l'hexarchie à la surface. C'était Luuçaliia qui avait attisé le courroux du Fils du Soleil à l'encontre de l'ambassadeur Aldéran, le conduisant à quitter la cour pour chercher l'oreille de la Fille de la Terre, c'était aussi elle qui avait initié le conflit qui avait permit à Gaïa, à travers son pion, de mettre le feu aux poudres dans les relations entre l'Empire Assadien et la République de Rhédalie et, depuis un mois que durait le conflit, c'était sous l'influence de sa favorite que le Fils du Soleil avait entreprit d'affermir son pouvoir et d'améliorer sa réputation auprès de ses forces armées.

Elle était l'éminence grise qui en sous main présidait au destin des Terres du Soleil et ce même si personne, pas même les rares dans le secret de son influence, ne voulait le reconnaître.

Sur un signe d'elle, deux novices qui lui tenaient lieu de gardiennes de nuit sortirent de l'ombre et vinrent la draper d'une robe de lin qui s'entourait autour d'elle du col à la taille avant de tomber sur son flanc droit, laissant paraitre sa peau pâle. Elle attendit ensuite un bon quart d'heure que ses servantes aient mis en ordre son opulente chevelure dorée.

Lorsqu'elle sortit de sa chambre, comme tous les matins, elle eut à présider à trois rituels implorant le Soleil, divin père de son Seigneur et Maître de rayonner en cette journée sur Hélipolis, en appelant aux esprits de tous les Fils du Soleil passés pour qu'ils inspirent le monarque d'aujourd'hui et conduisant les prières de celles qui, au sein du Harem, espéraient obtenir du maître de leur seigneur quelque faveur. Une fois de plus, l'office vit quelques participantes de moins que les jours précédents et une fois de plus, la provocatrice en fut satisfaite: une fidèle de moins au matin signifiait une nouvelle disciple du Seigneur des Lunes le soir venu. Néanmoins et bien qu'elle soit elle même fidèle de ce culte hors monde, Luuçaliia se devait de tenir son rôle de favorite, au moins face aux yeux des plus anciennes qui, si elles ne partageait plus la couche du Fils, gardaient une certaine influence en tant qu'éminence parmi les Prêtresses du Soleil.

-Béni soit ce jour, disait elle, où les ténèbres s'effacent face à Ton éclat, où le froid recule face à Ta radiance, où, encore, Ta gloire triomphe.
-Béni sois tu ô Astre du jour, répondaient les fidèles. Sois remercié pour tous les dons passés et restes généreux par tes dons futur, car nous sommes les compagnes de Ton glorieux enfant, ses soutiens dans la Nuit et pour Ta gloire nous continuerons notre tâche jusqu'à la fin de nos vies!

Gaïa vous aura retournée bien avant cela, pensa la Première Favorite en elle même tout en saisissant à deux main le grand miroir qui, chaque matin, devait être réorienté pour éclairer les profondeurs du palais de l'éclat naturel du Soleil. Une fois ceci fait et alors que la centaine de courtisanes assistant à la cérémonie tendaient les talismans pendant à leur cou pour les baigner dans cette lumière bénie elle continu son homélie telle qu'elle l'avait déjà prévue la veille au soir.

-En ce jour plus encore, écoute la prière de Tes servantes, ô toi, l'Empereur qui est Soleil, dont la Lumière s'étend à mille milliers de monde. Accorde la force à nos vaillants soldats, la foi à nos courageux travailleurs et l'inspiration à notre glorieux Seigneur.

Elle se mit à genoux.

-Nous prions sous Ta lumière pour que nos osts étincelants triomphent des barbares du sud, que sous l'égide de Celle Née pour épouser ton Fils. Ils sauront ramener Karala à la lumière de Ton culte et, de nouveau, faire s'étendre celui-ci à travers les étoiles.
-Ainsi soit il, répondirent les autres.
-Ainsi soit il, conclut Luuçaliia.

A leur tour s'avancèrent alors la doyenne et la précédente favorite qui toutes deux s'exprimèrent de nouveau, en appelant à leur dieu selon l'usage et leur croyance. Bien évidemment la provocatrice ne fit ni ne dit rien à leur encontre alors qu'elles se présentaient comme ses égales au sein du culte mais elle vit néanmoins la haine dans leurs yeux alors qu'elles la regardaient. Elles étaient ses ennemies au sein du palais, les seules réelles maintenant que l'ambassadeur était parti et que l'envoyée officielle des Jungles d'Abondance avait « malencontreusement » disparue suite à un accident. Elles seules demeuraient mais leur élimination n'était pour le moment pas envisageable, l'hostilité du Temple était encore trop forte. En effet si, au sein même du palais, son influence était des plus restreinte, le Culte restait capital en ville et si le peuple en appelait à son départ, même Khefren devrait s'y résigner ou voir sa situation fortement ébranlée. Comme toujours, la religion restait une arme puissante pour diriger les masses et si le Seigneur Noir se découvrait chaque jour de nouveaux disciples parmi les élites d'Hélipolis, son culte restait marginal dans les autres cités et totalement inconnu de la population, sans doute pour le mieux... Le Fils du Soleil lui même rechignait toujours à même envisager un système de croyance dont il n'était pas l'épicentre et malgré les talents de Luuçaliia, il lui faudrait encore bien du temps pour le détourner d'un tel mode de pensée.

L'office se termina par des chants en canon déclamés par toutes les favorites de culture Assadienne alors que les autres, les unes après les autres, étaient invitées à quitter la pièce. La provocatrice dut donc partir, malgré son rang, et le fit avec un certain soulagement. Plus elle devait participer à ces cérémonies et plus elle s'y sentait mal à l'aise. Elle n'était pas une fanatique religieuse, elle se l'était toujours interdit et elle ne le deviendrait jamais mais depuis un mois que se tenaient les offices nocturnes, elle ne pouvait nier que sa foi envers son Seigneur Noir croissait plus encore qu'elle ne l'avait fait auparavant et voir ainsi toutes ces femmes dont les corps étaient des dons du Dieu se complaire dans l'adoration d'une idole païenne en hommage à un cadavre la révulsait chaque matin un peu plus.

Elle chassa ces pensées de son esprit et voulu partir vers la sortie du harem pour rejoindre son seigneur et maître et la cour lorsqu'elle sentit une main sur son épaule. Elle se retourna, surprise, pour voir une des courtisanes qu'elle n'avait jusqu'alors jamais remarquée s'incliner face à elle.

-Excusez moi de vous déranger, ô favorite, mais il court actuellement des bruits troublants au sein du harem et... nous... plusieurs d'entre nous s'interrogeaient. Pourriez vous nous accorder quelques instants de votre précieux temps pour nous...

Luu la détaillait de haut en bas, remuant ses souvenirs à la recherche d'une image de celle ci parlant avec des proches de l'ancienne favorite ou de la doyenne... elle n'en trouva trace. Peut être cependant était-ce un piège... mais qui parmi les autres aurait pu, individuellement, représenter une menace à son encontre? Bien que n'étant pas avant tout une guerrière, la provocatrice gardait une formation tout a fait valable du combat à main nues et elle ne doutait pas qu'elle pourrait au besoin se défendre...

-Je serais ravie d'apaiser vos esprits, dit elle avec un sourire, coupant l'autre dans sa lancée. Vous êtes seule parmi les vôtres à vouloir me parler?
-Heu... non maîtresse, d'autres aussi... nous, vous, hum...

Luu eut un nouveau sourire compatissant.

-Retrouvons nous dans les jardins pour discuter confortablement installées!
-Ce serait un honneur, première favorite, répondit l'autre d'un air soumis.

La provocatrice la prit alors familièrement par le bras ce qui la dérouta au plus haut point alors que celle ci faisait signe à quelques autres filles jusqu'alors dissimulées dans les ténèbres. Elles prirent alors de concert la direction des jardins. Les maîtresses du Harem étaient sensées traiter les autres concubines comme leurs propres filles et si Luuçaliia doutait de jamais avoir d'enfants, elle estimait qu'une telle attitude seyait à une mère.

-Quelles nouvelles courent actuellement au palais? Demanda elle à sa compagne de l'instant.
-Rien que vous ne sachiez déjà, maîtresse, répondit celle ci, toujours intimidée.
-J'aime à savoir ce que pensent savoir les autres, sourit Luu.
-Et bien, le parti belliciste tente encore et toujours de rassembler des soutiens, depuis l'assassinat de l'envoyée des Jungles d'Abondance, ils accusent les attentistes du meurtre et exigent justice de la part de notre révéré Seigneur et Maître. Dans le même temps, les traditionalistes semblent toujours en froid avec la délégation Aldérane bien que j'imagine que le Fils a du vous parler de cela bien plus pertinemment que je ne le fait... il y a des bruits comme quoi, au sein même de son conseil proche, certains lui reprochent de ne pas encore les avoir chassés.

Khefren n'avait besoin de nul autre conseils que ceux murmurés par sa favorite, voilà la vérité que tous ces politiciens devraient tenter de comprendre! Néanmoins, leur position était encore trop forte pour qu'elle puisse pousser le Fils du Soleil à tous les bannir de la cour...

-Et, reprit la Favorite d'un ton badin, que disent les traditionalistes de moi?

Elle souriait en disant ces mots mais celle à son bras ne put s'empêcher de se braquer légèrement.

-Je ne doute pas que vous...
-Comme je te l'ai dit, ma fille, j'aime à savoir ce que les autres disent et pensent mais n'osent pas énoncer à portée de mes oreilles. A moins que tu ne veuille toi aussi garder certains secrets.
-Bien sûr que non favorite, tel était d'ailleurs la raison pour laquelle je suis venue vous parler!

Elles débouchèrent dans les jardins, accueillies par un flux d'air brûlant que Luuçaliia trouva particulièrement revigorant. Les compagnes de l'autre concubine, au nombre de huit, se tenaient déjà autour d'un banc, l'attendant visiblement avec l'espoir de gagner quelque faveur.
Luuçaliia les salua toutes et elles s'inclinèrent bien bas, montrant la déférence due à une personne de son statut. Un sourire naquit sur les lèvres de la provocatrice, témoignage du plaisir que lui apportait la soumission des autres à sa seule aura.

-Vous vouliez ainsi toutes me voir, puis-je en connaître la raison?

Une des neuf concubines lui fit signe de s'asseoir sur le banc qu'elles entouraient et une fois que ce fut fait, deux saisirent de larges éventails qu'elles devaient avoir apporté et lui firent de l'air tandis que les autres s'asseyaient au sol, à ses pieds, témoignant une nouvelle fois de leur infériorité et flattant ainsi de nouveau son égo.

-Vous avez des ennemis au sein de ce palais, dit la première à être venue lui parler et qui, apparemment devait être la chef de ce petit groupe, rassemblant toute l'assurance qu'elle pouvait avoir.
-En effet, répondit Luu d'un air neutre.

Elle n'avait rien laissé transparaitre de ses pensées et l'autre concubine eut l'intelligence de comprendre qu'elle devait d'elle même exposer sa requête, la parole lui ayant été accordée.

-Les traditionalistes, comme vous le savez, demandent, plus encore que le départ des Aldérans, la déchéance de votre titre et votre éventuel renvoi du harem. La Révérée Doyenne et la totalité des favorites ayant gagné ce titre avant votre arrivée voudraient, elles aussi, vous voir trainée dans la boue et bannie et elles ont, rassemblées autour d'elles, la grande majorité des habitantes de ce harem.

De nouveau, la provocatrice resta silencieuse.

-Nous voulions vous assurer que nous ne sommes pas de vos ennemis. Nous n'avons d'autre aspiration que de vous plaire, à vous comme au Fils du Soleil.
-C'est bon à savoir, répondit la Favorite, je ne l'oublierait pas.
-Vous nous honorez favorite, néanmoins nous voudrions également vous... Nous serions également désireuse de vous fournir divers services contre quelques faveurs.

Un sourcil blond s'éleva légèrement à cette demande, mimant l'étonnement alors que Luu attendait ce moment depuis le début de l'entrevue, convaincue que cette nouvelle féauté ne se voulait pas gratuite.

-Que désirez vous?
-Et bien... suite à votre arrivée, vous avez été seule à partager la couche de notre éminent Seigneur comme il convenait à une éminence telle que vous, néanmoins, étant donnée que vous semblez avoir décidée de désigner de nouvelles favorites... vous pourriez envisager de sélectionner quelques une d'entre nous parmi celles ci... la Doyenne rumine que les deux nouvelles désignées sont également d'anciennes propriétés des Aourat, arrivées dans la harem il y a quelques semaines seulement et l'une d'elle est éradienne de naissance. Bien que je ne sois nullement en position de vous enseigner comment diriger ce harem, j'estime ainsi que beaucoup de nos sœurs, qu'une telle attitude ne fera que ternir encore.

Le silence de Luuçaliia ne fut pas cette fois un simple effet oratoire. De nouvelles favorites? Il n'en avait jamais été question! Khefren était à elle, à elle seule! Jamais elle n'avait autorisé une des esclaves envoyées par Gaïa à s'allonger pour lui et elle avait encore moins donné de recommandation à l'une de celle ci pour qu'elle prenne cette initiative.

-Je n'ai nommé aucune favorite depuis mon arrivée au Harem, répondit elle avec une voix où perlait une légère hostilité. Qu'est ce qui vous fait penser le contraire?

L'autre sembla surprise.

-Et bien... depuis une semaine, le Fils du Soleil n'usait plus, comme gardienne de nuit, que celles que vous lui aviez offerte il y a trois semaines. Néanmoins, il y a deux jours, il a demandé la présence d'autres gardiennes, une fillette venue de Jargba il y a deux semaines, encore en apprentissage auprès de la Doyenne et la sœur de la précédente Première Favorite qui, pour sa part, aurait du recevoir sa première visite dans le courant du mois si vous n'aviez été là. Ces deux Gardiennes ont veillé la nuit du Fils rejoint par l'éradienne que vous lui aviez offert et la nuit suivante, elle fut rejointe puis remplacée par l'autre venue de cités Aourat... Une concubine ne partage pas le propre lit du Fils sans le titre de Favorite, nous avons donc conclu que...
-Il y a eut méprise en ce cas, les deux effrontés en question ont agi sans mon consentement et je traiterais cette affaire dans les plus brefs délais. Je vous remercie de m'avoir fait part de ce soucis. Comme je vous l'ait dit, je ne vous oublierait pas au moment de nommer de nouvelles favorites.

Elle n'avait rien dit mais c'était tout comme, si les locales qu'elle avait introduite désiraient jouer avec le pouvoir, elles allaient découvrir à qui parler et si une lutte devait s'engager, des agents fidèles seraient toujours bienvenus.


Dernière édition par Araxyrie le Jeu 14 Mar 2013 - 15:00, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés - Page 3 Icon_minitimeJeu 14 Mar 2013 - 11:58

Citation :
Suite relativement courte mais c'était ça ou poster une douzaine de pages d'un coup...
J'aurais put gérer. :fou:


Citation :
Autrefois simple agent du Cartel, elle ne doutait pas que ses talents approchaient désormais ceux de Masabakès en personne et un jour, son dieu le lui avait promit, elle même serait impératrice des séductions!
Je ne sais pas si c'est à cause de la construction de la phrase ou en raison du fait que je sache ce que valent les promesses du Chaos, mais je le sens venir. Arax, toi et moi, nous savons que si tu fais "ça", ton humour se rapprochera dramatiquement du mien... et ce n'est pas ce que tu veux, n'est-ce pas ? :peur:

Spoiler:


Citation :
Comme toujours, la religion restait une arme puissante pour diriger les masses et si le Seigneur Noir se découvrait chaque jour de nouveaux disciples parmi les élites d'Hélipolis
Ce n'est pas "Héliopolis" ? Sensation de déjà vu (avec Elenthis, il me semble). :|


Citation :
-Nous prions sous Ta lumière pour que nos osts étincelants triomphent des barbares du sud, que sous l'égide de Celle Née pour épouser ton Fils. Ils sauront ramener Karala à la lumière de Ton culte et, de nouveau, faire s'étendre celui-ci à travers les étoiles.
-Ainsi soit il, répondirent les autres.
-Ainsi soit il, conclut Luuçaliia.
... :rire2:

Oui, on a les plaisirs qu'on peut. :dehors:


Citation :
Le Fils du Soleil lui même rechignait toujours à même envisager un système de croyance dont il n'était pas l'épicentre et malgré les talents de Luuçaliia, il lui faudrait encore bien du temps pour le détourner d'un tel mode de pensée.
Ouais, Louis XIV aussi avait dut mal. On sait comment ça a tourné, niveau obscurantisme et écocentrisme...


Citation :
Et bien... depuis une semaine, le Fils de la Terre n'usait plus, comme gardienne de nuit, que celles que vous lui aviez offerte il y a trois semaines. Néanmoins, il y a deux jours, il a demandé la présence d'autres gardiennes, une fillette venue de Jargba il y a deux semaines, encore en apprentissage auprès de la Doyenne et la sœur de la précédente Première Favorite qui, pour sa part, aurait du recevoir sa première visite dans le courant du mois si vous n'aviez été là.
Fils de la Terre. :ok:

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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés - Page 3 Icon_minitimeJeu 14 Mar 2013 - 15:03

Citation :
Je ne sais pas si c'est à cause de la construction de la phrase ou en raison du fait que je sache ce que valent les promesses du Chaos, mais je le sens venir. Arax, toi et moi, nous savons que si tu fais "ça", ton humour se rapprochera dramatiquement du mien... et ce n'est pas ce que tu veux, n'est-ce pas ? :peur:

Un démon (du moins la vision que j'en ai), ne ment jamais, reste à voir quelle est la formulation précise et comment elle se mettra en application :p


Citation :
Ce n'est pas "Héliopolis" ? Sensation de déjà vu (avec Elenthis, il me semble). :|

Ca a été Hélipolis depuis le début de la fic.


Citation :
Fils de la Terre. :ok:

Ca devait arriver au moins une fois, il n'y avait pas le choix :noel:
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés - Page 3 Icon_minitimeJeu 14 Mar 2013 - 18:08

J'aime, le perso est maîtrisé :oui:

C'est parfois un peu dur de suivre toutes les intrigues politiques, surtout quand comme là on tombe en plein nouveau "champ de bataille", mais ça reste accessible x)
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés - Page 3 Icon_minitimeLun 18 Mar 2013 - 20:45

La salle du trône bourdonnait d'activité alors que, les uns après les autres, défilaient les pétitionnaires. Tous venaient ourlés de leurs plus beaux atours, qu'ils soient simples possesseurs terriens ou membres de la plus haute noblesse d'Empire, généraux ou patriciens, contremaitres ou industriels, tous désiraient faire part de leurs griefs, tous défilaient devant le Fils du Soleil et sous les yeux de sa Première Favorite, confortablement installées dans une loge laissée dans l'obscurité en retrait de la salle.

Luu bouillait encore de sa découverte du matin. Le Fils n'avait en effet pas requis sa présence depuis trois nuits mais il n'avait laissé paraitre nul signe de ses actes lors des jours subséquents. Elle n'avait pas encore eut l'occasion de parler aux contrevenantes et devrait donc attendre que vienne le soir et la cérémonie en l'honneur de son Seigneur Noir. Néanmoins, elle avait avant cela l'occasion de parler à Khefren et peut être ainsi confondre les deux adolescentes avant même d'y être directement confrontée. Le simple fait de penser à elles l'énerva un peu plus. Ces gamines à peine âgées de seize ans, la moitié de son âge! qui osaient dénier sa prédominance! Elles allaient payer, elle allait les humilier, les brimer, les faire souffrir, les...

-Une nouvelle fois je me tiens devant vous pour vous rappeler vos engagements, sinon auprès de nous, auprès de votre épouse.

Celui qui venait de parler portait une tenue de lourd velours bleu nuit dont le pantalon était tenu par une ceinture de cuir blanc avec un fermoir en or et la veste était décorée d'épaulettes d'ivoire. Ses bottes claquaient sur le sol avec force mais malgré le raffinement de ses vêtements il n'aurait su dissimuler la sueur qui lui dégoulinait le long des joues, peut être due à l'angoisse de faire face au Fils du Soleil mais plus probablement imputable à la chaleur terrible. Néanmoins, bien qu'il paraissait totalement étranger à ce lieu, peu à l'aise dans cette salle, nombreux étaient ceux de l'assemblée à le fixer avec attention, suspendus pour certains à ses paroles qui bien que dépourvues de pouvoir formel pouvaient influer sur le devenir de la nation entière. Luuçaliia en particulier s'était de nouveau pleinement concentrée sur lui.

-Les troupes de la Fille de la Terre, poursuivit le Baron Aran Astellan, continuent leur progression dans l'Isthme Galaté, laissant derrière elles des douzaines de principautés soumises sans prendre le temps de conforter leurs positions. Les natifs des Terres du Soleil au sein de l'ost en guerre semblent agités, ils ne comprennent toujours pas pourquoi leur monarque ne s'est pas engagé à leurs côtés pour mener la guerre qui les a conduit si loin de chez eux. Ils n'apprécient pas d'être en permanence dirigés par des femmes issues des jungles du nord, ils ont besoin que vous déléguiez non seulement un effectif mais un état major vers l'ouest et tous nos analystes s'accordent sur ce point. De plus, nos experts sur le terrain sont d'avis que les lignes arrières de l'ost menée par la Révérée Ahotep, Quinzième de son Nom, sont fortement vulnérables à tout assaut percutant de la part des Rhédaliens et l'installation d'une défense en profondeur nous semble cruciale. Nous comprenons l'importance que votre Altesse porte à la protection de ses Terres et à la préservation de ses forces mais le simple déploiement d'un effectif supplémentaire et de certains de vos généraux sur le front bénéficierait beaucoup au moral de vos hommes. Je suis, en ce sens, accompagné aujourd'hui de l'honorable Kopis de la maison Bast, général au sein de votre garde.

L'homme se mit en retrait de quelques pas en arrière alors qu'un assadien au large torse musclé barré d'un torque d'or s'avançait. Luu le connaissait comme un des plus francs soutiens à la Fille de la Terre au sein des bellicistes et sa présence individuelle était bien moins lourde de sens que le fait qu'il se tenait aux côtés d'un Aldéran.

Depuis le départ du Comte d'Orae, les membres de la délégation Aldérane avaient bien moins activement participé à la vie de la cour, se retranchant dans leur ambassade finalement achevée et aussi peu désireux de voir le Fils du Soleil que celui ci ne l'était de leur adresser la parole. La provocatrice pouvait se targuer d'avoir su au mieux empoisonner l'esprit du monarque, le persuadant du mal que représentaient ces hors mondes, de leur inutilité et, bien évidemment, des complots qu'ils n'avaient de cesse d'ourdir avec le reste de la cour à son encontre.

Pourtant, malgré ce retrait, l'influence aldérane se sentait chaque jour un peu plus dans les affaires du palais alors que la faction des bellicistes acceptait de plus en plus le fait que ses progressions à venir ne pourraient se faire qu'en association avec l'ambassade, seule autre à désirer un réel investissement des Terres du Soleil dans le conflit qui ravageait déjà l'Isthme Galaté.

Trois factions officielles existaient à la cour. Les Bellicistes, divisés entre les admirateurs de la Fille de la Terre et les loyalistes des Terres du Soleil désiraient un plus fort investissement de leur nation dans le conflit en cours, insistant en particulier sur l'importance d'user de la flotte pour attaque les côtes nord de la Rhédalie et si possible d'y établir quelques têtes de ponts. Leurs membres étaient pour la plupart des militaires ou de jeunes nobles avide de gloire et leur voix n'avait jusque là que peu pesé du fait du clivage entre ceux désirant confier les rênes des armées sudistes à l'Impératrice du Nord et ceux partisans d'un commandement autonome des armées des Terres du Soleil. Les traditionalistes, pour leur part, représentaient les plus fervents soutiens du monarques, désireux de voir celui ci maintenir son règne comme l'avaient fait ses ancêtre et ce libre de toute influence extérieure, qu'elle soit représentée par une Fille de la Terre abusant de son influence, une concubine trop séduisante ou des hors mondes ayant à cœur d'autres intérêts que ceux seuls de la nation. Les Attentistes, enfin, rassemblés autour d'un corps de nobles indolents, estimaient que toute intervention de l'Assadie dans les affaires extérieures ne conduirait qu'à une perte de stabilité pour des gains bien mineurs et s'opposaient de fait au conflit en cours depuis le tout début de la guerre civile sectorielle. Là où traditionalistes et bellicistes avaient à cœur la renommée et la puissance de leur nation, les attentistes pour leur part ne désiraient que maintenir les privilège d'une noblesse qui n'aurait su régner sur des terres plus vastes et une population plus agitée que celles au destin desquelles elle présidait déjà.

De ces trois factions, Luuçaliia avait toujours imaginé ne rien avoir à craindre: aucune ne pouvait accomplir d'actions sans l'accord du monarque et si les traditionalistes eussent sans doute apprécié de voir sa tête plantée sur une pique, Khefren ne leur offrirait jamais. De même, malgré la volonté des bellicistes de partir en guerre, la prudence du jeune seigneur devait venir s'opposer à leurs désirs alors que les attentistes n'avaient aucune hostilité à son encontre, moins encore depuis que nombre de leurs cadres supérieurs avaient été initié par les agents de Gaïa aux délices venus d'outre monde. Pourtant, que l'une décide de s'aligner pleinement avec les visés d'Ahotep, de l'Ambassade ou, pire encore, des deux et ils pourraient peut être contraindre le Fils du Soleil à changer sa position.

-Honoré souverain, commença le général, votre garde se tient, comme toujours, parée à défendre vos intérêts en toute chose. Je sais qu'il y en a, ici assemblés, qui estiment que la guerre dans l'Isthme n'a aucune conséquences sur nos vies, que, de même qu'il y a quelques décennies, les Jungles d'Abondance sont parties en guerre de manière semi indépendante et, par conséquent, que nous pouvons nous satisfaire de demeurer quiet sur nos terres en ne fournissant qu'un soutien très lâche à nos sœurs et alliées du nord. D'autres encore diront que ce qui prend actuellement place à l'est n'a rien d'une guerre mais qu'il ne s'agit pour la glorieuse Fille de la Terre que d'une excuse pour annexer ses faibles voisins sous couvert d'un conflit qui n'éclatera jamais. Néanmoins, j'exprime ici un sentiment largement partagé en soulignant que si les osts du Nord sont descendus au sud, c'est poussé par l'outrage fait à l'encontre de votre majesté. Je rappelle que si les combats n'ont pas encore pleinement éclaté ce n'est que dû à l'incroyable distance qui sépare nos frontières de celle de la République.

« Le sang va couler à l'Est, en ruisseaux puis en rivières, en torrents puissants enfin. Nous sommes à l'aube d'une guerre telle que notre monde n'en a pas connu depuis des siècles et rester passifs dans celle ci ne conduira qu'à notre destruction. Sans notre soutien, les troupes déjà engagées ne pourront faire face à la puissance combinée de la Rhédalie et, surtout, des Marches Impériales qui ne sont nullement tenues par le Traité d'Unëa. Après leur défaite, nos terres seront grandes ouvertes au pillage par les barbares révolutionnaires de la république.

Il n'avait pas tord, Luuçaliia le savait. Elle avait étudié les rapports de force avant même de débuter son infiltration. Elle se devait de les connaître si elle voulait servir son Empire et son Dieu. Elle le savait mais elle savait aussi que Khefren refuserait cette vérité, après tout elle avait dédié bien des efforts à...

-Nous comprenons vos inquiétudes et y adhérons, répondit le Fils du Soleil, majestueusement installé sur son trône d'or. J'accorderais cette après midi les premières autorisations visant à envoyer une part de notre garde à travers l'océan pour frapper les côtes ennemies. Une autre partie sera envoyée tenir Khorsadan et assurer le maintien de nos intérêts. Elle sera rejointe par plusieurs renforts sur le chemin. Nous escomptons avoir mit en mouvement trois millions de soldats d'ici la fin du mois prochain.

La salle était devenue totalement silencieuse, tous ou presque observaient le monarque d'un air médusé, certains poussant le vice jusqu'à laisser pendre leur mâchoire. Même les deux pétitionnaires semblaient tout retournés par la déclaration. Le baron, après un instant de surprise affichée recomposa son attitude mais le général ne dissimula nullement le très large sourire qui apparut sur ses lèvres une fois le choc initial passé.
Luuçaliia pour sa part n'en revenait toujours pas.

Elle avait pourtant tout fait pour que cela ne puisse arriver: elle avait séduit le monarque avec son corps, l'avait lié à elle par la finesse de son esprit, l'avait soumit en lui démontrant que même si il était souverain de ces terres et qu'elle prétendait n'être qu'une esclave, elle seule pouvait diriger à ses désirs. Depuis la première fois qu'il avait partagé sa couche, le monarque n'avait jamais su aller à l'encontre de sa volonté par peur de se voir privé des nouveaux plaisirs qu'il avait découvert. Il n'était sensé être que sa marionnette, lui rester aussi fidèle qu'elle même l'était à...

-Nous désirons également autoriser nos alliés aldérans à s'octroyer une partie de la gloire que nous sommes sur le point de récolter. Ambassadeur, les forces aériennes de votre délégation pourront elles assister notre flotte dans son attaque contre le côtes Rhédaliennes?
-Ce serait un honneur, votre Altesse, répondit le Baron. Il faut simplement que je contacte l'Ambassadeur en personne afin qu'il donne son aval mais je ne doute pas qu'il sera favorable à notre intervention.
-Cela nous sied. Général, partez porter la nouvelle au campement, je rassemblerais ce soir mon conseil de guerre afin de déterminer quelles unités seront envoyées en quels lieux.

L'officier s'inclina face au trône avant de partir d'un pas rapide suivi en cela par l'aldéran après que celui ci ait effectué une révérence. Les exclamations fusèrent néanmoins avant qu'ils n'aient quitté la pièce.

-Votre Altesse!
-Un Outrage!
-L'Empire n'a pas...
-Qui financera les...

Milles cris se mirent à résonner en un instant, se superposant les uns aux autres alors que les avis contraires se faisaient entendre tous en même temps. Les points de vue commun commençaient déjà à se recroiser lorsqu'une exclamation vint faire taire toutes les autres.

-Silence! hurla le monarque et si le son de sa voix se révéla bien trop faible pour couvrir celui de toutes les autres, la position de celui qui venait de parler contraignit chacun à obéir après un moment.
« Je suis le seul seigneur et maître de l'Assadie et je n'entends pas que mes décisions, les décisions du Fils du Soleil, de la représentation directe de notre divin Empereur en ce monde, soit remises en question de manière si grossière! La guerre est sur nous même si elle n'a pas encore démontré toute sa sanglante gloire et j'escompte que mon règne reste dans les mémoires comme celui qui vit l'hégémonie des Terres du Soleil s'imposer une nouvelle fois à la planète entière. Ici se tient, parmi d'autres, mon Conseil dont les paroles me sont toujours très chères mais que nul ici n'oublie que je suis la seule autorité finale. »

Khefren s'était levé alors qu'il exprimait ces paroles. Voyant l'auditoire de nouveau silencieux il se rassit et reprit la contenance qu'il avait un instant laissé échapper.

-Nous allons reporter les demandes des pétitionnaires à demain, nous déclarons ouverte une séance exceptionnelle de débat quand à notre implication dans la guerre de mon épouse. Que restent ceux désireux de participer aux discussions, que s'en aillent les autres.

Le mouvement de foule prit du temps alors que les pétitionnaires protestaient mollement de voir leur audience reportée et que les loyalistes des différents partis se rassemblaient pour les discussions à venir. A aucun moment Khefren ne quitta son trône ni donc Luuçaliia ne put lui parler. Elle n'était que la première des Favorite et même si elle était la véritable maîtresse de l'Empire, elle ne pouvait s'exprimer face à tous ces seigneurs assemblés. Elle se devait donc, encore une fois, d'observer et de ronger son frein.

Le premier qui s'avança n'était autre que Paneb, le propre Grand Vizir du Fils du Soleil et tête de file des traditionalistes.

-Avant toute chose, votre honorable majesté, je tiens à vous faire part du soutien inconditionnel de la faction traditionaliste. Nos ennemis trembleront devant la puissance unifié de nos osts. Néanmoins, nous estimons que la requête d'assistance que vous avez faite auprès des Aldéran n'est nullement nécessaire, leurs avions ne sauraient procurer un appui convenable de l'autre côté de l'océan et nous ne disposons pas de porte aéronefs capables de les ravitailler en pleine mer. La Fille de la Terre elle même a insisté pour ne pas user de l'aide de nos alliés, nous ne saurions nous montrer plus faible qu'elle en requérant ce qu'elle dénigre!
-Je...

Comme trop souvent, Khefren ne semblait pas assuré dans ses paroles mais il se reprit de son mieux et donna autant de force qu'il le put à sa voix.

-Faire intervenir les Aldérans dans le conflit les empêchera définitivement de négocier à part avec les Rhédaliens pour saper notre pouvoir. On... je suis arrivé à cette conclusion. Ils se prétendent nos alliés alors qu'ils n'ont fait que miner mon pouvoir depuis leur arrivée, ils prétendent vouloir commercer mais ils se sont accaparé sans contrepartie une portion même de ma cité, il est temps pour eux de prouver ce pour quoi ils sont réellement présent!

Si la première partie de sa déclaration avait été des plus incertaine, la voix du monarque avait ensuite gagné en force alors que sa colère contre les hors monde refaisait surface, cette colère que Luuçaliia avait si longtemps entretenue mais qui maintenant semblait la desservir. Elle avait néanmoins vu clair dans ses paroles, l'idée de cette guerre ne venait pas de lui, on lui avait soufflé les actions à faire à l'oreille et les seules qui auraient pu le faire étaient ces deux gamines.

De retour au harem elle les ferait emprisonner. Le capitaine de la garde du Palais des Femmes était un des fidèles du culte du Seigneur des Lunes, il lui obéirait. Oui... elle les enfermerait puis les torturerait... elle les torturerait pour qu'elles révèlent pour qui elles avaient agit... c'était sans doute une manœuvre des Aourat... ou d'Orphea... non, ce devait être cette intrigante d'Hator... ce qu'elle détestait cette arriviste! Les deux filles lui diraient tout, elle en était sûre, leurs souffrances seraient un délice, un nectar pour elle et une offrande pour son Dieu. Oui... le simple plaisir qu'elle ressentait à l'idée de serrer leurs petits cous délicats entre ses doigts, de plonger un métal froid dans leurs chairs immaculées, de dessiner sur leurs corps et le sien des arabesques sanglante... tout cela lui échauffait les sangs! Il lui tardait l'arrivée du soir et la cérémonie du jour, l'abandon du culte et la folie de l'orgie. Il lui tardait de retrouver Gaïa qui seule savait étancher sa soif de...

Gaïa.

Gaïa serait furieuse.

Elle l'avait chargée de prendre le contrôle du Harem, de tenir par la bride le jeune monarque, de lentement le tourner contre ses alliés hors monde et contre sa femme et de l'empêcher de faire pencher la balance du conflit en faveur des intérêts du domaine.

En un instant l'excitation qui s'était emparée de la provocatrice disparu pour laisser place à une terreur mêlée de désir. Les colères de Gaïa et leur cruauté dépassaient de loin tout ce que Luuçaliia pouvait imaginer même pour ses pires ennemis. Elle partageait son âme avec une créature du Warp et sa couche avec une des sainte Succubus de Lincia, elle avait une connaissance de la douleur sans commune mesure parmi le gros des mortels...

Pourtant...

Pourtant les douleurs qu'infligeait Gaïa, la soumission qu'elle imposait pouvait aussi se révéler délicieuses... Luu gardait un souvenir vif de la dernière fois où elle avait déçu sa maîtresse, un souvenir passionné. Instinctivement elle porta la main derrière son oreille où, marquée par un métal issu du warp et porté à blanc par les flammes brutes du Chaos se trouvait sa Marque, celle qui l'identifiait comme la favorite d'une élue, qui assurait son allégeance au Seigneur Noir. Elle se souvenait encore de l'époque où la simple idée de laisser les vils pouvoirs des démons graver sa chair la répugnait au plus haut point, elle se souvenait des jours qu'elle avait passé à hurler après que Gaïa la lui eut appliqué. Mais elle était aussi consciente des nouveaux sommets de plaisir qu'elle avait découvert depuis qu'elle portait ce signe. Lentement il s'étendait alors que lui venait les faveurs du Prince des Excès, de Loesh le Serpent, canalisés et maîtrisés par le savoir impie du Temple. Elle savait qu'en heures voulue, les faveurs qu'elle recevrait ferait d'elle une exaltée parmi les mortels comme elle savait qu'elle ne recevrait ses dons qu'après avoir bien servi sa maîtresse, que Gaïa l'aurait jugée digne. Elle savait que son amour restreignait les dons qu'elle recevait malgré ses huit ans de service dévoué car elle voulait la protéger des horreurs qui, aussi nombreuses que les merveilles, peuplaient le Warp.

Elle...

Elle devait se concentrer.

La brûlure à son oreille était cuisante et délicieuse et, inconsciemment, elle avait laissé une de ses mains se glisser sous sa robe, caressant sa poitrine sensibilisée par ses pensées. Elle n'était plus horrifiée par l'idée que le Chaos vivait en elle mais elle s'agaçait à chaque fois qu'elle voyait son influence déborder sur son jugement. Elle s'infligea une remontrance mentale et se concentra de nouveau sur le cour, reléguant à plus tard les considérations personnelles qu'impliquaient la situation actuelle.

Les traditionalistes s'étaient repliés et les bellicistes semblaient s'être déjà exprimés. Les attentistes ne pouvaient que s'incliner face aux deux autres factions qui semblaient avoir atteint un terrain d'entente. Ils délibéraient néanmoins sur les implications directes d'un engagement plus soutenu dans le conflit quant aux maisons nobles et à leurs forces propres.

-Toute maison noble prête à assister notre effort de guerre, de quelque manière que ce soit, sera largement récompensée et bénéficiera de l'éternelle reconnaissance du monarque des Terres du Soleil. Néanmoins, je ne compte en rien obliger les participations en dehors de l'impôt auquel chacun est soumit.

De nouveau s'éleva un léger brouhaha alors que chacun discutait de là où se positionner. Ce désordre ne fut toutefois que de courte durée car lorsqu'une voix, pourtant douce, s'éleva pour parler au Fils du Soleil, tous se turent presque instantanément pour la laisser s'exprimer.

La petite Hator Aourat avait considérablement changé au cours des deux derniers mois. Bien que n'étant qu'une femme au sein d'une société totalement dominée par les hommes, elle s'imposait chaque jour un peu plus comme dominant tout autant sa famille que ne le faisait son père. Sa beauté s'épanouissait avec une vitesse peu commune à cet âge où la vieillesse reste lointaine mais où la floraison était déjà passée et d'elle se dégageait un charisme captivant.

Tout cela, elle ne le devait qu'au hasard et au besoin des circonstance et pour cela, Luuçaliia la détestait. Car Hator servait de figure de proue à la cabale menée par Gaïa, elle représentait la psyker dans toutes ses affaires publiques et afin de convenir à ce rôle, la marque qu'elle avait reçue avait été stimulée pour la faire bénéficier de dons qu'elle n'aurait du recevoir qu'après des années de service! Elle avait beau prétendre être une fidèle de Loesh depuis les alentours de ses dix ans, sa fortune n'était due qu'à son utilité temporaire et la provocatrice savait bien que son amour se désintéresserait de cette parvenue dès que son usage ne serait plus mais même cette conviction ne pouvait pleinement faire taire la jalousie de la jeune femme.

-L'honorable Bekh de la maison Aourat désire de tout cœur apporter son soutien à la noble entreprise de votre majesté. Aussi demande-il humblement la parole.
-Nous la lui accordons de bonne grâce, répondit Khefren qui semblait soudain porter une bien trop grande importance à cette fillette.

Le patriarche de la maison Aourat s'avança, à demi porté par de faibles générateurs antigrav. Comme chaque fois que Luu le voyait, il semblait plus richement vêtu et plus gras que la fois précédente. Ses yeux étaient masqués derrière un voile afin que nul ne voit la teinte sombre qu'ils avaient prit suite à sa trop forte consommation d'opiacés venus d'en dehors de ce monde et une nouvelle fois, la première favorite s'interrogea sur le temps que mettrait sa fille à définitivement s'en débarrasser. Là encore se trouvait une grande faveur que lui avait fait Gaïa en lui offrant les rênes de sa famille même si, de ce fait, elle avait elle même prit le contrôle de plusieurs des villes les plus riches du littoral et d'où se répandait, au même titre que sa foi, les nombreux vecteurs narcotiques qui poseraient les bases pour un glissement progressif du culte du Soleil à celui des Excès.

-La famille Aourat et ses trois cités sont prêtes à fournir les osts de notre glorieux empire avec quantité de vivres, de matériel et de service. Nous estimons pouvoir, dès la semaine prochaine, vous faire parvenir les premières livraisons ici et commencer le ravitaillement de nos troupes déjà à Khorsadan aux alentours des même dates.

Le sourire de Khefren s'entendait dans ses paroles.

-C'est un grand plaisir que vous nous faites! Que tous observent la diligence de la famille Aourat qui, par ses cadeaux désintéressés, se révèle depuis quelques mois comme l'une des premières des Terres du Soleil! Nous ferez vous aussi l'honneur de nous déléguer quelques troupes?
-Hélas... révéré Fils du Soleil, comme vous n'avez pu l'oublier dans votre infinie sagesse, nous nous voyons interdit, depuis la révolution libérale, d'entretenir des forces armées, tant pour notre maisonnée que pour défendre nos cités par nous même. Je ne doute pas que si vous leviez cet interdit, par milliers accourraient les jeunes gens pour rejoindre vos osts et que, en quelques mois, nous puissions recruter des osts esclaves plus que conséquents mais je doute que vous souhaiteriez faire fi d'une si ancienne loi.
-Au contraire! La querelle entre votre maison et la nôtre n'a plus lieu d'être! Par la présente, nous, Khefren d'Assadie, autorisons la famille Aourat à entretenir de nouveau des troupes armées dans la même propension que les autres grandes familles de notre Empire. Qu'avec elles, ils puissent participer à la gloire de notre grande nation!

Cette déclaration par le Fils du Soleil fut suivie par des exclamations de joie de la part des soutiens de la famille présents mais aussi par des cris d'indignation de la part des traditionalistes. Luuçaliia pour sa part fulminait alors que toutes les pièces s'emboitaient dans sa tête. Cette putain d'Hator avait introduite, sans le consentement de Gaïa de toute évidence! Ses deux catins dans le harem afin qu'elles puissent séduire Khefren et le pousser sur la voie qui rendrait aux Aourat leurs pleins pouvoir! Elle faisait passer les intérêts personnels de sa famille avant le plan de la prêtresse, avant la volonté du Gant à la surface. Gaïa devait être prévenue mais avant cela, elle devait parler à Khefren, le forcer à se rétracter avant que cette bâtarde n'ait le temps de savourer sa victoire!

Oui... il ne pouvait de toute manière rien lui refuser. Elle était la maîtresse de ce palais, même si personne ne le reconnaissait et elle allait faire payer ceux qui avaient tenter de se soustraire à son autorité.
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés - Page 3 Icon_minitimeMer 20 Mar 2013 - 18:03

Je viens de lire le premier post (mieux vaut tard que jamais non?) et j'avoue avoir du mal à accrocher...

Pour une accroche, ce premier bout m'a ennuyer plus qu'autre chose, j'arrive pas à m’intéresser à la pléthore de personnage qui sont balancer là comme ça. En plus c'est typiquement une scène d'exposition qui a pour but d’expliquer plein de choses sur le background, trop de choses à mon gout et de façon pas vraiment subtile. Justifiée certes mais pas assez subtile.

Aussi, dans le tout premier paragraphe je trouve les phrases trop longues, ça m'a pas tant déranger dans le reste cela dit.

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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés - Page 3 Icon_minitimeMer 20 Mar 2013 - 21:12

Cette fic change assez radicalement de ce que j'ai écrit jusqu'ici, plus encore que dans Inquisition je me concentre sur les personnages et sur les jeux d'influence au détriment de la baston (même si on devrait se trouver au milieu de quelques batailles au cours du récit, ce n'est pas l'objet). Et qui dit nouveau domaine dit difficulté sur le début.
J'espère que, si tu continue ta lecture, la suite te semblera plus agréable que l'exposition.
Quoi qu'il en soit merci d'avoir lu, je vais prendre plus garde aux longues phrases, c'est un travers dans lequel je tombe assez souvent.
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés - Page 3 Icon_minitimeJeu 21 Mar 2013 - 22:14

Citation :
La salle du trône bourdonnait d'activité alors que, les uns après les autres, défilaient les pétitionnaires.
Je dis ça comme ça, à toi de voir si c'est plus approprié que "pétitionnaires", mais le terme utilisé dans les monarchies, à propos d'audiences royales / seigneuriales visant à accorder un souhait ou faire part de ses remarques au souverain, étaient appellés "Doléances". Il ne me semble pas qu'il y ait un mot pour qualifier les gens qui font des doléances (à part peut être "les chieurs"), mais on sait jamais, je me suis dis que tu pouvais avoir oublier ce mot. ;)

Citation :
Ces gamines à peine âgées de seize ans, la moitié de son âge! qui osaient dénier sa prédominance!
&
Citation :
Cette putain d'Hator avait introduite, sans le consentement de Gaïa de toute évidence! Ses deux catins dans le harem afin qu'elles puissent séduire Khefren et le pousser sur la voie qui rendrait aux Aourat leurs pleins pouvoir!
Pure remarque sur la forme : il me semble que ceci se fait :
"Ces gamines à peine âgées de seize ans - la moitié de son âge! - qui osaient dénier sa prédominance !"
J'utilise peu / pas ce genre de façon d'exprimer les pensées, alors je n'en suis pas sûr. Moi j'aime les parenthèses, mais ça finit souvent par des parenthèses à l'intérieur de parenthèses et des phrases longues et complètes, alors je suis obligé de corriger et de les enlever. :fou:


Citation :
De ces trois factions, Luuçaliia avait toujours imaginé ne rien avoir à craindre: aucune ne pouvait accomplir d'actions sans l'accord du monarque et si les traditionalistes eussent sans doute apprécié de voir sa tête plantée sur une pique, Khefren ne leur offrirait jamais.
Le roi de l'état de Wu avait deux concubines qu'il chérissait tout particulièrement. A la suite de courtes péripéties, Sun-zi les fît décapiter pour violation de la Loi Martiale. Le roi voulut d'abord se débarasser de son nouveau général, mais changea d'avis, car il avait besoin de lui pour se défendre des puissants pays de Yue et de Chu, et accomplir ses ambitions d'hégémon. Conclusion, aucune pute n'est jamais entièrement à l'abri d'un coup de pute.


Citation :
Il n'avait pas tord, Luuçaliia le savait. Elle avait étudié les rapports de force avant même de débuter son infiltration. Elle se devait de les connaître si elle voulait servir son Empire et son Dieu. Elle le savait mais elle savait aussi que Khefren refuserait cette vérité, après tout elle avait dédié bien des efforts à...

-Nous comprenons vos inquiétudes et y adhérons, répondit le Fils du Soleil, majestueusement installé sur son trône d'or. J'accorderais cette après midi les premières autorisations visant à envoyer une part de notre garde à travers l'océan pour frapper les côtes ennemies.
Tu rox. :ok: :rire:


Citation :
-Silence! hurla le monarque et si le son de sa voix se révéla bien trop faible pour couvrir celui de toutes les autres, la position de celui qui venait de parler contraignit chacun à obéir après un moment.
(...)
-Nous allons reporter les demandes des pétitionnaires à demain, nous déclarons ouverte une séance exceptionnelle de débat quand à notre implication dans la guerre de mon épouse. Que restent ceux désireux de participer aux discussions, que s'en aillent les autres.
WTF ?! On dirait la gueulade d'Adolf dans le film Der Untergang, mais à l'envers ! :rire:
Néanmoins, je suis assez content de ce passage. Ca montre qu'il a quand même un potentiel, qu'il n'est pas simplement un roitelet émasculé.
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés - Page 3 Icon_minitimeJeu 21 Mar 2013 - 23:11

Je ferais à ton second post la même critique qu'au premier, trop d'exposition. Tu veux en dire trop out de suite je trouve, prend ton temps, on a pas besoin de tout savoir de ce monde tout de suite! Tu balances plein de noms propres auquel on peine du coup à s’imprégner, c'est assez déroutant.

Il m'a fallu attendre le troisième post pou enfin prendre plaisir à lire cette fic. J'ai pas grand chose à redire dessus, c'est du Arax sommes toute habituel avec des phrases au style parfois un poil trop pompeux mais souvent très agréable et plein de bonnes idée! J'espère que la suite sera de ce genre la.
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés - Page 3 Icon_minitimeSam 23 Mar 2013 - 10:12

J'adore toujours et je veux la suite.

Magnifique fail de Luu au passage :noel:
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés - Page 3 Icon_minitimeDim 24 Mar 2013 - 19:18

Citation :

Je dis ça comme ça, à toi de voir si c'est plus approprié que "pétitionnaires", mais le terme utilisé dans les monarchies, à propos d'audiences royales / seigneuriales visant à accorder un souhait ou faire part de ses remarques au souverain, étaient appellés "Doléances". Il ne me semble pas qu'il y ait un mot pour qualifier les gens qui font des doléances (à part peut être "les chieurs"), mais on sait jamais, je me suis dis que tu pouvais avoir oublier ce mot. ;)

Une séance de doléance était en effet le moment où le monarque entendait chacun se plaindre et agissait en conséquence en rendant justice. La scène ici peut s'approcher d'une séance de doléance, on a bien des fermiers au fond qui doivent prier pour une réduction des prix du sucre mais dans le même temps il n'y a pas que ça, il y a toutes sortes de personnes présentant leurs propositions un peu à l'image de notre assemblée nationale. Du coup le terme de pétitionnaire me semble adapté d'autant qu'il sonne agréablement à l'oreille: ces gens sont ici pour attirer de la sympathie et du soutien à leur parti et ne sont pas là uniquement pour se plaindre.

Pour les parenthèses et les tirets, il est vrai que je pourrais en faire usage, il est vrai que je ne met presque jamais cette possibilité en application puisque, pour moi, elle ne tient pas à la langue française. Les virgules sont là pour ce genre de chose même si elles sont un peu moins visibles. Néanmoins je pourrais faire un effort si d'autres se plaignent de la même chose, des gens du coup?


Citation :
WTF ?! On dirait la gueulade d'Adolf dans le film Der Untergang, mais à l'envers ! :rire:
Néanmoins, je suis assez content de ce passage. Ca montre qu'il a quand même un potentiel, qu'il n'est pas simplement un roitelet émasculé.

et


Citation :
Magnifique fail de Luu au passage :noel:

Il est jeune et innexpérimenté mais du coup, il peut sembler dur à anticiper pour une plus mûre et avec plus de bagage What a Face



Citation :
Il m'a fallu attendre le troisième post pou enfin prendre plaisir à lire cette fic. J'ai pas grand chose à redire dessus, c'est du Arax sommes toute habituel avec des phrases au style parfois un poil trop pompeux mais souvent très agréable et plein de bonnes idée! J'espère que la suite sera de ce genre la.

Heureux d'apprendre que le récit a finit par faire mouche. J'espère moi aussi que les aventures de Sirion, Gaïa et les autres ne te laisserons plus trop de marbre par la suite :)
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés - Page 3 Icon_minitimeJeu 4 Avr 2013 - 19:15

Suite et fin de ce chapitre 6, avec quelques petits moments... un brin slaaneshites diront nous. Comme toujours, les avis sont bienvenus notamment sur la perception de la scène et sur le besoin ou non de l'édulcorer.
Bonne lecture ^^


*******************



L'audience touchait à son terme et, les uns après les autres, se retiraient les nobles de la capitale. Khefren était demeuré, des heures durant, assis sur son trône à arbitrer les échanges et à clore les débats quand ceux-ci s'étaient révélés trop houleux jusqu'à ce que les divers camps semblent en venir à un accord et que la séance ne soit levée. Pas une fois il ne s'était emporté ni ne s'était perdu dans ses mots comme cela lui arrivait trop souvent et bien que les bellicistes aient mené la plupart des discussions, parfois même à l'encontre de la volonté directe du monarque, ils n'avaient osé, comme il leur arrivait parfois, faire preuve d'irrespect à son égard une seule fois.

Si cette tenue, presque digne de son rang, aurait pu gonfler le cœur de Luuçaliia d'une certaine fierté, eusse elle été inspirée par ses conseils, le voir ainsi se comporter au détriment de ses intérêts propres avait irrité la provocatrice au point qu'elle avait quitté sa loge avant la fin de la séance, venant s'installer dans un petit salon que le Fils du Soleil lui avait dédié et d'où elle rumina un moment les actions à mener avant de consacrer son esprit à des exercices de relaxation qu'elle avait apprise bien des années auparavant lors de sa formation comme provocatrice.

Néanmoins, lorsque cessèrent les débats, elle se focalisa de nouveau sur son présent, certaine que son Seigneur ne tarderait pas à venir la visiter comme il le faisait toujours après ses réunions. En effet, après quelques minutes arriva un Khefren fourbu qui se débarrassa, d'un mouvement d'épaule, de la lourde cape qu'il avait porté malgré la chaleur pendant toute l'audience. Il semblait épuisé mais dans le même temps débordait de fierté d'une façon si évidente que même la dernière des incultes l'aurait perçu et sa favorite comprit immédiatement qu'il entendait être félicité et réconforté après son coup de force.

-Ainsi rentre en conquérant, désireux du repos que seuls méritent vraiment les vainqueurs, mon amour resplendissant, Khefren le grand!

Le Fils du Soleil eut un large sourire à ces paroles et vint naturellement s'asseoir entre les jambes de son amante, le dos reposant contre un siège rembourré et son royal arrière train posé sur un tapis moelleux. Alors qu'il s'appuyait contre une de ses jambes, Luuçaliia commença, de ses mains douces et agiles, à lui délier les épaules et le cou.

-Aujourd'hui, déclara le souverain, ils savent qui est le maître. Pas un n'est allé contre ma volonté, pas un n'a osé rejeter mes propositions. Il n'y a pas eut de maudit ambassadeur pour venir me dire comment diriger ma nation!

-Je suis heureuse de te voir si satisfait, j'étais si fière de toi, si heureuse de te voir reconnu tel l'Empereur que tu te dois d'être!

Il lui embrassa l'intérieur d'une cuisse.

-Qu'as tu noté de cette entrevue? Maintenant qu'ils savent de quoi je suis capable, mes conseillers vont se montrer encore plus trompeurs qu'ils ne l'étaient jusqu'alors, j'ai besoin de ton regard si perçant pour mener à bien les affaires de l'état!

Bien évidemment qu'il avait besoin d'elle! Il n'avait aucune conscience de ce qu'impliquait le fait de diriger là où elle était née pour être reine et se battait depuis ce jour pour le devenir. Il avait beau tenter de prendre son envol, il avait beau essayer de la tromper, il ne pouvait réussir sans elle, sans une conseillère plus sage que lui, et il avait au moins l'intelligence de le savoir.

-Mes yeux ont été témoins de bien des choses en cette après midi, répondit la provocatrice, de même que mes oreilles ont saisi des choses qu'on tentait de leur dissimuler.

Kherfen tourna la tête pour croiser le regard de sa concubine mais rien dans ses prunelles ne laissait voir qu'il avait comprit l'implicite de cette déclaration. De même, nul n'aurait pu voir sur le visage de Luuçaliia le ressentiment qu'elle avait envers celui dont le faible cou était entre ses mains, dont elle aurait pu souffler la flamme telle celle d'une chandelle, se plaisant à la voir s'ét...

-Le parti d'Ahotep s'est renforcé en ce jour. Avec leur alliance avec les Aldérans ils se trouvaient déjà en position de force, d'autant que l'ambassade négocie actuellement des accords commerciaux qui pourraient faire de leurs bénéficiaires des nantis aux richesse seulement égalées par le Trésor. Avec en plus ton soutien apparemment acquis, ils se croiront en position de force. Il est probable qu'ils demandent à ce que tu remplace Paneb par un des leurs. Ils se pensent en position dominante, ils croient t'avoir imposé leur volonté.

Le souverain se retourna plus franchement, à genoux devant sa favorite.

-Comment... ils... ils n'ont rien imposé, j'ai déci...
-Après des semaines de mise en attente de ton implication, ils pensent que ton revirement est du à leur insistance et à leur alliance avec les hors mondes. Ils pensent que tu as peur de la Fille de la Terre, que tu crains son courroux si tu ne t'investit pas plus. Ils te croient faibles comme ils l'ont toujours cru et ils pensent en avoir eut la preuve aujourd'hui.
-Ca n'a aucun sens! Mon investissement est... je...

Elle le savait bien, il n'y avait aucune conviction en lui qu'on ne lui avait soufflé précédemment.

-Ton investissement est? Je dois avouer que même moi je m'interroge, pourquoi ce revirement si soudain? ne devais tu pas attendre qu'Ahotep soit en difficulté, qu'elle vienne te supplier de l'aider, avant de faire le premier geste? Ne devais tu pas user de cette guerre pour lui montrer qui de vous deux est le véritable souverain et qui n'est que le consort?

Le monarque réfléchissait et, dans l'intimité de cette pièce, il ne fit nul effort pour tenter de dissimuler ses doutes, heureux de puiser dans le contact de la femme à qui il savait pouvoir se confier quelque réconfort bienvenue.

-J'ai toujours voulu de cette guerre, tu le sais... je veux que l'on me reconnaisse...
-Et tu voulais que l'on se souvienne de toi comme le sauveur de la nation alors que maintenant tu ne risque d'apparaitre que comme l'assistant en retard venu tenter de s'arroger une part de la gloire qu'était partie quérir sa femme.
-Comment oses-tu?

La voix de Khefren était empreinte de colère et il essaya de se dégager mais Luu le tenait fermement entre ses jambes. Elle le fit basculer en arrière d'un mouvement du bassin et se trouva à califourchon sur son ventre en un instant.

-Est-ce pour le plaisir de ta femme que tu t'es lancé dans ce combat? demanda elle. Ou pour satisfaire aux caprices de tes nouvelles favorites?

Khefren était désorienté, à la fois agacé par cette concubine qui osait lui poser des questions mais aussi excité par sa main qui courrait sur sa poitrine et par ce corps presque entièrement dénudé qui se penchait lentement sur le sien et qui, il le savait, pouvait l'amener vers une volupté presque sans pareil.

-Il n'y a que ton plaisir qui m'importe, rétorqua le seigneur alors qu'une de ses mains remontait le flanc de la provocatrice. Ce que peut penser Ahotep représente autant pour moi que le rythme des pluies qui tombent sur les îles de l'océan oriental, tu le sais bien!

Elle l'embrassa dans le cou et il se sentit électrifié par ce contact.

-Que comptes tu faire alors de tes ennemis bellicistes?
-Je... je ne peux pas me rétracter désormais... tu es sûre de...
-Bien évidemment que je suis sûre et certaine, je n'ai eut de cesse de les observer. Ils ne savent pas encore quelle est ton intelligence, ils ne pensent qu'à leur capacité à user de la situation sans se rendre compte qu'elle les dépasse déjà!
-Mon intelligence?
-Oui, ta grande subtilité qui sera de transformer ce qu'ils pensent être une de leurs victoires en ton propre triomphe. Envoie les plus dangereux d'entre eux, ceux tenant plus du politique que du militaire, au front avec une portion de tes forces. Empêche les de mener leurs actions à la cour et dans le même temps, dresse les plus ardents contre leur propre parti. Les généraux qui devront rester mettront cela sur le dos de leurs meneurs de file et se désolidariseront des autres. Convaincus qu'ils sont de maitriser la situation, ils s'accuseront entre eux de leurs frustrations et sur cette base tu pourra mettre à la tête de ton élite des hommes fidèles à ta personne plus qu'à leur affiliation politique.

Khefren resta silencieux un instant, envisageant la possibilité. Voyant cela, Luu le fit de nouveau frissonner par quelques caresses habilement situées.

-Ainsi faisant, je gagne l'avantage d'aider mon épouse tout en gardant près de moi les forces vives qui pourront se révéler décisives au moment voulu...
-Tu gagnes sur tous les tableaux mon amour, et ce n'est qu'une fois tout en place que tous se rendront compte qu'en plus d'être un monarque bon et généreux envers ses sujets, tu es un politique dangereux...

Il se redressa et embrassa sa favorite avec passion avant de se dégager des cuisses de celle ci.

-Il faut que je fasse passer les missives à ce propos, merci mon amour pour tes conseils!
-Je ne fais que t'inviter à user des réponses qui sont déjà en toi! répondit la jeune femme.

Alors que le monarque se redressait, elle prit une pose aguichante, allongée sur le tapis et tandis qu'il s'éloignait d'elle de quelques pas pour rédiger ses premiers ordres, elle crut tenir l'occasion d'aborder son deuxième sujet.

-Une autre affaire me cause actuellement quelques soucis et j'aurais aimé que tu m'aides à le résoudre, amour. Néanmoins je n'ai pas cru bon de l'exposer devant la cour assemblée.

Le Fils du Soleil, qui venait de s'asseoir à un bureau, se retourna à demi.

-Tu peux bien évidemment tout me dire, je ferais tout ce qu'un empereur peut accomplir pour exaucer ta requête.

Bien évidemment il ferait tout, être passé entre les cuisse de deux gamines n'aurait pu le départir de l'emprise qu'avait une disciple de Masabakès sur son cœur.

-Une rumeur circule dans le Harem comme quoi tu te serais choisi deux nouvelles favorites. Habituellement une telle procédure se doit de passer par moi ainsi que par la doyenne et certaines pensent que j'ai accordé des passes droit à certaines de mes suivantes. Aussi, afin d'éviter les confusions, pourrais tu déchoir tes nouvelles élues de leurs titre le temps que celui-ci soit officialisé?

Khefren la regarda avec intensité.

-Je ne vois pas ce qui peut avoir causé une telle rumeur, répondit le seigneur, élusif.
-Pourtant, il semblerait que tu ait fait preuve d'une affection particulière envers les deux Gardiennes de Nuit novices que je t'ai offert.
-Elles procurent en effet un service impeccable, je ne vois pas ce qu'il y a à redire à ce propos...

Il évitait de répondre, il savait être percé à jour mais il refusait d'admettre sa faute... il ne faisait qu'agacer plus encore Luuçaliia.

-Certes, mais il semble que tu les ait invité en ta couche et les ait maintenu en tant que simple gardiennes, leur refusant le titre d'initiées qui pourtant leur revient et interdisant à d'autres novices de pouvoir un jour rejoindre les rangs de mes sœurs. Cela va à l'encontre de la trad...
-Elles procurent en effet un service impeccable.

Le ton du monarque était froid, posé, comparable à celui avec lequel il s'était exprimé tout au long de cette après midi.

-Mais les tr...
-Je me moque des traditions, n'es tu pas justement celle qui m'en félicite d'habitude? N'es tu pas celle qui a invité dans ce palais un culte vénérant une autre facette de notre Empereur Dieu que la mienne, au mépris de toutes les convenances? Ces gardiennes de nuit rendent les ténèbres que je dois endurer loin de toi plus douce, je n'y voit pas de mal!

Il s'était levé puis agenouillé auprès de sa maîtresse, tentant de lui prendre une main qui se déroba.

-Tu aurais du me tenir au courant, dit elle avec rancœur. Une première favorite se doit de tout savoir concernant le harem et je finis pas tout savoir. Mais je suis également supposée être ta confidente, je ne devrais pas apprendre tes secrets par le biais des ragots!
-Je ne voulais pas te causer de peine ni remettre en question ta position, déclara le jeune empereur d'un ton légèrement coupable. Rien n'aurait du se savoir et...
-Si rien n'aurait du se savoir, pourquoi avoir requis des Gardiennes pour surveiller tes ébats avec l'une d'elle? Faveur réservée aux seules favorites? Pourquoi avoir requis des créatures de mes ennemies et leur donner ainsi une arme à user contre moi?
-Kapesh voulait...
-Pourquoi te plier aux désirs de cette catin?

Le ton était monté, sans qu'elle ne s'en rende compte, la colère de la provocatrice était parvenue à s'exprimer et si une part d'elle même se trouva prise d'une quasi panique à l'idée d'avoir un instant perdu son self contrôle, une autre en était enchantée.

-Pourquoi pas? Répondit Khefren sur un même ton. Je suis le Fils du Soleil, libre de faire ce qu'il me convient, placé au dessus des lois car celles ci ne sont que ma volonté! Si je désire prendre dans mon lit une des femmes dont la seule raison d'être est de me satisfaire, libre à moi!

Il était en colère, s'emporter ne mènerait à rien. Luu le savait bien, elle devait tempori...

-Tu ne peux agir ainsi sans considération des conséquences! hurla-elle presque. Tu ne peux t'ouvrir à celles qui ont vu la Vérité mais qui ne savent pas la garder en elle!
-Je ne sais pas ce que tu dis mais je m'en moque, lui répondit on sur le même ton. Elles savent me procurer mon plaisir, elles n'ont d'autres désirs, elles méritent alors d'être mes favorites, que tu le veuille ou non!
-Tu me manques de respect!
-Tu leur manques de respect! Ce sont elles qui m'ont conseillé des gardiennes que tu ne fréquentais pas afin de t'éviter de savoir une chose que tu n'aurais pas voulu apprendre!
-Tu es idiot si tu y crois!

Dire ces mots en fut trop. Consciente d'être allée bien trop loin, Luu parvint enfin à stopper le flot de paroles qui se bousculait à ses lèvres mais elle vit aussi la lueur dangereuse qui brillait dans les yeux de son seigneur et maître.

-Je me souviens, dit le Fils du Soleil de sa voix redevenue froide, d'une concubine simplement venue partager une de mes nuits en tant que gardienne et qui en est ressorti en tant que première favorite. Sa montée fut fulgurante, elle devrait se souvenir que sa chute pourrait l'être tout autant si une nouvelle étoile devait se révéler...

Il ne dit rien de plus et se détourna. Pour la première fois en cinq mois qu'elle le connaissait, il était parvenu à laisser son amante sans voix.

-Khefr...

La porte se referma avant qu'elle n'ait pu finir ce simple nom.



La musique était entêtante et l'esprit de Luuçaliia, déjà embrumé par l'alcool, dérivait lentement au gré des sons. Une très légère odeur laissait deviner aux avertis l'origine d'une part au moins des encens qui brûlaient dans les encensoirs de même que certains motifs subtilement dissimulés au sein de fresques plus vaste pouvaient témoigner de la véritable divinité tutélaire de l'office et la provocatrice savourait, les yeux fermés, l'honneur rendu à son dieu.

Pourtant, les quantiques qui s'élevaient ne s'adressaient à Shornal sous aucun de ses noms, jamais sa marque n'était elle esquissée pas plus qu'aucun de ses représentants n'affichait à visage découvert son allégeance. Au lieu de cela, les aigles élancés et les sigles d'éclairs, les invocations au Maître de l'Humanité clamaient la dévotion des fidèles à l'Empereur de l'Humanité, Seigneur des Lunes, Maître des Nuits, Guide à travers les Ténèbres, Gardien aimant de Ses Sujets. Façade derrière laquelle était libre de s'installer un culte dédié à un patron autrement plus méritant.

Du cercle des douceurs s'élevaient des chants qui bien que loin d'égaler la perfection de ceux animant habituellement les temples de l'Hexarchie gagnaient en qualité à chaque nouvelle session. Le cercle des ardeurs voyait de toute évidence s'élever un nouveau centre dont deux fidèles s'évertuaient à faire l'éloge tandis que les danses de l'assemblée de langueur se faisaient plus rapides et plus serrées. Les disciples dépassaient désormais en nombre la quarantaine et provenaient de tous les coins du palais. Esclaves de service et membres de la gardes, concubines du Harem et courtisans des ministères se retrouvaient, unis dans un nouveau système de croyance qui, en ce lieu où le côté mystique du culte solaire était bien trop souvent passé sous silence, se sentaient pour la première fois depuis souvent des années, prit d'une flamme religieuse.

Le Tétrarcat d'Orient formé des sous secteurs Enlenthis, Dareulis, Aranguar et Elonis avait, aussi loin que remontaient les chroniques impériales, fait preuve d'une certaine liberté religieuse comme politique. Éloignés des principales routes commerciales impériales et de toute activité soutenue de l'Adeptus Terra, les dirigeants de ces mondes jouissaient d'une liberté plus grande encore que la plupart de ceux dont les domaines se trouvaient plus près du centre galactique. Cette liberté avait causé de nombreux conflits au cours des siècles, conduisant certains groupements à un début de centralisation et renforçant le Domaine Aldéran dans son idéal d'entité unifiée à l'échelle d'un secteur. Du fait de cette division politique, aucun monde cardinal n'avait jamais réussi à réellement imposer sa dominance sur les diocèses théoriques de cette portion de la galaxie, en lieu et place, des dizaines de cultes mineurs coexistaient au sein de chaque secteurs, parfois à la surface d'une même planète, révérant tous l'Empereur d'une manière subtilement distincte des autres.

Au milieu de ce chaos religieux, assez hétéroclite pour que coexistent cultes de la personnalité d'un monarque identifié comme divin ainsi que des eudémonismes éthérés ou des offices en appelant à une dévotion fanatique, il n'avait pas été bien difficile au Gant de Velours Lincian de concevoir ses propres sectes destinées à infiltrer les sociétés impériales. Le culte du Seigneur des Lunes était de loin la version la plus populaire au sein du secteur Enlenthis. Basé sur l'idée que l'Empereur serait une divinité activement désireuse du bien être de ses sujets et intervenant directement dans leurs instants de délassement, il ne peinait jamais à se trouver des adeptes. Plutôt qu'un office démonstratif, le culte tournait autour de l'idée de cercles participatifs, les fidèles étaient chaque jour répartis entre six groupes chacun dédiés à l'une des « vertus » prêchées par le Dieu et chaque cercle ne fonctionnait que de par la participation de chacun de ses membres. Ainsi, les nouveaux venus étaient ils progressivement initiés aux délice de cette croyance et se compromettaient sans cesse plus dans une foi qui bientôt devenait partie intégrante d'eux même. C'était alors que les maîtres du culte, agents du Gant, poussaient leurs adeptes à une implication toujours plus forte jusqu'à ce que ceux ci, trop attachés à leurs nouveaux plaisirs, n'embrassaient de plein gré la nature véritable de leur adoration.

Si certains des cultistes de ce soir en étaient à leur première session, d'autres approchaient la cinquantaine d'hommages rendus à leur nouveau Seigneur et certains avaient déjà reçu de la part des membres du clergé que Luuçaliia avait su infiltrer dans le palais, les initiations nécessaires pour assurer au moins partiellement les offices et faire vivre chaque cercle tout en conservant un noyau dominant de six initiés l'entourant elle, la maîtresse des cérémonies. Habituellement, la provocatrice prenait toujours grand soin de noter les nouveaux venus, les rares anciens à ne pas s'être présentés, qui dominait chaque cercle et comment s'articulaient les cérémonies, les mille et un détails que se devait d'observer la figure centrale d'un culte lincian. En effet, contrairement aux offices impériaux et aldérans ou même à nombre de sectes dont elle avait pu étudier les pratiques, le rite lincian dont était grandement inspiré le culte du Seigneur des Lunes n'accordait pas un rôle actif prépondérant à quelque figure que ce soit. En lieu et place, un fidèle de rang élevé ou, dans le cas de cérémonies publiques, un membre du clergé se voyait confié la tâche d'observer et d'influer de façon subtile les cérémonies sans jamais y prendre part. Savoir brider ses propres désirs alors que d'autres assouvissaient leurs passions était en effet considéré dans la mentalité de l'Hexarchie comme un talent que ceux aspirant au plus hautes distinctions se devaient de maitriser. Luu elle même avait toujours échappé à cette position qu'elle trouvait rébarbative du temps où elle vivait au sein du règne des Six mais la tâche lui était naturellement venue alors que se créait la cellule de culte du palais. Si l'idée l'avait fait se renfrogner de prime abord, elle avait ensuite vu en cette fonction un nouveau moyen de se perfectionner et s'y était pleinement investie, découvrant parfois le plaisir qu'il y avait à être seule observatrice, libre des impératifs de son corps et capable de se concentrer sur la stimulation de son esprit.

Mais en ce jour, elle n'avait aucunement la patience de seulement attendre.

Contrariée, rejetée, elle s'était enfermé toute l'après midi dans ses quartiers, ne désirant voir personne en dehors d'une Gaïa qui n'avait répondu à aucun des messagers qu'elle lui avait envoyé. Elle avait brisé d'anciens vases, fait voler ses draps, déchiré certaines de ses robes et bu... bu plus que de raison. Une heure avant la cérémonie on avait toqué à la porte et elle avait fait mine d'ignorer la visite qui lui était rendu un moment avant de se dire qu'il eut put s'agir de son amour.

Ce n'était pas Gaïa mais Phaesh qu'elle avait trouvé devant sa porte mais, trompée par l'alcool, elle n'avait prit conscience de ce fait qu'une fois l'autre dans la pièce.
Phaesh était elle aussi née bien loin de Karala. Entrée au service du Temple à l'âge de douze ans, elle était devenu une prêtresse du triangle des excès et ses talents l'avaient fait remarquée par le Gant qui l'avait engagé à son service. Elle était en règle général le bras droit de la provocatrice au sein du palais, celle en charge d'organiser les conversions, de faire entrer les nouveaux contacts et initier et coordonner le « clergé » en cours de formation. Elle était, en dehors de Gaïa, celle qui se rapprochait la plus d'une amie pour Luuçaliia en ce monde et elle avait su trouver les mots pour la convaincre de venir à la cérémonie malgré son humeur massacrante.

Pourtant, la Première Favorite en voulait plus à chaque instant à la prêtresse de l'avoir entrainé dans cette affaire. Alanguie sur une couche en satin, elle suivait des yeux cette assistante qui, en tant que responsable du cercle de langueur, était libre de danser, de frôler de son corps celui des autres, d'effleurer, de caresser, d'être caressée... Elle était belle comme l'étaient toutes les prêtresses formées au sein de l'hexarchie mais, plus encore, elle était libre en ce soir de laisser voir les dons que lui avaient accordé son dieu. Elle dégageait une faible aura qui suffisait néanmoins à éveiller les pulsions de surface de ceux qui l'entouraient... et Luu était en ce soir un bouillon pulsionnel. Ses yeux, incapables de rester dans le vague, se concentraient sur les courbes de son corps, la finesse de ses hanches, la délicatesse de ses chevilles, la pâleur de son cou, la texture de ses lèvres... Avec les cinq autres principaux « prêtres » du culte, elle lui tournait autour en dansant et en chantant d'une voix merveilleuse.
Un instant Luu tenta de fermer les yeux, de se recentrer sur elle même, elle prit une ample respiration... et ne parvint qu'à inspirer un peu plus de l'encens opiacé qui flottait dans l'air. Un frisson la parcourut alors que quelque chose en elle semblait s'éveiller. Le tatouage autour de son oreille devint chaud, l'emplissant d'une vague de félicité et d'envies. Elle rouvrit les yeux et vit une esclave du palais enserrant entre ses jambes un membre des protecteurs personnels du Fils du Soleil alors que les deux, étroitement serrés, tourbillonnaient dans une danse passionnée. Elle vit Koshep, chef de la Garde du Palais, calmement étendu sur un lit de la loge de douceur où un autre homme au physique d'athlète lui délassait les muscles. Un instant elle imagina ses propres doigts courant sur ces pectoraux superbement dessinés, elle imagina le beau masseur la libérer de tous ses soucis de la journée. Elle les imagina en elle, la conduisant à un extase qu'elle n'avait jamais connu avec Khefren.

Sa main déjà avait saisi sa poitrine et elle sentit la rigidité de ses tétons. Elle transpirait et son souffle devenait court, elle sentait une très légère humidité imprégner son linge de corps et son esprit enfiévré désirait que le mince filet qui lui coulait entre les jambes se transformât en torrent. Elle ferma de nouveau les yeux et eut un léger soupir alors que les draps caressaient sa peau tandis qu'elle se tournait sur le ventre. Oublieuse du monde autour d'elle, certaine que nul ne lui prêterait attention, elle laissa une de ses mains glisser sous son bas ventre, caresser à travers ses vêtements le haut de ses lèvres. Elle s'enfonça sur sa couche alors que le plaisir montait en elle, séparée comme elle se trouvait du monde.

Lentement montait son plaisir, lentement augmentait son rythme... Poussée par son envie elle laissa ses doigts passer sous le tissus.

Puis vint un cri.

Non pas une hurlement de peur pas plus qu'elle n'était de douleur, il s'agissait d'une exclamation de surprise et de plaisir mêlé.

Luuçaliia ouvrit les yeux, reprit pied dans le monde et remarqua que deux main terriblement douce avaient saisi ses cuisses et qu'une longue langue semblait jouer de son intimité. Elle eut d'abord un mouvement de recul mais l'autre la retint et un nouveau coup de langue la fit haleter. Autour d'elle la musique avait cessé, les chants s'en étaient allés, pourtant s'entendait un concert de bruissement, de froissement, de soupirs et de rires. L'encens était plus densément présent que jamais et à lui se mêlait une odeur de lait répandu au sol et une nouvelle respiration fit encore plus perdre la tête à la provocatrice. Elle se retourna sur le dos pour voir qu'entre ses cuisses se tenait une Phaesh à la chevelure en désordre et aux yeux brillants. La lumière avait baissé mais était suffisante pour voir que les cercles de la douceur, de l'ambition et la légitimité avaient été abandonnés au profit de ceux dédiés aux excès. Un petit groupe de fidèles venus du cercle d'ardeur étaient désormais assemblés autour de sa couche, prosternés devant elle comme ils l'auraient étés devant une reine. Des corps nus couverts de sucre et de lait, de miel et de jus dégustaient ce que les autres portaient à même la peau autour du cercle de saveur alors qu'une véritable orgie avait commencée dans le cercle de langueur.

Elle ne comprenait pas, elle n'avait pas vu la cérémonie dégénérer pendant sa presque demi heure d'absence alors que les drogues et l'excitation collective avait échauffé les esprit et que ses propres écarts avaient joué avec la matrice psychique du temple aménagé et fait volé en éclat les inhibitions de chacun.

Tel était le pouvoir du maître de cérémonie, faire évoluer selon ses désirs les cérémonies et, sans le savoir, Luuçaliia avait usé de ce pouvoir, faisant basculer, pour la première fois dans le palais, une réunion dédié au Seigneur des Lunes dans le domaine du pur culte rendu à Loesh.

Le corps de Phaesh glissa contre le sien alors qu'elle embrassait Luu, remontant lentement de son bas ventre à sa poitrine, s'attardant sur son cou et ses épaules avant de venir presser ses lèvres contre celles de la favorite. Un instant la provocatrice tenta de la repousser, de reprendre le contrôle de la situation. Il fallait...

Que fallait il?

Elle rendait hommage à son dieu, rien de plus, rien de moins. Elle expérimentait un plaisir qu'elle n'avait pas connu depuis le début de la guerre et la dernière fois où elle avait pu partager la couche de Gaïa, quel mal y redire? Lorsque la prêtresse l'embrassa, elle lui rendit son baiser et toutes deux restèrent dans une étreinte serrée plusieurs minutes. Son tatouage la brûla plus intensément et cette douleur fut délicieuse, la faisant frémir.

Un corps finit par venir frapper la couche. Deux corps plutôt. Les deux gardes de tout à l'heure, eux aussi profitant du moment. A nouveau Luuçaliia regarda leurs muscles si bien dessinés mais plutôt que de devoir restreindre ses envies elle put toucher leur peau brûlante.

Elle se leva de sa couche et un instant tous furent figés.

Elle était la maîtresse de cette cérémonie, son point central, l'incarnation de Dieu dans la salle et le fait qu'elle quitte ce centre, qu'elle vienne parmi les autres plutôt que ceux ci vienne à elle signifiait que Dieu en personne bénissait les excès de cette nuit. Un instant tout fut figé. Puis tout reprit à un rythme plus effréné encore.
Les représentants des trois derniers cercles s'unirent car il apparaissait évident à tous que la Maîtresse avait placé ce soir sous le signe de la langueur et une vingtaine de couples se formèrent, s'enlacèrent, s'aimèrent avec passion. Luuçaliia poussa ce Koshep, ce fameux capitaine de la garde, à terre et vint s'installer sur sa bouche, le forçant de ses mains à lui procurer son plaisir. Phaesh et l'autre homme virent l'embrasser la caresser tandis que l'autre s'agrippait à ses cuisses. Un instant elle se libéra et s'installa cette fois sur le ventre de l'officier, lui rendant le plaisir qu'il lui donnait en le prenant en bouche, en palpant ses fesses fermes de ses mains, en explorant ses recoins cachés. Vint un moment où l'autre homme se mit derrière elle et, lentement, s'unit à elle, la faisant haleter, soupirer, griffer l'air face à elle. Elle se redressa, le laissant la tenir contre son ventre plat et l'emmener de coups de reins de plus en plus vigoureux vers de nouveaux sommets de plaisirs.

C'était là le premier homme qu'elle laissait entrer en elle par plaisir et non par intérêt depuis plusieurs années et elle se souvint avec fulgurance de mille plaisirs que Gaïa ne lui avait jamais donné. Elle se souvint d'une extase violente, presque animale, qu'elle avait chéri des années durant avant de découvrir son amour et les délices tenant plus de l'âme et des sens que de l'instinct dont elle était adepte. Elle se sentit soulevée et ses gémissements se muèrent en cri qui redoublèrent lorsque Koshep vint à son tour la gratifier de sa vigueur. Elle noua ses jambes derrière le dos de ce dernier et s'abandonna à ses baisers, savourant l'asynchronie des coups de boutoir qu'elle recevait, ses sens affolés par les trois paires de mains qui saisissaient ses cuisses, agrippaient ses seins, dessinaient tendrement les contours de son visage...

Toute la nuit durant, elle perdit le fil du temps. Elle perdit le décompte des amants et des amantes qu'elle reçut en elle ou qu'elle fit jouir, elle ne comprit s'être gorgé de lait de Mitera qu'après avoir sentit les orgasmes démultipliés que provoquait cette substance monter en elle et la faire hurler de toutes ses forces. Elle perdit de vue les enjeux politiques de la réunion de ce matin, les traces qu'il faudrait faire disparaître de cet écart, les leçons de Gaïa sur la retenue...

A travers un voile elle vit les draps couvrant sa couche tomber et le corps caché dessous s'animer sous l'influx d'émotion qu'il canalisait. Elle vit l'étrangeté de la créature qui avait été la garde du corps de l'ambassadrice des Jungles d'Abondance et se sentit à la fois fascinée et repoussée. Elle la vit ouvrir les yeux, révélant deux orbes noirs alors que sa mutation accélérait, elle la vit pousser de ses multiples paires de bras le couvercle recouvrant sa prison de cristal et parvenir à l'ouvrir. De nouveau le temps sembla se figer alors que chacun pouvait voir une manifestation directe du pouvoir de leur nouveau dieu s'élever au milieu d'eux. Puis le monde devint fou.



Lorsque Luuçaliia s'éveilla elle avait une migraine digne de ses premières rencontres avec l'Ivrae sur Gydéa. De faibles rayons lumineux filtraient par les fenêtres, à travers les lourds rideaux de velours. Quel heure il pouvait être, elle n'en avait aucune idée et n'en avait que faire!

Elle roula sur le côté et découvrit que sa tête reposait sur le ventre de Phaesh, elle caressa tendrement la poitrine de l'autre femme en tentant de se remettre les idées au clair. Elle sentit une main lui saisir le menton et elle voulut la repousser, n'étant pas prête à repartir pour une nouvelle folie. Il lui fallait...

La main ne la lâchait pas.

Cette main était étrange, longue au delà de la norme, dotée de six longs doigts.

Six doigts...

La tête de l'ancienne assadienne n'était que peu reconnaissable mais la forme qui serait la sienne pour le reste de son existence commençait à se dessiner de manière de plus en plus distincte. Son ventre distendu pouvait désormais probablement contenir un humain entier et ses jambes avaient commencé à s'atrophier, une poitrine multiple s'étendait sur son torse distendu de part et d'autres d'une bouche vaste et charnue d'où s'échappait une langue longue de plus d'un mètre. Sa chevelure était mêlée de tentacules aux extrémités desquelles se trouvaient de petites bouches et plusieurs d'entre elles fouillaient dans les cadavres encore chaud de trois des cultistes de la cérémonie.

Ses yeux enfin, non plus noir étaient d'un blanc parfait et fixaient la provocatrice avec intensité...
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Tenkaranpu
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés - Page 3 Icon_minitimeSam 6 Avr 2013 - 11:50

J'ai bien aimé la lecture de ce dernier passage.
Des personnages y sont développés dans leur complexité, l'intrigue de Cour est comme de juste avec le harems mêlés à la dispute de couple. Khefren est révélé sous un jour plus explosif, incontrôlable et... sournois.
Le rite et la mutation y sont décris comme on s'imagine qu'il devrait être, pas comme d'habitude ou tu suggère une "prise en main" du Chaos et le contrôle de ces énergies, l'auteur montre ce qu'il arrive quand ça déraille. Cela dit, ça aurait été intéressant d'avoir un point de vue externe sur la cérémonie, notamment la façon dont le "monde est devenu fou".


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