Porr'Ico

Lyra, Arleth et leur fille étaient arrivés sur Argelion depuis déjà un certain temps. Et n'avaient rien à y faire. Aussi profitaient-ils pleinement de ce qu'ils connaissaient de plus proche des vacances. Et la ville balnéaire de Porr'Ico leur avait parus le meilleur endroit pour ça, malgré tous les cul bleus. Ils étaient tranquilles, quelques vols avaient été signalés mais personne ne s'était intéressé à eux. Et c'est sous les étoiles qu'ils profitaient du vent doux en provenance du large, dans l'air encore chaud. Bien évidemment la place était déserte à cette heure. Tout au plus voyait-on de temps à autre passer un drone de surveillance du littoral, que la petite Arya s'amusait à montrer du doigt.

Elle avait passer la majorité de la soirée à vouloir jouer, épuisant tour à tour chacun de ses parents et exigeant une glace qu'ils avaient finis par lui trouver après trois quart d'heure de recherche intensives à travers les rues touristiques d'un vendeur encore ouvert. Finalement, elle s'était assoupie peu après que la nuit ne soit tombée, offrant un peu de répit à Lyra et Arleth. Lequel se laissa tomber dans le sable, soupirant un grand coup.
Lorsque son aimée essaya de le motiver à venir se baigner à petit coup de pied, il ne répondit pas avant de l'attraper par une jambe et la faire tomber sur lui. Ils s'embrassèrent passionnément, avant qu'un petit bruit d’écœurement ne leur signale qu'Arya était réveillé et ne goûtait pas au spectacle. Ils rirent et, tandis que Lyra allait se baigner, Arleth entreprit d'endormir de nouveau la gamine en lui racontant l'histoire d'une de leur chasses. Il avait toujours entendus dire qu'on racontait des histoires aux enfants pour les endormir. Il ne savait pas par contre si les démons à douze paires d'yeux en faisaient habituellement partie. Mais Arya ne semblait pas s'en plaindre. Finalement la petite fille ferma les yeux et dormit bientôt du sommeil du juste. Il se débarrassa de son manteau et la recouvrit avec. Lorsque l'on ne bougeait pas, le vent pouvait être traître.

Il décida finalement de rejoindre Lyra, qu'il voyait nager dans la lumière des trois lunes. Il aimait encore moins l'eau depuis qu'il possédait un bras mécanique, mais la baie de Porr'Ico était relativement peu profonde pour les standards argeliens. Et pour ce qu'il avait en tête, il était plus simple d'avoir pied. Il arriva finalement au niveau de Lyra et l'attira délicatement à lui.

Ils étaient tous deux enlacés depuis un certain temps quand une explosion lointaine retentit. Il se séparèrent soudain et se tournèrent vers l'origine de l'explosion, un quartier non loin qui flamboyait dans la nuit. Ni une ni deux ils accoururent vers le rivage, regagnant en vitesse l'endroit où se trouvait Arya, terrifiée par le bruit et se blottissant dans le manteau d'Arleth. Lyra calma l'enfant tandis qu'Arleth récupérait leurs affaires et scrutait les alentours. Sa lame augmentique avait jaillis aussi naturellement qu'il se serait emparé de son épée. Il s'habituait de plus en plus à ce gadget bien pratique.
Ils quittèrent la plage tandis que le bruit au loin se faisait plus fort. Ils pouvaient désormais reconnaître le rugissement d'une fusillade. Lyra portait Arya, qui se blottissait dans le cou de sa mère, et Arleth avait les épaules chargés d'un certain nombre d'affaires. Il avait regagné les premières rues lorsque Lyra arrêta Arleth. Il eut à peine le temps de se retourner qu'il savait déjà, au sourire qu'elle affichait, ce qu'elle allait demander.

-On va voir ce qui se passe ?
-Tu veux y emmener Arya ? Demanda-t-il bien qu'il se doutait déjà de la réponse.

Il ne fallut pas longtemps au couple pour regagner l'appartement dans lequel ils avaient pris leurs quartiers sur ce monde. La petite fut couchée, bien que furieusement en désaccord avec cette idée et ils décidèrent d'aller observer d'un peu plus près les événements qu'ils avaient déjà entraperçus. Arleth récupéra ses armes, ne laissant que son fusil, et ils sortirent dans les rues.
La première vague qui avait assaillis l'ambassade avait été repoussé dans le sang par les forces tau qui, une fois déployées, avaient agis avec la redoutable efficacité qu'on leur connaissait, mais désormais c'était des dizaines de petites émeutes qui éclataient un peu partout dans la nuit et malgré leur organisation, les tau n'étaient tout simplement pas assez nombreux pour y faire face. Aussi ordre général fut-il donné aux auxiliaires d'intervenir dans la ville. Les mercenaires embauché par l'Empire, de toutes espèces et de tous horizons, fondirent sur les émeutiers au hasard des déplacements et petit à petit chaque foyer de violence s'éteignait dans un dernier sursaut de sang. L'on voyait des parentés kroots en chasse, des mercenaires enoulians qui faisaient montre d'une violence démesurée face aux impériaux, quelques pirates qui profitaient de la cohue pour s'en mettre plein les poches...
Le temps d'une nuit, Porr'Ico céda à la barbarie.

Lyra et Arleth survolaient tout cela, se déplaçant de toit en toit pour éviter de se retrouver engagés dans quelques batailles qui ne les concernaient pas, observant ce qui se passait de loin. Au détour d'une rue, alors qu'ils avaient atteint les quartiers périphériques où l'agitation était moindre qu'en centre ville ; ils purent assister à la mise à sac d'une bâtisse par une petite troupe d'une douzaine d'hommes, aux cris de « A mort le fanatique xenos ! » et autres « Hérétiques ! ».
Après avoir enfoncé la porte, ils se ruèrent à l'intérieur. Juste avant qu'ils ne se mettent à en sortir en hurlant. Le dernier d'entre eux s'effondra, le dos dévoré de ce qui ressemblait à une gangrène noirâtre. Plus que l'aspect de la chose, c’est l'indéniable aura de sorcellerie qui en émanait qui frappa les deux disciples de Malal.

-Il semblerait que nous ayons bien fait de sortir. Je passe par le toit, je te laisse le soin de nous annoncer avec l'une de ces entrées que tu apprécies tant, signala Lyra.
-Excellent plan.

L'épéiste se laissa tomber au sol et s'approcha de la bâtisse. Il surveilla un temps la progression de Lyra, avant qu'elle ne disparaisse à sa vue, puis se recentra sur sa cible. Le bâtiment était assez quelconque, sans doute vieux mais bien entretenus, il n'arborait pas de décorations. Seules une double porte en bois massif, dont les restes pendouillaient près de la statue qui avait servis à les enfoncer, et quelques fenêtres apportaient un peu de changement dans le mur de brique.
Arleth dégaina son épée et dégagea la crosse de son pistolet puis s'approcha de la porte, avant de jeter un coup d’œil à l'intérieur. L'endroit était construit autour d'une cour octogonale, au centre de laquelle une fontaine se dressait. Il retint ses boyaux à cette vue, puisqu'elle semblait faites d'un amoncellement de chairs putréfiés et de déchets pestiférés, et qu'elle suintait un torrent de bile noire et visqueuse en guise d'eau.
Surmontant son dégoût, il s'avança, attentif à tout geste. L'endroit semblait désert, mais deux cadavres récents confirmaient que la visite des émeutiers avait été repoussée avec force violence. L'un d'eux baignait à moitié dans l'eau de la fontaine tandis que le second avait le même type de blessures magiques que celui qu'ils avaient vus à l'extérieur.

Arleth contourna celui qui baignait. Il venait de le dépasser lorsqu'un léger clapotis alerta ses sens. Se retournant d'un coup, il frappa à deux mains. Le cadavre s'était relevé, les yeux vitreux et la peau imbibée de la substance noire. L'épée s'enfonça en oblique dans sa poitrine, déchirant les chairs flasques et les os mous, mais le cadavre ne sembla pas affecter. Pire, l'arme était désormais bloquée, l'atrocité la retenant d'une main tout en essayant d'attraper l'épéiste de l'autre. Celui-ci sortit l'une de ses dagues et frappa à de multiples reprises dans le crâne de son assaillant, jusqu'à réduire tout à fait son cerveau à l'état de pulpe et qu'il ne retombe comme une marionnette dont on aurait coupé les fils. Il parvint alors à dégager sa lame des chairs morte, lorsqu'un gémissement derrière lui le fit se retourner.
L'autre cadavre s'était relevé et titubait dans sa direction. Bien décidé à ne pas perdre de temps cette fois, Arleth empoigna son arme à deux mains et prépara sa frappe. Lorsque le zombie fut à portée, il lança l'arme dans un vaste mouvement circulaire, tranchant net le bras que la créature avait interposé et le crâne, exposant à l'air le cerveau à demi liquide. Le corps s'effondra en avant, laissant ses humeurs malsaines se répandre. Arleth dégaina alors son pistolet et regagna la porte de la demeure. Le corps à l'extérieur commençait tout juste à se relever. Il tendit le bras, inspira, expira puis pressa la gâchette. La balle traversa la boîte crânienne, emportant avec elle la majorité de son contenu. Puis il rangea son arme et revint dans la cour. Avisant une porte qui n'était pas fermé, il s'en approcha prudemment.