Le Chateau d'Orschwiller

Situé sur la pointe nord de l'ile de Numéas, le château d'Orschwiller a été construit par la famille des Hohenstaufen il y a plus de 1.200 ans. Au cours des millénaires, il a changé de main à plusieurs reprises et a été reconstruit il y a deux-cent ans suite à la guerre de succession qui agita Argelion.


Le château, orienté d'est en ouest, est perché sur un promontoire rocheux dominant un lac et entouré par une vaste forêt comme il en pousse sous les climats tempérés. La majeur partie de la forêt appartient au domaine rattaché au château et la petite bourgade de Sélestat, la plus proche communauté, se trouve à une douzaine de kilomètres de la forteresse.


Celle-ci se divise en trois parties principales :


Une fois passé le premier mur d'enceinte, on se retrouve dans un bayle aménagé en jardin faisant le tour du château, offrant la possibilité de se promener sans avoir à quitter la sécurité des murs du château. Cet espace dégagé permet également aux défenseur de la forteresse d'avoir une vue imprenable sur de potentiels attaquants ayant passé la première enceinte.


Une fois au bout du chemin faisant le tour de la forteresse et après avoir passé deux portes protégées par des bretèches, on arrive à l'entrée du château lui-même. Une fois la grande porte passée, on pénètre dans la cour basse, pavée et décorée d'une fontaine en son centre. L'imposant bastion est se trouve sur la gauche, tandis qu'à droite se trouvent entrepôts, ateliers et quelques autres batiments. Au fond à droite, un chemin pavé traverse la Porte des Logis et monte vers la Porte des Lions.


Au sommet de ce chemin et derrière un pont-levis se trouve une cours intérieur surmontée de galeries en bois. Plusieurs portes permettent d'accéder au Logis, tandis qu'un escalier hexagonal permet d'accéder directement aux étages supérieurs. Un donjon carré de 17 mètres de haut surplombe l'ensemble et un jardin intérieur entouré d'un cloitre d'inspiration gothique permet d'accéder aux bastion ouest.



Les propriétaires précédents, la famille Thierstein, avait connu des devers nombreux et Emilia leur avait acheter la bâtisse et le domaine qui allait avec pour éponger leurs dettes. Elle ne tarda pas à réhabiliter la forteresse selon ses standards et ordonna depuis l'autre bout de la galaxie qu'on fasse installer sous le couvert de rénovations un bouclier doublé d'un bouclier de navigation entourant le château, qu'on double tous les murs du château avec de l'adamantium et de la céramite, qu'on installe des tourelles automatisés cachées dans des trappes un peu partout dans le bayle et le domaine entourant le château, ainsi que plusieurs batteries Hydra au sommet des tours de la forteresse. Elle avait également fait construire dans le plus grand secret un complexe souterrain sous l'éperon rocheux où elle avait fait entreposer, toujours dans le plus grand secret, une part non négligeable de sa collection d'artefacts et d'équipements xenos, ainsi qu'un téléporteur, une salle pouvait servir de cœur astropathique, un arsenal, un bloc de détention et une cafétéria.

Une nuit s'était écoulée depuis l'arrivée d'Emilia et de ses hommes au château. Tous avaient mis à profit cette nuit de repos dans un lieu ami où ils ne risquaient rien pour se remettre des deux derniers jours plutôt chargés. Emilia avait fouillé dans des holodex et d'antiques ouvrages qu'elle avait fait venir avec elle jusqu'à tard dans la nuit à la recherche de réponses mais avait finalement sombré dans un sommeil agité peu avant l'aube.



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En fin d'après-midi, l'équipe d'Emilia se rassembla dans le bayle du château autour d'une fosse rectangulaire aux dimensions d'un homme. Diane fut la première à arriver, les yeux rouges d'avoir pleuré, suivie par Mcleod, puis par Donovan et le reste du groupe. Tous portaient des vêtements noirs, tous avaient la mine grave. Emilia quand à elle, était arrivée en avance et portait l'habit inquisitorial qu'elle portait sur Terra et lors des réunions de l'Ordo. Sur la pierre tombale surplombant la fosse, on pouvait lire Jonathan "Booker" Malory ainsi que ses dates et lieux de naissance et de décés.


La mise en terre fut solennelle, le cercueil d'ébène étant rapidement mis en terre sous le regard attristé de l'assemblée et d'une ligne de soldats du 73em Harakon, l'arme à l'épaule. Alors vint le moment de l'oraison funèbre. Emilia n'avait pas de prêtre sous la main, non plus se souvenait-elle de la moindre oraison funèbre, aussi avait-elle improvisé un petit discours quelques heures plus tôt. De toute façon, ça serait déjà mieux que rien du tout. Elle s'avança devant la fosse quelques feuillets à la main, s'éclaircit la gorge, et commença.


"La plupart des gens donnent mérite à la tradition d'honorer par une oraison funèbre la valeur des guerriers morts à la guerre. Pour moi, j'eusse volontiers pensée qu'à des hommes dont la valeur s'est exprimée par des faits, il suffisait que soit rendu, par des faits également, des honneurs équivalents à ceux que vous avez sous les yeux; et que les vertus des guerriers ne dussent pas être exposées par l'habileté plus ou moins grandes d'un orateur à leur porter créance. Il est difficile en effet de parler comme il convient, dans une circonstance où la vérité est si difficile à établir dans les esprits. L'auditeur informé et bienveillant est tenté de croire que l'éloge est insuffisant, étant donné ce qu'il désire et ce qu'il sait ; celui qui n'a pas d'expérience sera tenté de croire, poussé par l'envie et l'ignorance, qu'il y a de l'exagération dans ce qui dépasse sa propre nature. Les louanges adressées à d'autres ne sont supportables que dans la mesure où l'on s'estime soi-même susceptible d'accomplir les mêmes actions. Ce qui nous dépasse excite l'envie et en outre la méfiance. Mais puisque nos ancêtres ont jugé excellente cette coutume, je dois, moi aussi, m'y soumettre.


Je commencerai donc par nos aïeux. Car il est juste et équitable, dans de telles circonstances, de leur faire l'hommage d'un souvenir. Cette galaxie que sans interruption ont habités les fils et filles de Terra, est passée de mains en mains jusqu'à ce jour, en sauvegardant grâce à leur valeur Son Imperium. Ils méritent des éloges ; mais nos pères en méritent davantage encore. A l'héritage qu'ils avaient reçu, ils ont ajouté et nous ont légué, au prix de mille labeurs, la puissance que nous possédons. Nous l'avons accrue, nous qui vivons encore et qui sommes parvenus à la pleine maturité. C'est nous qui avons mis l'Imperium en état de se suffire à lui-même en tout dans la guerre comme dans la paix. Les exploits guerriers qui nous ont permis d'acquérir ces avantages, l'ardeur avec laquelle nous-mêmes ou nos pères nous avons repoussé les attaques des xenos et des hérétiques, je ne veux pas m'y attarder ; vous les connaissez tous, aussi je les passerai sous silence."


Emilia marqua une pause et jeta un regard à l'assemblée de mines graves. Diane contenait ses larmes tandis que Mcleod essayait de la réconforter. Qah était devant l'assemblée, enveloppé de sa capuche sombre et de son champ diffracteur. Elle reprit :



"Nous sommes ici réuni pour honorer la mémoire de Jonathan Edwyn Malory, dit "Booker". Jonathan est né sur Cadia, aux portes de l'Enfer. Depuis sa naissance, Jonathan est un soldat dans l'âme. Il a participé à sa première bataille à 16 ans et a intégré la Garde Intérieure à 20 ans. En 13 ans de service au sein de Ses Armées, le soldat Malory a servi aux quatre coins de la galaxie et a affronté nombre d'ennemis. Mais c'est ici, sur Argelion, à des milliers d'années-lumières de son monde natal, qu'il trouva la mort au combat en essayant d'éliminer l'un des traitres de l'Astartes. Ne vous y trompez pas, il n'y a pas plus grand honneur pour un cadien que de mourir au combat contre un ennemi de l'Empereur. Il n'en reste pas moins que nous avons tous perdu un équipier; un camarade. Un ami.


Je ne vous dirait pas de ne pas pleurer, car toutes les larmes ne sont pas un mal ; mais il nous faudra nous montrer à la hauteur de son sacrifice. Frères et sœurs ici présents de ce guerriers, je vois pour vous une grande lutte à soutenir. Chacun aime à faire l'éloge de celui qui n'est plus. Vous aurez bien du mal, en dépit de votre vertu éclatante, à vous mettre je ne dis pas à son niveau, mais un peu au-dessous. Car l'émulation entre vivants provoque l'envie, tandis que ce qui ne fait plus obstacle obtient tous les honneurs d'une sympathie incontestée. Aussi souvenez-vous que le seul jugement qui importe est celui du Trône d'Or de la distante Terra. Agissez avec détermination. Soyez l’Épée qui pourfends Ses ennemis. Soyez l'Aegis qui protège Ses domaines. Soyez l'instrument de Sa volonté, et alors vous serez dignes du sacrifice de Jonathan Malory de Cadia."



Après ces bonnes paroles, les gardes impériaux tirèrent trois salves, honneurs militaires habituels, et commença la procession des gens ayant un mot aimable à dire à propos du défunt. Tous, il se succédèrent devant le cercueil. Alors qu'Emilia écoutait depuis l'arrière de la foule, elle sentit une présence approcher dans son dos. Elle se retourna pour voir arriver un homme appuyé sur un canne approchant en boitant. L'homme semblait âgé mais avait un regard perçant au-dessus de la bande de tissu noir qui masquait le bas de son visage. Il avait le crâne rasé à l'exception de trois bandes de cheveux courant du front jusqu'à la nuque. Il portait le pantalon noir et la veste blanche à galons d'un officier d'Harakon.


"- Inquisitrice, un convoi blindé approche du château. J'ai fait mettre en charge les générateurs de boucliers et un peloton est déjà en état d'alerte. J'attends vos ordres pour la suite.

- Un convoi blindé ? Quel type ?

- Des Repressors et un Immolator portant la livrée de l'Arbites d'après les premières images, madame.

- Je voit. Mobilisez un deuxième peloton et tenez-vous prêt. Nous allons les accueillir comme il se doit."


L'officier mis sa main droite sur le cœur et s'inclina légèrement avant de faire demi-tour. Il n'avait pas fait trois pas qu'Emilia l'arrêtait.


"Ha et, Jericho, rappelez vos gars en permission. Je veut que votre compagnie soit opérationnelle aussi vite que possible."