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 Intérêts croisés

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Njarll
Grimaldus
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Arax, Inquisiteur
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Arax, Inquisiteur


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MessageSujet: Intérêts croisés   Intérêts croisés Icon_minitimeSam 17 Nov 2012 - 15:31

Voici un nouveau texte que l'inspiration m'a soufflé. Oui, ce n'est pas la suite de ce que j'ai déjà commencé, je sais mais bon, on ne contrôle pas toujours ce pour quoi on a des idées!
Je suis particulièrement intéressé par des avis sur ce texte qui est assez différent de ce que je fais d'habitude, que pensez vous du style, il y a il trop de noms, s'ennuie on? Je me suis beaucoup amusé à le penser et sa suite (qui normalement devrait venir de manière assez régulière au début, après tout, c'est le principe des fics qui démarrent vite tant qu'elles n'ont pas calé!).
Un bout de cette suite est déjà commencé mais je vais essayer de ne pas trop en produire sans avoir eut les premiers avis.
Par avance merci aux commentateurs et bonne lecture!




Chapitre 1: Une journée en Assadie



Sirion ouvrit les yeux bien avant le lever du jour. Il se sentait fatigué et n'avait aucune envie de se lever mais il avait beau tenter de sombre de nouveau dans le sommeil, il ne pouvait y parvenir. Cela faisait un mois et demi qu'il était sur Karala et il avait eut à changer de logement trois fois. Il avait d'abord été accueillit à l'astroport d'Isya, n'y passant que quelques nuits le temps que les rites d'introduction soient portés à leur terme avant d'être conduit jusqu'à la mégapole fluviale de Carasta où il avait pour la première fois rencontré le Fils du Soleil avant de devoir subir la longue descente du fleuve jusqu'à la capitale. Les décalages horaires successifs combinés au mode de vie si particulier des assadiens avait totalement chamboulé son rythme de vie et il n'avait d'autres souhaits que de quitter ce monde ou du moins que le protocole lui permette de rejoindre l'ambassade toujours en cours de construction. Néanmoins, pour l'instant, il devait toujours se conformer aux rites autochtones.

Les draps étaient une fois de plus en désordre et il transpirait abondamment bien que toutes les fenêtres fussent ouvertes. Il voulait sortir mais dans le même temps il n'avait aucun envie de voir de nouvelles courbettes. Il tourna la tête et les vit toutes deux, parfaitement immobiles de part et d'autre de la porte. On aurait pu les croire endormi mais il savait qu'il n'en était rien, une douzaine de gardiennes avaient veillé sur son sommeil depuis son arrivée sur ce monde et pas une n'avait cillé un instant dans l'accomplissement de sa tâche. Il ne pouvait qu'à peine les voir dans la pénombre et à demi masquées comme elles l'étaient par les ténèbres, on aurait put les prendre pour des statues. Un instant l'ambassadeur ferma les yeux et s'imagina qu'elles n'étaient rien de plus, qu'il était de retour dans le domaine, dans la demeure familiale où aucune tradition à demi barbare n'aurait présidé à ses jours, où aucun être n'aurait eut à se comporter comme si il n'était rien de plus qu'un objet... où la température tombait en dessous de trente degrés la nuit!

N'en pouvant plus il se leva, se drapant immédiatement dans la robe de chambre de soie posée à côté de son lit. Immédiatement les deux servantes se levèrent et dans une belle symétrie contournèrent les meubles de la pièce pour se diriger vers lui. Contrevenant au protocole, il ne les attendit nullement et se dirigea droit vers la porte fenêtre avant de sortir sur le balcon. Il ferma de nouveau les yeux et laissa le vent nocturne lui apporter un peu de fraicheur. Il huma à pleins poumons l'air marin et de nouveau s'imagina chez lui, sur les rives de la mer de cristal. Il rouvrit les yeux et vit l'une de ses deux gardienne agenouillée à ses pieds, lui tendant une corbeille de fruits tout en gardant la tête basse. L'autre était en train de refaire le lit.

Elles ne différaient que peu l'une de l'autre avec leurs corps intégralement rasé, mince comme des lianes et leur visage encore si jeune. L'une comme l'autre n'avaient que quatorze ans et d'après l'interprète qui suivait Sirion à longueur de journée depuis son arrivée, leur virginité était vérifiée chaque journée afin qu'une nouvelle lui soit attribué si il avait décidé de cueillir la fleur de l'une d'elle une nuit. Âgé de soixante cinq ans comme l'était l'ambassadeur, la simple idée de toucher ces gamines le révoltait et leur quasi nudité l'incommodait au plus haut point mais comme on lui avait dit lors de sa préparation d'avant mission et comme ne cessaient de lui répéter un bon nombre de ses collègues, si l'Empire Assadien voulait se mettre sous protection aldérane et amener avec lui la totalité de son monde, il pouvait bien pour sa part se soumettre à leurs habitudes culturelles.

Il prit une datte dans le panier de la jeune fille et la remercia dans un assadien plus que passable. Elle n'eut bien entendu pas la moindre réaction. L'autre se glissa dans son champs de vision aussi discrètement qu'elle le put avant de lui demander avec un accent terrible:

-Il y avoir quelque-chose nous pouvoir faire vous?
-Non, répondit Sirion comme chaque soir. A moins que vous ne vouliez bien me laisser seul pour le reste de la nuit.

La gardienne secoua la tête.

-Ça être grand déshonneur pour gardienne laisser son seigneur de la nuit seul, pour elle comme lui. Je pas vouloir déshonorer mon seigneur.
-Retournez à la porte alors, je vous appellerais si j'ai besoin de vous.
-Nous exister pour servir.

L'une comme l'autre se relevèrent et partirent aussi droite qu'elles le purent. Un instant Sirion ne put s'empêcher de leur couler un regard et il se maudit intérieurement pour cela. Elles étaient braves, prêtes, il le savait, à sacrifier leurs vies sur son ordre et à accomplir la moindre de ses volontés. Aran s'était vanté un jour d'avoir fait jonglé ses deux gardiennes avec des boules de marbre décoratives et qu'elles avaient continué de le faire même après que l'une d'elle se soit brisé le pied en laissant tomber sa balle. Là où les autres membres de la délégation avaient rit ou éventuellement gardé un silence gêné, Sirion était sorti sur le pont, dégoûté par un tel comportement. Aucun humain n'aurait jamais du être ainsi traité et ainsi vu, ainsi réduit en esclavage. Il n'était pas particulièrement ici pour aider ce monde mais plutôt pour renforcer le domaine en vue des jours à venir, néanmoins à voir certains des siens il lui semblait que peut être l'ancienne voie avait d'or et déjà cessé d'exister, que les siècles de guerre et de privation avaient éveillé en beaucoup les instincts que l'ennemi prônait comme si ils étaient des vertus et que déjà la corruption avait prit racine dans le cœur même de ceux prétendant la combattre.

Il secoua la tête comme pour en chasser les idées et son regard se porta sur le panorama qui s'étendait devant sa chambre. Le Fils du Soleil lui avait accordé, à lui ainsi qu'à ses compagnons un vaste palais dans le delta et tout autour le fleuve et la mer se mêlaient sans qu'il ne soit possible de les différencier. Pourtant, les environs étaient bel et bien aménagés, dans un port non loin un cuirassé faisait son entrée pour venir se ranger avec le reste de la flotte assemblée. Sur les berges visibles à environ un kilomètre, des milliers de lumières indiquaient le camp où s'assemblait la garde royale et ses deux cent mille soldats. Plus proche, tout autour, les lumières de la cité du soleil brillaient alors que les nobles profitaient de la fraicheur de la nuit en une débauche de faste presque grossière. Sirion était diplomate depuis assez longtemps pour savoir que le Fils du Soleil avait décidé de la chambre où son hôte de marque dormirait avec soin pour s'assurer que celui ci soit conscient de la force et de la richesse de l'Empire. Sirion devait avouer qu'en comparaison de plusieurs autres affectations qu'il avait eut dans sa vie, celle ci était bien au dessus de la moyenne mais il savait aussi bien que cet empire était une terre au peuple nombreux mais pauvre, aux cités vastes mais dont seuls quelques quartiers savaient faire montre d'une réelle dignité. La simple ville d'Aldéra devait receler plus de joyaux que ce monde entier mais elle avait au moins le bon goût de ne pas tenter de les exposer tous en même temps à tout moment.

Assis sur son balcon, Sirion laissa passer une heure avant d'être bien sûr qu'il ne dormirait plus de la nuit. Il savait néanmoins que ses cinq heures de sommeil suffiraient pour le maintenir en bonne forme en ce jour. Il aurait pu vérifier de nouveaux dossiers mais il avait toute la journée pour cela, à la place, il rendit hommage à ses ancêtres devant le petit panneau qu'il avait ramené de chez lui puis reprit sa lecture du De la Fédération Forine: Un bastion impérial au milieu d'une marée de ténèbres par le seigneur militant Jin Yazo. Quitte à devoir s'engager dans un probable conflit à venir, l'ambassadeur aimait au moins avoir une vague idée de ceux avec qui il allait devoir négocier.



Le soleil était levé depuis deux heures et Sirion voyait clairement que bien des siens n'auraient pas dit non à quelques une de plus avant d'être convoqués.
Les têtes de la délégation aldérane étaient toutes réunies dans une vaste pièce lumineuse du palais qui leur avait été prêté. La longue table de guam autour de laquelle se tenait leur réunion était dotée d'un projecteur holographique présentant une vision en trois dimension de l'isthme galaté. Les nombreuses principautés et cité franches de la région étaient toutes marquées en lettre rouge avec la limite de leurs sphères d'influence dessinées en ligne noire. Des petits drapeaux indiquaient pour chacune de ces entités si elle avait apporté son soutien à la république de Rhédalie ou à l'Empire Assadien.

-Messieurs, je sais que l'heure est matinale mais bien que nous ne soyons ici que puis peu, il semblerait que notre simple présence ait suffit à précipiter le jeu en cours sur ce monde.

La voix de Sirion était ferme et posée, il savait être pour l'instant dans un terrain familier, entouré d'autres nobles de sa propre culture, libre de toute influence locale hormis les hommes musclés à la peau claire ventilant la salle avec de large éventails et les servantes qui se tenaient tout autour de la salle avec des amphores d'eau et de vin au miel pour quiconque en ferait la demande. Sous peu il devrait rejoindre le fils de la lumière et se soumettre à tout un cérémoniel pour simplement pouvoir demander l'accès au toilettes, il comptait donc profiter de ce moment de calme pour établir la ligne de conduite de la journée aussi indépendamment que possible de ce qui pourrait arriver.

-Atius, si tu veux bien nous faire un exposé un peu plus précis des derniers développements?

Le jeune analyste se leva, visiblement gêné par l'attention qu'on lui accordait mais il regagna sa confiance alors même qu'il parlait.

-Comme l'a annoncé le comte, commença il, cette nuit fut pour le moins notable. Le gouverneur de Tollens s'est déclaré opposé à l'intervention d'une puissance hors monde dans le conflit d'intérêt entre rhédaliens et assadiens, ils se sont déclarés fidèles au gouverneur Alun et semblent en train de lever des troupes. Dans le même temps la cité libre Vestus s'est affranchit de la couronne elluane, la flotte elluane a été pulvérisée à quai par des troupes loyales à la cité et l'une comme l'autre ont fait appel à des alliés.

Alors même qu'il parlait, il pointait les zones dont il parlait les unes après les autres de sa cane et d'une autre main contrôlait l'affichage afin de mettre en avant les territoires concernés et les éventuels mouvements ou changement d'allégeance.

-L'armée elluane a été rejointe par celle de la principauté mirane et elles ont occupé plusieurs villages au nord de Vestus, la république rhédalienne exige leur retrait immédiat ou menace d'intervenir. Dans le même temps, l'Union Eubastéèenne de l'autre côté de la mer a elle aussi émit des réserves quand à la présence d'aldérans à la surface, en particulier de forces armées. Notre vaisseau a repéré des mouvements de leur flotte de guerre. Enfin, deux nouveaux ports libres ont rejoint la Coalition Eradienne et celle ci a réaffirmé son ambition de non engagement si un conflit devait survenir.

Les conseillers, analystes et diplomates suivaient l'explication en prenant des notes et parfois en vérifiant telle ou telle donnée sur un de leurs cogitateurs de poche. Karala était un monde multinational au contraire de ce qui se trouvait dans l'essentiel du secteur Elonis. Les premiers colons établis sur ce monde avaient formé l'Empire Assadien au cours de M34, plusieurs vagues de nouveaux colons mais aussi de nombreuses guerres d'indépendances et successions disputées avaient conduit à la formation de plus d'une centaine de nations indépendantes à la surface. Si la Coalition Eradienne, l'Union Eubastèque, la république Rhédalienne et les Marches Impériales représentaient les cinq grandes puissances de ce monde, de nombreux états moindres existaient à leur frontière ou sur divers îles de la planète de sorte qu'aucune des grandes puissances n'était frontalière d'une autre. Malgré cette forte division, Karala trouvait habituellement son équilibre en reconnaissant l'autorité du gouverneur qui, depuis les Marches Impériales s'assurait de la bonne levée des dîmes et du règlement des conflits internationaux. Du moins telle avait été la situation avant que ne s'embrase la Passe Forine, sous secteur auquel se trouvait rattaché Karala.

Expliquer la présence aldérane dans ce système revenait à vouloir résumer à la fois une histoire politique vieille de douze millénaire mais aussi à rappeler la triste réalité des derniers siècles. Le secteur Enlenthis auquel était rattaché la Passe Forine devait actuellement affronter une waaagh d'une ampleur peu commune et avait donc mobilisé le gros de sa flotte de guerre ainsi qu'un très grand nombre de régiments pour repousser les invasions xénos pesant sur son septentrion galactique. Néanmoins, ce déplacement de forces avait laissé vulnérable une bonne part du domaine, provoquant des raids de pirates stellaires. Eldars, surenis, simples hors la lois des franges orientales, toutes sortes d'opportunistes avaient fondu sur les mondes peu défendus de la passe. Profitant du chaos ambiant, certains gouverneurs planétaires peu scrupuleux ou même seigneurs féodaux en position de force sur leurs mondes en avait profité pour déclarer la guerre à leurs voisins et le chaos se changea bien souvent en guerres civiles quoi que rares furent ceux capable de réellement établir au nom de quoi pouvaient se battre les armées engagés dans cent conflits. Toute cette instabilité en était venue à miner la défense même du secteur et alors que la marée verte semblait ne plus pouvoir être stoppée, le reste d'autorité centrale du secteur en avait fait appel à l'aide extérieure. Les premiers vers lesquels avait porté leurs suppliques étaient les chapitres de l'Astartes mais bien que les Emperor's Dragon et les Sons of Jagathai ait répondu à l'appel, la dizaine de compagnie qu'ils avaient envoyé n'avait qu'à peine put ralentir les masses d'orks, sans même envisager d'intervenir dans les désordres civils. Le Munitorum pour sa part délégua trois seigneurs militants afin que ceux ci viennent stabiliser le secteur. L'un avait immédiatement déployé ses forces contre les orks et avait pu les tenir en respect, les deux autres pour leur part reçurent des appels d'assistance de la part de nombreux mondes et avant que quiconque n'ait put en comprendre le pourquoi se retrouvèrent à leur tour en guerre l'un contre l'autre. Les premiers affrontement qui avaient vu s'opposer les deux armées impériales avaient ravagé le système capital d'Enlenthis d'où le gouverneur sectoriel ne put que regarder avec désespoir de parfaits étrangers se tailler des empires dans son domaine.

Les douze premières années de la guerre civile avaient pour la plupart épargné la passe Forine qui avait sut garder une politique de non alignement mais en 799M41 le Seigneur Militant Jin Yatzo revendiqua le sous secteur afin, selon lui, de disposer d'une base d'opération stable d'où mener ses campagnes à venir, d'une industrie solide pour fournir ses troupes et d'un vaste bassins de recrutement pour regarnir ses armées. Forcés de faire un choix, les gouverneurs locaux eurent des réaction diverse et si certains plièrent l'échine de plus ou moins bonne grâce, d'autres se réunir et se déclarèrent parés à se battre pour garder leur indépendance. Le gouverneur de Karala pour sa part décida de joindre ses forces à celles du Seigneur Militant mais ce fut alors l'une de ses vassales, la Fille de la Terre Ahotep de l'Empire Assadien qui avait déclaré que le salut de ce monde ne pouvait se trouver que dans la non implication dans les conflits extérieurs. La Rhédalie, éternelle ennemie de l'Empire avait profité de la situation pour assurer le gouverneur de son soutien, espérant en tirer des profits à venir. Karala se trouvait dès lors à son tour au bord d'une guerre civile dont l'objet serait de savoir si la planète devait ou non s'engager dans un conflit de plus grande échelle.

L'intervention aldérane dans ce secteur de la galaxie remontait pour sa part au premières années de la guerre civile. Si le gouvernement sectoriel d'Enlenthis s'était refusé à faire appel à l'aide de son puissant voisin le Secteur Elonis, certaines institutions sous sectorielles, planétaires ou même nationales avaient requis l'appui aldéran pour assurer leur sécurité. L'influence aldérane s'était en premier lieu fait sentir par une intensification du commerce avec plusieurs des mondes de la Passe mais aussi avec des membres du Pacte d'Elchin ou encore du sous secteur Gydéan. Lorsque l'empire hérétique de Lincia, autre puissance locale avait lancé son invasion du système Gydéan, Aldéran avait prit un rôle plus actif dans le règlement des conflits, envoyant des troupes pour assurer la sécurité du sous secteur qui était de facto devenu un protectorat du Domaine. La situation sur Karala n'était désormais plus si éloignée que cela de celle sur Gydéa depuis que l'Empire en avait appelé à l'aide par le biais de membres du conseil aldéran liés par le sang au couple régnant.

Telle était la raison de la présence de Sirion, représenter les intérêts aldérans à la surface et parler au nom du Conseil à ses alliés locaux.

Pourtant, bien qu'il sut désormais le nom et une bonne part de l'histoire de chacune des nations de ce monde, bien qu'il ait à disposition des interprètes et une foule de conseillers et d'analyste, l'ambassadeur ne pouvait s'empêcher de se dire qu'il était dépassé par la situation. Les principautés frontalières de l'isthme galaté étaient sur le pied de guerre et à la seconde où s'embraserait pleinement la région, le conflit prendrait une amplitude mondiale et la diplomatie n'aurait plus guère de rôle à jouer sur ce monde.

-La situation est grave messieurs, commença il, nous sommes sur ce monde en réponse à l'invitation des honorables seigneurs de l'Empire Assadien mais il n'est nul besoin de se mentir, nous sommes avant tout ici pour tenter d'ajouter un nouveau monde à notre cher domaine à moindre coût. Néanmoins, si nous laissons les choses dégénérer encore plus, nous risquons fort de devoir arracher notre dû des doigts roides de nos ennemis morts. Aussi, avant que nous n'ayons à déployer une pleine armée aldérane à la surface, je veux savoir quelles sont vos propositions pour stabiliser la zone dans l'immédiat.

A l'instant où il s'arrêta de parler, plusieurs échanges commencèrent entre ses divers conseillers et collègues alors que ceux ci semblaient vouloir débattre en petit comité de ce qui leur paraissait le plus approprié.

-Je pense que vous m'avez mal compris, reprit Sirion, je dois retrouver Khefren... le fils du soleil pardon, dans environ une heure et je ne pourrais me soustraire à sa présence que tard dans la soirée. J'ai besoin de vos avis et je les veux maintenant, pas un rapport dans deux jours.

Le comte fronça légèrement les sourcils et fusilla plusieurs de ceux assemblés du regard. Cela suffit à restaurer le calme et à instaurer de nouveau un peu d'ordre.

Le silence revenu, le premier à s'exprimer fut évidemment Aran qui, de par son rang de baron était l'un des plus éminents de ses conseillers, du moins lorsqu'il n'avait pas bu.

-La principale cause d'agitation actuelle est la remise en question de la présence d'une délégation aldérane à la surface et donc d'une intervention extérieure à la surface. Néanmoins les locaux ne savent pas que nous avons d'or et déjà déployé des forces militaires à la surface pas plus qu'ils ne savent qu'un de nos vaisseaux est dans le système. Nous sommes encore maîtres de l'information et nous devrions nous en servir. Aldéran est l'amie de Karala depuis des siècle, le sang qui coule dans les veines de certains de leurs monarque est le même que celui qui anime certains de nos conseillers. Misons sur la communication: nous sommes ici pour nous assurer que les mères de Karala n'aient pas à pleurer un de leurs fils tombé sur un champs de bataille à l'autre boût du secteur. Promettons dès maintenant de plus larges avantages commerciaux et montrons leur que tendre la main à Aldéran leur apportera la prospérité. Face aux escarmouche qui ont actuellement lieu, montrons une clair opposition, qu'ils nous voient comme des gens civilisés, réprouvant l'usage de la violence.

Lorsque le baron en eut finit, il en furent quelques un pour acquiescer de la tête et d'autres pour se montrer assez dubitatifs, Sirion pour sa part ne laissa rien transparaitre de son avis, il voulait entendre ses conseillers et ceux ci le comprirent lorsqu'il ne fit par montre d'une envie de réagir tout de suite. Le baron Herun semblait sur le point de s'exprimer mais il fut pris de vitesse par le jeune Atius.

-Sauf votre respect Monsieur, commença le jeune homme, nous n'avons pas devant nous beaucoup de temps, plusieurs simulations suggèrent que la guerre éclatera d'ici à deux semaines, moins si nous manquons de chance. Une campagne sur notre image prendrais des semaines avant de porter ses fruits. Des déclarations fermes auront certes quelque impact mais nous ne pouvons nous fier dessus.
-Quel âge avez vous jeune homme? Demanda Aran d'un ton condescendant.
-Vingt trois ans Monsieur.
-Et quel est votre titre?
-Je... ma famille ne possède pas de domaine Monsieur, et je n'ai pas encore gagné ma première aile...
-Pensez vous alors sérieusement qu'un être aussi jeune que vous et d'aussi basse condition soit en position de me dire quoi faire ou dire? Je suis parfaitement conscient qu'une simple campagne de propagande ne nous gagnera pas ce monde mais...
-Mais quoi?

Celui qui avait parlé n'avait eut qu'à relever les yeux pour assurer de nouveau le silence. Sa veste d'uniforme était négligemment posée sur le dossier de sa chaise et il sirotait depuis le début de l'audience un dé à coudre d'une liqueur sortie d'une de flasque qu'il gardait dans sa poche.

-Je sais que vous autres diplomates n'avez guère cette habitude mais nous sommes déjà presque sur un monde en guerre, il va falloir nous montrer bien plus incisifs que ce que vous proposez si nous voulons assurer que notre volonté se fasse. Cacher notre main n'est ici pas d'une grande aide. Ce que nous voulons c'est empêcher que l'on nous attaque? Et bien dans ce cas il faut que l'ennemi reconsidère sérieusement l'idée même de nous engager. L'armée de ce prétendu empire qui nous loge n'est guère impressionnante, ce monde entier le sait. Ils sont nombreux mais mal équipés et mal entrainés. Nombre d'entre eux ne sont que des esclaves qui n'auront aucun cœur au combat et leur équipement lourd est quasi inexistant. Nous avons besoin de temps en effet, pour que nous armions nos alliés assez pour qu'ils puissent mener eux même leur guerre, pas simplement pour que le commerce se stabilise. Et de petits artifices ne nous donneront rien, l'ennemi, car c'est bien ce qu'il est, sait qu'il n'a qu'une petite fenêtre pour frapper avant que notre appui ne rende l'Empire trop puissant pour être contré, il ne se laissera pas distraire par une campagne de bons sentiments.
Aran fulminait sur place, néanmoins un autre prit la parole avant qu'il ne puisse répondre.

-Je dois avouer que je suis au moins en partie d'accord avec les proposition de Philaeus, les propositions que vous faite Aran sont bonnes mais elles ne nous attireront de la sympathie que dans l'empire, qui nous est déjà acquis, et dans quelques unes de principautés de l'Isthme. Plus qu'une simple campagne d'image, je pense que nous devons envoyer des ambassades dans la Coalition aussi bien que dans l'Union afin de nous en faire des alliés ou du moins de nous assurer de leur neutralité. Néanmoins, concernant la république, la guerre ne sera évitée que très difficilement, ils comptent nous envoyer une ambassade sous peu, fort bien, d'ici là, Aldéran doit se déclarer protectrice de la paix et prête à combattre pour assurer celle ci.

Le vieux baron Herun s'était levé pour faire cette simple déclaration et Sirion ne put s'empêcher de sourire à le voir ainsi, toujours aussi déterminé dans ses paroles et démonstratif qu'il l'était quarante ans plus tôt lorsque lui même n'était qu'un jeune conseiller et que déjà il avait eut à tenir deux ambassades.

-Que préconisez vous maréchal Ursis? Demanda Aran à Philaeus, commandant en chef des forces aldéranes à la surface.
-Aldéran assurera la sécurité de toutes les cités qui reconnaissent la légitimité de sa présence de même que toutes celles sous protection de l'Empire. Je n'ai pas de très grosses forces à la surface mais comme vous l'avez dit, personne en dehors des plus hautes instances de nos alliés ne le sait, laissons les croire que nous sommes déjà présent en force par une ou deux démonstrations et cela devrait nous donner au moins un mois!

Il ne restait plus beaucoup de temps à Sirion avant son rendez vous avec le Fils de la Lumière, aussi n'avait il plus le temps pour ces discussions, il n'avait qu'une question:

-Dans quelle mesure pourriez vous faire votre... démonstration...
-Les transporteurs Ether ont déposé la quatrième escadrille de chasse hier et nous avons déjà de quoi déployer deux cent cataphractaires aéroportés. J'ai de quoi...
-Tenez les sur le pied de guerre, ils pourront être mobilisés d'ici moins de vingt quatre heures. Aran, je veux que vous me formiez deux équipes d'ambassade d'ici ce soir et qu'ils soient en route pour l'Union et la Coalition demain au plus tard. Vous pouvez disposer, je vous tiendrais au courant de tout développement futur.

Alors que le comte se levait, tous firent de même. Ils ne lui avaient pas apprit tant que cela mais au moins Sirion avait eut la confirmation qu'il voulait: les militaires aussi estimaient que pour préserver l'actuelle paix, il allait falloir se préparer à la guerre.


Dernière édition par Araxyrie le Lun 26 Nov 2012 - 6:24, édité 2 fois
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Grimaldus

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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés Icon_minitimeSam 17 Nov 2012 - 16:19

J'aime beaucoup personnellement. Le style est fluide et la lecture m'a été agréable. :oui:
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Arax, Inquisiteur
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés Icon_minitimeDim 18 Nov 2012 - 21:19

-Et à votre gauche vous pouvez voir le fameux Bataillon du Jour. Son histoire remonte à plus de six siècles en arrière lors de la deuxième guerre de subjugation d'Ethol. Le Bataillon du Jour combat toujours sous le soleil et il ne lui a jamais fallut plus d'une journée pour accomplir sa mission!

Sirion n'écoutait qu'à peine ce que débitait son guide dans un haut gothique aseptisé qui lui tapait tout autant sur les nefs que l'aurait fait le pire des accents. Le Fils du Soleil avait décidé de commencer sa journée par une inspection des troupes et en tant qu'ambassadeur, il était naturellement revenu au comte la tâche de l'accompagner. Ainsi donc il se tenait à demi allongé sur une litière montée sur le dos d'un pachyderme local en retrait de celui occupé par le seigneur de ces lieux.

Un invité moins avisé aurait put être réellement impressionné par la démonstration de force de l'Empire, la simple garde royale comptait des centaines de milliers d'hommes et elle représentait pourtant une force « réduite » selon les standards Assadien. Chacun des hommes du bataillon sacré par exemple portait un pagne de soie blanche et leurs torses étaient bardés de ceintures de munitions et de grenades. Ils avaient tous au flanc une épée courbe et tenait contre leurs poitrines leurs carabines à fusil long. Ils portaient des casques ornementaux de métal et avaient dans le dos un bouclier en matière pare éclat marqué du symbole de leur unité. Des escadrons de cavalerie paradaient, aussi bien les dragons légers, combattants d'infanterie montés sur des hexapèdes du désert que les prétendus redoutables chevaucheurs de tempête montés sur des vers des sables. Des régiments de moindre prestige étaient pour leur parts revêtus de tenues de survie ocre qui se confondaient parfaitement avec la couleur du désert et qui permettaient à leurs porteurs de ne perdre quasiment aucune eau au cours de la journée. Bien que moins reluisant leurs rangs ne s'étendaient pas moins sur des kilomètres, parfaitement immobiles sous les yeux de leur souverain.
Ils faisaient certes une forte impression et Sirion n'avait aucun doute que leur expertise du désert leur permettrait de prendre l'avantage sur leurs ennemis sur un tel terrain mais ils manquaient cruellement de soutien lourd. Ils disposaient de pièces d'artillerie tractées et de quelques canons auto-portés et les forces aériennes de l'Empire étaient tout à fait respectable mais ils n'avaient presque aucun char d'assauts, le transport des troupes devrait se faire à pied ou par trains et bien que des lignes supplémentaires fussent en construction ou en rénovation à l'instant même, le simple déplacement de la garde royale de la capitale jusqu'aux principautés de l'isthme prendrait plus d'une semaine.

L'ambassadeur avait déjà fait un court séjour sur Donuria et à cette occasion il avait eut le temps de voir en quoi l'armée traditionaliste donurienne était grandement inférieure à celles du reste du domaine, néanmoins les osts donuriens paraissaient presque modernes face à cette armée dont certaines unités légères n'étaient armées que de fusils à tir unique et d'armes de corps à corps!

Il se trompait peut être, l'Empire avait gagné des guerres, pas plus tard que deux siècles plus tôt mais leurs pertes avaient presque toujours été supérieures à celles de leurs ennemis. Si ces troupes devaient affronter les FDPs des Marches Impériales, la boucherie serait sans nom...

-Dites moi, demanda Sirion à son guide, nous avons ici la garde royale assemblée mais je ne vois que des troupes des Terres du Soleil, les armées de la Fille de la Terre sont elles toujours au nord?

Le guide qui était parti dans une description enthousiaste du « fameux » interrègne d'Euridia se retrouva de prime abord déboussolé par la question posée. Le comte ne l'avait en effet guère interrogé au cours des derniers jours, à dire vrai, il ne lui avait pas beaucoup adressé la parole tout court.

-La révérée Fille de la Terre est actuellement en train de descendre la côte ouest à la tête d'un fort corps armée pour s'établir à la frontière. Son altesse le Fils du Soleil lui a demandé quelques troupes à intégrer dans la garde royale mais elle a refusé de lui en accorder.

Cela confirmait les informations qui étaient remontées jusqu'à Sirion. Selon les rumeurs, cette Ahotep était une générale brillante mais avec la propagande rien ne pouvait confirmer ce fait. L'ambassadeur l'espérait pourtant sincèrement car il ne comptait pas sur le fils du soleil pour tenir le rôle de tête des armées dans les mois à venir.
La monture du monarque venait justement de s'arrêter mais il n'en fut rien de celle de Sirion qui se porta aux côtés de l'autre.

-Vous appréciez la vue, Monsieur Ores?

La voix du fils du soleil n'avait rien de particulièrement notable, pourtant tous autour du comte avaient baissé les yeux après en avoir entendu le simple début d'une syllabe.

-Appelez moi Sirion, je ne suis que le troisième fils, commença le comte sans même y penser. Je dois avouer que vous avez effectivement une vaste armée, néanmoins je peine à voir le pourquoi d'une telle assemblée à la capitale, vos forces maritimes ne pourront certainement pas transporter une telle masse d'hommes avant d'avoir prit le plus parfait contrôle de la mer d'émeraude.
-Nous...

Le monarque laissa passer un blanc.

Sirion eut une forte envie de lever les yeux au ciel mais il sut contrôler parfaitement son attitude pour faire comme si de rien n'était. Âgé de vingt et un ans, le jeune Fils du Soleil, Incarnation de l'Empereur de toutes choses et par là même Empereur d'Assadie, n'était en âge de prendre ses propres décisions que depuis peu. Malheureusement ses titres ronflants et son ascendance prétendument illustre n'en faisait aucunement en dirigeant né et comme beaucoup d'enfants trop gâté, il n'avait pas su profiter de l'enseignement de ses éducateurs. De fait ni son élocution ni sa pensée n'avaient quoi que ce fut d'éblouissant et il lui arrivait souvent de se trouver à court de mots lorsque venait une question à laquelle il ne s'attendait pas.

-Mes... mes fidèles gardes ne vont que là où je vais moi même et n'irons à la bataille que lorsque je les y mènerais moi même. En attendant, il reste à décider de la stratégie à appliquer dans notre guerre et il faut que j'en décide avec mon état major!

Le presque enfant mais trop roi semblait particulièrement content de son explication. Sirion pour sa part pensait qu'il avait simplement peur d'une invasion sur sa capitale et avait donc gardé autour de lui un contingent qui devait lui paraitre tout à fait nécessaire. Et il y avait bien entendu le fait d'impressionner la galerie.

-A propos de cette assemblée, auriez vous l'obligeance de m'y convier? Aldéran est très curieuse de savoir comment vous comptez gérer la crise de cette nuit.
-L'assemblée aura lieu demain. Après l'inspection il sera temps pour le déjeuner, l'audit des plaintes, le conseil des ministres et ce soir, je compte vous inviter à un spectacle tenu en votre honneur. Nous avons la chance d'avoir une cantatrice aldérane de passage en ville et nous avons donc organisé un spectacle!

Le jeune monarque n'allait même pas voir ses généraux tous les jours en temps de crise... cela n'augurait rien de bon!

-L'état major ne tient il pas pourtant des réunions informelles tous les jours?
-Oui, répondit le Fils du Soleil, visiblement peu intéressé par la question.
-Votre majesté serait des plus cordiales d'autoriser mon compatriote Philaeus Ursis à assister à ces réunions?
-Permission accordée voyons! Mais n'en parlons plus, la chasse va faire une démonstration de son habileté!



La salle du trône était vaste et lumineuse, s'étendant sur cent mètres de son entrée principale au fauteuil du monarque tout en étant large de trente. Des galeries faisaient le tour de la pièce en hauteur d'où la petite noblesse pouvait assister aux décisions publiques de leur dirigeant et le toit lui même n'était fait que de verracier coloré, animé et agencé de sorte qu'à tout heure du jour, les rayons du soleil fassent scintiller le trône et son occupant.
Vêtu d'une robe pourpre, le Fils du Soleil était surtout couvert de bijoux d'or de la tête aux pieds. Une couronne ouvragée venait cercler son auguste chef ne laissant rien paraitre de sa chevelure courte et une barbe postiche d'or complétait sa tenue, rehaussant sa majesté du point de vue des locaux.

Le trône se trouvait au sommet d'une estrade circulaire et un mécanisme simple mais efficace lui permettait de se tourner face à ceux assis tout autour constituant le cercle proche des conseillers. Enfin une autre estrade capable de se déployer permettait à des extérieurs de venir s'adresser au Fils du Soleil.

Au milieu de tout ceci, Sirion avait eut droit à un siège au pied du trône, honneur insigne pour un hors monde toujours à en croire les autochtones. Malgré cette place de choix, il devait se forcer pour prétendre apprécier sa situation, le conseil public n'avait aucun intérêt et le conseil privé n'avait lui non plus pas lieu aujourd'hui avait il découvert. Le monarque trouvait en effet fastidieux de se rencontrer chaque jour alors que bien souvent les choses n'évoluaient qu'à la semaine. L'idée que sa nation soit actuellement en crise ne semblait toujours pas lui avoir effleurer l'esprit. Plusieurs sujets furent traités dans l'après midi, pour la plupart d'un intérêt des plus restreint. Le ministre des esclaves avait demandé le droit d'organiser de nouvelles razzia sur les îles de l'océan oriental afin que l'état dispose d'une réserve en cas de pertes prochaine, il s'agissait là d'une des décisions qui eut le plus trait à la guerre des trois premières heures. Il y eut un débat de près d'une heure sur la légalisation d'un quelconque opiacé cultivé dans des marais quelque part à l'ouest de Carasta et à ce moment là, Sirion envisagea réellement la possibilité de piquer un somme comme l'avait fait certains autres conseillers. C'était le premier jours qu'il avait accès à ce conseil et il comprenait pourquoi on avait tant attendu avant de l'y autoriser: sans cela il aurait prit les dernières navettes officielles pour quitter la planète!

Alors que le conseil durait depuis plus de trois heures et demi, un fait notable se produisit enfin: l'ambassadeur de la Couronne Elluane se présenta sur l'estrade des suppliants, comme elle était nommée.

-Honorable Fils du Soleil, glorieux Khefren, je viens ici au nom du prince couronné par la grâce de l'Assadie, Xiniaï d'Ellua. Comme vous n'êtes certainement pas sans le savoir, un cité de notre domaine a fait sécession hier et en a profité pour saboter la portion de notre flotte à ses quais. Nous avons immédiatement mobilisé nos troupes pour rétablir l'ordre et le premier engagement a eut lieu il y a cinq heures. Les combats font toujours rage mais nous avons eut la surprise de découvrir qu'un grand nombre de soldats prétendument originaires de Vetus était de fait des combattants rhédaliens, engagés au service de la cité libre. Nous allions balayer les rebelles ainsi que leurs alliés lorsqu'une pleine colonne blindée est venue frapper le cœur de notre armée. Ne nous attendions pas à une telle opposition, nos troupes se sont trouvées en grand manque d'armement adapté et nous avons été forcé d'entamer la retraite, laissant un millier de prisonniers derrières nous. Les rhédaliens prétendent qu'ils n'ont fait que prêter des troupes à une autre nation et que les actions entreprises par cette nation ne les engage nullement. Néanmoins il est désormais clair que la Rhédalie envisage de nous envahir incessamment, nous avons besoin des troupes impériales pour châtier ces impudents!

Ayant finit sa première déclaration l'envoyé baissa la tête, attendant une réponse qui tarda quelque peu à venir.
Sirion pouvait clairement voir que le jeune Khefren était en pleine hésitation, reculer à cet instant lui ferait perdre la face, ou du moins ce devait être ainsi qu'il le percevait et il ne pouvait sans doute pas tolérer cela mais dans le même temps il savait qu'engager son pays dans une action punitive contre la cité de Vetus risquait de mettre le feu aux poudres et si l'Empire se montrait comme l'agresseur après avoir fait venir des aides étranger à sa surface, il donnerait sans doute un nouveau motif à l'Union Eubastéenne pour s'unir avec la Rhédalie et les Marches Impériales, faisant pencher la balance à son désavantage.

Alors que le monarque semblait sur le point de répondre, il fut coupé dans sa lancé par son grand vizir qui, au vu du mutisme du roi et, peut être, de la perspective de le voir prendre une mauvaise décision, avait prit la parole.

-L'Empire Assadien compatit pleinement avec les pertes de la couronne Elluane, néanmoins nous ne pouvons actuellement pas entrer en guerre ouverte contre une faction sous la garantie de la République de Rhédalie. Nous pouvons néanmoins, à l'image des rhédaliens, vous confier des troupes. Nous avons actuellement une forte garnison située à Varnalum, elle peut passer sous commandement elluan ce soir et elle devrait avoir rejoint la zone des combats d'ici deux jour.
-Un tel don serait fortement apprécié mais nous aurions également besoin du soutien de la flotte de l'Empire pour assurer la sécurité de nos côte. De plus, nous aurions besoin d'un soutien légèrement supérieur à la seule garnison de Varnalum, l'ennemi semble déployé en force et est bien équipé.
-Les accords d'Unea n'autorisent pas de prêt de forces armées de plus de trente milles hommes, vous le savez aussi bien que moi. L'ennemi ne peut pas être si nombreux! Contesta le vizir.
-Mais dix mille hommes et cinq cent chars seront bien plus efficaces que trente mille fantassins!
-Les troupes de l'Empire font partie de plus br...

Sirion se leva avant qu'un tel dialogue de sourd n'aille plus avant.

-Plus tôt aujourd'hui, commença il, mon collègue Aran Astellan a fait une déclaration sur les médias planétaires, comme quoi Aldéran assurerait la protection et l'indépendance de toutes les nations de ce mondes considérant sa présence comme légitime. La couronne Elluane considère elle la présence aldérane comme légitime ambassadeur?
-Heu...

L'elluan ne semblait découvrir que maintenant l'homme aux temps grisonnantes et aux yeux d'un bleu clair vêtu d'une veste à brandebourg tissée de fils d'argent dans le plus pur style aldéran qui pourtant détonnait fortement avec le reste de l'assemblée.

-Et bien le prince n'a... nous approuvons la politique de l'Empire et... oui nous...
-Parfait, le Domaine Aldéran et son conseil ne sont tenu par aucun accord planétaire. Nos troupes vont stabiliser votre front et vous aider à reprendre la ville rebelle.

La salle était devenue bien silencieuse en un instant.

-Je...

L'ambassadeur elluan semblait pour le moins surpris par une décision si rapide alors que la cour était habituellement si lente à faire le moindre mouvement.

-Quand pensez vou...
-Nos hommes seront partis d'ici une demi heure, ils seront sur zone dans moins de deux heures. Vetus devrait vous être livrée demain.

A nouveau ce silence. Sirion trouvait cela merveilleusement reposant.

-Sur ce, si ce conseil veut bien m'excuser, j'ai quelques tâches à accomplir avant ce soir, nous nous retrouvons à l'opéra, ô Fils du Soleil.

Il exécuta une révérence et s'en fut, ses talons claquant contre le dallage de marbre.




Si la démonstration militaire n'avait pas particulièrement enthousiasmé l'ambassadeur, il devait bien reconnaître que les manifestations culturelles de l'Empire pouvaient par moment se révéler purement brillantes.

L'opéra où devait avoir lieu le récital en l'honneur de la délégation aldérane était en fait un assemblage de structures flottantes. Une scène circulaire faite de bois exotique était amarrée au milieu du fleuve, tournant lentement sur son axe central. Des décors peints avec maestria en occupaient le centre, autour d'eux un large espace était dégagé pour que puisse se déplacer aussi bien musiciens que comédiens et encore autour de cette scène un large anneau abritait l'orchestre vêtu en ce jour pour moitié de tenues assadiennes et pour moitié de vêtements aldérans. Autour de la scène flottaient sept pavillons à étages d'où le public pouvait suivre l'action dans le plus grand confort. Afin de permettre à chaque spectateur de ne rien rater d'une représentation qui souvent se déroulait tout autour de la scène, des écrans géants avaient été subtilement incorporés à chaque pavillon et retransmettaient ce qui se passait sur scène face à celui ci de sorte que tous ceux présents puissent à tout moment voir la pièce ou le concert en cours sous sept angles différents. Des petites jonques individuelles enfin circulaient entre la scène et les autres pavillons d'où de riches nobles pouvaient observer le spectacle sans avoir à souffrir la présence d'autres.

Bien que Sirion n'eut pas été opposé à l'idée de s'installer dans une de ces petites embarcations, lui et tous les membres les plus importants de la délégation avaient en lieu et place été conviés sur le pavillon royal, le plus fastueux des sept.

La vaste loge où se trouvait le comte était meublée de pur bois massif et les de tapisseries traditionnelles. Un service complet d'esclaves assurait que tous les éventuels besoin des convives soient comblés mais l'ambassadeur eut la satisfaction de voir que la plupart des membres de sa délégation préféraient se servir eux même que de faire appel à ces pauvres créatures. Des lits couverts de velours étaient disposés près du balcon d'où l'on pourrait assister au spectacle. En premier lieu devait se tenir une pièce de théâtre assadienne sensée dépeindre l'origine mythique de la lignée des Fils du Soleil et Filles de la Terre suivit d'une interprétation de Délus, un grand classique du théâtre aldéran, par une troupe internationale et enfin le fameux récital de cette cantatrice aldérane dont on lui avait tant rabattu les oreilles. Grand amateur de théâtre, Sirion espérait ne pas être déçu par ce qu'il allait voir afin de conclure au mieux cette journée.

Alors que l'orchestre commençait sa symphonie, Sirion vérifia pour la dernière fois avant plusieurs heures son mini cogitateur. Les raids aériens aldérans avaient vaporisé la flotte de Vestus et l'intervention des cataphractaires avait été plus que suffisante pour stopper la colonne de blindés ennemis et les forcer à abandonner le territoire qu'ils avaient gagné. De plus des conseillers aldérans avaient prit en charge la direction d'une bonne part des troupes de la Couronne Elluane et de ses alliés, la situation devrait être rétablie sous peu et la Rhédalie n'avait pas osé s'investir plus avant et passer ainsi pour un agresseur qui aurait non seulement renié tout principe d'ingérence mais qui en outre se serait déclarée ouvertement hostile au domaine, lui fournissant un parfait casus belli.

-Aran mon cher, demanda l'ambassadeur au baron allongé dans le lit à côté de lui, comment s'est déroulé ton intervention, quels ont été les retour?

L'autre diplomate sourit franchement, n'hésitant pas à montrer sa satisfaction de lui même.

-La Coalition a confirmé qu'elle réprouvait la présence de volontaires étrangers appuyant la prise d'indépendance de Vetus, l'Union a refusé de reconnaître le nouveau gouvernement et a déclaré qu'Aldéran n'est intervenu que dans une affaire domestique et non pas planétaire et ne trouve rien à y redire. La guerre n'éclatera pas sur les terres d'Ellua.
-Parfait alors, il reste à espérer qu'une nouvelle crise n'éclatera pas dans l'immédiat.
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés Icon_minitimeMar 20 Nov 2012 - 20:41

J'avais presque oublié à quel point j'aime la géo-politique, merci Araxyrie...

Dis moi , "Empire Assadien" c'est inspiré de l'empire Akkadien avec une touche de... d'actualité politique ? ;)


Citation :
Voici un nouveau texte que l'inspiration m'a soufflé. Oui, ce n'est pas la suite de ce que j'ai déjà commencé, je sais mais bon, on ne contrôle pas toujours ce pour quoi on a des idées!
Tu veux dire que tu contrôle pas du tout, hein... Ne t'inquiète pas, je comprends. :o))

Citation :
On aurait pu les croire endormi mais il savait qu'il n'en était rien, une douzaine de gardiennes avaient veillé sur son sommeil depuis son arrivée sur ce monde et pas une n'avait cillé un instant dans l'accomplissement de sa tâche. Il ne pouvait qu'à peine les voir dans la pénombre et à demi masquées comme elles l'étaient par les ténèbres, on aurait put les prendre pour des statues.
... ou pour des Linciennes. :sarcastic:


Citation :
Âgé de soixante cinq ans comme l'était l'ambassadeur, la simple idée de toucher ces gamines le révoltait et leur quasi nudité l'incommodait au plus haut point
Andy, je sais que tu le sais, mais je te rappelle quand même que s'ils savent intellectuellement que 14 ans c'est un peu trop jeune pour copuler (quoiqu'en général le corps est à peu près mûr chez les filles de cet âge), la moyenne d'âge dans la classe aisée de l'Imperium est plutôt vers les trois siècles. Alors même avec quatre ans de plus, c'est toujours des gamines...


Citation :
Sous peu il devrait rejoindre le fils de la lumière et se soumettre à tout un cérémoniel pour simplement pouvoir demander l'accès au toilettes,
Rassure moi... C'est une exagération, hein ?

Citation :
Les premiers affrontement qui avaient vu s'opposer les deux armées impériales avaient ravagé le système capital d'Enlenthis d'où le gouverneur sectoriel ne put que regarder avec désespoir de parfaits étrangers se tailler des empires dans son domaine.
Ptdr quelle bande de konnards... Comme d'hab' le Munitorum fait une boulette.


Citation :
Le silence revenu, le premier à s'exprimer fut évidemment Aran qui, de par son rang de baron était l'un des plus éminents de ses conseillers, du moins lorsqu'il n'avait pas bu.
"Le silence revenu, le premier à s'exprimer fut évidemment Aran qui, de par son rang de baron était l'un des plus éminents de ses conseillers... du moins lorsqu'il n'avait pas bu."
OU
"Le silence revenu, le premier à s'exprimer fut évidemment Aran qui, de par son rang de baron était l'un des plus éminents de ses conseillers - du moins lorsqu'il n'avait pas bu !"

... ;)


Citation :
Néanmoins les locaux ne savent pas que nous avons d'or et déjà déployé des forces militaires à la surface pas plus qu'ils ne savent qu'un de nos vaisseaux est dans le système.
Pourquoi j'ai l'impression qu'au moins un des serviteurs déguisés en meuble / ventilo est un espion qui parle parfaitement la langue des aldérans ?! :rire:


A suivre...
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés Icon_minitimeMar 20 Nov 2012 - 20:46

Suite et fin de ce qui sera finalement un premier chapitre (prologue de cette taille, c'est un peu beaucoup à la réflexion ^^)


###########


La pièce commença à proprement parler par l'atterrissage d'une navette légère sur la scène, sensée représenter la première colonisation de Karala par les premiers assadiens six millénaires auparavant. Les acteurs en sortirent et interprétèrent de quelle manière les premiers rois et reines de cette planète firent un pacte avec les dieux nourriciers pour que toujours la crue des fleuves et la générosité des jungles assurent la survie du Peuple. L'histoire était en grande partie imprégnée de mythologie avec l'incarnation du Dieu Soleil, Empereur de l'Humanité intervenant comme un des personnages, dérobant la fille du premier roi et lui donnant des enfants destinés à régner. Les premiers conflits qu'eurent à gérer le premier Fils du Soleil et la première Fille de la Terre étaient pour leur part présentés comme l'affrontement de la lumière face aux créatures barbares nées des ténèbres. En y réfléchissant Sirion se dit qu'il s'agissait là peut être d'une allégorie d'un combat contre une race xénos primitive qui aurait existé à la surface avant la colonisation, ou peut être les traces d'un peuplement humain antérieur à la fondation...

La troupe qui donnait la représentation était assez talentueuse, malheureusement la pièce était donnée dans la variante de haut gothique spécifique à l'Assadie et l'ambassadeur ne la maitrisait pas encore assez bien pour pleinement profiter des instants poétiques. Il fut néanmoins plutôt satisfait de cette première représentation, il se releva sur son fauteuil alors qu'un rideau circulaire sortait des pourtours de la scène pour la masquer aux yeux des spectateurs et applaudit raisonnablement. Il remarqua la satisfaction du Fils du Soleil de le voir contenté par cette représentation, tant mieux! Si ce monarque désirait à ce point plaire à l'ambassade aldérane, cela ne pouvait qu'être bénéfique!

La délégation ainsi que la haute noblesse présente dans le pavillon royal prirent quelques instants pour discuter de ce à quoi ils venaient d'assister, commander quelque nourriture ou boisson ou s'éclipser le temps de soulager quelque besoin naturel. Sirion en particulier fut abordé par un local portant autour du cou un un lourd collier d'or ouvragé et il mit quelques instants à comprendre qu'il s'agissait là du propre petit frère du Fils du Soleil, héritier présomptif de l'Empire si il devait arriver malheur à son frère avant que la Fille de la Terre ne lui fournisse un héritier.

-Qu'avez vous pensé de cette représentation honorable représentant? demanda il.
-Et bien... Sirion pesa ses paroles, c'était là la première fois que j'assistais à une représentation de théâtre assadien et je dois avouer avoir été plutôt agréablement surpris, et les moyens étaient eux aussi tout à fait à la hauteur, est-ce là un exercice courant pour la capitale?
L'héritier souriait largement.

-Cela me fait plaisir de voir un autre amateur de théâtre! Malheureusement non, nous n'avons que très rarement droit à ce genre de représentations depuis quelques années, ma cousine, la Fille de la Terre estime que cela nous détourne du chemin tracé pour nous par les dieux et mon frère ne suis d'autres voies que celle tracée par son épouse ou par sa lubie du moment... Il m'a rit au nez lorsque je lui ait fait signaler qu'il n'avait pas remplacé le ministre de la culture de feu notre père.

Sirion garda le silence un instant. Si c'était un test, il était étrangement peu protocolaire pour cette nation!

-Nous sommes deux amateurs de théâtre, reprit Ralens l'héritier, je ne viens pas voir dans quelle mesure vous être prêt à baiser les pieds du Fils du Soleil, je n'aurais sans doute jamais ce titre et j'ai déjà bien du mal à devoir l'accorder à Khefren sans qu'en plus je veuille que les autres fassent de même. Je ne viens pas ici pour parler politique ou économie alors laissez vous aller!

Sirion laissa apparaître sur son visage un sourire suffisamment franc pour laisser croire qu'il tombait les masques.

-Et bien en ce cas nous n'avons qu'à parler avec honnêteté, souffla il, c'est une chose que nous autres Aldérans aimons particulièrement mais que nous autres diplomates ne pouvons malheureusement pas toujours mettre en œuvre!
-Parfait, donnez moi donc un avis plus construit sur la pièce que vous venez de voir!
-Hum, il faut que je m'habitue de nouveau à parler franchement! Je n'ai pas menti en disant que j'avais apprécié la représentation mais j'étais surpris par l'intégration de chants et de poème ainsi que de moments purement musicaux dans la pièce, d'autant que je n'ai pas put profiter de certaines de leurs subtilités.
-Nous sommes un peuple chantant ambassadeur, nos armées n'avancent pas au son des tambour mais sur les paroles de chants de marche, il est déjà arrivé que certaines déclaration à la cour fussent faite sous forme de long poèmes ou même de chanson, c'est une part intégrante de la culture des terres du soleil, la musique instrumentale est pour sa part bien plus présente dans l'éden du nord, les cités des jungles sont toujours baignées de musique.
-J'espère un jour avoir le temps de visiter les contrées du nord mais avec la guerre qui couve, je crains que ce ne soit pas avant longtemps...
-Seul le Soleil sait de quoi demain sera fait, je ne doute pas que vous aurez l'occasion de découvrir Quentyl et ses merveilles.

Alors qu'ils parlaient, le rideau s'éleva une nouvelle fois sur la scène, la cachant à la vue des spectateurs alors que les acteurs devaient y prendre place pour la représentation de Délus.

-Vous connaissez la troupe sur le point de passer?
-Assez bien oui, ils viennent de nombreux horizons et comptent partir pour une tournée hors monde prochainement.
-Ils sont bons?
-Excellent dans leur style même si je ne suis pas convaincu qu'il corresponde exactement à la tradition théâtrale aldérane, ils semblent d'inspiration assaréenne de ce que j'ai pu voir.
-Délus est une pièce assaréenne à l'origine bien qu'elle traite d'événements ayant eut lieu sur Aldéra et même si notre propagande le dément, l'école aldérane doit encore beaucoup à l'ancienne excellence assaréenne.

Le rideau se leva et Sirion commença à comprendre la portée de ce que venait de lui dire l'héritier.

-Ils sont d'inspiration assaréenne moderne... j'ai tenté d'expliquer que ce n'était guère convenant à mon frère mais il n'a rien voulu savoir...

Sirion se trouva un instant à court de mot, son âme de moraliste aldéran à moitié dégoutée mais il ne laissa néanmoins rien paraitre sur son visage.

-Il n'y a là pas d'offense, dit il en serrant les dents. Même dans le Domaine les troupes d'inspiration assaréenne moderne ont toujours un grand succès dans les cercles d'audition libéraux mais il est vrai que le choix reste discutable pour un hommage sensé être fait au conseil...

Assarée avait été pendant près de deux millénaires le centre culturel du Secteur Elonis, éclipsant par son raffinement et son dynamisme même la vielle capitale du domaine. La mode d'Aldéra se calquait sur celle des cités insulaires de cette planète paradisiaque, les spécialités culinaires développées à la surface étaient prisées sur chaque monde environnant et une bonne part du rayonnement non militaire du secteur reposait sur ce seul monde. Néanmoins, en tant que capitale du système Hypur, Assarée avait été parmi les premières planètes à faire sécession de l'Impérium et du Domaine lors de la rébellion linciane six siècles plus tôt.

Non seulement le monde avait trahit le domaine mais ce n'est qu'avec le temps que les aldérans se rendirent compte que son rayonnement lui avait permis pendant des décennies d'infecter leurs pensées. Des milliers de nobles ayant résidé plus ou moins longtemps sur Assarée avant qu'elle ne fasse sécession trahirent également leur serment envers le Conseil, on découvrit au sein des bandes d'artistes originaires de là bas et toujours en circulation dans le domaine un bon nombre de cellules hérétiques visant à répandre la corruption du chaos dans le cœur de leur public. Même après la fin de la guerre et que l'Empire Lincian ait réellement su imposer son indépendance, l'influence assaréenne continua à se faire sentir par le biais de la contrebande: les dernières robes crées sur cette planète se vendaient à prix d'or pour qui en avait les moyens, les romans assaréens continuaient à inonder les marché de même que des troupes de théâtre originaires de là bas continuaient à arpenter le domaine. Dans le même temps, un bon nombre de ce qui était devenu des traditions culturelles aldéranes se voyaient teinté opprobre dans un sens mais était aussi si bien accepté qu'il n'en rendait que plus difficile l'interdiction de nouveaux produits de cette planète. De fait, même quatre siècles après la rébellion, ce monde désormais perdu était vu dans l'inconscient collectif du domaine comme un paradis de culture et d'art et beaucoup se réclamaient de son héritage sans avoir jamais pu simplement poser les yeux sur ce monde.

Et apparemment cette influence se faisait sentir même en dehors du Secteur Elonis...



Cette deuxième représentation fut bien moins du goût de Sirion. Non pas que les acteurs fussent mauvais dans leur jeu mais voir un classique tel que Délus joué dans des tenues mêlant influences assaréennes modernes et folklore karalan avait quelque chose qui révoltait son coeur de patriote. Plus que cela, la pièce même semblait biaisée, l'interprétation qu'en avait fait la troupe, bien que ne modifiant pas le texte, donnait un tout nouveau sens à cette tragédie et ce n'était guère pour plaire à l'ambassadeur. Délus était l'histoire du haut maréchal Délus, engagé dans la répression de la fronde ginodine et découvrant parmi les comploteurs sa femme. Le haut maréchal d'alors se trouva déchiré entre la fidélité qu'il devait à sa moitié et celle qu'il devait au conseil, il finissait par se suicider après avoir personnellement mené l'assaut mettant un terme à la révolte et ayant coûté la vie à sa femme, désirant rejoindre son aimée son devoir désormais accomplit. Cette représentation avait pourtant donné l'impression que le lien entre Délus et son aimée tenait plus à leurs rapports physiques qu'à la fidélité que tout mari devait à sa femme, celle-ci apparaissait comme une opportuniste tentant de corrompre son mari pour saisir plus de pouvoir par l'entremise de la rébellion et celui-ci semblait avoir mit un terme à sa vie non pas pour retrouver son aimé mais par regret de ne pas avoir trahit.
Sirion ne parvenait pas à voir là où le texte avait été modifié, pourtant les intonations, le jeu de scène et les costumes... il détestait ces costumes! avaient suffit à transformer entièrement la pièce.

-Les résumés que j'avais lu de cette pièce ne correspondaient pas à cela, s'étonna Ralens. Ce genre de scénario me semble plus logique avec l'histoire actuelle aldéran qu'avec votre tradition culturelle générale, mais peut être fais-je erreur?

-Non mon jeune ami, ce que vous avez vu n'était pas Délus mais l'un des détournements de pièce les plus spectaculaire qu'il m'ait été donné de voir. C'est plus qu'un outrage, auriez vous un ministre de la culture, je l'accuserait d'insulte au Domaine et au Conseil aldéran.

Ralens sembla un instant quelque peu effrayé par la perspective. Il avait beau n'avoir que dix-sept ans, il semblait bien plus conscient des réalités d'un incident diplomatique que ne l'était son frère.

-Et bien soyons dès lors heureux qu'il n'y en a pas actuellement en poste, finit il par dire d'une voix peu assurée. Je m'excuse platement pour mon frère, il ne savait pas, comme je vous l'ait dit, les représentations culturelles l'ennuient au plus haut point.

En effet, le fils du soleil semblait s'ennuyer, du moins il s'était absenté et ne semblait pas devoir reparaitre dans l'immédiat.

-Aran, qu'en avez vous pensé?

Le comte se tourna vers le baron, désireux d'avoir l'avis d'un autre aldéran plus libéral que lui même.

-Une belle représentation de théâtre néo-assaréen, une claire insulte faite à l'honneur d'Aldéra. Serions nous dans le domaine, cette bande ferait son saut dès demain...
-Heureux de voir que nous sommes d'accord.
-Toute la délégation l'est ambassadeur, lui répondit on, Herun a quitté la salle il y a une demi heure quand il a vu que même le Fils du Soleil n'était plus là.

Sirion s'interrogea un instant sur où avait bien pu passer le seigneur de ces lieux. Était il conscient de l'affront qu'il avait fait subir à la délégation? Avait il eut une obligation gouvernementale? Cette hypothèse lui semblait moins que probable. Il envisagea un instant de quitter à son tour le théâtre, Aldéran comptait bien mettre la main sur ce monde mais ce n'était pas pour autant que le domaine accepterait une telle déviation d'un de ces classiques.

-Je m'excuse de nouveau au nom de mon frère, reprit Ralens, néanmoins, je ne doute pas que la dernière représentation sera beaucoup plus à votre goût. La chanteuse qui va se produire est récemment arrivée des terres de la coalition mais je regrette depuis lors de ne pas l'avoir connu plus tôt, je n'ai jamais de ma vie vu chanteuse plus talentueuse et en tant que native de votre secteur, je ne doute pas qu'elle saura autrement vous contenter.

Sirion ne se sentait plus particulièrement d'humeur à écouter de la musique mais ce fut cet instant qu'attendit le Fils du Soleil pour reparaitre. Il était entouré de deux gardes du corps patibulaires ainsi que de deux femme d'une grande beauté mais dont l'accoutrement laissait penser à des esclaves, l'idée qu'il ait put quitter un hommage fait au Domaine Aldéran mais qu'il ait néanmoins trouvé le moyen de s'entourer de ce genre de cour d'esclaves ne fit faire qu'un tour au sang de l'ambassadeur. Il se dirigea droit vers Khefren, la mine clairement hostile. Ses gardes dégainèrent en un instant leurs longues épées courbe mais le comte ne se laissa nullement intimidé, il était un envoyé diplomatique et un hôte originaire d'une puissance autrement plus grande que l'Empire Assadien, même ce jeune monarque n'oserait jamais lever la main contre lui.

-Khefren, j'aimerais parler avec vous en privée de cette... représentation...

L'une des deux esclaves s'avança devant le fils de la lumière. Elle était relativement petite et ses cheveux blonds assuraient qu'elle ne devait pas être originaire d'assadie, peut être une primitive des îles?

-Son excellence le Fils du Soleil tient à rappeler à l'honorable ambassadeur d'Aldéran que lui seul décide de s'adresser à une personne et que nul n'est en droit de l'interpeller sans en avoir reçu l'autorisation. Il est cependant prêt à vous entendre à condition que vous retiriez vos paroles de tantôt.
L'esclave parlait étonnamment bien le haut gothique. Le fait que le Fils du Soleil ait des servantes de ce genre et lui attribue malgré tout des guides et autres gardiennes incapables d'efficacement converser avec lui énerva encore plus le comte. Sirion se campa sur ses pieds, excédé.

-Je me tiens ici, représentant du Conseil Aldéran, seul régent du Secteur Elonis et dirigeant des armées et flottes de Belli Orba. Je suis venu sur ce monde, envoyé par ce Conseil afin d'assister sa majesté Khefren dans un combat que nous avons estimé juste contre le gouverneur indépendantiste Alun. J'ai accepté de courber la tête devant vous par respect pour votre lignée et pour l'autorité que vous représentez sur ce monde, j'ai engagé les forces armées qui m'avaient été confiées pour protéger ce que vous même n'avez su garantir, pour tout cela, j'exige de vous la reconnaissance du fait que votre planète entière n'est qu'insignifiante face à ce que j'incarne et qu'après votre opposition à votre gouverneur, la seule chose qui vous maintiendra sur le trône sera notre protection.

L'un des gardes du corps fit un pas en avant mais Sirion n'esquissa pas même un pas de recul. L'esclave blonde mit une main sur l'épaule du guerrier qui s'arrêta, lançant un regard au jeune monarque qui pour sa part ne semblait pas savoir comment réagir.

-Je me soumettrais à mille vices protocolaires, j'inclinerais la tête autant de fois que l'étiquette le demandera mais ne croyez aucunement que vous pouvez refuser de me parler lorsque j'en fait la demande.

La tribune entière était silencieuse. Les aldérans échangeaient des regards les uns avec les autres, certains amusés, d'autres peu sereins. Le jeune Atius avait eut la présence d'esprit d'entrer en communication avec la troupe de cataphractaires stationnés en ville par le biais de son cogitateur de poche. Les assadiens pour leur part n'avaient pas tous pleinement compris les paroles de Sirion qui s'était exprimé dans la variante aldérane du haut gothique mais leur air horrifié était suffisamment clair pour voir qu'ils avaient compris le sens général de ce qu'il venait d'annoncer.

-Le fils de la lumière...

L'esclave avait encore tenté de s'exprimer mais pour la première fois, les yeux bleu glacier de Sirion se fixèrent sur ses iris mauves et elle se tût instantanément.

-Je me fiche de ce qu'une esclave peut penser que son maître veut.

Il vit une lueur de défi un instant dans les yeux de la servante et sa main le démangea alors qu'il envisageait très clairement de la souffleter, elle finit néanmoins par s'incliner et fit un pas en arrière.

Khefren était toujours silencieux bien que sa lèvre inférieure vibra comme si les mots n'osaient sortir de sa bouche mais s'y précipitaient tout de même.

-Je vous demande encore une fois à pouvoir vous parler en privé. Refusez et je quitte ce lieu dans l'instant, nos troupes se replieront d'Ellua et nous vous laisserons gérer vos affaires jusqu'à ce que vous vous montriez mieux disposé.

L'ambassadeur prenait un risque, la situation de l'Empire n'était encore pas catastrophique avec la guerre n'ayant pas éclaté et le Fils du Soleil pouvait parfaitement décider de se passer de ses alliés quelques temps. Si, contrairement aux prévisions, ses troupes parvenaient à emporter le conflit, Aldéran aurait perdu sa chance de prise de contrôle planétaire.

-S... suivez moi, finit par dire le maître des lieux.

Sirion sourit en lui même et le suivit alors qu'une foule de conversations éclataient soudain parmi ceux présents dans la tribune. Tous deux montèrent vers une petite loge individuelle inoccupée où le Khefren eut la bonne idée de l'inviter à s'asseoir avant de le faire lui même.

Bien que visiblement éprouvé par la remontrance publique qu'il venait de subir, le jeune monarque tenta de reprendre un air royal.

-Puis-je savoir ce qui m'a valu une telle agression de la part d'un de mes supposés alliés? demanda il d'un air hostile.
-A l'insulte répond rarement le respect votre excellence, répondit Sirion d'un ton parfaitement calme.
-L'ins... quelle insulte ais-je donc lancé à la figure de votre honorable délégation?

Il ne s'en était pas même rendu compte...

-Avez vous apprécié la deuxième pièce de ce soir mon seigneur?
-Je... oui, la troupe était réellement excellente et la pièce d'une rare qualité... je crois. Un de vos classiques non?
-Un de nos classiques... en un sens. Votre frère m'a informé que vous n'étiez pas féru de théâtre, comment connaissez vous dès lors une pièce classique de la fin de M39?
-On me l'a recommandé. J'ai apprit qu'une troupe jouant des pièces classiques aldéranes était de passage par la capitale et je l'ai donc recruté pour une représentation de leur pièce la plus connue.
-Qui vous l'a recommandé?
-Je...
-Votre frère?
-Non, c'est...
-Votre femme?
-Non, Ahotep n'aime pas le théâtre hors monde.
-Qui alors?
-Je...
-Je veux que cette bande de prétendus artistes soient expulsés de la ville ce soir, que leur rémunération soit versée en dédommagement à la délégation aldérane et qu'ils aient quitté le pays d'ici une semaine au plus tard.
-Cela ne posera pas de problème, répondit Khefren en baissant les yeux.
-Merci pour votre coopération, grâce à elle, les relations entre le Domaine et l'Empire ne seront aucunement affectées par cette soirée. Veillez simplement à ne plus commettre d'impair de ce genre...
-Compris...

Sirion sentait que le Fils du Soleil lui en voulait, comme un enfant en veut à un adulte qui vient de le forcer à baisser les yeux. Il se releva sans lui accorder une grande importance mais juste avant de quitter la loge, il se retourna:

-Une dernière chose, pourquoi vous êtes vous absenté pendant la représentation?
-Je... j'avais des obligations... je suis revenu...

Il était rouge comme une pivoine, ce qui fit d'autant plus froncer les sourcils broussailleux de Sirion avant qu'il ne le laisse seul pour regagner le corps principal de la tribune où il rejoignit son lit. Ralens était en pleine discussion avec Aran. Les deux s'interrompirent lorsqu'ils le virent arriver. Ils avaient une mine étrangement rayonnante.

-Félicitation Sirion, lança Aran suffisamment bas pour que les étouffeurs présents dans toute la galerie empêchent tout autre personne qu'eux trois de l'entendre mais suffisamment fort pour montrer son contentement.
-Tu me félicite pour avoir quasiment insulté notre principal allié stratégique à la surface?
-Je te félicite pour avoir rappelé à ce mioche que l'aide d'Aldéran n'est pas gratuite, lui répondit le baron. Depuis notre arrivée nous somme si complaisants qu'il a pu penser un moment que nous étions ses serviteurs et non pas ses alliés et potentiels protecteurs, lui rafraichir la mémoire n'a pu qu'être bénéfique!
-Certes...

Sirion avait beau être content de lui même, il ne savait trop dire si il avait bien s'agit du jeu le plus fin à jouer...

-Même moi, ajouta Ralens, je dois avouer que j'ai apprécié de le voir ainsi rabaissé. Depuis sa naissance il a tellement été gavé de l'idée de son caractère exceptionnel qu'il lui arrive d'oublier qu'il est un simple humain. Seule son épouse, notre cousine, arrive plus ou moins à le forcer à garder une attitude convenable mais il supporte à peine de devoir subir son autorité, c'est en partie pour cela qu'elle passe le plus clair de son temps dans les jungles du nord... et n'ayez crainte, vous n'avez pas insulté votre principal allié à la surface, elle est votre principale alliée, Khefren n'aurait même pas eut l'idée de s'opposer au ralliement de Karala aux forces du seigneur militant si Ahotep ne lui avait pas forcé la main.

Ce jeune héritier manquait quelque peu de respect pour son aîné et suzerain mais dans l'instant, Sirion peinait à le blâmer, mieux, il était heureux de disposer de ce genre d'informateur.

Sur la scène la fameuse cantatrice avait prit place entourée de deux musicien et le silence s'imposait de nouveau sur l'opéra flottant.

-Une dernière question, demanda l'ambassadeur, avez vous idée de qui a put souffler à votre frère l'idée de choisir la pièce de tout à l'heure?
-Pas la moindre malheureusement.
-Et de pourquoi il s'est absenté?

Ralens resta silencieux un instant.

-Ce ne serait guère convenant de le dire...
Sirion le regarda avec insistance.
-Depuis quelques temps il fréquente une concubine, une intrigante arrivée dans le harem il y a moins de trois mois mais qui occupe désormais sa couche presque toutes les nuits... Je pense qu'elle l'a demandé un instant et qu'il n'a comme toujours pas su lui dire non...
-Qu'est ce qui vous fait dire ça?
-Et bien... elle n'était pas là au début de la représentation de ce soir mais il est revenu avec elle après son absence et elle est assise derrière lui sur son trône...

Sirion tourna le regard vers le trône du Fils du Soleil. Celui ci était en avant du reste de la tribune et il était difficile de réellement voir quoi que ce soit mais en effet, sur un des accoudoirs où reposait la main du monarque, on pouvait voir une longue mèche de cheveux blonds.



L'attention de tous se focalisa de nouveau sur la scène. Les trois artistes présent laissaient courir leurs doigts sur une araline à seize cordes, un vaste instrument aldéran remontant si l'on en croyait certains à une époque précédant la Grande Croisade. Les premières notes, harmonieuses s'élevèrent et malgré sa relative mauvaise humeur, Sirion accorda aux musiciens qu'ils savaient y faire.

Les trois différaient grandement par leur habillement. Le seul homme du groupe portait en effet un uniforme noir relevé par endroit de blanc comme il était de coutume pour les poètes aldérans. Sa chevelure châtain cendré coupée mi longue était retenue en arrière en un élégant catogan. De l'autre côté du trio se tenait une femme d'âge mur portant une robe sobre mais élégante du style vestimentaire moraliste qui avait fleuri dans certains cercles de la société aldérane. Elle devait avoir passé les soixante-dix quoi que les rides assez caractéristiques aux coins de ses yeux pouvaient laisser supposer qu'elle ait subit au moins un traitement rajuvénant, elle avait sans doute été très attrayantes dans sa jeunesse mais même ainsi elle gardait une certaine majesté, une beauté de vieille femme. Enfin, celle qui occupait le centre du trio ne laissait rien voir de son anatomie. Elle portait une robe intégralement noire quoi que toujours brodée de diverses arabesques grises à la mode aldérane. Sa chevelure était emprisonnée dans une série de voiles de soie bleue et un masque blanc venait dissimuler ses traits. Elle était ainsi revêtu de la tenue cérémonielle des jeunes filles non mariées et l'harmonie de son corps pouvait bien laisser croire qu'elle n'avait pas encore passé trente ans.

Les notes des aralines se firent entendre près d'une dizaine de minute, apaisant les cœurs mais nourrissant également l'envie d'en entendre un peu plus, néanmoins, Sirion était heureux de voir que tant par leurs tenues que par leur façon de tenir un concert, cette troupe respectait scrupuleusement les mœurs aldéranes des derniers siècles.

La joueuse du milieu finit par se lever de sa chaise, délaissant son instrument et s'avança d'un pas avant d'ouvrir la bouche.
Le premier son qu'elle émit, la première note que sa gorge laissa échapper, était d'une pureté telle que Sirion n'en avait entendu que par des enregistrements de très grandes cantatrices d'autrefois. Elle tint cette note une vingtaine de secondes, touchant l'âme de tous les spectateurs présents par la tristesse qu'elle véhiculait. Alors que ce son merveilleux s'éteignait, tous ceux présent retinrent leur souffle une seconde avant que ne commence réellement la Geste de l'Archange Solitaire.

La chanson ne dura qu'une vingtaine de minutes mais lorsqu'elle finit, Sirion en avait les larmes aux yeux et il lui avait semblé qu'un jour entier était passé tant les émotions avaient défilé dans son esprit durant ces quelques instants. Les accords d'aralines reprirent et la chanteuse prit un instant pour observer la foule, partageant à travers son masque comme un instant d'intimité avec ses spectateurs. Elle finit par reprendre une autre chanson, puis une autre à nouveau. Le souvenir qu'en garderait Sirion ne serait pas assez lucide pour qu'il puisse réellement tout distinguer. Après une quarantaine de minutes elle s'inclina face à son public et une ovation monta alors qu'elle se rasseyait à son instrument.

A son tour se leva le poète et il se mit à déclamer des vers parfois vieux de plusieurs millénaires, parfois de son fait ou du moins extraits de recueils qu'aucun membre de la délégation n'avait jamais lu. Sa prestation était bonne mais tous ne pouvaient s'empêcher de la comparer à celle de la jeune chanteuse et elle semblait ainsi bien fade. Le poète finit par se rasseoir et bien qu'il eut droit à quelques acclamations, celles ci furent plutôt discrètes. Enfin se leva l'aînée du groupe et elle partit dans d'autres chants aldérans qui, loin de pleurer l'abandon et l'amour impossible en appelaient à la joie de vivre, au remerciement des ancêtres, à la force et au courage. Sa voix était aussi forte que n'importe quelle autre et réellement belle, entrainante, pleine de vie malgré son âge. Ce ne furent pas des larmes qui coulèrent des yeux de Sirion cette fois mais un sourire qui finit par s'imposer sur ses lèvres. Lorsqu'elle en eut finit, un nouveau tonnerre d'applaudissements retentit et après s'être inclinée, la vieille femme resta debout alors que ses deux comparses se levaient à leur tour et que l'orchestre qui était resté silencieux presque deux heures se faisait de nouveau entendre, entamant l'hymne à la joie aldéran qui fut chanté tantôt à l'unisson, tantôt en canon et par moments en solo par les trois artistes qui en même temps évoluaient sur la scène avec grande grâce.

Lorsque tomba la dernière note, les acclamations atteignirent leur plus haut niveau dans cet opéra depuis peut être un siècle et les applaudissements continuèrent bien après que le rideau se soit levé.
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés Icon_minitimeMar 20 Nov 2012 - 20:54

Citation :
J'avais presque oublié à quel point j'aime la géo-politique, merci Araxyrie...

Dis moi , "Empire Assadien" c'est inspiré de l'empire Akkadien avec une touche de... d'actualité politique ? ;)

Et bien, l'Empire Assadien a plusieurs inspirations: un peu de culture précolombienne (on en verra plus par la suite), beaucoup d'egypte, un peu d'Impérium de Salla Secundus puis d'Arakkis, un zeste de mésopotamien... bref!


Citation :
Rassure moi... C'est une exagération, hein ?

C'est une exagération mais pour l'instant on a tout de même peu pu voir les soucis d'étiquette locales, en dehors de certaines situations comme celles de "détente" comme pour l'inspection et des troupes et le cas du conseil où la "divinité" du Fils du Soleil est temporairement mise de côté pour des raisons pratiques (Votre éminence, loin de moi l'idée de remettre en cause la pertinence de vos pensées les plus éclairées mais... vous n'y connaissez rien en économie! ><), il y a un protocole assez lourd à respecter en présence du Fils...

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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés Icon_minitimeMer 21 Nov 2012 - 17:11

Une nouvelle fic !

J'aime beaucoup, c'est original et intéressant.

Peut-être que cela vient que je l'ai lus récemment, mais je ne peux m'empêcher de penser au roman "Rien que l'Acier" de Richard Morgan, en particulier à l'évocation de l'empire et du Fils du Soleil.

C'est léger, c'est entraînant et assez détaillé et tu gagnes toujours plus en un je ne sais quoi qui rend tes textes de plus en plus plaisant à lire.

J'aime et j'attends impatiemment la suite.

Qui prends les paris sur l'incompétence future de l'empereur ? :noel:
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés Icon_minitimeMer 21 Nov 2012 - 18:45

@Jarlaxle : Je parie qu'il est compétent pour lever des nanas (tous les hommes de pouvoir le sont... :oui: mais ! c'est du délit d'initié c'que je fais là ! What a Face ).


Je constate, dans le second post, à quel point tu es contre les monarchies absolues non-méritocratiques. Le cadre de l'histoire et le fonctionnement de la monarchie Assadienne correspondent assez bien à 40k, néanmoins ne faudrait-il pas ajouter le titre de Haut-Roi au Fils du Soleil (si j'ai bien compris, c'est le potentat le plus puissant de sa planète) ?

Tout de même, le comte-ambassadeur ça lui ferait un choc d'être reçu en audience à la cour de Togenkyo...


Citation :
Le monarque trouvait en effet fastidieux de se rencontrer chaque jour alors que bien souvent les choses n'évoluaient qu'à la semaine. L'idée que sa nation soit actuellement en crise ne semblait toujours pas lui avoir effleurer l'esprit.
S'il avait un écran de contrôle style le jeux-vidéo "Mission Président", je t'assure que ça lui effleurerait l'esprit...
/me se souvient quand il a vu de ses propres yeux les USA devenir un empire Staliniste sur fond de Kalinka... :rire2:

Et puis, quelle présence d'esprit il a cet ambassadeur, je suis sûr que ça doit être utile pour sécher les cours... :P


Citation :
De plus des conseillers aldérans avaient prit en charge la direction d'une bonne part des troupes de la Couronne Elluane et de ses alliés, la situation devrait être rétablie sous peu et la Rhédalie n'avait pas osé s'investir plus avant et passer ainsi pour un agresseur qui aurait non seulement renié tout principe d'ingérence mais qui en outre se serait déclarée ouvertement hostile au domaine, lui fournissant un parfait casus belli.
En italique le casus belli, selon la coutume. ;)


Citation :
Suite et fin de ce qui sera finalement un premier chapitre (prologue de cette taille, c'est un peu beaucoup à la réflexion ^^)
Ouais, on a compris, Andy Chambers fonctionne à l'enthousiasme... O__o
Au fait, il n'y avait pas une nouvelle qui n'attendait plus qu'un post pour être complétée ? Tu vas voir, ça fais du bien quand c'est finit. :oui:


Citation :
L'histoire était en grande partie imprégnée de mythologie avec l'incarnation du Dieu Soleil, Empereur de l'Humanité intervenant comme un des personnages, dérobant la fille du premier roi et lui donnant des enfants destinés à régner.
Ouais, c'est tout lui ça... -_-'

Eh bah alors Melcor, finalement on sait toujours pas combien il y en a dans ton harem... :rire2:


Citation :
-Cela me fait plaisir de voir un autre amateur de théâtre! Malheureusement non, nous n'avons que très rarement droit à ce genre de représentations depuis quelques années, ma cousine, la Fille de la Terre estime que cela nous détourne du chemin tracé pour nous par les dieux et mon frère ne suis d'autres voies que celle tracée par son épouse ou par sa lubie du moment... Il m'a rit au nez lorsque je lui ait fait signaler qu'il n'avait pas remplacé le ministre de la culture de feu notre père.
La fille de la Terre est l'épouse du Fils du Soleil ? Si c'est le cas, je dois avouer que c'est bien pensé.
Mais dis moi, je croyais que tu n'étais guère intéressé par la Musique (ou alors est-ce par la composition ?) ? Peut être est-ce que tu le concède aux Assadiens...


Citation :
Dans le même temps, un bon nombre de ce qui était devenu des traditions culturelles aldéranes se voyaient teinté opprobre dans un sens mais était aussi si bien accepté qu'il n'en rendait que plus difficile l'interdiction de nouveaux produits de cette planète.
Ah! C'est la merde à cause de l'esprit consumériste, hein... Encore et toujours, l'Economie source de (presque) tous les maux.


Citation :
Sirion ne parvenait pas à voir là où le texte avait été modifié, pourtant les intonations, le jeu de scène et les costumes... il détestait ces costumes! avaient suffit à transformer entièrement la pièce.
Mon instinct d'inquisiteur sent la souillure du Chaos. Et en particulier celle de Tzeentch dans cette phrase confuse à laisser perplexe un pythagoricien. :P


Citation :
-Les résumés que j'avais lu de cette pièce ne correspondaient pas à cela, s'étonna Ralens. Ce genre de scénario me semble plus logique avec l'histoire actuelle aldéran qu'avec votre tradition culturelle générale, mais peut être fais-je erreur?

-Non mon jeune ami, ce que vous avez vu n'était pas Délus mais l'un des détournements de pièce les plus spectaculaire qu'il m'ait été donné de voir. C'est plus qu'un outrage, auriez vous un ministre de la culture, je l'accuserait d'insulte au Domaine et au Conseil aldéran.

Ralens sembla un instant quelque peu effrayé par la perspective. Il avait beau n'avoir que dix-sept ans, il semblait bien plus conscient des réalités d'un incident diplomatique que ne l'était son frère.
Oui, tu lui donne plus de "conversation" que son frère pour faire ressortir la différence d'intelligence entre eux. C'est assez bien rendu, j'estime.


Citation :
La tribune entière était silencieuse. Les aldérans échangeaient des regards les uns avec les autres, certains amusés, d'autres peu sereins. Le jeune Atius avait eut la présence d'esprit d'entrer en communication avec la troupe de cataphractaires stationnés en ville par le biais de son cogitateur de poche. Les assadiens pour leur part n'avaient pas tous pleinement compris les paroles de Sirion qui s'était exprimé dans la variante aldérane du haut gothique mais leur air horrifié était suffisamment clair pour voir qu'ils avaient compris le sens général de ce qu'il venait d'annoncer.
Normalement, le Haut Gothique est une langue standardisée, par opposition au Bas-Gothique qui est plus régionnal. Il ne devrait pas y avoir plus d'écarts entre le Haut Gothique de tel ou tel endroit de l'Imperium qu'il n'y en a entre l'Anglais et l'Américain. ;)


Citation :
L'esclave avait encore tenté de s'exprimer mais pour la première fois, les yeux bleu glacier de Sirion se fixèrent sur ses iris mauves et elle se tût instantanément.
Psst... Si tu veux préserver le secret de sa confession Slaaneshite ou du moins appaiser le doute des lecteurs, change la couleur des iris. C'est vrai que c'est loin d'être une couleur anodine dans l'Imperium (assez courrant chez les psykers, et chez Abnet la plupart des Cadiens ont des yeux mauves ou violets je sais plus) mais bon, il suffit d'être un peu habitué à tes écrits pour le voir venir, et avec du mauve démonette, ça confirme les soupçons un peu trop.


Citation :
Sirion sentait que le Fils du Soleil lui en voulait, comme un enfant en veut à un adulte qui vient de le forcer à baisser les yeux. Il se releva sans lui accorder une grande importance mais juste avant de quitter la loge, il se retourna:

-Une dernière chose, pourquoi vous êtes vous absenté pendant la représentation?
-Je... j'avais des obligations... je suis revenu...
Normal qu'il lui en veuille, le ton sur lequel il parle pendant la conversation privée est très agressif. On sent clairement le conquérant étranger venu civiliser les barbares...
Pour atténuer un peu ça (si tu le souhaite, et au passage donner un peu de caractère au Fils du Soleil), je te conseil un simple ajout : "Sirion". Après tout, c'est lui qui a proposé de se faire appeller par son prénom, alors le Fils du Soeil n'a qu'à le faire, juste pour montrer qu'il ne cède pas plus que ce qui est du ressort de la Raison, et non qu'il se laisse intimider ou commander.
Petite anecdote qui pourrait t'aider : Il y a longtemps, j'avais vu le film "Anna et le Roi" (1999), à un moment le Roi (du Siam si je me souviens bien) est obligé de juger l'une de ses concubines qui a déserté le harem pour se faire nonne, avec un ancien amant qui a décidé de devenir moine (ils le font pour, par sentiment plutôt que par obligation légale, ne pas trahir le Roi). Anna, la tutrice occidentale des princes et princesses, est d'abord choquée par l'arrestation et cri en publique qu'elle en parlera au Roi... Ce qui implique, incidieusement, qu'elle veut lui "ordonner" de prendre telle décision... Ce qui oblige indirectement le Roi à prendre la seule autre possible : exécution.


Citation :
Elle devait avoir passé les soixante-dix quoi que les rides assez caractéristiques aux coins de ses yeux pouvaient laisser supposer qu'elle ait subit au moins un traitement rajuvénant, elle avait sans doute été très attrayantes dans sa jeunesse mais même ainsi elle gardait une certaine majesté, une beauté de vieille femme.
Avec les traitements réjuvenants Impériaux, elle devrait plutôt avoir l'air d'avoir entre trente et quarante ans, si dans la réalité elle en a 70+. Pour laisser comme ça, je te conseille d'arrondir à environ 100 ans. Si c'est une cantatrice réputé comme elle semble l'être, elle devrait avoir les moyens d'entretenir son corps et sa jeunesse.


Citation :
La joueuse du milieu finit par se lever de sa chaise, délaissant son instrument et s'avança d'un pas avant d'ouvrir la bouche.
Le premier son qu'elle émit, la première note que sa gorge laissa échapper, était d'une pureté telle que Sirion n'en avait entendu que par des enregistrements de très grandes cantatrices d'autrefois. Elle tint cette note une vingtaine de secondes, touchant l'âme de tous les spectateurs présents par la tristesse qu'elle véhiculait. Alors que ce son merveilleux s'éteignait, tous ceux présent retinrent leur souffle une seconde avant que ne commence réellement la Geste de l'Archange Solitaire.
Merveilleux. :oui:
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés Icon_minitimeMer 21 Nov 2012 - 21:05

Grima--->
Citation :
J'aime beaucoup personnellement. Le style est fluide et la lecture m'a été agréable. :oui:
Jar--->
Citation :
J'aime et j'attends impatiemment la suite.

Merci à vous deux, ça fait chaud au cœur :)


Tenka--->

Citation :

Je constate, dans le second post, à quel point tu es contre les monarchies absolues non-méritocratiques. Le cadre de l'histoire et le fonctionnement de la monarchie Assadienne correspondent assez bien à 40k, néanmoins ne faudrait-il pas ajouter le titre de Haut-Roi au Fils du Soleil (si j'ai bien compris, c'est le potentat le plus puissant de sa planète) ?

Justement non: il y a plusieurs états à la surface dont les plus puissants sont L'Empire Assadien mais aussi la République de Rhédalie, l'Union Eubastéenne et la Coalition Eradienne, aucune de ces nations n'en domine une autre même si l'Empire Assadien est reconnu comme la plus puissante suivit de la République de Rhédalie. Il y a aussi, à l'extrême sud un territoire simplement nommé les Marches Impériales qui abrite le gros des agents de l'administratum, du munitorum et des autres instances impériales et qui est dirigée par un adeptes supérieur ayant le titre de gouverneur planétaire. Le gouverneur planétaire n'est jamais issu d'une élite d'une des nations dominantes afin d'éviter les abus en faveur d'une nation ou l'autre.


Citation :
La fille de la Terre est l'épouse du Fils du Soleil ? Si c'est le cas, je dois avouer que c'est bien pensé.
Mais dis moi, je croyais que tu n'étais guère intéressé par la Musique (ou alors est-ce par la composition ?) ? Peut être est-ce que tu le concède aux Assadiens...

Je ne suis non plus pas très intéressé par la mode, je n'en fait pas moins parfois des efforts pour tenter de décrire l'habillement de tel ou tel personnage.


Citation :
Normalement, le Haut Gothique est une langue standardisée, par opposition au Bas-Gothique qui est plus régionnal. Il ne devrait pas y avoir plus d'écarts entre le Haut Gothique de tel ou tel endroit de l'Imperium qu'il n'y en a entre l'Anglais et l'Américain. ;)

Qu'une langue parlée sur plus d'un million de mondes durant plus de dix mille ans reste uniforme me semble un pur non sens. Il suffit de regarder le latin: celui d'étude et celui de cérémonie (parlé au vatican) diffèrent sur plusieurs points alors qu'ils n'ont été séparés que quelques siècles. Un catalan ne comprendra pas tout ce que dira un espagnol et pourtant les deux vivent dans le même pays de même que l'on fait tous leurs ancêtres sur une vingtaine de générations.



Citation :
Psst... Si tu veux préserver le secret de sa confession Slaaneshite ou du moins appaiser le doute des lecteurs, change la couleur des iris. C'est vrai que c'est loin d'être une couleur anodine dans l'Imperium (assez courrant chez les psykers, et chez Abnet la plupart des Cadiens ont des yeux mauves ou violets je sais plus) mais bon, il suffit d'être un peu habitué à tes écrits pour le voir venir, et avec du mauve démonette, ça confirme les soupçons un peu trop.

Ou peut être que j'utilise mes codes habituels pour attirer l'attention là où elle n'a pas lieu d'être, c'est aussi une possibilité =p



Citation :
Pour atténuer un peu ça (si tu le souhaite, et au passage donner un peu de caractère au Fils du Soleil), je te conseil un simple ajout : "Sirion". Après tout, c'est lui qui a proposé de se faire appeller par son prénom, alors le Fils du Soeil n'a qu'à le faire, juste pour montrer qu'il ne cède pas plus que ce qui est du ressort de la Raison, et non qu'il se laisse intimider ou commander.

Appeler un aldéran par son prénom n'est pas toujours une insulte, au contraire l'appeler par son nom de famille peut être une insulte faite à la famille en question.
Le chef de famille peut être appelé par son nom de famille seul, le chef de famille étant, pour une génération de majeurs, le plus âgé enfant impair n'ayant pas donné sa main et toujours en vie ou par défaut le plus âgé enfant pair en vie. Tout aldéran peut pour le reste être nommé par son titre, quel que soit son ordre de naissance et doit sinon être appelé par son prénom, éventuellement accompagné de son nom de famille si cela peut prêter à confusion sans cela. Appeler par son nom de famille un non chef de famille revient à réduire l'entité familiale à un individus: un insulte.
Bref!



Citation :
Avec les traitements réjuvenants Impériaux, elle devrait plutôt avoir l'air d'avoir entre trente et quarante ans, si dans la réalité elle en a 70+. Pour laisser comme ça, je te conseille d'arrondir à environ 100 ans. Si c'est une cantatrice réputé comme elle semble l'être, elle devrait avoir les moyens d'entretenir son corps et sa jeunesse.

Les traitements rajuvénants peuvent retarder le vieillissement ou a rétablir la jeunesse, pour celle là on sait qu'elle a l'apparence de soixante dix ans et plus, ce qui peut signifier soit qu'elle est en manque de juvénat, soit qu'elle a décidé de vieillir ou de stabiliser son âge à ce alentours, soit qu'elle est trèèèèèès vieille, on n'en sait pas plus pour le moment ;)
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Arax, Inquisiteur
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés Icon_minitimeMer 21 Nov 2012 - 21:44

Chapitre deux: Souvenirs et préparatifs


La minuit était passée mais comme de coutume dans les terres du soleil, l'activité perdurait en profitant des températures bien plus douce qu'en plein jour. Au terme des représentations et du concert avait été organisé une courte réception sur le navire personnel du Fils du Soleil. Une trentaine d'invités seulement avaient été conviés afin de permettre à la fine fleur de la noblesse assadienne de rencontrer un peu plus la délégation aldérane ainsi que les artistes de tantôt, bien que la troupe ayant interprété Délus n'ait, étrangement, pas été invitée.

Pour sa part, la chanteuse n'avait aucune envie de se trouver noyée par des admirateurs, si peu nombreux fussent ils.

Elle avait bien accepté les félicitations d'une demi douzaine de locaux lorsqu'elle avait récupéré quelques toasts pour se requinquer après sa prestation de plusieurs heures, de même elle avait échangé deux mots avec le maître de ces lieux lorsque celui-ci avait été quasiment trainé vers elle par celle qui pourtant n'était supposé n'être que son esclave et qui tenait absolument à la voir, mais elle avait surtout su profiter du premier instant inattention de ses interlocuteurs pour se défiler sur un balcon. Elle n'était venue que pour rendre hommage à la délégation venue de son secteur natal et il n'y avait qu'une personne dans cette salle avec qui elle était donc tenue de parler. Se voir ainsi présentée à la noblesse comme un simple artifice du fait de sa voix lui rappelait étrangement une autre journée, celle qui avait représenté le tournant de sa vie.



Le monde lui paraissait bien plus vaste à l'époque, peut être parce qu'elle était plus petite mais peut être aussi parce qu'elle le peuplait alors de ses rêves pleins de lumière et que cette clarté donnait l'impression de beaucoup plus d'espace que les ombres présentes partout dans son monde présent.
Elle se trouvait ce jour là sur une station spatiale privée, l'un des deux derniers joyaux de l'empire familial à en croire son père, la preuve d'un passé glorieux qu'un chef de famille n'aurait concédé à abandonner qu'en tout dernier recours. Toujours selon ses parents, elle était l'autre joyau demeurant en leur possession et, étant bien plus dispensable que cette station, ils avaient organisé cette journée pour la vendre au plus offrant.

Une bonne part de la haute noblesse de Tularis Prime avait été invitée pour cette réception. Partout où portait son regard, elle ne voyait que soies et velours, brocards et brandebourgs. La duchesse était venue accompagnée de son mari et de ses deux fils. D'autres enfants étaient présents, la plupart portant des uniformes de jeunesse pour les nés pairs, des vestes croisés et pantalons doux pour les garçons et longues robes de virginité pour les filles nés impairs.

Pour sa part, elle se sentait nue alors, portant une robe de soie dissimulant à peine les courbes naissantes de ses douze ans, en talons haut rendant la marche peu pratique et avec ses cheveux arrangés en une longue tresse tombant dans le creux de son dos dégagé. Si elle en avait eut la possibilité, elle se serait réfugiée dans sa chambre pour se dissimuler sous ses couvertures, au lieu de cela, elle devait subir le regard inquisiteur des parents auxquels ses propres géniteurs tentaient de la confier.

-Chérie, s'était exclamée sa mère, veux tu bien venir te présenter au baron Bilos?

Elle s'était avancé avec dignité, gardant bien les bras le long de son corps, gonflant la poitrine et ondulant des hanches tout en refoulant l'envie quasi irrépressible qu'elle avait de couvrir tout ce qu'elle pouvait de son corps de ses mains.

-Comme vous le voyez baron, avait continué sa mère, ma fille est déjà une beauté malgré ses simple douze ans, je ne doute pas que votre fils saurait jouir d'une épouse si charmante lorsque viendra pour lui l'heure de gérer les affaires mondaines liées au rang qui lui reviendra.

Elle était resté immobile, tentant de toutes ses forces de s'imaginer autre part lorsque le baron avait fait quelques pas autour d'elle pour l'observer comme guère mieux qu'une pièce de viande sur un marché.

-Elle est en effet bien faite de sa personne mais sera elle une bonne épouse pour un baron? L'apparence ne fait pas tout.
-Bien évidemment s'était empressé de répondre sa mère. Mais ma fille est habile dans bien d'autres domaines, elle est très assidue dans ses études et dispose d'une magnifique voix. Mon cœur, voudrais tu bien chanter quelque-chose au baron?

Elle n'en avait aucune envie, elle avait la gorge nouée et envie de pleurer, elle avait envie de fuir mais elle ne savait vers qui entre son père qui du côté du buffet commençait déjà son huitième verre de la soirée et cette mère qui la regardait d'un air menaçant, lui signifiant clairement que si elle ne chantait pas à l'instant, le châtiment qui suivrait serait bien sévère.

Aussi, comme toujours depuis les quelques malheureuses années où elle était en âge de comprendre sa situation, elle avait fait la seule chose possible: elle avait fuit en avant.

Les premières notes qui s'étaient échappées d'elle étaient timides mais bien vite elle ferma les yeux et en s'abandonnant au chant, elle sut un instant s'enfuir du monde qui l'entourait. Quand elle revint, à la fin de la chanson, le silence était parfait dans le vaste atrium de la station et si tous restèrent silencieux après sa prestation, les applaudissements ne tardèrent pas, dignes et contrôlés comme il se devait de la part d'Aldérans mais tout de même assez abondants pour la faire rougir. Elle s'était perdue en courbettes et dans un flot de congratulations de mille personnes qu'elle n'avait jamais vu auparavant. Elle finit par être conduite comme dans un rêve par sa mère à l'estrade où l'attendait son piano et son araline, elle joua des deux avec tout le talent qu'elle avait pu emmagasiner au cours des dernières années et bien que les trois fausses notes qu'elle laissa échapper sonnèrent si fort à ses oreilles qu'elle s'en souvint encore quatorze ans plus tard. Elle avait de nouveau été applaudit. Elle avait un instant eut peur qu'on eut exigé d'elle une nouvelle prestation, une démonstration de rhétorique, une déclamation de poème ou quoi que ce soit d'autre mais en lieu et place, on appelât à table et elle s'était alors autorisé un soupir de soulagement. C'était également à ce moment là que...



-Je ne vous dérange pas?

La chanteuse battit un instant des paupières avant de se retourner face à celui qui venait de lui adresser la parole. Relativement grand, le corps svelte mais loin d'être musclé, sa chevelure poivre et sel laissait présager d'un âge relativement avancé mais surtout d'un certain dédain pour les technologies rajuvénantes. Il avait un visage aux traits assez anguleux avec de larges sourcils broussailleux et des yeux bleu profond qui paraissaient presque noirs dans les ténèbres du soir.

Elle se préparait à débiter quelques banalité en vue de l'envoyer paitre lorsqu'elle remarqua l'aile d'or blanc accroché au revers de sa veste le désignant comme l'ambassadeur aldéran à la surface.

-Une native du Domaine n'est jamais dérangée par la venue d'un représentant du Conseil, dit elle avec une révérence.

L'homme sourit, non pas le sourire de celui heureux de voir son titre reconnu ou de voir d'autres s'incliner devant lui mais bien le sourire de celui conscient que les hommages qu'on lui témoignaient dépassaient parfois quelque peu son simple mérite.

-Ce n'est pas à vous de vous incliner ce soir madame, répondit il, mais plutôt à moi de vous témoigner mon grand respect pour votre talent.

Elle ne rougit nullement face au compliment pas plus qu'elle ne changea son expression, cependant il était bien incapable de le voir, dissimulée comme elle était derrière son masque.

-Considérons alors que ni l'un ni l'autre ne nous devons pour le moment de témoigner d'une déférence toute particulière, je suis lasse des compliments, si je le pouvais j'aurais déjà rejoint mon hôtel.

Il vint la rejoindre près de la rambarde et s'y accouda, son regard se perdant dans les méandres du fleuve qui remontait vers les terres à travers les lumières de la capitale.

-Vous logez dans le quartier du palais? demanda il poliment.
-Non, lui fut il répondu, je n'ai pas les moyens de payer au quotidien une chambre par ici, je suis logée dans la vieille ville à défaut de trouver des solutions temporaires.

Elle n'avait nulle honte de parler de sa situation financière, depuis le temps, elle avait apprit qu'avec sa situation, la morgue n'était plus un luxe qu'elle pouvait se permettre en toute situation.

-Pourtant votre habillement de ce soir doit à lui seul valoir de quoi vous loger plusieurs semaines dans une des meilleures résidence des environs, dit l'ambassadeur qui la détaillait du regard.
-Une artiste telle que moi a la chance de parfois bénéficier de cadeaux de quelques généreux donateurs, néanmoins j'ai appris avec le temps que les cadeaux pouvaient apparaître aussi soudainement que leur source pouvait se tarir, dès lors il convient de ne pas gaspiller son avoir lorsque l'on ne peut être certain de son renouvellement.

L'homme eut un léger sourire.

-Il m'arrive parfois d'oublier que les frais de tous ne sont pas nécessairement couverts par une ambassade. Puis-je néanmoins savoir comment vous avez alors pu paraitre vêtue d'une robe de demoiselle de Fasal 768? J'ai acheté la même à ma fille il y a... longtemps et non seulement un tel bien est cher mais il est également d'une certaine rareté.
-Je voulais faire honneur à ma patrie, répondit elle d'une voix plus basse que celle qu'elle avait eut jusqu'alors. Je n'ai jamais eu l'occasion de me marier et il est probable que cela ne m'arrivera jamais, dès lors ma tenue se devait en accord avec ma situation pour une telle représentation officielle.
-Cela ne m'explique pas la provenance de la robe.

La chanteuse resta silencieuse un instant.

-J'ai voyagé un moment avec la sixième flotte du domaine, un de ses officiers m'a donné cette robe en disant regretter ne pas avoir de fille à qui l'offrir.

Ce fut au tour de l'ambassadeur de rester silencieux un instant.

-Vous êtes bien curieux monsieur, je dois tout de même vous le dire, lui dit elle d'un ton enjoué, mais il est plaisant de voir que parfois les hommes s'interrogent sur le pourquoi d'une chose plutôt que de simplement l'observer et la juger dans l'instant.
-En parlant de pourquoi, répondit le comte, que faites vous donc en dehors du domaine sur un monde en proie au désordre?
-Je suis malchanceuse, dirons nous, répondit elle du même ton enjoué, mais si vous tenez tant à en savoir plus sur moi, que diriez vous de m'inviter à un restaurant prochainement? C'est ce que font la plupart des autres hommes qui désirent discuter avec une femme plutôt que de l'entretenir dehors au milieu de la nuit alors qu'elle s'endort à moitié!

De nouveau, un sourire effleura les lèvres de l'ambassadeur.

-Et bien, retrouvez moi à la Barque de la Nuit, demain... ou plutôt ce soir, à... neuf heures?
-Parfait ambassadeur, je me réjouis par avance de notre rencontre.

L'homme se détourna et la laissa de nouveau seul dans la nuit. Elle l'observa alors qu'il partait, mémorisant ce personnage et souriant en elle même que la rencontre se soit passée ainsi qu'elle l'avait prévu. Alors qu'il était sur le point de passer la porte il se retourna.

-Je ne connais toujours pas votre nom.
-Ni moi le votre, répondit elle quoi que ce fut là un mensonge. Mais mes parents m'ont nommé Gaïa, première fille et dernière représentante de la Maison Julis.



Première et dernière représentante... cette déclaration était vraie en un sens mais avait aussi perdu une grande part de sa signification en ce soir si crucial.

Un serviteur était entré dans la salle alors qu'elle finissait sa prestation musicale et alors qu'elle descendait de l'estrade, elle l'avait entendu dire à sa mère qu'un vaisseau non identifié approchait de la station. Celle ci lui avait dit qu'il s'agissait là d'affaires de gardes et non de maîtres, inconsciente que son destin la rattrapait à bord de cette navette. Elle avait ensuite été interrogé par le fameux baron.

-Sais tu qui je suis jeune fille?

Elle savait de quoi il avait l'air en tout cas avec ses presque deux mètres et ses favoris abondants entourant un regard peu avenant. Elle le terrifiait mais l'idée de ce que sa mère lui ferait subir si elle se débinait suffisait à juguler cette peur.

-Vous êtes le baron Bilos, suzerain du comté de Malès, reconnu pour sa production industrielle de produit domestique à travers tout le sous secteur. Vous descendez de Bérénice Bilos, ancienne duchesse de Tularis et votre famille est toujours vue comme la seule éventualité à celle de la duchesse Irène si le titre devait flotter.

Elle connaissait de nom et d'histoire toutes les familles de Tularis à défaut de connaître de visage leurs représentants. Sa mère avait bien insisté pour qu'elle les apprenne afin de maximiser ses chances d'être acceptée comme épouse.

-Sais tu ce qu'épouser mon premier fils signifierait pour toi?
-Je lui devrais une éternelle fidélité et un éternel amour, je porterais et élèverais ses enfants, tiendrais en ordre sa maison en son absence...

Le baron fronça les sourcils.

-Je me moque de tout cela, je veux savoir si tu es consciente de ce que signifie ce mariage vis à vis de tes droits?

Elle était restée silencieuse un instant. Elle savait depuis longtemps que tel était son destin mais devoir l'exprimer à haute voix, se dire qu'il allait se réaliser sous peu lui nouait tout de même la gorge.

-Je... finit elle par dire, je renoncerais à mes droits de première fille, mes enfants seront de votre maison et non de la mienne, si mes parents doivent avoir un troisième enfant, il deviendra héritier de tous leurs biens et à défaut, à leur mort, les biens de ma famille reviendront à mon époux...


Les Julis avaient à une époque connu leur heure de gloire, s'élevant au titre de comte vers le milieu de M41, néanmoins leur déchéance avait été bien plus rapide que leur ascension. Le frère ainé du grand père de la jeune fille avait été prit à comploter contre son duc, espérant usurper sa place, il y avait perdu la vie et son frère cadet avait hérité de la maison privée de son titre le plus glorieux. Les branches mineures de la famille s'étaient, les unes après les autres, éteintes ou avaient gagné un prestige suffisant pour s'élever et devenir pleinement indépendantes. Lorsque son père était arrivé à la tête de la famille, il avait été contraint d'épouser une cinquième fille de la très petite noblesse pour obtenir un soutien financier de la part de son beau père mais il avait par la suite sombré dans l'alcool et les dernières affaires de la famille avaient coulé. Sa mère, dont sa naissance aurait du lui interdire à jamais d'accéder aux plus hautes sphères d'une maison vielle de plusieurs millénaires avait tout fait pour redresser la situation familiale mais son statut d'épouse et non d'épousée lui interdisait de s'opposer à son mari lorsque celui-ci jouait le dernier pécule qu'il restait dans les coffres.

Lorsqu'elle était venue au monde, la main de la future chanteuse n'aurait pas intéressé les cinquième fils de bien des familles.

La tradition de mariage Aldérane différait de bien des mondes de l'Impérium. Le premier enfant d'une famille aldérane était destiné à hériter du gros des possessions de ses parents, les enfants pairs pour leur part devaient entrer au service de l'armée et ne pouvaient hériter qu'en de rares cas, si à la mort de leurs parents ils étaient les ainés toujours en vie et avaient finit leur service militaire, et avaient donc dépassé les quatre-vingt-dix ans. Les troisièmes enfants et les autres impairs n'avaient ainsi que peu de chance d'hériter des biens de leurs parents. Néanmoins arrivait là le rôle du mariage.

Un mariage était toujours demandé par une des deux parties, le parti du futur époux ou de la future épouse proposait un mariage à celui du ou de la future épousé, les époux renonçaient par le mariage à leurs droits familiaux aux profit de leurs épousés mais en échange étaient adoptés par leurs nouvelles familles qui pourviendrait à leur besoins, le parti de l'épousé versait de plus traditionnellement une certaine somme ou prenait un certain nombre d'engagements à l'égard de la famille de l'époux. Ce système voulait ainsi que les premiers enfants soient épousés et que les enfants suivants épousent, cependant, dans de rares situations, une famille se trouvait contrainte à marier son premier enfant. Cela pouvait être fait par des parents n'aimant pas leurs premiers nés et désirant faire hériter les suivants mais dans le cas présent, il n'y avait pas d'enfants suivant... dès lors à moins que les parents Julis n'aient deux enfants avant leur décès, la totalité de leurs possessions reviendraient à leur mort aux derniers membres de la famille avant épousailles ou prise d'indépendance de la branche familiale: aux époux de la jeune fille à la recherche d'un mari en cette soirée.

Il était ainsi très rare qu'une famille désire marier son unique enfant d'autant que les contrats de mariage dans une telle situation leur interdisait bien souvent de concevoir trop rapidement des enfants, la famille Julis voulait faire un investissement sur l'avenir et son dernier enfant en était la garantie.


-J'imagine que cette situation doit être particulièrement dure pour toi, avait dit le baron un ton plus bas que ses paroles précédente.

La jeune fille avait senti les larmes lui monter aux yeux mais elle les avait refoulé rageusement.

-Je ne... mes par... je...

Une larme avait coulé le long de sa joue sans qu'elle ne puisse la rappeler alors qu'elle ne parvenait à formuler de phrase ayant du sens.

-Je te comprends, répondit le baron, tu dois te montrer forte. Ta mère ne le sait pas encore mais j'envisage très sérieusement son offre, si tout va bien, d'ici quatre ans, quand tu sera en âge de te marier, tu épouseras mon fils et tu pourra quitter cette famille sur le déclin.

Un instant un sourire avait traversé le visage du baron, le rendant un peu moins effrayant et elle lui avait répondu par un sourire timide mais sincère. Alors que les autres convives se dirigeaient vers la salle à manger elle était restée en arrière, s'isolant un instant et s'autorisant enfin à pleurer. Elle aurait voulu avoir quatre ans de plus, et déjà pouvoir demander la main du fil du baron, s'échapper des griffes de sa mère et ne plus jamais avoir à voir son père se déshonorer. Elle aurait voulu que survienne un cataphractaire comme dans les contes de son enfance trop courte et qu'il la conduise dans les étoiles où elle aurait pu tisser en pensant à lui tandis qu'il se couvrait de gloire sur le champs de bataille. Elle aurait voulu vivre un rêve mais elle ne savait pas alors que rien ne les différenciaient des cauchemars et que son vœux allait se réaliser sous peu.


Elle venait de rejoindre la table, ses larmes séchées, lorsque retentit une élégante sonnerie annonçant une brèche de sécurité mineure. Son père voulut se lever de son siège pour rassurer les convives mais son regard était déjà vague et sa mère le retint, se levant à sa place. Elle allait commencer à parler lorsque la sonnerie changea pour devenir une sirène annonçant la présence d'hostiles sur la station.

Un brouhaha incompréhensible s'empara immédiatement toute l'assemblée mais sa mère sut rétablir le silence alors que quelques gardes entraient dans la salle, refermant les lourds battants de bois derrière eux.

-Mes amis, annonça la maitresse des lieux, n'ayez crainte. On m'a annoncé il y a quelques minutes l'approche d'une navette non identifiée, tout cela ne doit être qu'un terrible malentendu!

Les conversations reprirent, un peu moins enfiévrées et la jeune fille voulut regarder dehors comme si elle pourrait voir à travers les baies vitrées de la grande salle les fameux intrus. Pour la première fois de la soirée, son rêve devint réalité car elle vit un scintillement dans l'immensité du vide qui rapidement grandit pour devenir une petite navette aux angles agressifs décorée d'or de noir et de pourpre. Elle ne comprit pas ce qu'il advenait lorsqu'un rayon de lumière vint percer la cloison de verracier un instant avant que le nez de l'appareil ne vienne se ficher dans le trou ainsi foré alors que le reste de la navette venait percuter la station et que des pinces gigantesques l'y fixait.

Tout fut secoué par le choc, les convives jetés à bas de leurs chaises, les plats volant en tous sens, les tableaux chutant de leurs murs alors que les beaux lustres de cristal venaient s'écraser au sol dans un fracas assourdissant.

Tout n'avait duré qu'une seconde et les invités commençaient à se remettre debout, n'ayant toujours pas compris ce qui se passait lorsque le nez de l'appareil qui ressemblait singulièrement à un serpent s'ouvrit et que s'en déversèrent de lestes silhouettes en combinaison de combat hors atmosphère.
Ce fut alors seulement que retentirent les premiers véritables cris et que la panique s'empara de l'assemblée.

Elle n'avait gardé qu'un vague souvenir de ce moment, elle avait vu les agresseurs bondir au milieu des convives apparemment sans armes mais elle avait finit par comprendre que de leurs bras sortaient des manchettes à décharges énergétiques. Ils avaient assommé ceux sur qui ils avaient pu mettre la main, les rares à porter des fusils avaient échangé quelques tirs avec les gardes présents, le tout dans un fracas désorientant. Pour sa part elle s'était relevée aussi vite qu'elle l'avait put, se ruant aussi vite que possible vers la porte qui menait directement vers les quartiers personnels. Du coin de l'œil elle avait vu certains des invités dégainer leurs armes de cérémonie, elle avait vu la duchesse pourfendre un des envahisseur et son père tenir sa rapière d'une main mal assurée mais pour sa part elle n'avait aucun moyen de se défendre ni le courage d'affronter les nouveaux venus.

Elle avait débloqué la porte en vitesse puis s'y était précipité, derrière elle montait la voix de sa mère qui lui intimait de l'attendre mais elle n'en fit rien. Elle traversa un couloir et se mit à gravir les escaliers qui la conduiraient vers sa chambre quatre à quatre. Des serviteurs semblaient fuir de la zone conduisant aux quais, d'autres agresseurs devaient s'y être amarrés, causant la première alarme. Elle en vit certains tomber à terre, fauchés dans leur couse par ce qui avait du être de tirs, elle n'avait aucune envie de vérifier. Montée d'un étage, elle se dirigea droit vers sa chambre et voulut en refermer la porte mais ce n'était qu'alors qu'elle s'était souvenue que sa mère avait fait retirer le verrou afin qu'elle ne puisse plus s'enfermer et ainsi lui échapper. Il était trop tard pour choisir une autre cachette, elle claqua la porte derrière elle et se réfugia dans sa penderie, priant de tout son cœur pour ne pas être retrouvée.

Pendant plus d'une demi heure elle resta, frissonnante alors qu'elle entendait les échos atténués du combat qui devait faire rage au dehors. Par moment montaient les rafales de tirs laser des gardes de la station et des divers nobles qui avaient apporté avec eux leurs propres serviteurs, celles ci se firent de moins en moins nombreuses avant de se taire totalement mais les cris continuèrent, de même que les bruits d'une course poursuite ici ou là. Elle entendit les portes non loin qui conduisaient aux autres chambres de la zone résidentielle céder les unes après les autres sous ce qui devaient être des coups de pied et des cris de douleur et... d'autre chose se mirent à en venir.

Sa propre porte finit par s'ouvrir avec fracas et à travers les battants entrouverts de sa cachette, elle put voir un homme entrer, tirant par la main une femme qu'elle reconnu après un instant comme sa mère.

La grande femme qui l'avait terrifié presque depuis sa naissance avait perdu de sa superbe, sa longue robe de lin était déchirée et ses cheveux en bataille, elle allait nu pied et ses jambes comme son torse étaient marqués de griffures, elle portait au cou un collier de cuir auquel pendait une lanière tenue par l'homme. D'une saccade celui-ci la fit avancer et elle se retrouva à genoux sur le tapis de la chambre de sa fille, lançant un regard implorant à son tourmenteur.

Ce n'est qu'à ce moment que la jeune fille avait pu voir pleinement l'homme qui était entré.

Il était grand, faisant plus de deux mètres, mince et était tout en muscles. Il s'était défait de sa combinaison spatiale et ses tatouages tribaux s'épanouissaient désormais au yeux de tous sur des pectoraux parfaitement formés et des abdominaux divinement dessinés. Son torse était également couturé de cicatrice qui, étrangement, ne le rendaient que plus séduisant, dessinant des stries pales sur sa peau mate, se combinant aux symboles noirs et violets qui couvraient une bonne part du côté droit de sa peau. Il avait un long nez aquilin et des pommettes légèrement creusées. Ses longs cheveux d'un noir satiné étaient retenus en une queue de cheval qui descendaient dans son dos nu et l'adolescente se sentit monter des chaleurs simplement à le voir glorieux dans sa nudité. Un symbole en particulier était représenté autour de son œil gauche et de son sein droit, un cercle relié à deux demi lunes et le regard de Gaïa ne cessait d'y revenir, le contemplant pour la première fois de sa vie. Enfin, ses yeux étaient d'un vert plus lumineux que ce qu'elle avait jamais vu de sa vie et elle se sentait fondre simplement à les voir.

Un instant il lui sembla qu'elle avait croisé le regard de l'étranger et si une part d'elle même eut envie de se réfugier au fond de sa cachette, une autre désirait ardemment qu'elle soit trouvée. Cette seconde, ou du moins ce qui n'avait pas du durer bien plus que cela se prolongea pour elle durant ce qui lui parut une éternité, dans cet orbe vert à la pupille verticale, il lui sembla voir un monde tel qu'elle n'en avait jamais connu où ses désirs deviendraient les uns après les autres réalité.

Puis l'instant passa et la fille qui sentait une terrible chaleur lui monter au joue se cacha les yeux derrière ses paumes, tentant de calmer son esprit échauffé. Elle n'aurait eut besoin que d'un dixième de son éducation pour reconnaître en ce guerrier un barbare hypurant, un suppôt de l'infâme Lincia dont les ancêtres avaient du se battre lors de la dix-septième guerre technologique. Sa présence ici laissait penser que les agresseurs n'étaient autres que des corsaires lincians qui réduiraient tous ceux présent sur la station en esclavage à moins de les tuer et de festoyer de leurs chairs. Il s'agissait là d'un être qui ne méritait rien d'autre que son plus profond mépris. Pourtant, elle ne pouvait aussi se défaire des quelques images et récit qu'il lui était arrivé de lire au plus noir de la nuit sur certains sites défendus du réseau informatif et dans les deux romans de littérature assaréenne qui lui avaient été offert par un de ses oncles les plus libertaires. Une part d'elle même voulait voir en cet homme le chevalier qu'elle avait espéré, celui qui la conduirait loin de cette station à travers les étoiles, celui qui saurait lui montrer l'affection que sa mère ne lui avait jamais donné.

Lorsqu'elle rouvrit les yeux, sa mère état plaquée contre le mur, une jambe soutenue par les bras vigoureux de l'hypurant dont les coups de reins la faisait crier de manière plus en plus aigu. Les premières exclamations de dame Julis priaient le barbare de s'arrêter, lui promettant tout ce qu'elle possédait, l'implorant de la laisser. Elle tenta de se débattre mais il saisit fermement ses deux bras d'une seule main et une légère torsion sur ses épaules suffit à la faire hurler de douleur et à lui passer toute envie de résister. Un instant Gaïa eut de la pitié pour sa mère, jusqu'à ce qu'elle entende celle-ci s'exclamer:

-Laissez moi... pitié... j'ai une fille... je vous la donnerais si vous...

Elle n'avait pas pu terminer sa phrase, le souffle coupé par une nouvelle boutade du lincian.

A cet instant la jeune fille sentit quelque chose se briser en elle, celle qui se tenait de l'autre côté de la porte de la penderie était certes sa génitrice mais elle se rendit compte à cet instant qu'elle ne l'avait jamais aimé, que rien le la liait à elle.

Gaïa n'eut aucune réaction lorsque les cris de protestation de sa mère commencèrent à se taire au profit de ceux de jouissance. Elle ne s'indigna pas de la voir s'ouvrir à l'hypurant, de la voir l'embrasser, s'accrocher à son cou et passer ses jambes derrière les fesses du guerrier. Elle continua à regarder alors qu'il la jetait sur son lit et la travaillait de ses doigts et de sa langue, alors qu'il la laissait le chevaucher et prendre son sexe dans sa bouche, alors qu'elle se déshonorait plus encore que Père ne l'avait jamais fait.

Elle ne sut jamais précisément combien de temps elle regarda ainsi sa mère s'unir au barbare, elle se souvint simplement que passé un moment, l'hypurant la laissa, le corps tout haletant et la bouche encore dégoulinant d'humeurs, étendue sur le sol les jambes encore écartées alors que lui même se dirigeait vers la salle de bain.

Même quatorze ans plus tard, Gaïa ne savait pas pourquoi elle était alors sortie de la penderie. Elle s'était avancé avec dignité, comme elle l'avait fait tout au long de la soirée, ne baissant la tête que pour regarder avec le nez retroussé de dégout sa mère étendue au sol.

-C'est vous seigneur?

Le simple fait d'entendre la voix de cette femme rendit l'adolescente à demi malade.

-Où est père? demanda elle d'une voix plus froide et tranchante que l'acier.

Sa mère mit un instant à la reconnaître et même lorsqu'elle le fit, elle ne compris qu'à moitié.

-Qui...
-Où est père? répondit l'adolescente.
-Il... mort je crois... Gaïa? Gaïa c'est toi ma fille?

L'interpelée resta silencieuse un moment.

-Je n'ai jamais été votre fille, ce soir moins que jamais.

Elle cracha au visage de sa mère qui n'eut presque aucune réaction, comme si son esprit était ailleurs en cet instant, comme si face à ce qui était arrivé dans la dernière heure, elle s'était enfuie en elle même et que seul une conscience de surface animait désormais son corps.

-Elle ne vous dira rien de bien constructif, dit une voix dans le dos de Gaïa.

La jeune fille se retourna et vit le barbare sortir de la salle de bain, des goutes perlant encore sur son torse, sa chevelure humide cascadant sur ses épaules. Étrangement, le voir ainsi lui fit bien moins d'effet que ce qu'elle avait pu ressentir cachée dans la penderie.

-C'est votre mère?

Sa voix était suave et l'accent qu'il avait en parlant haut gothique avait quelque chose d'hautement exotique.

-Je n'ai rien à faire avec elle, elle est morte à mes yeux.

L'adolescente était d'un calme impressionnant, gardant un port altier, faisant preuve dans cette situation de toute la noblesse dont sa famille avait été privée plus d'un siècle durant.

-Vous allez me violer j'imagine?

Elle avait dit cela avec détachement, comme si elle parlait des derniers faits divers de Tularis. Plutôt que de répondre, l'hypurant vint s'asseoir sur le bord du lit, mouillant légèrement les draps.

-Tu es intéressante comme jeune fille, dit il, je n'en ai pas vu beaucoup des comme toi.
-Je ne suis plus une jeune fille, mes parents ne me l'ont jamais permit, ce soir n'est pas celui où cela va commencer.

L'homme rit à cette déclaration, faisant de nouveau monter le rouge aux joues de Gaïa bien que ce ne fut pas pour la même raison que précédemment. Elle croisa les bras sous sa poitrine naissante et prit sans s'en rendre compte une moue bien plus en accord avec son âge.

-Il n'y a pas là de quoi rire!

L'homme n'en continua pas moins à s'esclaffer quelques instants de plus.

-Je ris de voir qu'une femme si faible ait eut une fille si forte. Tu es née sur le mauvais monde petite, en Lincia tu serais devenue une reine!

Gaïa voulut s'exclamer de nouveau mais elle se retint, ses yeux dérivant de nouveau sur le corps de l'homme, sur le cercle et les demi lunes... Le courage qu'elle avait rassemblé pour cette soirée commençait à s'épuiser et dans le même temps, elle se sentait lasse de lutter.

-Vous pourriez m'emmener...

Elle n'avait qu'à peine murmuré ces mots.

-Que dis tu petite? demanda le barbare d'un ton toujours amusé.

Elle garda le silence un instant alors que de nouveau la chaleur emportait son esprit.

-Vous... reprit elle plus fort, vous pourriez... vous pourriez m'emmener avec vous? Dans votre vaisseau? Dans les étoiles loin de ce monde? Voir d'autres étoiles, visiter... j'aimerais visiter Assarée...

En quelques instants elle était redevenue une enfant, une jeune adolescente qui se laissait porter par un rêve qui était né en elle à peine une heure auparavant et en même temps qu'elle avait abandonné son attitude hautaine, elle s'était de nouveau sentit succomber pour l'inconnu.

-Oui, répondit l'homme, je pourrais t'emmener dans les étoiles, tu pourrais tenir ma couche chaude pendant que j'irais tuer et capturer les tiens, tu pourrais servir mon vin et diriger mes esclaves, tu pourrais faire mon plaisir et je n'ai aucun doute que je ferais le tiens mais cela ne durerait qu'un temps petite, je ne suis pas le prince venu des ténèbres pour t'y conduire et t'en faire découvrir les délices.

Il se leva et s'approcha d'elle, dessinant du bout de ses doigts les courbes de son corps juvénile, l'électrisant par ce seul contact. Elle se laissa faire alors que ses doigts passaient sous sa robe et venaient effleurer ses seins dont les tétons se durcirent immédiatement.

-Je peux t'emmener dans les étoiles petite, mais tu seras toute à moi tant que tu m'y suivras et je ne...

Elle ne le laissa pas finir. Elle passa ses bras autour de son cou, se mettant sur la pointe de pieds pour l'atteindre et l'embrassa en tendant son cou autant que possible. Elle sentit les lèvres de l'autre sourire contre les siennes avant que ses larges bras ne la soulèvent et la serre contre lui.
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés Icon_minitimeMer 21 Nov 2012 - 22:49

Citation :
Je ne suis non plus pas très intéressé par la mode, je n'en fait pas moins parfois des efforts pour tenter de décrire l'habillement de tel ou tel personnage.
"Le mystère de la mode Lincianne enfin résolue !!!
La perversité et la paresse d'Araxyrie réunies au service de la créativité. Vous en apprendrez davantage en lisant l'article à la page 6."
ça ressemble à ce qu'on peut lire en première page d'un journal, non ? :rire2:


Citation :
Qu'une langue parlée sur plus d'un million de mondes durant plus de dix mille ans reste uniforme me semble un pur non sens. Il suffit de regarder le latin: celui d'étude et celui de cérémonie (parlé au vatican) diffèrent sur plusieurs points alors qu'ils n'ont été séparés que quelques siècles.
Euh... Ce n'est pas faux, cela dit ils en ont besoin pour communiquer avec l'Administratum, l'Adeptus Astartes, la Garde Impériale et le reste. Je ne pense que l'Administratum laisserait faire, sauf sur un monde qui a été longtemps tenu éloigné du giron de l'Imperium (ils auraient des problèmes plus urgents).
J'ajoute aussi que l'écriture Chinoise de l'époque de Qing Shi Huangdi est séparée par plus de milliers d'années, et pourtant un chinois moderne peut encore lire et traduire les idéogrammes de la langue chinoise uniformisée et standardisée créée par le Premier Empereur (pour faciliter la communication, il y avait bien trop de dialectes régionaux). La Chine moderne est d'ailleurs un assez bon exemple, par ce que si certains dialectes sont trop différend des autres pour être compréhensible, le chinois national (aka "Mandarin") est toujours uniformisé et actualisé par l'autorité centrale. Les régimes successifs de la Chine ont modifier leur écriture et leur langue nationale, avec un contrôle gouvernementale, tout a été une action volontaire, culturelle et étatique aussi bien que populaire. Mais les mondes de l'Imperium, eux, ne peuvent se le permettre. A la limite, si tu veux laisser tel quel, je te conseillerais de mettre en valeur la distinction quand tu utilise le Haut Gothique Officiel, en lui donnant de tels adjectifs (officiel, cérémoniel comme tu le dis pour le latin du Vatican, ou protocolaire par exemple).



Citation :
Ou peut être que j'utilise mes codes habituels pour attirer l'attention là où elle n'a pas lieu d'être, c'est aussi une possibilité =p
En Chine, sous la dynastie Tang, il y eut une Impératrice consort et usurpatrice (et sorcière aussi, entre autres) nommée Wu Zetian (c'est son nom honorifique, pas son vrai nom). Les historiens sont assez partagés sur son cas, Mao Zedong disais par exemple qu'elle était avisée dans certains de ses choix politiques et qu'elle savait s'entourrer de gens de talents (le "Juge Ti" ça vous dis quelque chose ? ^^), on lui reconnait aussi des tendances féministes.
A l'origine, elle n'était qu'une concubine très belle, puis elle est devenue la favorite et finalement consort. Mais son ambition ne s'est pas arrêter là. Selon les historiens classiques et contemporains, Wu Zetian a tué son mari... Pas avec du poison ou un complot, oh non ! Elle aurait été, tout simplement, une incroyable nymphomane. Oui, l'Empereur de Chine mort de fatigue due à une overdose de snousnou (comme dit Futurama... :noel: ).
C'est peut être que je me fais des idées, mais je la trouve louche. ;)



- Au sujet de l'étiquette des noms : je vois. Je t'ai donné un conseil idiot par ignorance, mais cette coutume est bizarre (mais pas plus bizarre que l'obsession des anciens sinisés pour les noms, prénoms, pseudonymes, surnoms, titres, honorifiques, etc :ok: ). Cela dit, c'est assez bien pensé. ^^
Par curiosité, est-ce ton opinion personnelle (que l'usage du nom de famille seul peut être une insulte) ou bien est-ce un trait spécifique à la civilisation Aldérane que tu as développé ?



Bon, en conclusion je dirais que c'était une lecture agréable, comme dès sa première apparition j'avais été intéressé par Gaïa, je suis aussi assez content d'en apprendre plus sur son passé et son devenir. Finalement, il semble aussi que sa tristesse n'était pas feinte. J'attendrais la suite. :ok:
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés Icon_minitimeJeu 22 Nov 2012 - 15:17

Citation :
A la limite, si tu veux laisser tel quel, je te conseillerais de mettre en valeur la distinction quand tu utilise le Haut Gothique Officiel, en lui donnant de tels adjectifs (officiel, cérémoniel comme tu le dis pour le latin du Vatican, ou protocolaire par exemple).

J'y penserais par la suite ^^



Citation :
- Au sujet de l'étiquette des noms : je vois. Je t'ai donné un conseil idiot par ignorance, mais cette coutume est bizarre (mais pas plus bizarre que l'obsession des anciens sinisés pour les noms, prénoms, pseudonymes, surnoms, titres, honorifiques, etc :ok: ). Cela dit, c'est assez bien pensé. ^^
Par curiosité, est-ce ton opinion personnelle (que l'usage du nom de famille seul peut être une insulte) ou bien est-ce un trait spécifique à la civilisation Aldérane que tu as développé ?

Et bien j'ai tenté de développer un certain nombre de spécificités culturelles pour Aldéran (cela mais aussi le néo-angélisme, les pratiques de mariage, d'héritage, l'habillement, le système politique etc... ) et comme toute création, ces choix sont affectés par mes propres gouts. Pour ce qui est de ma propre appréciation de l'appel des gens par leurs noms de famille, cela dépend, je n'aime pas l'idée que l'on amalgame les membres d'une famille et parfois je trouve l'appel d'une personne par son nom de famille agressif ou méprisant mais c'est plus une affaire de personnes qui disent les choses que de chose dite.
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés Icon_minitimeJeu 22 Nov 2012 - 16:31

Gaaaaaaaaaaïaaaaaaaaaaaaaa ! :coeur:

Quoi, comment ça développer le commentaire ? :(

Bref, c'est bon, c'est intéressant et plaisant. On en apprend plus sur les origines d'un personnage bien connus (ça sonne étrange dis comme ça) et ça c'est cool. Par contre, je ne saurais dire vraiment pourquoi mais je trouve ce passage moins facile à lire, moins immersif dans un sens, que ne l'ont été les précédents.

Egalement, mais cela vient de la forme de la fic (lue au fur à mesure de son "édition") c'est toujours un rien frustrant de "perdre" tout un paragraphe sur une action qui n'a en apparence pas grand chose à voir avec le reste.

En tout cas, j'ai hâte de voir comment va s'en sortir notre ambassadeur :noel:
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés Icon_minitimeSam 24 Nov 2012 - 11:21

Lorsque Gaïa s'éveilla le matin suivant, les draps de lin, bien plus rêches que ceux de soie auxquels elle s'était habituée lors des dernières années, lui firent croire un instant qu'elle était de retour sur le vaisseau de l'Hypurant, près de dix ans auparavant.

Pourtant, en lieu et place de la sombre cabine où elle s'était offerte pour la première fois à son premier amour, autour d'elle s'étendait une chambre décorée dans le pur style assadien bien qu'avec un faste bien moins grand que ce qu'elle avait pu voir dans le palais du Fils du Soleil, sur sa barque ou à l'opéra. Célis se lova un peu plus fort contre elle mais par des gestes délicat elle la repoussa, l'installant confortablement sur un de ses oreillers.

Ses deux gardiens de nuit attendaient à la porte comme toujours et une fois de plus elle eut un frisson à l'idée de ce qu'ils auraient pu tenter alors qu'elle était endormie. Elle se rassura en se rappelant que le désir leur était un concept bien étranger et qu'ils n'auraient de toute manière eut que bien peu de chance de la surprendre.

Les gardiens et gardiennes de nuit étaient issu d'une tradition assadienne pour le moins étrange: l'Empire était en effet divisé entre le Pays du Soleil au sud, dominé exclusivement par les hommes et dont les femmes natives n'étaient que des habitantes de troisième classe et les Jungles d'Abondance du nord, dominées par une société matriarcale. De fait, les familles nobles organisaient toujours des mariages entre hommes du sud et femmes du nord, les enfants mâles devant naître au soleil et les femelles au creux des arbres. Les époux étaient toujours considérés comme de rang égal et de fait vivaient la plupart de l'année séparés chacun dans les terres où s'exerçaient leur domination, ne se rencontrant qu'en de rares occasions officielles ou par le biais de voyages. Ainsi les élites assadiennes étaient privées de leurs compagnes ou compagnons le gros de l'année et s'était donc développé des castes d'esclaves entrainés dès leur plus jeune âge pour satisfaire les moindres désirs nocturnes de leurs maîtres. Les futurs gardiens étaient castrés à l'adolescence et les gardiennes excisées afin que jamais leurs propres désirs n'empiètent sur ceux de ceux qu'ils servaient mais ils étaient pour le reste instruits dans les domaines de la conversation et dans les techniques amoureuses.

Leur sort pouvait faire penser à ce qu'avait subit Gaïa une partie de sa jeunesse mais elle s'était sorti de cet état misérable et n'éprouvait guère de compassion pour eux, pire que cela, les gardiens plus encore que les autres mâles la répugnait. Si elle ne goûtait de toute manière plus beaucoup l'étreinte des hommes, au moins se complaisait elle à en manipuler les désirs, de ceux-ci en revanche, elle ne pouvait voir aucun autre usage que le simple service.
Elle glissa hors des draps, ne portant rien d'autre qu'un bandeau de cuir noir décoré d'argent autour de son cou blanc comme la neige et s'étira pour chasser le sommeil.

Au vu de la lumière ambiante, elle estima que la deuxième heure après la mi journée devait être passée depuis peu et elle sourit à l'idée d'avoir échappé à l'enfer des heures les plus chaudes du jour. De quelques paroles sèches, elle ordonna aux deux serviteurs fournis par l'hôtel de lui apporter sa tenue de la journée: une jupe et un haut près du corps couvrant ses bras et sa poitrine tout en laissant nu son ventre ainsi que des bas sombres et un voile d'étoffe épaisse mais légère capable de lui maintenir la tête au frais. Une fois qu'elle fut habillée, elle déclara sa nuit finie et les deux esclaves s'en-furent donc alors qu'elle même se dirigeait vers le petit salon qui lui était réservé, à elle et sa suite.

Van et Soren étaient déjà levés comme à leur habitude, déjeunant de fruits frais tout en discutant avec Xilia. Tous deux portaient des pagnes de jute décorés et des ceintures en travers de leurs torses où étaient ménagées des poches pour des chargeurs, leurs yeux étaient vifs comme à l'habitude et comme toujours ils reluquèrent leur employeuse sans vergogne.

-Tu t'es réveillé bien tard Gaïa, lança Van, tu t'amusais avec les eunuques? Pour ma part j'en ai marre de ces fichues gardiennes, aucune inventivité! Viens me voir une nuit si tu t'ennuie!

Les yeux aux iris d'un gris terriblement pâle de Gaïa le foudroyèrent sur place.

-Je n'ai pas payé des gardes pour coucher avec eux, si je voulais de la compagnie, elle serait autrement raffinée que toi et ce serait plutôt elle qui payerait.

Le garde du corps leva les main en signe de reddition.

-Ce n'est pas parce que tu t'es habituée à la plus haute élite qu'il faut totalement dénigrer les gens du commun ma grande, dit il. De toute façon je ne faisait que proposer!

Gaïa s'assit et une esclave dans le plus simple appareil vint lui servir un verre de lait frais et lui apporta des papayes.

-Quel est le programme de la journée? demanda Xilia alors que la chef du groupe buvait son verre tout en échangeant toujours des regards assassins avec Van. La représentation d'hier a été un franc succès et un messager m'a annoncé que plusieurs nouveaux nobles veulent intégrer notre cercle de discussion et il semblerait qu'un membre de la délégation ait été invité par un de nos membre. De plus un haut parlementaire a demandé notre présence à une petite réception qu'il tient chez lui ce soir. J'imagine que tu as d'autre plans?

Âgée de cent trente ans, Xilia était l'ainée du groupe, une dame dont la distinction assurait bien souvent le respect de l'auditoire et dont les compétences et l'expérience se révélaient toujours précieuses.

-Tu imagines bien, répondit Gaïa, je dois passer au marché aux esclaves cette après midi pour récupérer nos deux outils et j'ai ce repas avec l'ambassadeur. Pourras tu tenir le cercle de discussion seule?
-Je pourrais, mais il n'est peut être pas pertinent d'avoir notre première rencontre avec les membres de l'ambassade sans notre élément moralisateur... et puis elle voudra te voir encore, cela en devient obsédant!

Gaïa poussa un soupir.

-Je sais... elle m'a encore demandé de passer ce soir... il faudra de toute façon que je la vois dans la semaine mais pas avant que cela ne devienne nécessaire. S'il devait l'apprendre, cela ruinerait une bonne part de notre plan et il n'y a nulle raison d'augmenter les risques qu'il le découvre en multipliant les rencontres.

Essos attendit ce moment pour sortir de sa chambre, seulement drapé d'un drap à demi transparent, baillant à s'en décrocher la mâchoire.

-On parle préparatifs sans m'inviter? Ce n'est pas très aimable à vous mes douces, dit il d'une voix endormie.

Le poète et chanteur qui avait recueillit un succès en demi teinte hier était de loin le moins respectueux des conventions des membres du groupe.

-Si tu n'étais pas revenu à huit heures du matin, tu aurais pu être éveillé à une heure raisonnable...
-Tu m'as entendu rentrer?
-Avec les deux locaux qui dorment dans ma chambre, je suis toujours à demi consciente de ce qui se passe dans l'hôtel, même en plein sommeil, lui répondit Gaïa.
-Tu nous as dit de nous intégrer de notre mieux, un poète tel que moi ne peut être autre qu'un séducteur non? Il y avait à la réception une diplomate aldérane qui a été plus que charmée par les quelques vers que je lui ai murmuré et je n'allais pas la laisser rentrer chez elle seule en pleine nuit non?

La chanteuse soupira, Xilia pour sa part se contenta de sourire.

-Tu ne lui as rien dit d'embarrassant tout de même?
-Je ne suis pas un amateur! répondit Essos comme si une telle suggestion l'avait insulté. Les filles se battaient déjà pour m'avoir dans leur lit alors que tu n'étais que le joujou de...
-Ne prononce pas leurs noms.

Gaïa avait dit cette simple phrase sans hausser la voix un seul instant mais son attitude était si menaçante que le poète se coupa net.

-J'oublie parfois qui dirige ici, excuse m'en... mais non je n'ai rien dit à la demoiselle et elle ne m'a pas apprit grand chose non plus, soit que l'ambassade n'a pas eut encore grande activité, soit qu'elle sait se montrer plus que professionnelle.
-Plus que professionnelle?

Essos se tourna vers Xilia qui venait de lever légèrement un de ses sourcils blancs.

-Nous avons joué à « une vérité contre un baiser » et je n'ai jamais rencontré d'aldérane qui garde grand chose de secret lorsque je m'investit un minimum à ce jeu là!
-C'est que tu n'as pas rencontré beaucoup d'aldéranes, lui dit Gaïa, c'est le défaut de passer plus de vingt ans en Enlenthis.

D'une dernière bouchée elle finit le fruit qu'elle était en train de manger et se releva avec souplesse.

-Van, Soren, nous partons d'ici six minutes au marché aux esclaves, je veux l'un d'entre vous en tant que garde du corps. Xilia, je veux que tu rencontre en privé l'homme de l'ambassade qui pourrait rejoindre le cercle. Assure toi qu'il ne nous mette pas au bûcher au terme de la première session, montre toi...
-Je sais quoi faire ma fille, la coupa l'autre femme plus âgée, j'ai un certain nombre d'année derrière moi et je ne les aurait pas toutes traversées si je n'avais pas su contrôler mes informations.

-Bien.

Gaïa en avait assez qu'on la nomme d'un surnom rappelant qu'elle était la plus jeunes représentante du groupe. Elle avait vingt six ans, et tellement plus à la fois, elle n'était plus la gamine qui des années plus tôt se serait vendue corps et bien pour...

-Essos, je veux que tu te renseigne un peu plus sur ta conquête d'hier soir. Essaye de la revoir peut être, vérifie si elle est d'une pensée plutôt libérale et si elle aussi pourrait être invitée. A défaut, essaye au moins de bien te faire voir, si un membre de la délégation pouvait nous inviter à loger dans le quartier du palais ce serait bien plus simple à bien des égards. Si tu en as l'occasion, touche un mot à qui tu sais, dis lui que je viendrais la voir et répète lui ces mots: « seule une parabole d'Alys pourrait expliquer cette situation », trouve un moyen pour qu'elle entende cette phrase précise, cela devrait la tenir au calme deux jours.

Tous acquiescèrent. Van et Soren échangèrent quelques mots et le dernier se leva pour aller rassembler son matériel, Essos s'assit toujours sans prendre la peine de s'habiller et se fit servir du vin par une esclave qu'il fit ensuite s'asseoir sur ses genoux alors qu'elle lui faisait avaler des grains de firion, Xilia le regarda un instant d'un air amusé avant de s'étendre sur un canapé pour profiter un peu de l'ombre avant de devoir sortir. Soren revint un instant plus tard et ensemble ils quittèrent le petit salon, débouchant dans la cour de l'hôtel. Ils sortirent de nouveau et longèrent les canaux en direction du vaste marché aux esclaves.

Du fait du fort besoin de serviteurs de la capitale et de l'abondance de cette ressource, le marché aux esclaves était très vaste. En son centre se trouvait un véritable petit port indépendant auquel pouvaient accéder les péniches négrières par un vaste canal connu sous le doux nom de Voie de la Servitude. Autour du port étaient installées toutes sortes d'étals: certains pour l'achat et la revente, la plupart pour la vente pure et simple.

Toutes sortes d'esclaves étaient en ventes sur ce marché: belles aux peaux d'ivoire ou d'ébène initiées aux jeux de l'amour pour le service personnel, hommes forts pour tout types de travaux manuels, guerriers des îles pour la protection rapprochée ou les combats de gladiateurs, éphèbes pour le service de table, hommes et femme du commun pour toutes sortes de tâches... pour sa part, l'intention déclarée de Gaïa était de s'adjoindre un interprète originaire de cette planète.

Elle se présenta chez un premier revendeur de produits de qualité et lui demanda si il avait des esclaves originaires de Rhédalie, celui-ci lui présenta un couple dans la vingtaine, en bonne forme et de condition physique raisonnable. Selon le vendeur ils avaient été capturés lors d'un raid sur une colonie rhédalienne alors qu'ils n'avaient que sept ans chacun et qu'ils avaient depuis reçu une éducation des plus rigoureuse en tout domaine en vue d'être vendus à un diplomate ou un marchand fortuné devant voyager en rhédalie. Le prix qu'il annonça était toutefois exorbitant, représentant pas loin des deux tiers de ce que la troupe avait gagné lors de la représentation d'hier, bien plus que ce qu'une chanteuse pouvait se permettre pour de simples interprètes. Le deuxième marchand qu'elle alla voir n'avait pour sa part personne issu de rhédalie de même que le troisième mais le quatrième qu'elle visita disposait d'un spécimen rare: un soldat rhédalien capturé lors d'une escarmouche autour de l'Isthme Galaté, à peine une semaine auparavant.

-Nous n'avons qu'à peine pu commencer sa rééducation madame, il est encore très peu obéissant et prompt à la fuite. Je ne doute pas que si vous revenez dans deux ou trois mois, il sera autrement plus complaisant!
-L'ambassade rhédalienne ne va pas tarder à venir et si je veux avoir une chance d'être engagée pour le distraire, il me faut un interprète, leur langue commune est très différente du gothique de ce que j'ai compris.
-Oui, dit le marchand, les Rhédaliens sont un peuple à demi barbare qui n'utilise les langages impériaux que dans leurs rapports extérieurs. Mais comme je vous l'ait dit, il risque de se montrer peu coopératif.

Gaïa fit mine de réfléchir quelques instants.

-Pour combien me le céderiez vous?
-Ce serait vous voler que d'en demander plus de quinze mille Ipas, il n'est même pas formé!
-Ce serait me voler que d'en demander plus de dix-mille oui! Il ne vous a pour le moment que peu coûté en nourriture et en logement et comme vous dites, il n'est pas éduqué. Votre marge de gain avec une vente à dix-mille devrait être de l'ordre de soixante-dix pour-cent!

Le marchand la détailla un instant du regard.

-Avec une peau si blanche vous ne pouvez pas venir des Jungles d'Abondance... où en avez vous apprit tant sur la vente d'esclave madame?

Ce fut à Gaïa de demeurer silencieuse un instant, effleurant le collier qu'elle portait autour du cou.

-Chez moi...

Elle conclut l'affaire en quelques minutes et l'esclave fut remit, fer aux mains à Soren qui s'assura qu'il ne tentait rien de stupide. L'homme était de taille moyenne, à peine plus grand que sa nouvelle maîtresse et sa peau blanche témoignait bien qu'il ne venait pas d'Assadie. Ses cheveux étaient dans un beau désordre et il n'avait visiblement pas été lavé autrement qu'à grand coup de jets d'eau depuis plusieurs jours. Il avait une plaie récente au torse, probablement due à la bataille qui avait vu sa capture. Néanmoins il conviendrait à la tâche à laquelle on le destinait. Il aurait sans doute pu être acheté pour deux ou trois mille Ipas de moins mais après tout, il n'était pas du ressort d'une chanteuse aldérane de trop en savoir sur le commerce d'esclaves!

En sortant de la boutique, Gaïa se dirigea cette fois vers un revendeur en gros et négocia l'acquisition d'une douzaine d'esclaves sans autres qualité que l'obéissance. Ils lui seraient gardés et préparés selon ses instructions pour dans deux semaines. Elle n'avait pas de doute que leur rôle aurait besoin d'être rempli d'ici là.
Ses affaires faites, la jeune femme vit que les six heures passées la mi journée approchaient, elle n'aurait pas le temps de commencer la formation de son nouveau serviteur avant son repas, cela n'importait que peu, elle était encore en avance sur ce qui devait arriver.

De retour à l'hôtel, elle s'assura que son nouvel esclave était bien entravé par Soren avant de lui accorder sa soirée. Les autres étaient absent ce qui n'était guère étonnant, seules les réunions du cercle qu'elle présidait avaient lieu ici et tous avaient déjà à faire en ce jour. Seuls demeuraient les esclaves fournis par la résidence et ils ignorèrent parfaitement les activité de leurs actuels maîtres comme Gaïa leur avait ordonné à sa première arrivée dans la demeure. Elle passa par sa chambre, se dévêtit et réfléchit à la tenue à porter pour sa rencontre. Célis se glissa jusqu'à ses pieds et commença à lui remonter la jambe, elle la saisit délicatement et la plaça autour de son cou, caressant distraitement sa tête triangulaire. Le serpent était probablement son alliée la plus dévouée à la surface et elle tenait admirablement la garde en son absence, détectant tout ce qui se passait alentour. Ses écailles blanches et violette brillaient à la lueur du jour déclinant et ses yeux plus blancs encore que ceux de sa maîtresse brillaient d'intelligence.

-Je ne peux pas te prendre ce soir ma douce, les aldérans en général ne sont pas très friands de serpents.

La bête siffla à l'oreille de sa maîtresse.

-Je ne sais pas trop... il est attaché à sa famille et moraliste, bien assez pour résister au simple appel de la chair.

De nouveau siffla le serpent.

-Non. Le risque serait bien trop grand pour une première rencontre. Si la chance me sourit je pourrais appliquer les marques en douceur mais se précipiter ne nous conduirait à rien, nous ne sommes pas là en conquérants.
Célis se resserra contre son cou et effleura sa peau de ses crocs.

-Je sais bien, je t'ai justement rapporté une surprise. Il est attaché dans le débarras, il faut le vider de sa vie précédente mais il me le faut vivant avant tout!

Le serpent hocha de la tête comme une créature intelligente et descendit du corps de sa maîtresse en glissant sur sa peau avec une grande douceur, rampant ensuite en dehors de la pièce. Un instant Gaïa la regarda s'éloigner et regretta que ses autres acolytes ne soient pas aussi fiables... il y en avait bien une mais sa dévotion avait la fâcheuse manie de parfois se transformer en défaut... Une fois le serpent bien partit, elle choisit dans son armoire une robe d'inspiration aldérane classique qui avait grand succès ces dernières années en assarée: composée de plusieurs couches, la tenue de mousseline de dentelle et de soie comportait une première tunique longue totalement transparente mais couvrant le corps du cou aux cheville sur laquelle s'ajoutaient un corset, des volants, des écharpes et ceintures qui dissimulaient entièrement la peau de la porteuse suivant la coutume moraliste aldérane tout en la laissant presque nue sous certains angles. De larges gants et cuissardes vinrent compléter sa tenue de même qu'un chapeau large duquel tombait un voile qui couvrait ses yeux. Satisfaite de son apparence, elle referma sa chambre et quitta l'hôtel au début de la huitième heure. A peine sortie, elle se dirigea vers un canal où elle prit une gondole qui la conduisit vers le quartier du palais, plusieurs kilomètres en aval sur le fleuve. Une fois arrivée, elle orienta son conducteur vers la Barque de Nuit où elle descendit, laissant un généreux pourboire.

Il restait quelques minutes avant qu'il ne soit neuf heures mais son compagnon de soirée était déjà présent.

-Ambassadeur! S'exclama la jeune femme d'un air charmé. Vous me voyez désolée de vous avoir fait attendre, je ne pensais pas que vous seriez en avance avec toutes vos obligations!

L'homme eut un sourire digne.

-Appelez moi Sirion très chère et vous n'avez pas lieu de vous excuser. Je suis moi même arrivé en avance et ma journée s'est déroulée pour le mieux, il n'y a dès lors rien à regretter.

En galant homme il lui tendit le bras et tous deux entrèrent dans le restaurant. Décorée à la mode assadienne, la Barque de Nuit accueillait déjà une bonne trentaine de clients, tous originaires du quartier du palais. Gaïa avait déjà été invitée ici par un membre du cercle deux semaines plus tôt et elle avait gardé un très bon souvenir de ce moment mais elle n'avait pas à l'époque tant attiré l'attention, seule avec son compagnon à porter des tenues hors monde et à avoir le teint si pâle elle détonait ce soir avec le reste des convives. Elle remarqua aussi qu'elle devait être l'une des seules femmes libres, si ce mot avait du sens pour elle, parmi les clients présents. Un serveur les conduisit vers une table positionnée dans un coin de la salle commune où Sirion eut la bonté de lui tenir sa chaise afin qu'elle puisse s'asseoir avant de prendre lui même place. On leur servit des menus et l'ambassadeur commanda une bouteille de vin d'un millésime qu'elle ne connaissait pas.

-Si j'ai pu apprendre quelques petites choses au cours des premières semaines de mon séjour sur ce monde c'est que les Assadiens ont une certaine science des vins à défaut d'avoir l'avancement technique du Domaine, ou même du reste de la planète.

Gaïa retira son chapeau et le posa sur un banc à côté de leur table, laissant ses boucles blanches cascader dans son dos.

-Je dois avouer que j'ai du en premier lieu apprendre quelques chants locaux avant de pouvoir goûter les merveilles des caves des Terres du Soleil mais j'ai confiance en votre jugement.

Sirion la détailla du regard et elle sentit bien qu'il maîtrisait parfaitement ses émotions bien qu'elle lui suscita néanmoins un léger désir.

-Depuis combien de temps êtes vous sur les terres de l'Empire chère Gaïa, demanda il pour entamer la conversation.
-Environ deux mois mais avant cela j'avais passé un an dans la coalition Eradienne. Les îles sont merveilleuses en été je dois dire, j'espère que vous aurez l'occasion de les visiter en des temps plus calmes.
-Et pourquoi donc avez vous quitté la coalition? Les quelques mois ou années à venir ont de grandes chance d'y être bien plus calmes qu'elles ne le seront ici.
-Et bien...

Un serveur arriva et déposa la bouteille commandée par l'ambassadeur, les deux convives lui firent signe qu'ils n'avaient pas encore choisit.

-Je suis arrivée sur Karala juste avant que ne débute ce conflit qui embrase le sous secteur. Je ne me sentais pas particulièrement concernée au début par ces affaires mais lorsque la tension commença à monter sur la planète même, un temps, la Coalition a envisagé de prendre les armes aux côté de l'Empire, or elle est autrement plus proche de la Rhédalie que ne l'est la capitale impériale et aussi bien moins défendue. Au moment de partir, je pensais au contraire partir vers un lieu de plus grande sécurité!
-Et pourquoi ne pas partir vers l'Union Eubastéenne ou même en Rhédalie?
-Pourquoi choisir ces nations plutôt que celle ci? J'ai apprit que la Fille de la Terre avait fait appel à l'aide d'Aldéran et si j'avais choisit de partir en Rhédalie et que la guerre avait éclaté contre le Domaine... je me serais retrouvée dans une situation plus qu'inconfortable! Quand aux eubastéens, la seule chose qu'ils aiment moins que la paix se trouve être les étrangers. Je n'ai passé qu'un peu plus d'un an sur ce monde mais des quelques natifs de l'union que j'ai rencontré et des quelques récits ayant trait à cette région que j'ai pu lire est ressorti ce constat: si une guerre éclate à la surface ils interviendront, dans un camps, l'autre ou simplement pour le plaisir de combattre. Vous savez que la paix n'a toujours pas été signée entre eux et l'Empire depuis... je suis bête, vous devez savoir tout cela bien mieux que moi vu votre poste!

Sirion eut un sourire indulgent.

-Je ne prétendrais pas en savoir tellement plus sur un monde que je ne foule que depuis deux semaine qu'une personne y ayant vécu un an. Votre analyse est assez pertinente néanmoins, un bon nombre de nos simulations sont en accord avec vos estimations selon lesquelles la puissance de l'est entrera en guerre.

Gaïa rougit sous le compliment.

-J'ai eut déjà quelques soucis d'orientation dans ma vie, depuis j'ai appris à tenter d'éviter les risques... avec un succès quelque peu discutable je l'admets.

Le serveur revint et cette fois tous deux s'étaient décidés. Sirion prit une pièce de viande bleue ainsi que des pommes de terre sautées tandis que Gaïa se contentait d'une salade locale.

-Mais j'imagine que votre journée doit avoir été autrement plus passionnante que ma simple histoire.
-Certainement pas très chère! lui répondit l'ambassadeur. Et je vous rappelle que vous m'aviez promis votre histoire en échange de mon invitation!
-Je n'avais pas parlé d'invitation mais de retrouvailles! sourit la jeune femme.
-Quel homme serais-je de ne pas inviter une si charmante personne que vous, lui répondit son vis à vis avec bonne humeur.

Un bon point pour lui, et peut être pour elle! Gaïa prit une coupe de vin et la fit tourner un instant avant de la boire, invitant par là même l'autre à faire de même.

-Et bien dites moi donc ce que vous voulez savoir, si vous invitez, je peux bien vous répondre!
Sirion resta songeur un instant.
-Et bien pour commencer, une interrogation me taraude depuis hier soir: vous vous êtes dites de la Maison Julis... de Tularis Prime?

Sa compagne resta silencieuse un instant. Non pas qu'elle ne se soit pas attendue à une telle question mais elle n'aimait pas tant que cela parler de son ancienne vie, ou du moins son personnage n'aimait pas ce faire.

-Oui, de Tularis Prime... mais je n'ai plus remit les pieds sur ce monde depuis... depuis ce fameux jour.

Bien évidemment, le raid sur la station orbitale de ses parents n'était pas passé inaperçu dans le Domaine Aldéran: un monde s'était retrouvé privé de sa duchesse et d'une bonne partie de sa noblesse en une nuit. Des mouvements indépendantistes avaient alors réclamé la gouvernance pour leur monde et alors que la maison Irulan tentait de reprendre le contrôle de son fief, les mêmes esclavagistes qui avaient attaqué la station avait fait de nombreux raids à la surface, capturant des dizaines de milliers de prisonniers, Gaïa se souvenait avec précision de cette époque où elle...

-J'ai réussi à me cacher au sein de la station puis j'ai retrouvé un autre survivant, un ancien serviteur de mon père... nous avons réussit à rejoindre l'orbite de la planète puis, un an plus tard, à nous embarquer pour un autre système.
-Cela a du être particulièrement difficile pour vous. J'ignorais qu'il y avait eut des rescapés au raid.
-Oui, je m'étais cachée... mais j'ai vu... ils ont... j'ai vu ma mère mourir sous mes yeux après que l'on eut abusé d'elle de heures durant... je...

Des larmes lui étaient monté aux yeux et elle s'était légèrement penchée en avant sur un geste de faiblesse. L'ambassadeur lui essuya la joue d'une main douce, ses yeux pleins de compassion.

-Je suis désolé de vous avoir rappelé ces moments... il est regrettable que notre guerre implique jusqu'à nos plus innocents enfants.

Elle n'était pas innocente, elle avait cessé il y a longtemps de croire en ce mensonge mais son visage restait si candide qu'on lui aurait donné le monde en toute confiance.

-Cela fait des années maintenant... j'ai eut le temps de faire mon deuil de celle que j'étais alors.
-Mais, si je peux me permettre, reprit Sirion, pourquoi n'avez vous pas réclamé l'héritage de vos parents? Je suis convaincu que le Conseil pense votre famille éteinte.
-Sans vouloir me montrer discourtoise, ambassadeur, l'héritage de mes parents se résumait à des dettes, une station spatiale en perdition qui n'aurait même pas pu couvrir ce que les autres familles auraient exigé en remboursement et de mauvais souvenirs. Je suis la dernière représentante de ma lignée, je n'ai pas de fortune qui pourrait pousser quelqu'un à vouloir m'épouser. A douze ans j'ai du gagner ma vie par mes chansons, j'ai même... je peine à le dire mais il m'est même arrivé de voler pour assurer ma survie. Je ne suis plus une noble d'Aldéran et je ne porterais pas dans le domaine d'enfant qui ait à porter mon héritage.

Ces paroles restèrent en suspend un long moment dont profitèrent les serveurs pour apporter les plats. Pas un instant Gaïa ne baissa les yeux pendant ce silence prolongé.

-Je n'ai plus honte, comme je vous l'ait dit, de ma façon de survivre, je ne peux simplement plus vivre dans le Domaine...
-Vous avez du beaucoup voyager alors j'imagine.
-Oui.

Un léger sourire était revenu habiter le visage de Gaïa et elle sentit que ce simple fait faisait plaisir à l'ambassadeur.

-J'ai passé quelques années sur Donuria en tant que chanteuse et j'ai accompagné un temps des marchands spatiaux.
-Vous m'avez dit avoir été un temps auprès de la Sixième Flotte?
-Oui... pour mon plus grand malheur.

Sirion leva un de ses sourcils broussailleux.

-J'étais... hum... disons que j'étais assez proche d'un officier de la sixième flotte et il m'a fait venir avec lui à la surface... j'ai passé un an sur Gydéa Prime avant que les aldérans ne soient rejetés hors du système et j'ai été laissée derrière...

Les yeux de Sirion s'agrandirent suite à cette déclaration.

-J'ai passé trois ans à chanter pour les Lincians qui tenaient le système, à courber l'échine devant eux, à devoir écouter leurs mensonges... Lorsque la croisade impériale du seigneur commandeur Logan Gyre d'Oronte est arrivée et a établit sa tête de pont sur la ruche Sibbellus j'en ai profité pour me faire extraire par le premier cargo a quitter le système. J'ai alors un peu voyagé dans le secteur Enlenthis puis la guerre civile a éclaté un peu partout et je me suis retrouvée ici.

De nouveau le silence.

-Vous vouliez mon histoire, je vous l'ait donné, j'espère qu'elle ne changera pas la façon que vous avez de me voir?
Sirion pesa ses paroles.
-Je reste muet car je peine à croire que vous ayez sut traverser toutes ces épreuves. Rares sont ceux qui peuvent prétendre en avoir vécu autant, plus rares encore parmi ceux là à avoir du vivre leurs premières épreuves alors qu'ils n'étaient même pas encore adultes...
-Ce qui ne me tue pas me rend plus forte, dit l'adage, je pense que ma vie a eut le mérite de me rendre bien plus forte que beaucoup d'autres.
-Sur cela je pense que nous sommes en accord très chère, conclut Sirion avec un sourire.

Chacun prit quelques bouchées en laissant retomber la conversation qui venait de se terminer. La salade que mangeait Gaïa était très bonne et le vin d'une grande qualité, elle gardait un œil sur le niveau du verre de son vis à vis mais celui-ci ne semblait pas être un gros buveur.

-Que diriez vous d'un peu me parler de vous maintenant Sirion? Comment êtes vous devenu ambassadeur? J'ai cru comprendre que vous êtes comte, il est rare pour un premier fils de choisir ainsi de servir en dehors du domaine!
-C'est parce que je ne suis pas un premier fils! Ma famille possède un duché et c'est de cela qu'héritera mon frère aîné quand notre vénérable père passera de vie à trépas. Pour ma part je me suis très tôt impliqué dans l'administration et notamment la relation aux populations locales, cela m'a conduit à ce rôle d'ambassadeur et la fonction m'a doté d'un comté.
-Votre épouse ne vous a donc pas accompagné sur Karala?
-Inès déteste les voyages au plus haut point! Elle gère le comté en mon absence et à l'entendre elle est ravie de pouvoir un peu voler de ses propres ailes le temps où je ne suis pas là. Je ne peux pas lui en vouloir, nous somme mariés depuis quarante ans et elle ne m'a jamais faillit!
Information intéressante que Gaïa prit bien en note.

-Vous m'avez dit avoir une fille?
-Trois pour être précis. La plus jeune doit avoir environ votre âge je pense... quoi qu'il n'est guère convenant de faire des hypothèses sur cette information.

La jeune femme laissa échapper un rire léger.

-Essayez, vous ne me choquerez certainement pas!
-Hum... vingt-cinq ans?
-Presque! Vingt-six.
-Vous êtes encore à l'âge où vous n'avez pas à mentir à ce propos pour bien vous sentir dans votre peau, cela est bien avantageux!
-Je compte sur vous pour oublier cette information si d'aventure nous nous revoyons dans une dizaine d'année!
-Quelle information?

Les deux rirent ensemble de bon cœur.

La conversation continua plusieurs heures durant, abordant des sujets aussi variés que la politique interne du domaine et l'actuelle montée en puissance du Haut Maréchal Tibérius Alonus, le courant de peinture néo suggestif, les dernières réformes du culte néo-angéliste, les coutume assadienne ou l'histoire de l'Embrasement de Guss.

-Pour avoir vécu trois ans sur un monde Lincian, quelles sont vos pensées à leur égard?

Sirion avait posé cette question comme il en avait posé beaucoup d'autre et rien dans son attitude ni dans ses pensées ne témoignait de la moindre méfiance. Gaïa prit une nouvelle gorgée de son verre avant de répondre, réfléchissant posément à ce qu'elle allait dire.

-Ma troupe entière s'est échappé de Gydéa et je dois dire que nos avis varient à ce propos. Je pense qu'il faut reconnaître que les lincians ont un raffinement culturel que bien peu de mondes impériaux possèdent. Leur art et leur musique sont d'une grande qualité esthétique et symbolique. Néanmoins, leur idéologie est profondément pervertie. Ils prétendent vouloir conduire l'humanité vers une nouvelle ère de lumière mais dans le même temps ils prêchent l'adoration des ténèbres, ils se réclament héritiers des idéaux de la Grande Croisade mais ils commercent avec des xénos et jouent avec le génome humain... l'un de mes compagnons est d'avis que le conflit entre Lincia et l'Impérium est une terrible méprise et que la réintégration de l'Hexarchie à l'Impérium devrait être tentée de manière pacifique, que les deux domaines auraient énormément à gagner l'un de l'autre. Je pense pour ma part que leur déviance ne saurait être redressée. Mon cœur d'artiste rêve de pouvoir un jour visiter Assarée et Dyminia mais ma raison me dicte que seul leur anéantissement mènera à la paix dans ce secteur de la galaxie.
-Vous semblez placer vos considérations morales bien au dessus de tout argument objectif dans cette affaire, remarqua l'ambassadeur.
-C'est notre morale qui nous différencie d'eux, bien entendu que c'est sur elle que je me base!

Sirion finit son verre de vin et s'en servit un nouveau, le cinquième de la soirée.

-J'aimerais que plus de membres de notre noblesse pensent à votre manière. Le baron Aran par exemple, un de mes amis proche pourtant, dépenserait des fortunes pour récupérer les derniers titres de certains écrivains lincians et il n'hésite pas à écouter et à recommander certaines œuvres musicales qui ont été dénoncées comme lincianes il y a des années déjà. C'est parce que même au sein du Conseil se trouvent des gens pensant que l'éventuelle qualité d'une œuvre linciane compense le vice de sa création que nous sommes paralysés depuis des années dans notre bras de fer contre l'Hexarchie comme vous dites.
-Au moins ne peuvent ils pas pousser leur avantage plus avant, déclara Gaïa. Leur population et leur flotte ne peuvent rivaliser avec celle d'Aldéran.
-Si seulement Lincia n'avait pas d'autres opportunités d'attaque qu'Aldéran... A votre avis, pourquoi suis-je sur cette planète?

Elle le savait mais elle n'avait certainement pas à révéler une telle information.

-Afin de limiter l'influence du Seigneur Militant Alun? Un seigneur de guerre régnant sur deux sous secteurs à la frontière du domaine ne doit pas être pour rassurer le Conseil. Et j'imagine qu'ajouter un monde ou éventuellement un secteur à la zone d'influence du Domaine ne devrait pas faire de mal.
-C'est déjà plus vrai que la version officielle mais cela ne représente pas encore l'entière vérité. Savez vous comment avance la guerre dans le sous secteur gydéan?
-Je ne me suis pas renseigné à ce propos depuis longtemps mais... les forces impériales déployées semblaient particulièrement imposantes non?
-Elles l'étaient... jusqu'à subir de multiples défaites et qu'une grande partie d'entre elles ne soient rappelées pour faire face à tout ce qu'il peut y avoir de désordre dans le reste du secteur Enlenthis. L'information n'est pas officielle encore mais les autorités impériales ont déclaré le sous secteur gydéan en sécession effective... Les forces Lincianes qui y sont assemblées ont lancé une invasion à grande échelle sur le système d'Elchin et Aldéran a prit en main le conflit il y a six mois, des vaisseaux corsaires ont été aperçut dans ce sous secteur même. Laisser Alun en possession de la Passe Forine, c'est probablement l'offrir à Lincia et cela, effectivement, le Domaine ne peut pas se le permettre. Karala n'a que peu de valeur industrielle: sa production couvre ses propres besoin et elle ne pratique pas énormément d'exportations en dehors de sa dîme, sa simple protection va engloutir des trillions de crédits chaque année mais elle peut représenter une base sûre d'où contrer toute invasion linciane dans les années à venir en attendant qu'Enlenthis se stabilise.

Un nouveau silence suivit cette déclaration riche d'information. Plus important, Sirion avait enfin commencé à parler de son domaine de compétence.

-J'imagine que ce doit être un lourd poids sur vos épaules. D'autant que l'armée n'a pas encore put être déployée à la surface.
-Nous avons bien quelques ba... hum... rien d'important non en effet. Mais pour le moment, nous sommes en train d'asseoir notre position en Assadie et pour ce faire, il nous faut du temps. Je dois rencontrer un ambassadeur rhédalien après demain. J'espère que nous arriverons à un accord. Il doit être reçu en grande pompe avant cela, vu votre prestation d'hier, il est possible que vous soyez de nouveau invitée à chanter.
-J'en serais honorée, répondit Gaïa qui buvait littéralement les paroles de Sirion, n'osant malgré tout pousser sa chance trop avant.

La conversation reprit sur un ton plus badin alors que tous deux dégustaient un dessert à base de caramel et de crème fouettée et une troisième bouteille de vin. La minuit était passée lorsqu'ils sortirent du restaurant, riant à grands éclats. Il se promenèrent sur un quai illuminé comme l'était tout le quartier du palais chaque nuit et Gaïa parvint à prendre le bras de l'ambassadeur et à se reposer à moitié contre lui. Ils déclamèrent chacun des poésies datant de plusieurs siècles, parlèrent de nouveau d'histoire et philosophèrent sur l'après vie. Deux heures de plus passèrent et Sirion se rendit compte qu'il devait rentrer à l'ambassade. Il conduisit sa compagne jusqu'à un ponton où était amarrée une gondole et ce fut là qu'ils se firent leurs adieux.

-Et bien Gaïa, merci pour cette merveilleuse soirée, j'avais vraiment besoin de passer un peu de temps à me détendre après mes soucis récents.
-Plaisir partagé Sirion, ce fut un véritable bonheur que de pouvoir discuter avec vous.

Ils se penchèrent l'un vers l'autre pour se faire la bise mais le visage de Gaïa sembla glisser vers les lèvres de l'ambassadeur... qu'elle trouva fermées.

Il la repoussa doucement.

-Gaïa, vous êtes une fille réellement ravissante, intelligente et agréable mais... vous avez l'âge de ma fille cadette! J'ai réellement passé un bon moment avec vous mais vous ne me ferez pas croire que mes vieux charme vous ont mise sans dessus dessous. Votre compagnie m'est agréable mais je ne veux vous voir que comme la chanteuse éprise d'histoire qui a visité presque autant de mondes que moi, non pas comme une courtisane qui use de ses charmes pour survivre. Je veux que vous et vos compagnons veniez chanter pour accueillir l'ambassadeur Rhédalien, avec cette rémunération vous aurez de quoi vivre un bon mois dans les meilleurs conditions. Avec votre esprit et vos talents, vous n'avez nul besoin de votre corps pour gagner votre vie!

Gaïa le regarda avec des yeux de petite fille.

-Excusez moi Sirion j'ai... de mauvaises habitudes... pourriez vous...
-J'ai déjà oublié de quoi nous parlions ma chère. Passez une bonne nuit!

Gaïa monta dans la gondole et elle vit que Sirion la regarda partir une bonne minute avant de s'en aller. Elle eut un sourire mélancolique à le voir ainsi, et à penser à toutes les demi vérités qu'elle avait pu lui dire. Elle avait bien vu sa mère mourir: elle l'avait égorgé de ses propres mains après avoir abusé d'elle pour le seul plaisir de celui qu'elle avait pensé être son grand amour, elle avait bien passé un an autour de Tularis, mais dans la cabine d'un des barbares qui menait les raids à la surface, pansant ses plaies infligées par les serviteurs du Domaine. Ses années passées sur Gydéa, elle les avaient dédiées à assurer que l'influence impériale et aldérane en disparaisse et si elle savait quels étaient les projets de Lincia sur ce monde, c'était parce qu'elle était l'un des instruments principaux par lesquels ils devaient se réaliser.


Dernière édition par Araxyrie le Lun 26 Nov 2012 - 6:25, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés Icon_minitimeSam 24 Nov 2012 - 17:05

Ah, agréable, je sens que cet ambassadeur va faire sa forte tête :noel:

Qu'une chose à dire, continue :ok:
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés Icon_minitimeSam 24 Nov 2012 - 18:34

Tu sais Jarlaxle, plus je lis Arax et plus je me dis que heureusement qu'il y a le domaine du luxe, par ce que sinon ça serait la ruine de l'industrie textile... :fou:


Citation :
-Avec une peau si blanche vous ne pouvez pas venir des Jungles d'Abondance... où en avez vous apprit tant sur la vente d'esclave madame?

Ce fut à Gaïa de demeurer silencieuse un instant, effleurant le collier qu'elle portait autour du cou.

-Chez moi...
Ah... Pauvre Gaïa.


Citation :
Gaïa retira son chapeau et le posa sur un banc à côté de leur table, laissant ses boucles blanches cascader dans son dos.
J'avoue à voir un trou de mémoire. Ses cheveux sont naturellement blancs (albinisme ?), est-ce un cas de canitie subite (après tout elle n'a que la vingtaine) ou bien est-ce due à une teinte ?


Citation :
Pourquoi choisir ces nations plutôt que celle ci? J'ai apprit que la Fille du Soleil avait fait appel à l'aide d'Aldéran et si j'avais choisit de partir en Rhédalie et que la guerre avait éclaté contre le Domaine... je me serais retrouvée dans une situation plus qu'inconfortable!
erreur : "fille du soleil"


Citation :
-J'ai eut déjà quelques soucis d'orientation dans ma vie, depuis j'ai appris à tenter d'éviter les risques... avec un succès quelque peu discutable je l'admets.
Certes... Cela dit, si elle était tombé sur Arax, elle aurait été brûlée vive, c'est pas un si mauvais résultat... :fou:


Citation :
-Au moins ne peuvent ils pas pousser leur avantage plus avant, déclara Gaïa. Leur population et leur flotte ne peuvent rivaliser avec celle d'Aldéran.
C'était comme ça dès le départ, remarque... :hum:


C'était un texte très subtil et agréable. Fait parfois penser un peu à Abnet, dans le fonds culturel, comme il dirait.
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés Icon_minitimeLun 26 Nov 2012 - 6:23

Citation :

J'avoue à voir un trou de mémoire. Ses cheveux sont naturellement blancs (albinisme ?), est-ce un cas de canitie subite (après tout elle n'a que la vingtaine) ou bien est-ce due à une teinte ?

L'explication viendra...
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés Icon_minitimeMer 28 Nov 2012 - 18:13

Chapitre 3: Négociations


-Je tiens à commencer cette réunion en félicitant le commandant Philaeus dont les troupes ont avec brio ramené la paix à la cité libre de Vétus.

Tous les membres de la délégation aldérane agréèrent à la déclaration de Sirion. La pacification avait prit un jour de plus que ce qu'avait escompté l'ambassadeur, les troupes élluanes avaient effectivement pu entrer dans l'enceinte de la cité la veille mais les dernières poches de résistance n'avaient été réduite qu'au matin. Néanmoins, la plupart des principautés et états écrans de l'isthme galaté se l'était tenu pour dit suite à la démonstration de force aldérane, les troupes de Tollens avaient été démobilisées en masse et la flotte Sédane qui avait fait une sortie dans le Golfe de Lapis était rentrée à quai en quatrième vitesse après que le vaisseau amiral de la petite armada de Vetus ait coulé suite à une frappe aérienne.

-Ce n'est pas moi qu'il convient de féliciter, déclara humblement le maréchal. L'ennemi a été prit par surprise par la rapidité de notre attaque et notre équipement leur était par trop supérieur pour qu'ils puissent espérer opposer une résistance valable. Les troupes de Vétus n'étaient pas mieux fournies que les bataillons qu'avait déployé l'Empire, elles obéissaient à des tactiques plus fluides mais elles n'en manquaient pas moins grandement de mobilité et de capacité antiaériennes. Néanmoins nous avons pu jauger les troupes à la fois de l'Empire et le contingent qu'avait déployé la République.

Le militaire s'arrêta, attendant l'autorisation de continuer avec discipline.

-Quelqu'un a il une remarque à faire en rapport direct avec le règlement du conflit de Vétus et que nous devrions entendre en priorité?

Atius se leva, le visage à demi rouge.

-Qu'y a il mon jeune ami? Lui demanda Sirion avec un visage compatissant à son embarras.
-Et bien... je tenais simplement à dire que... le... hum, cela peut ne pas sembler très important mais... outre que deux nouveaux ports ont rejoint la Coalition, la République a fortement augmenté ses demandes de missiles sol-air et de batteries mobiles... leur principale usine de production a vu sa demande de production doubler cette nuit...
Ils avaient été rapides à réagir, c'était le défaut d'avoir montré leur main si tôt mais dans le même temps, l'investissement rhédalien ne serait pas d'un grand usage contre les assadiens, si ils sur-réagissaient, cela pourrait s'avérer bénéfique à la longue pour les intérêts aldérans.
-Merci de cette remarque Atius. » L'aide se rassit, heureux de ne pas avoir fait de faux pas. « Avec ces considérations en tête, écoutons désormais ce qu'à à nous dire le Maréchal.
-Et bien, commença l'officier. Les opérations ont débuté avant hier dans l'après midi. Deux escadres de lightnings dotés de systèmes de camouflage et une de chasseurs bombardiers Nox ont décollé de la base A-2. Ils se sont dirigé au sud au dessus du Golfe des Lapis et ont directement engagé la flottille de Vétus. Les forces ennemies se composaient de deux croiseurs de classe Équinoxe, quatre torpilleurs légers et un cuirassé classe RalensXXXII modifié. Une analyse de clichés laisse supposer que les torpilleurs étaient de facture rhédalienne ou éradienne mais les vaisseaux de ligne ennemis étaient tous d'origine assadienne. Comme les rapports généraux ont du en faire part, les vaisseaux assadiens souffrent d'un cruel manque d'armement antiaérien. Néanmoins ils ont fait preuve d'une bonne résistance aux torpilles et aux bombes. Il a fallut sept et neuf bombes pour couler les croiseurs. Le cuirassé à sombré après une heure et demi de fuite et deux passages de Nox. Si la flotte de nos alliés est de cet acabit, il y a moyen qu'elle donne du fil à retordre à nos ennemis tant nous pouvons leur interdire la maîtrise des airs. Nous n'avons pas pu conjecturer grand chose sur les torpilleurs. Ils ne pouvaient pas user de leur armement contre nos appareils et ont sombré après deux torpilles chacun, résultat somme toute logique.

Les membres de la délégation prenaient note. Ils n'étaient certes pas des militaires pour la plupart mais ils n'en restaient pas moins issus d'une culture plaçant les récits martiaux au nombre des plus belles choses à raconter aux enfants pour les aider à dormir...

-Au niveau de l'engagement terrestre en revanche, les conclusions sont bien plus nombreuses. Nos forces sont arrivées en valkyries et vendettas alors que les troupes elluanes et forines retraitaient en masse devant la percée blindée des troupes alliées à Vétus. Nous les avons immédiatement engagé à coups de hellstrike et de canons laser. Les véhicules ennemis se sont révélés supérieurs aux quelques modèles dont disposent l'Empire bien que très inférieurs à des Leman Russ. Nous avons notamment repéré un modèle qui doit représenter environ un cinquième de leur effectif, ne disposant pas de tourelle mais d'un blindage renforcé et d'un nombre accru de postes de tirs. Nous supposons qu'il s'agit là d'un engin tracteur de combat. Nous avons retrouvé dans un de leurs camps abandonnés plusieurs types de remorques qui viennent étayer cette hypothèse. Quoi qu'il en soit, l'ennemi a retraité après notre deuxième passage et nous avons débarqué quelques escouades dont les transports avaient dépensé leurs munitions afin que ceux ci puisse recharger. Nos observateurs au sol ont donc pu voir que l'ennemi n'utilisait pas de transports blindés en soutien de leurs fers de lance, si cette pratique s'avère courante, elle pourrait être utilisée à notre avantage: sans escorte de piétons leurs chars seront très vulnérables à toute sorte d'embuscade. Leurs escadrons sont probablement coordonnés par radio et ils font preuve d'une bonne discipline de manœuvre. Leur cadence de tir est elle aussi honorable mais nos estimations laissent à penser qu'ils ne transportent pas plus de trente obus par tank sans ravitaillement.
« Après ce premier engagement, les forces ennemies ont reculé jusqu'à une trentaine de kilomètres au nord de Vétus où les attendait un convoi de ravitaillement que notre aviation a pu observer et bombarder en partie. Des citernes de prométhéium avaient été apportée par train et l'ennemi travaillait sur un élargissement des lignes de chemin de fer. Toute la zone de l'isthme est fortement montagneuse, si les rhédaliens ne disposent pas de moyen aériens d'acheminer leur carburant, la suppression de leurs lignes de train pourrait suffire à les empêcher d'user de la moindre force blindée dans les conflits de cette zone, nous supprimerions donc un des principaux désavantages de nos alliés. »

Le maréchal fit une pause et Aran crut donc bon de prendre la parole:

-Tout me semble bien positif dans cet engagement Philaeus. Cependant sans vouloir remettre en cause ta pertinence, nous ne somme pas des militaires, les détails précis sur l'armement ennemi ne nous concernent pas directement tout en ayant leur place dans les rapports. Parle nous plutôt du terme général de l'engagement.

L'officier se lissa la moustache en fixant ses iris gris dans les yeux du baron.

-Si tel est l'avis de ce conseil...

Personne ne vint dénier la déclaration de Sirion, si la précision du champs de bataille influait sur l'issue d'une guerre, mais elle ne pouvait dicter avec acuité une politique d'intervention.

-Après le repli des forces blindées, les armées Elluanes ont avancé soutenues par leurs alliées et seules les troupes de Vétus leur ont fait face: la République de Rhédalie a retiré son soutien à la rébellion peu après que leurs tanks eurent put faire le plein à leurs dépôts et leurs fantassins avaient déjà commencé à retraiter. L'engagement fut brutal et déséquilibré: l'armée Elluane comptait près de cent mille soldats à opposer aux vingt mille combattants que Vétus avaient mis sur pied. Nos alliés Assadiens n'ont quasiment pas combattus, seulement une petite escarmouche autour d'un fort frontalier. Les forces engagées étaient composées d'un régiment d'esclave et... je dois dire que j'ai certaines réserves quand à la qualité de tels auxiliaires. Ils sont fanatiquement dévoués à leurs leaders et ont donc mené un assaut frontal contre une position ennemie défendue par des nids de mitrailleuses et une douzaine de mortiers. Ils ont emporté la position en une heure mais leurs pertes s'élevaient à quatre mille trois-cent-vingt-deux homme alors que les défenseurs n'étaient que cinq cent... Pour faire bref, l'Empire a beau regrouper près de la moitié de la population planétaire, je doute qu'il puisse mener un conflit de ce genre bien longtemps...



Sirion sortit de la salle de réunion aux côtés d'Aran, se dirigeant vers la salle à manger qui avait été réservée à la délégation. Les conclusions de Philaeus avaient été confirmées par plusieurs analystes: l'art de la guerre assadien visait à obtenir une bataille décisive dans laquelle les forces écrasantes de l'Empire permettraient de faire plier l'ennemi d'un coup et le contraindre à la négociation. Si une telle politique fonctionnait, il était vrai qu'elle servirait au mieux les intérêts aldérans à la surface mais les Terres du Soleil ne pouvaient nier avoir perdu en force au cours des derniers siècles, la prise d'indépendance de la Coalition Eradienne tout aussi bien que l'incapacité du Fils du Soleil Sobek XXII d'empêcher la formation de la République de Rhédalie auraient du être autant de sonnettes d'alarmes conduisant à des réformes qui n'avaient pas été prises et le temps risquait de venir sous peu où il faudrait payer ces erreurs.

-Ce sont nos alliés Sirion, nous n'avons pas à réprouver un choix qui pour eux est un fait de culture, déclara Aran alors qu'ils tournaient au coin d'un couloir.

Tous deux parlaient du sort de Vétus: la totalité des habitants survivants de la ville rebelle avaient été réduits en esclavage et partagés entre les puissances triomphantes alors que leurs bien étaient récupérés par la couronne Elluane.

-La force de la Rhédalie vient en grande partie de l'image qu'ils ont de libérateurs, d'unificateurs veillant au bien du peuple plutôt que ne considérant que l'intérêt d'une élite dirigeante. Ils ont eut beau perdre dans ce bras de fer, soit assuré que l'image de l'Empire dans les principautés s'est sans doute encore dégradée.
-Je suis bien d'accord, répondit le baron. Mais au moins gardent ils les élites dirigeantes de leur côté. De toutes les monarchies de l'Isthme, il me semble qu'une seule a prit le parti Rhédalien pour le moment. Tant que ces monarques tiennent leur peuple, les choses resteront stables... je commence d'ailleurs à penser que c'est là la raison d'être des armées d'esclaves: avec des troupes entrainées à l'obéissance dès la naissance et originaire d'une autre région que celle où ils se battent, ils s'assurent qu'une part au moins de leurs hommes ne prendra pas les armes contre eux en cas de révolution.
-Je préfère éviter de parler de révolutions... si cela devait arriver dans les mois à venir, tous nos espoirs de prise de contrôle se verraient réduits à néant.
-Oui... parlons de sujets plus agréables! Qu'est devenu notre agréable chanteuse?
-Aran!

Sirion n'avait plus vu Gaïa depuis leur repas de l'avant veille. Elle avait confirmé sa présence le lendemain à la cérémonie d'accueil de l'ambassadeur de Rhédalie où elle interprèterait des chants traditionnels Assadiens, les Rhédaliens n'ayant pour leur part pas de véritable chants fédérateurs en dehors de leurs hymnes. Il lui était arrivé de repenser à elle par moments et à son destin tragique, se disant qu'il avait quitté l'espace du domaine afin d'empêcher que d'autres vies soient ainsi détruites par une Lincia toujours plus puissante.

-Avoue qu'elle ne te rend pas indifférent! continua son compagnon. Elle est bien faite sous toutes coutures il faut bien le dire et de ce que j'ai compris, elle est loin d'être idiote.

L'ambassadeur secoua la tête avec résignation.

-Elle est intéressante, je ne dirais pas le contraire, mais je ne vois en elle qu'une amie potentielle, pas une éventuelle compagne. Et nous ne sommes pas tous infidèles!
-Touché, déclara Aran avec un sourire. Mais tu dois bien admettre que l'épouse à laquelle j'ai eut droit ne pousse pas particulièrement à la fidélité!

Aran avait refusé le mariage jusqu'à ses quarante ans, se concentrant sur sa carrière et peu désireux en tant que cinquième fils de devoir chercher une épouse à laquelle il devrait obéissance. C'était alors qu'une vielle famille d'Etola, le continent nord est d'Aldéran lui avait offert en mariage sa troisième fille en vue d'un rapprochement de leurs deux familles. Aran alors absent n'avait pas eut voix au chapitre et s'était retrouvé lié à une jeune fille de seize ans, bigote jusqu'au bout des ongles. Pour le libéral diplomate, cela n'avait guère correspondu à ses aspirations de vie et il avait donc sauté sur l'occasion lorsque quelques semaines plus tard son vieil ami Sirion lui avait proposé une mission dans le secteur Enlenthis.

-Quoi qu'il en soit, continua il, cette... Gaïa je crois? creuse plutôt bien son trou sur ce monde. On m'a dit qu'elle anime un cercle de pensée progressiste avec les autres membres de sa troupe et dont l'actuelle favorite du Fils du Soleil est une inconditionnelle. Juilia m'a proposé d'y venir lors de sa prochaine réunion dans quelques jours, elle y a été invitée par ce poète qu'elle fréquente.
-C'est une survivante oui, répondit le comte. Néanmoins ne t'attends pas à me voir dans un tel lieu, j'ai bien autres choses à faire!
-Comme toujours Siri... mais tu sais, t'autoriser un peu de détente comme tu l'as fait avant hier ne peut pas te faire de mal!
-Aran...



Après le repas, Sirion laissa son collègue à ses propres obligations et se dirigea vers une partie plus habitée du palais où il avait rendez-vous avec le vizir de Khefren. Il avait eut beau passer la journée de hier avec le jeune monarque, il n'avait pas réussi à tirer de lui le moindre avis sur sa politique extérieure pas plus que le Fils du Soleil n'avait daigné le remercier du rôle aldéran joué dans la pacification de Vétus, probablement encore avide de montrer sa force après la remontrance du début de semaine. L'ambassadeur avait prévu de quitter la cour d'ici quelques jours et de se rendre à Khorsadan, la vaste cité frontalière où la Fille de la Terre avait assemblé les forces armées de l'Empire en vue du conflit à venir. Il espérait que l'impératrice saurait se montrer une oreille plus attentive que son mari mais pour cela, Sirion avait besoin d'informations, à la fois sur elle mais aussi sur l'état d'esprit général des assadiens. Il se rendait compte qu'il peinait réellement à comprendre ce peuple qui semblait en grande partie prêt à mourir pour le bon vouloir du couple régent là où une partie avait déjà fait sécession quelques siècles plus tôt et où l'élan révolutionnaire qui avait secoué le sud de la planète se faisait encore sentir jusque dans les principautés à la frontière même des jungles d'abondance.

La porte était gardée par deux esclaves portant de lourdes épées cérémonielles. Il les salua et se déclara comme l'ambassadeur d'Aldéran à la surface sans les voir réagir le moins du monde. Il se souvint alors que le vizir lui avait demandé de simplement montrer un cachet qu'il lui avait donné ce qu'il fit, les gardes l'observèrent alors un instant avant d'ouvrir la porte. Le petit salon sur lequel il déboucha alors avait beaucoup en commun avec nombre de pièces de par le palais, ses larges baies vitrées ouvrant cependant non pas sur le fleuve en lui même ou la mer mais sur un large espace intérieur où se dressait un palais miniature dans le palais lui même: le Harem du Fils du Soleil.

-Bien le bonjour ambassadeur.

Ce n'était pas le vizir qui venait de s'exprimer mais Ralens, l'héritier du trône qui était assis dans un fauteuil à côté du conseiller de son frère. Sirion s'inclina respectueusement vers lui, étant cette fois tenu par le protocole mais néanmoins surpris de le voir ici.

-Vous excuserez ma petite intrusion dans votre réunion ambassadeur mais lorsque j'ai apprit que vous désiriez parler à mon ami Paneb, je me suis dit que je pourrais peut être apprendre quelque-chose de votre échange.
-A dire le vrai, altesse, lui répondit Sirion, je comptais moi même poser un certain nombre de questions. Je compte partir rencontrer votre cousine la Fille de la Terre après le départ de l'ambassadeur Rhédalien et il me fallait donc quelques informations.

-Je serais ravi de pouvoir moi aussi vous aider dans la mesure de mes capacités dans ce cas!

Dans l'absolu, le comte n'était pas particulièrement dérangé par la présence de l'héritier. Il était de toute façon probable que toute question digne d'intérêt qu'il allait poser au vizir serait rapportée au Fils du Soleil, de plus Ralens serait peut prêt sur certains sujets à parler bien plus librement que le ministre.

-En premier lieu, commença l'Aldéran, je voudrais savoir comment est perçue parmi la population Assadienne la perspective d'un conflit à venir avec la Rhédalie. Je n'ai pu jusqu'à présent parler qu'à des membres de la noblesse, des hauts responsables et des soldats sous l'œil de leurs officiers ce qui est loin d'idéal pour se faire un avis de l'opinion réelle d'une population.

Le vizir regarda son hôte d'un air intrigué.

-Que voulez vous dire par « l'avis de la population »? Elle fait bien évidemment corps avec ses monarques!
-Monsieur le Vizir, veuillez m'excuser d'être franc mais je me moque éperdument de la version officielle. Nos agents à la surface finiront probablement par avoir une vision assez claire de votre population mais ce ne sera pas avant des semaines. La population Assadienne est forte de quatre milliards d'habitants, parmi eux, plus de quatre-vingt-dix pour-cent vivent en zone rurale du travail de la terre, de l'élevage ou de la récolte de matériaux précieux. Moins de quatre personnes sur trente savent lire et écrire et l'élite noble possède l'écrasante majorité des terres. Je peine à croire qu'un peuple vivant dans de telles condition n'ait pas la moindre velléité de révolte... La Coalition Eradienne était autrefois simple colonie de votre Empire si j'ai bien retenu ce que j'ai apprit de votre histoire, elle est désormais pleinement indépendante et a même refusé de vous soutenir contre la Rhédalie, n'est-ce là pas une preuve que votre population n'est pas unie d'un bloc?

Le vizir resta sans voix face à cette déclaration, le rouge lui montant au visage mais avant qu'il ne s'exclame, le jeune Ralens prit lui même la parole.

-Veuillez excuser mes paroles ambassadeur mais je pense que vous ne comprenez pas encore très bien l'assadie et ce qui la différencie du reste des nations de ce monde. Notre empire est vieux, très vieux et je sais qu'il peut paraitre archaïque comparé à des critères hors monde ou même au regard des progrès faits par certaines autres nations au cours des derniers siècles. Néanmoins, vous devez comprendre que cet archaïsme est une force. Notre population est vaste et illettrée il est vrai, mais cela signifie que du fait de son absence d'éducation, elle n'est guère prompte à la révolte armée contre les politiques de ses seigneurs. Vous devez comprendre, ambassadeur, que notre population n'est pour beaucoup pas consciente de votre présence à la surface, pas plus qu'elle ne sait que notre secteur galactique est en guerre, leurs affaires se limitent à la qualité de la moisson, au taux de taxes auquel ils sont soumis et éventuellement aux affaires de leurs gouvernants directs: aux conflits féodaux entre grandes familles et aux vieilles rivalités entre communautés. Il fut un temps où un Couple Élu tenta de libéraliser l'Empire: nous eûment droit à une douzaine de révoltes ouvertes, à une tentative de séparation de l'Empire par un héritier au Trône de Lumière trop présomptueux et à une instabilité galopante. Lorsque nos ancêtres voulurent inverser la manœuvre ils durent faire face à une forte opposition et ce qui allait devenir la Coalition Eradienne en profita pour faire sécession en refusant de voir ses nouveaux droits retirés. Cet événement nous rappela une chose simple: gardez votre peuple ignorant et il restera heureux de son état. Lorsque l'ancienne triple couronne d'Euridia fut jetée à bas par les révolutionnaires qui allaient unifier une bonne part du continent sud en la République de Rhédalie, nous sûmes alors que nous avions eut raison de prévenir le développement des idées libérales dans notre empire.
« Les assadiens sont un peuple reconnaissant: reconnaissant au Soleil de permettre à leurs récoltes de pousser dans les larges vallées, reconnaissants aux jungles du nord de les fournir en mille et un fruits et animaux comestibles et reconnaissant envers le Pacte fait avec les dieux pour que ces miracles soient possibles et envers le Fils du Soleil comme la Fille de la Terre qui incarnent ce Pacte. J'ai moi même étudié quelque peu votre histoire et même si Aldéran peut se vanter d'être un des mondes les plus prospères de ce quadrant du Segmentum, même si vos colonies sont plus vastes que ce seul sous secteur, vous devez tout de même faire sans cesse face à des insurrections d'indépendantistes trop éduqués pour ne pas être tentés de penser par eux même. En ce sens, je suis fier de voir que notre Empire, aussi risible puisse il être considéré par certains, est bien plus solide que nombre d'entités plus puissantes.

Ce fut au tour de Sirion de rester sans voix. Il n'arrivait pas à croire qu'un domaine puisse se féliciter de la non éducation de sa population! Sans leaders, en effet, rares seraient les idiots à se soulever contre un ordre déjà bien établit mais une foule ignorante était plus aisée que quoi que ce soit d'autre à manipuler. Et le rôle de toute grande nation n'était il pas d'apporter la lumière à sa population? Aldéran exerçait certes sa domination sur plusieurs centaines de peuples différents mais elle avait le mérite de leur apporter à tous à la fois protection mais aussi éducation et attention. Néanmoins si tel était le mode de pensée de l'élite locale, il était bien peu probable que le simple fait de les mettre face au caractère abscons de leur doctrine ait le moindre effet.

-Chacun dirige comme il l'estime le mieux chez lui... grommela le comte. L'union que vous me dépeignez est également présente au sein de votre élite? Quelles furent leurs réaction face à votre sécession de l'autorité du gouverneur?

Ce fut le vizir, bien plus maître de lui même désormais, qui prit la parole.

-Il est vrai que nous avons eut quelques contentieux à ce niveau. Une part non négligeable des membres de l'Administratum de l'Empire ont déclaré leur hostilité ouverte à notre opposition à la décision du gouverneur. Néanmoins un bon nombre ont depuis cessé leurs protestations depuis que des rumeurs courent comme quoi Karala pourrait passer sous administration du Secteur Elonis avec le Couple Élu comme nouveau tenant du poste de gouverneur planétaire. Le conflit qui nous oppose à la Rhédalie, ses alliés et aux Marches Impériales n'est qu'une question locale, pas une affaire sectorielle et encore moins une question d'opposition à la présence impériale à la surface, ils l'ont comprit. Nous avons pour le reste une faction pacifique parmi notre noblesse mais bien qu'elle soit opposée au conflit, elle ne sympathise en rien avec l'ennemi. La première action de la République de Rhédalie une fois les quinze royaumes fondateurs englobés fut de saisir tous les biens de la noblesse et d'en faire décapiter une bonne part, soyez sûr qu'ils n'ont guère de sympathie en assadie.

La question d'une passassions d'hégémonie sur plusieurs sous secteurs entre Enlenthis et le secteur Elonis avait été évoquée par l'ambassadeur du domaine à Kar Duniash plus de dix ans auparavant au tout début de la crise qui embrasait le secteur. Le sous secteur Gydéan avait alors été confié à Aldéran, seul en position de lui porter secours en des délais raisonnables, malheureusement Gydéa et les mondes alentours étaient tombés à la suite d'un conflit d'une rare amplitude, nuisant grandement au prestige du domaine dans les mondes alentours. Les récentes victoires du Haut Maréchal Tibérius Alonus avaient aidé à redorer le blason d'Aldéran mais la prise en charge de la Passe Forine était encore en négociation.

-J'ai cru comprendre qu'un envoyé de l'administratum devait accompagner l'ambassadeur rhédalien lors de sa venue?
-En effet comte, lui répondit le vizir. Ils comptent invoquer le droit impérial pour justifier l'action rhédalienne mais nous savons tous qu'il ne s'agira là que de propagande visant à justifier leur position et leur hégémonie assurée sur la planète!

A ce niveau là au moins, Sirion était persuadé que son interlocuteur ne croyait pas ses propres mots. L'empire avait de lui même déclaré son hostilité au gouverneur lors de sa prise de position avec le Seigneur Militant et c'était bien Ahotep qui avait demandé le poste de gouverneur pour elle même, non pas le Premier Citoyen rhédalien.

-Hum, fit il pour toute réponse. Je voudrais aussi un avis assadien sur vos forces armées? Le conflit sur les terres de la couronne elluane n'a guère permis de juger des capacités de vos troupes terrestres.
-Et bien, les armées des Terres du Soleil sont fortes de trente millions de soldats libres et de vingt-cinq millions de soldats esclaves. Les Jungles d'Abondance peuvent pour leur part lever vingt millions de soldates libres et une dizaine de millions de leurs auxiliaires légers. Nous disposons de trois fois ce nombre de combattants en réservistes, nos forces armées sont deux fois plus nombreuses que celles combinées de toutes les autres nations à la surface, je ne vois pas ce qu'il y a de plus à analyser.

Le comte d'Orae fut prit d'une terrible envie de lever les yeux au ciel mais il sut se retenir comme toujours lorsqu'il refusait à son attitude de traduire son ressentit vis à vis d'un de ses interlocuteurs.

-Comme vous l'avez fait remarqué plus tôt, Aldéra maintient sa domination sur plus d'une quarantaine de mondes, pourtant la population aldérane représente moins d'un pourcent de celle totale de notre Domaine et nous sommes pourtant capable de réduire à néant toute opposition. Une armée bien entrainée et équipée peut sans difficultés vaincre des adversaires dix ou cent fois plus nombreux.
-Ambassadeur, voyons, même toutes les divisions blindées de Rhédalie ne sauraient faire plier une armée de plusieurs millions d'hommes! Cette guerre ne sera qu'une formalité une fois qu'elle éclatera, j'en suis intimement convaincu de même que le Fils du Soleil lui même. Sans intervention hors monde, la victoire nous reviendra en moins d'une décennie et avec le soutien d'Aldéran, le Seigneur Militant Jin Yazo serait bien malavisé de tenter de soutenir les rhédaliens!
-Qu'en pensez vous Ralens?

Le jeune homme sourit que l'on ait consulté son avis, pensant peut être que l'ambassadeur le voyait comme un homme suffisamment sage pour que son avis mérite de s'ajouter à celui d'un vizir. Néanmoins, pour une fois, l'héritier déçu fortement Sirion.

-Je ne vois pas quoi ajouter à Paneb, la simple logique de la guerre nous apportera la victoire sur terre. Il est probable que le combat soit long et que le pays ait en partie à se saigner pour emporter la décision mais je n'ai crainte que nos hommes marcheront jusque dans les rues de Vilnis si il faut cela pour que notre domination sur ce monde ne soit reconnue.

L'aldéran, déjà assit s'autorisa à se masser légèrement l'arrête du nez. Si il était vrai que la Fille de la Terre soit l'une des stratèges les plus accomplies de la planète, comment aucun de ces écervelés ne pouvait il pas se poser la question de pourquoi elle avait personnellement requis un appui Aldéran avant même de déclarer sa volonté de s'opposer à la Rhédalie? La simple industrie de l'Empire risquait de ne pas suivre plus de six mois de conflits et si leur armée était déjà levée avec ses ordres de réserves bien établis, le risque était que la République ne profite de la ferveur de son peuple pour lever toujours plus de troupes bien plus motivées que ne le seraient des réservistes n'ayant jamais vu d'autre horizon que le champ de leur voisin. Le comte espérait au moins que la Fille du Soleil aurait une meilleure vision politique que le reste de sa famille et de leurs conseillers.

-Je crois avoir entendu ce que je voulais entendre sur ce sujet. J'aimerais désormais entendre parler de l'actuelle Fille de la Terre.

Le vizir et Ralens échangèrent quelques mots à voix basse puis le jeune homme prit la parole en tant que membre lui même de la famille royale.

-Ma cousine, commença il, est réellement une femme admirable! Elle a servi d'épouse dix huit ans à mon père avant que celui-ci ne décède et n'avait que quatorze ans à leur mariage, pourtant elle a dès ce moment fait preuve d'une excellente gestion des Jungles d'Abondance bien qu'elle ne lui ait donné que des filles. Elle a mené une campagne contre l'Union Eubastéenne il y a cinq ans suite à l'attaque de plusieurs de nos vaisseaux marchands croisant au large de leurs côtes et elle a mené le conflit de main de maître, forçant l'union à la négociation après avoir soumit une douzaine de leurs archontes. L'Assemblée Eubastéenne l'a reconnu comme une adversaire valeureuse et lui a décerné plusieurs décoration avant qu'elle ne quitte le continent. Depuis la mort de son premier mari, c'est clairement elle qui mène la politique extérieure de l'Empire... je dois bien dire qu'elle ne laisse à mon frère que le loisir de gérer les problèmes intérieurs des Terres du Soleil et de recevoir les hôtes de marque.

Ralens fit une pause, cherchant le regard de Sirion à la manière d'un enfant qu'il était toujours en partie.

-Qu'en est il du caractère de la Fille de la Terre? J'aimerais un peu mieux saisir le caractère de ce personnage avant de le rencontrer.
-Et bien, Aho... la Fille de la Terre est une personnalité éminemment dévouée à l'image de l'Empereur Dieu et... peut être un peu sceptique quand à l'incarnation de celui-ci dans son mari... Elle m'a toujours semblé protectrice nous concernant mais... je pense qu'elle n'aime pas l'idée en tant que reine depuis près de deux décennies ayant déjà mené ses propres guerres de devoir partager son trône avec Khefren. Elle peut sembler impulsive aussi au premier regard mais elle passe beaucoup de temps à peser le pour et le contre de ses actions. Et elle n'aime pas les étrangers, je ne sais pas exactement ce qui l'a poussée à vous appeler, sauf votre respect ambassadeur, mais ce n'est pas sans raison qu'elle laisse la cour extérieure se tenir à Hélipolis.
-Charmante perspective...
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés Icon_minitimeMer 28 Nov 2012 - 19:06

Un petit passage de transition, histoire de poser la situation globale à plat. Pas le plus intéressant mais nécessaire, et quand même plaisant à lire.

Ah et t'as encore écrit un "la Fille du Soleil" vers la fin :noel:
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés Icon_minitimeMer 28 Nov 2012 - 21:03

/me change son avatar pour celui de la Fille du Soleil

Elle ressemble à ça ? :-p

Citation :
Comme les rapports généraux ont du en faire part, les vaisseaux assadiens souffrent d'un cruel manque d'armement antiaérien. Néanmoins ils ont fait preuve d'une bonne résistance aux torpilles et aux bombes. Il a fallut sept et neuf bombes pour couler les croiseurs (...) Ils ne pouvaient pas user de leur armement contre nos appareils et ont sombré après deux torpilles chacun, résultat somme toute logique.
Résultat logique, causes pas claires. :fou:


Citation :
Les conclusions de Philaeus avaient été confirmées par plusieurs analystes: l'art de la guerre assadien visait à obtenir une bataille décisive dans laquelle les forces écrasantes de l'Empire permettraient de faire plier l'ennemi d'un coup et le contraindre à la négociation. Si une telle politique fonctionnait
"Si une telle stratégie..." plutôt, non ? ^^


Citation :
Aran alors absent n'avait pas eut voix au chapitre et s'était retrouvé lié à une jeune fille de seize ans, bigote jusqu'au bout des ongles. Pour le libéral diplomate, cela n'avait guère correspondu à ses aspirations de vie et il avait donc sauté sur l'occasion lorsque quelques semaines plus tard son vieil ami Sirion lui avait proposé une mission dans le secteur Enlenthis.
Je ne comprendrais jamais pourquoi ils n'envoient pas ces nanas là aux SoB, au lieu de faire leurs mariages. L'Adepta Sororitas a besoin de leaders, et c'est exactement ce genre de femmes que l'on appelle, historiquement, chanoinesse. Avec une bonne éducation, un relativement bon patrimoine génétique et l'entraînement bien particulier des SoB, elle pourrait servir à quelque chose. Et puis, comme dit Maupassant, les femmes ont la fibre religieuse davantage que les hommes. C'est p'tet pour ça qu'elles ont les Actes de Foi (ou alors l'Empereur est juste un pervers... on lui pose la question ? lol).

Au sujet d'Enlenthis ? Je sais pas si tu as fais une faute d'orthographe, mais mon instinct dit que "Elenthis" sonne mieux, plus naturel. Après, vu que les noms propres sont souvent compter comme faute d'orthographes par les correcteurs automatiques, tu as bien put ne pas l'à voir venir. ;)

Citation :
Cet événement nous rappela une chose simple: gardez votre peuple ignorant et il restera heureux de son état.
Oui, Prince Ralens, cela évoque la politique préconisée par le Taoïsme classique, consistant à se fixer sur l'âge primordial, ou tout était simple. Mais la version Assadienne me semble décadente par le rite. Les humains de l'âge primordiaux étaient très différends, et très purs. Ils connaissaient d'instinct les vertus et ignoraient l'essentiel de leurs perversions, et ceux qui les dirigeaient étaient les plus sages et équilibrés. C'est pourquoi l'Empire Assadien est dans un tel état.



Citation :
-Et bien, Aho... la Fille de la Terre est une personnalité éminemment dévouée à l'image de l'Empereur Dieu et... peut être un peu sceptique quand à l'incarnation de celui-ci dans son mari... Elle m'a toujours semblé protectrice nous concernant mais... je pense qu'elle n'aime pas l'idée en tant que reine depuis près de deux décennies ayant déjà mené ses propres guerres de devoir partager son trône avec Khefren. Elle peut sembler impulsive aussi au premier regard mais elle passe beaucoup de temps à peser le pour et le contre de ses actions. Et elle n'aime pas les étrangers, je ne sais pas exactement ce qui l'a poussée à vous appeler, sauf votre respect ambassadeur, mais ce n'est pas sans raison qu'elle laisse la cour extérieure se tenir à Hélipolis.

/me imite le Retour de la Momie.

Ahoootep! Ahoootep! Ahoootep... !

Je l'apprécie déjà. :rire2:


Ce qui est bien avec Arax, c'est que même si j'en ais pas envie, je me dirige vers une carrière dans une maison d'édition. -______-"



EDIT

A propos des esclaves et de leur loyauté au maître. En travaillant sur certains projets d'écriture, j'avais envisagé la possibilité de serviteurs doués de facultés d'auto-hypnoses leur ayant été enseigné (par endoctrinement et / ou thérapie hypnotique justement) pour servir en étant aussi invisibles et discrets que des parties du décor. Ainsi, avec un signalement quelconque (comme un masque par exemple) ils peuvent se mettre dans un état demi-conscient lorsqu'on leur ordonne, et ainsi ne rient retenir de, par exemple, ce qui a été dit par leurs maîtres. Une version archaïque et ingénieuse du casque pacificateur, en somme. C'est juste une idée en l'air que tu pourrais (ou pas) exploiter dans cette fic. ;)
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés Icon_minitimeJeu 29 Nov 2012 - 21:43

Ys===>
Citation :
Ah et t'as encore écrit un "la Fille du Soleil" vers la fin :noel:

Screugneugneu :(




Tenka===> les assadiens ont en générale la peau mate à noire, du coup l'image ne correspond que moyennement non ^^


Citation :
"Si une telle stratégie..." plutôt, non ? ^^

L'illusion de la Bataille Décisive est à mon sens plus politique que stratégique: l'idée qu'une bataille puisse retourner l'opinion publique contre la guerre et forcer la paix me semble peu en rapport avec une véritable stratégie militaire.



Citation :
Au sujet d'Enlenthis ? Je sais pas si tu as fais une faute d'orthographe, mais mon instinct dit que "Elenthis" sonne mieux, plus naturel. Après, vu que les noms propres sont souvent compter comme faute d'orthographes par les correcteurs automatiques, tu as bien put ne pas l'à voir venir. ;)

C'est bien Enlenthis et moi j'aime bien ^^



Citation :
A propos des esclaves et de leur loyauté au maître. En travaillant sur certains projets d'écriture, j'avais envisagé la possibilité de serviteurs doués de facultés d'auto-hypnoses leur ayant été enseigné (par endoctrinement et / ou thérapie hypnotique justement) pour servir en étant aussi invisibles et discrets que des parties du décor. Ainsi, avec un signalement quelconque (comme un masque par exemple) ils peuvent se mettre dans un état demi-conscient lorsqu'on leur ordonne, et ainsi ne rient retenir de, par exemple, ce qui a été dit par leurs maîtres. Une version archaïque et ingénieuse du casque pacificateur, en somme. C'est juste une idée en l'air que tu pourrais (ou pas) exploiter dans cette fic. ;)

A voir.
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés Icon_minitimeJeu 29 Nov 2012 - 21:46


L'ambassadeur de Rhédalie arriva à la huitième heure passé midi sur un navire pleinement rhédalien d'après l'avis d'expert de Philaeus. La nef était bien plus élancée que les lourds béhémoths de métal qu'appréciaient les assadiens, disposant de légers moteurs répulsifs et d'un fond dynamique lui permettant pour de courtes durées de se déplacer non pas comme un simple bateau mais comme un aéroglisseur capable ainsi d'évoluer en eaux très peu profondes mais aussi sur terre. Il s'agissait clairement d'une frégate diplomatique avec de larges voiles blanches visant à rappeler la relative immunité dont elle bénéficiait. Néanmoins, même l'œil peu exercé de Sirion remarqua les deux canons installés le long des flancs de l'engin.

Le navire fut dirigé par des remorqueurs de l'Empire vers le principal port de plaisance du quartier du palais, restant bien éloigné des nombreux ports commerciaux de la ville haute. Bien que d'une technologie évidemment supérieure à celle des autres bâtiments l'entourant, l'envoyé d'Aldéran ne put s'empêcher de remarquer que l'esquif rhédalien était bien moins richement décoré que ceux ci. Lorsque finalement les envoyés de la République descendirent à terre, cette impression se confirma. Ils n'étaient qu'une douzaine à acoster et bien que trois d'entre eux fussent clairement issus des marches impériales et portaient des robes de lourd velours, l'un ayant en plus dans le dos un assemblage de bras de métal l'identifiant comme un représentant du méchanicum, ceux originaires de Rhédalie ne se reconnaissaient qu'à la simplicité de leurs vêtements. Plusieurs d'entre eux portaient des uniformes militaires sans autres fioritures que leurs médailles et les civils étaient pour leur part revêtus de costumes à la coupe précise mais simple, faisant passer l'austérité des tenues de la délégation aldérane pour un étalage de richesse.

Ils furent reçus par le haut vizir Paneb accompagné d'une foule de conseillers qui firent force de civilités dans un bas gothique canonique à l'accent marqué. Le comte, qui se tenait en retrait au côté d'Aran et d'Herun, remarqua que les rhédaliens semblaient au moins aussi charmés par ce comité d'accueil qu'il l'avait été lui même lors de sa propre arrivée quelques semaines plus tôt. Des chaises à porteurs furent apportés mais les nouveaux venus les refusèrent avec politesse mais fermeté, préférant marcher sur leurs propres jambes que reposer sur les épaules d'esclaves, suivant leurs propres termes. Ils parurent immédiatement sympathique au représentant du Conseil à la surface. Ils arrivèrent ainsi devant le Fils du Soleil qui, revêtu de nouveau d'or de la tête aux pieds les dominait du haut d'une nacelle installée sur le dos d'un des pachydermes locaux. Là aussi Sirion remarqua que les rhédaliens ne semblaient guère impressionnés par la pompe qui entourait leur venue. Lui même les enviait, eux qui en tant que natifs d'une nation ennemie n'étaient aucunement tenus de se plier aux fantaisies locales.

-Bienvenu, nobles envoyés de Rhédalie, commença Paneb. L'union des Terres du Soleil et des Jungles d'Abondance est honorée de...
-Nous ne sommes pas des nobles, pas plus que vous, le coupa l'un des envoyés. Nous sommes tous citoyens de la grande République de Rhédalie, sujets du Gouverneur de Karala et Civitatis Imperii, vos égaux sur ces deux derniers points si vous ne vous étiez oubliés.

L'homme qui venait de parler dans un bas gothique parfaitement intelligible avait une peau très pâle et un visage carré au nez cassé, son regard franc était planté droit dans les yeux du Fils du Soleil. Il ne semblait pas du tout inquiété par la situation ni ému par l'agitation qu'il avait causé par ses quelques paroles. Sur son trône au contraire, Khefren voyait rouge.

-Qui êtes vous pour vous prétendre mes égaux, qui êtes vous pour me parler sur ce ton, qui êtes vous pour venir sur mes terres et m'y manquer de respect sans même y avoir fait cent pas!
-Il y a eut méprise, reprit l'envoyé de la République. Je ne me prétend pas votre égal. Vous avez rompu la Pax Imperii, de ce fait vous n'êtes pas même l'égal d'un laboureur et c'est afin de tenter de vous convaincre de rétablir votre nation dans sa dignité que nous sommes présents.

Si la première déclaration du nouveau venu avait soulevé des murmures, celle ci déclencha un torrent de protestations. Des nobles de la cour venus assister à l'arrivée de cette nouvelle délégation d'étrangers les invectivèrent vertement alors que certains ordonnaient à leurs gardes de lever leurs armes. En quelques secondes au moins une vingtaine de fusils étaient braqués sur les rhédalien et bien que plusieurs de ceux ci eurent des mouvements de recul, ils restèrent aussi dignes qu'ils le purent.

-Ce qui est sûr, c'est qu'ils ont du cran!

C'était le vieux Hestus qui venait de prendre la parole et Sirion ne pouvait que lui donner raison. Ils auraient mérité d'être aldérans! Il se souvenait des quelques fois où il avait été envoyé négocier auprès de l'ennemi et jamais alors il n'avait fait preuve d'autant d'effronterie non voilée, même quand son intention avait été d'humilier ses hôtes.

-Ils sont ici pour pousser l'Empire à la guerre tout en se basant sur la légitimité qu'ils ont encore pour le moment. Plus tôt le conflit éclatera, mieux ce sera pour eux, ils le savent...

Les cris d'« Outrage » parfois accompagnés de ceux de « A mort » et de « Guerre » fusaient en tout sens et au milieu de cela, le jeune Khefren ne parvenait même pas à se faire entendre.

-Vous n'êtes que des barbares du sud! s'exclama un noble.
-Vous avez violé la Loi Impériale! s'exclama de son côté un délégué de l'Administratum.
-Votre pathétique République n'est pas de taille face à notre puissant Empire!
-Vous irez nourrir les poissons du Fleuve!
-Vous ne faites qu'opprimer votre peuple depuis des millénaires!

D'un côté et de l'autre le ton ne cessait de monter et si les membres de la sécurité avaient jusqu'alors réussi à maintenir les gardes personnels loin de la délégation, certains d'entre eux semblaient sur le point d'attaquer sans attendre que des privés ne le fassent et certains membres de la délégation semblaient s'inquiéter de plus en plus de voir qu'ils n'avaient pas de lieu où fuir. Aran pour sa part souriait franchement et le baron Herun ne pouvait pleinement dissimuler son amusement. Sirion fut de nouveau envieux, d'eux cette fois qui, en tant que ses aides, n'étaient pas responsables pour ce qui pouvait arriver sur ce monde.

-Silence!

Il avait parlé d'une voix ferme et froide mais sans crier, néanmoins les hauts parleurs dissimulés dans son large manteau bleu nuit et reliés aux micros fixés à son col lui avaient permit de couvrir en un instant ce brouhaha.

-Moi, Sirion Ores, Comte d'Orae, représentant du Conseil Aldéran du Secteur Elonis ne saurais tolérer un tel vacarme de la part de prétendus représentants officiels d'une autorité humaine. Je ne suis pas venu sur ce monde traiter avec des barbares jouant à celui qui criera le plus fort.

Les exclamations s'étaient en grande parties tues face à ce volume sonore subite et l'attention de l'assemblée s'était un instant détournée des envoyés Rhédaliens ce qui permit à la douzaine de cataphractaires qui avaient accompagné le comte de prendre position autour des diplomates, armes sorties et tournées vers l'extérieur.

-Aldéran ne traite pas avec ceux qui ignorent les lois de l'hospitalité. Votre altesse Khefren XVII, Fils du Soleil, veuillez renvoyer ceux qui ici semblent plus soucieux de verser le sang de dignitaires que d'assurer la paix de leur nation. Quand à vous, ambassadeurs de Rhédalie, ce n'est ni le lieu ni le moment pour des attaques ouvertes dont la justification est encore à débattre.

Celui qui avait le premier invectivé le monarque assadien fixait désormais Sirion du même regard implacable que celui qu'il avait eut pour le jeune souverain mais un mince sourire se laissait cette fois voir sur son visage.

-Une réception a été préparée en votre honneur, continua l'aldéran en retournant le regard du rhédalien. Je vous propose de vous y rendre et de passer un agréable moment, les négociations officielles ne doivent commencer que demain. Si vous avez des réclamations à me faire, je suis cependant prêt à vous entendre pendant le trajet.
Quand il se tut, aucun de ceux présent n'osait émettre un son et risquer de s'attirer les foudres de cette voix si impressionnante que lui donnait sa tenue.

-Entendu.

Ce simple mot de celui qui devait être l'Ambassadeur de la République permit à l'assemblée entière de respirer et bien que beaucoup grognèrent, Khefren eut la bonté de disperser ses gens, ne manquant néanmoins pas de lancer quelques regards meurtriers à Sirion qui une fois de plus avait agit comme si il était le maître et non pas un simple envoyé. Les nouveaux venus pour leur part ne bougèrent pas de leur position et de la protection des soldats d'élite aldéran qui, dans leur livrée bleu et blanche leur faisait un rempart face aux intentions loin d'être pacifiques de certains nobles non encore partis. Certains semblaient plus que soulagés de s'être tirés de ce mauvais pas mais l'ambassadeur lui même pas plus que ceux en uniforme militaire ne semblaient particulièrement chamboulés par la situation. Lorsque Sirion fut convaincu que la situation était calmée, il marcha verts le cercle de ses hommes qui le laissèrent passer et vint se planter devant l'ambassadeur.

-Vous avez servi dans l'armée? demanda il sans attendre.
-Vingt cinq ans, jusqu'à ce qu'un obus ne vienne mettre un terme à ma carrière.

Maintenant qu'il le voyait de plus près, le comte remarqua en effet que l'homme portait sous sa tenue des bioniques qui sans doute devaient paraitre de bonne qualité suivant les critères locaux mais qui devaient néanmoins fortement restreindre les mouvements de son porteur.

-C'est là votre première mission suicide?

L'autre le jaugea un instant avant qu'un sourire franc mais qui avait quelque chose de cruel ne vienne se dessiner sur ses lèvres.

-Cela valait la peine d'essayer, vous en conviendrez, m'auraient ils attaqué, cela eut été un acte de guerre et notre engagement n'en aurait été que plus légitime encore.

Il était franc et il avait du cran, le Comte d'Orae était en cela pleinement d'accord avec le baron Herun.

-Vous aviez amené bien du monde avec un tel but, tous étaient au courant de la manœuvre?
-Tous connaissaient les risques. Je doute que l'Assadie ne se soumette de nouveau un jour aux marches impériales sans que nous n'ayons à passer par la guerre. Dès lors, cette ambassade ne pouvait espérer obtenir beaucoup plus que notre mort pour une cause plus grande.
-Votre dévouement vous honore mais j'espère pouvoir vous donner tord.

Sirion tendit sa main grande ouverte et l'autre la serra sans hésitation.

-Je suis le comte d'Orae comme je l'ai dit précédemment mais je pense qu'il vous siérait mieux de me nommer Sirion.
-Enchanté de faire votre connaissance Sirion, je suis le citoyen Maximilien de Pierrerose.



La barque sur laquelle avaient embarqués les deux ambassadeurs était simple en comparaison de ce à quoi ils auraient pu avoir droit mais Sirion avait jugé approprié de se contenter d'elle et de s'assurer de ne pas être conduit par des esclaves après avoir vu le manque de respect que Maximilien semblait montrer à de telles choses.

-Je voudrais savoir pourquoi.

Le rhédalien haussa les sourcils face à une telle question non explicitée.

-Le pourquoi englobe un grand nombre de chose Monsieur d'Or... Sirion, veuillez m'excuser, j'ai encore du mal avec cette coutume.
-Il n'y a pas de mal, sourit l'aldéran. Je veux savoir pourquoi vous soutenez de manière si indéfectible la décision du gouverneur Alun. Les assadiens se sont opposés car ils espèrent obtenir de nouveau le poste de gouverneur planétaire qu'ils ont perdu avec l'avènement de la première Coalition Rhédalienne, cela je l'ai compris, mais que peut espérer gagner la République en s'investissant dans des conflits extra-système? Vous savez aussi bien que moi que Jin Yazo est en rupture de service.
-Je ne suis pas pleinement d'accord sur ce point. Comme vous le savez, Enlenthis est bien moins centralisé que ne peut l'être le secteur Elonis, notre secteur a perdu son autorité centrale il y a plus d'un siècle et les attaques Orks n'ont fait que placer la dernière pierre sur le mémorial de l'autorité d'Enlenya. Plusieurs de nos analystes sont d'accord avec le fait que d'ici quelques siècles l'administratum sera forcée de réorganiser les forces dans cette portion de la galaxie. Jin Yazo est originaire d'Enlenthis, j'imagine que vous le savez?
-J'ai lu quelques uns de ses livres oui, répondit Sirion.
-Vous devez également savoir qu'au moment de sa fondation, notre république s'est établit un but.
-Libérer Karala des élites qui l'oppressent, de la cour Assadienne qui règne sur des masses abruties de soleil, des seigneurs de guerres Eubastéens qui condamnent leur peuple à une guerre sans fin et des mille et un princes et dictateurs des autres nations mineures. Oui, cela aussi je l'ai lu, es-ce donc ce que le Seigneur Militant vous a promis? D'établir des républiques sœurs sur toute la surface de la planète?
-Non ambassadeur, vous ne comprenez pas pleinement. Il m'est aussi arrivé de lire sur votre peuple et sur la façon que vous avez de gérer votre secteur galactique. La Rhédalie se veut une union des peuples mais nous ne prétendons pas tous les rallier à notre nation. Ce que nous voulons c'est que lorsque le successeur du secteur Enlenthis s'établira, il aura été bâti par des hommes ayant à l'esprit les concepts humanistes qui sont chers à nos cœurs. J'ai personnellement connu le Seigneur Yazo il y a des années. Il n'est pas issu de l'aristocratie militaire impériale, il s'est élevé à travers les rangs jusqu'à sa position et il m'a semblé un homme désireux que la naissance ne soit pas seule à déterminer les dirigeants. Si il parvient à emporter la passe Forine et à triompher de son rival, il pourrait reformer le secteur sur des bases solides et avec un idéal plus proche de celui de la Rhédalie que ne l'a jamais été Enlenthis.

Il était vrai que le secteur Enlenthis n'avait jamais été renommé pour ses aspirations démocrates. Les aristocraties locales s'y étaient toujours partagé le pouvoir, certaines familles parvenant à étendre leur influence à plusieurs planète et certaines guerres n'éclatant pour d'autres raisons qu'un mariage refusé.

-Nombreux sont les tyrans à s'être élevés au pouvoir en prétendant véhiculer les plus nobles idées, l'histoire de ma planète nous l'a montré plus d'une fois. La concentration du pouvoir corrompt le cœur aussi certainement que l'argent ou l'abandon. Engager votre nation sur le seul espoir que votre cause puisse éventuellement être juste me semble fort hasardeux.

A l'heure même où il parlait, des factions au sein du Conseil aspiraient à nommer le Haut Maréchal Alonus Dictator Alderanii, convaincues par ses succès et ses promesses de ramener la santé au Domaine. Sirion ne pouvait s'empêcher de penser que son propre peuple était peut être en train de commettre ce qu'il tentait de convaincre le rhédalien de ne pas faire.

-Si nos ancêtres n'avaient pas été prêts à se sacrifier pour une idée, à se battre de toutes leurs forces sur leurs seuls espoirs, il n'y aurait pas de Rhédalie en ce jour.
-Cela je dois l'admettre.

Les deux hommes se jaugèrent un moment.

-Vous comptez de nouveau pousser le petit Khefren jusqu'à ce qu'il vous déclare la guerre?
-Vous devez avouer que c'est plutôt drôle comme activité!
-Cela, je dois l'admettre.

Ils rirent un instant.

-Savez vous pourquoi Aldéran se propose d'intervenir dans ce conflit?
-Vous avez déjà commencé votre intervention, nous vous devons une bonne centaine de destructions de chars.
-Si la situation se stabilise et que l'administration Karalane passe sous domination aldérane, nous serons ravis de compenser vos pertes avec bien mieux.
-Je n'en doute pas... C'est d'ailleurs bien la raison de votre présence? Accroitre encore votre fameux « Domaine »? Il est vrai que le gâteau peu sembler appétissant mais je peux vous assurer qu'il ne sera pas si aisé que cela à prendre!

Cette fois Sirion laissa s'échapper un véritable éclat de rire, bruyant, qui mit plusieurs secondes à se dissiper dans les ténèbres de la nuit.

-La République et la Coalition sont les deux nations les plus industrialisées à la surface, je ne me trompe pas?

Maximilien resta confus un instant.

-En effet mais je ne...
-La production annuelle de vos deux nations ne dépasse pas ce que Techeran produit en une semaine.
L'aldéran laissa le temps à sa déclaration de retomber.
-Le Domaine Aldéran ne comporte plus de mondes forges à part entière depuis la crise de 385, si vous avez lu quoi que ce soit en rapport avec mon peuple, j'ai bien peur que cela ait plus de rapport avec cette période de notre histoire qu'avec nos moments les plus glorieux... toujours est il que depuis des millénaires, des millénaires! nous nous sommes efforcés de disposer d'une autonomie quasi totale à la fois en matière de ressources basiques et de produits manufacturés. Si Aldéran n'a pas étendu sa sphère de possession depuis l'âge de l'Apostasie, ce n'est pas par faiblesse, c'est car nous n'en avons pas le besoin et que l'Humanité n'a désormais plus besoin d'être unifiée. N'y voyez là ni moquerie ni exagération, Aldéran considère simplement les choses au niveau sectoriel et non pas planétaire et votre monde n'est pas d'une valeur si grande que nous le voulions pour lui même.
-Vous exagérez. Je suis...
-Monsieur De Pierrerose, s'il vous plait... j'ai réussi jusqu'à présent à ne jamais avoir cette conversation avec le roitelet de ces Terres du Soleil et j'aimerais que cela demeure ainsi. Je ne vous demande pas de me croire mais considérez simplement que nous ne sommes pas ici par simple impérialisme.

La barque s'arrima au petit palais où devait avoir lieu la réception mais l'envoyé de la République ne semblait pas particulièrement désireux de partir.

-Bien, reprit Sirion. Je voudrais désormais que vous me disiez ce que vous savez de Lincia.

L'autre se pencha en avant.

-Et bien... l'Empire Lincian est un domaine hérétique né sur votre espace spatial et votre principal ennemi depuis quatre siècles non?
-C'est assez réducteur mais oui, on peut dire cela. Lincia est l'ennemie mortelle d'Aldéran et il est probable que notre Domaine ait un jour à détruire totalement ce conglomérat de païens si il espère survivre. Et de fait, nous somme parés à tout pour empêcher les lincians de gagner en pouvoir en dehors de notre propre sphère d'influence. Maintenant, j'aimerais que vous me disiez réellement ce que vous savez et jusqu'où s'étendent vos connaissances, je veux savoir si ils ont déjà des pièces dans ma partie.

Maximilien resta silencieux un moment.

-Et bien, le sous secteur Gydéa est tombé sous leur coupe il y a quelques années et ils tentent actuellement d'envahir les planètes du Pacte d'Elchin. Nous avons découvert un certain nombre de cellules de rébellions menées par des envoyés de cet « empire » au sein même de plusieurs de nos grandes villes, nos tribunaux ont eut tôt fait de les guillotiner mais il en réapparait toutes les décennies depuis... peut être un demi siècle. Nous ne les aimons guère...

-En cela nous sommes en parfait accord.

Sirion prit son temps, choisissant ses paroles avec soin.

-Les forces armées d'Aldéran sont bien plus vastes que ce tout ce que peut mobiliser une planète isolée mais celles de Lincia, bien qu'inférieures n'en sont pas moins comparables. De plus, nous peinons à déplacer nos troupes en nombre suffisant en peu de temps. Laisser le Seigneur Yazo prendre le contrôle de ce sous secteur et envoyer des millions d'hommes combattre d'autres impériaux, c'est donner à nos ennemis une parfaite fenêtre pour frapper et s'emparer de ce secteur sans que nous ne soyons en position de les repousser. Nous avons besoin que la Passe Forine reste en paix, défenses levées afin que les Lincians ne puissent pas s'y imposer comme ils l'ont fait en Gydéa.



Les deux hommes discutèrent encore près d'une heure, rejoignant la salle principale de la réunion avant que Maximilien ne soit rappelé par sa délégation. Sirion put remarquer au cours de la soirée que les rhédaliens restaient aussi loin que possible des assadiens bien que certains d'entre eux eurent des conversations avec des membres de sa propre délégation. Le Fils du Soleil pour sa part fut absent une bonne partie du début de soirée, n'arrivant que tard aux côtés de sa petite favorite aux cheveux blonds, drapée comme une reine de soies diaphane tissée d'or. Il ne parla qu'à une occasion à l'envoyé de la République et leur conversation s'avéra des plus limitée. Herun racontait une de ses innombrables histoires à deux agent de l'Administratum, l'un pro Assadie, l'autre pro Rhédalie alors qu'Aran sirotait un verre en discutant avec un riche propriétaire local.

Tout au long de la réception des groupes de musiciens se succédèrent mais aux alentours de dix heures arriva le seul que Sirion était enclin à écouter. Les trois artistes qui l'avait émerveillé deux jours plus tôt étaient ce soir vêtus à la mode Assadienne de vêtements de bonne qualité mais bien moins riches que ceux qu'ils avaient pu revêtir pour faire honneur à Alderan et qui avaient apparemment été modifiés par un artisan. Juilia se porta rapidement au bras du poète avec qui elle avait passé les derniers soir et la plus âgée des membres du trio, vêtue d'une robe qui trainait jusqu'au sol et dont le seul ornement était une large ceinture de métal lui enserrant la taille alla se présenter à la délégation rhédalienne tandis que Gaïa se dirigea vers lui dès qu'elle le vit. La jeune femme portait une tenue de femme des terres du soleil modifiée de sorte à cacher son côté droit et la totalité de son abondante poitrine. Sa taille était enserrée d'une demi jupe fendue à gauche et elle allait pieds et bras nus, les poignets comme les chevilles enserrés de bracelets. Plus encore que lorsqu'elle portait des tenues aldéranes, le comte fut frappé par la blancheur de sa peau et de ses boucles ainsi que par la pâleur de ses yeux cernés toutefois de khôl noir. Elle le salua d'une révérence et il lui administra un baise main courtois.

-Toujours un plaisir de vous voir très chère, commença il. Le soleil il est vrai a frappé plus fort qu'il ne le faisait jusqu'alors mais je ne pensais pas que ce fut à ce point!

Les joues de porcelaine de la chanteuse rosirent.

-Les organisateurs ont été très strictes, je suis sensée présenter des chants assadiens en tenue assadienne, j'ai du batailler pour garder l'intimité d'une partie de mon torse!
-Si j'imagine que vous n'êtes pas au mieux de votre aise ainsi vêtue, je dois avouer que vous êtes un véritable ravissement pour les yeux!

Ses joues prirent à ces mots une teinte un peu plus foncée.

-J'espère que votre journée s'est bien déroulée. Des bruits ont couru comme quoi vous aviez évité de peu l'incident diplomatique en début de soirée.
-Les nouvelles vont vite on dirait mais oui, les assadiens ont beau avoir le sang chaud, réchauffé comme il est par le soleil, ils peuvent néanmoins entendre raison sur certains sujets. Et je dois avouer que l'envoyé de Rhédalie est un individu plutôt intéressant, je ne désespère pas que nous puissions parvenir à un accord préservant la paix sur Karala.
-Je vous souhaite la plus grande réussite! J...

Gaïa fut interrompue par une toux discrète mais clairement intentionnelle. Sirion détourna le regard vers sa source et découvrit le fils du soleil, toujours au bras de sa favorite. L'ambassadeur s'inclina légèrement comme le voulait le protocole et resta silencieux en attendant qu'on lui adresse la parole.

-Ambassadeur... je tenais à vous... remercier pour votre intervention de tantôt, je vois maintenant qu'exterminer ces larves rampantes de la délégation Rhédalienne n'aurait eut pour effet que de jouer leur propre jeu.

La favorite se détacha du Fils du Soleil et prit Gaïa par le bras, la conduisant au loin afin qu'elle n'entende pas des affaires d'états. La jeune femme lança au comte un regard d'excuse avant de s'éclipser.

-En effet, la délégation aurait accueillit la mort avec une certaine joie. Mais je ne traiterais pas des hôtes de « larves rampantes » si je devais les recevoir en Orae. Ils sont présent dans le but de déclencher une guerre ou a défaut d'obtenir des concessions favorables et ils ne partiront probablement qu'avec l'une ou l'autre, les sous estimer ne me semble guère judicieux.

Ils parlaient tout en marchant vers un balcon désert.

-Je sais que ma femme a fait appel à Aldéran pour profiter de l'expertise des natifs du secteur Elonis, elle est assez admirative de plusieurs de vos maréchaux, je le sais, néanmoins n'allez pas croire que nous avons besoin de vous pour emporter un conflit local. Si la République veut la guerre nous la lui donneront et elle regrettera sa décision.
-Je ne doute pas que votre majesté est convaincu de la justesse de ses propos mais il ne me semble pas qu'elle ait déjà mené de conflit militaires. Prétendre à la vic...
-Vous n'avez pas non plus mené de conflit vous même comte, que je sache? Et Aldéran elle même ne me semble plus si bien placée que cela pour prétendre connaître la meilleure façon d'emporter une guerre! Je tolère votre présence car la fille de la Terre l'a réclamée mais ne vous avisez pas de prétendre contrôler la situation avec votre prétendue autorité venue de votre Conseil lointain et vos quelques soldats tout bleus. Vous m'avez rabroué une fois de trop Sirion, continuez et vous ne recevrez plus le meilleur accueil dans mes Terres du Soleil!

Sirion resta silencieux un instant, ses pupilles froides sondant celles pleine de morgue du jeune roitelet.

-Je veillerait à me souvenir de quelle est la place de chacun, votre altesse. Comme vous le savez je ne vais de toute manière pas rester indéfiniment dans votre glorieuse capitale et je ne doute pas que le Baron Aran qui sera responsable de l'ambassade pendant mon absence saura faire amende honorable pour mes débordements.
Alors que l'envoyé du Conseil baissait les yeux tandis que le Fils du Soleil se détournait, il ne put que prier l'Empereur et ses ancêtres pour que la Fille de la Terre se montre autrement plus sage que son époux.
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés Icon_minitimeVen 30 Nov 2012 - 7:11

Ils m'ont l'air très sympathiques ces ambassadeurs :noel:

Hâte de voir quelles idioties va bien pouvoir faire encore le Fils du Soleil x)
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Tenkaranpu
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés Icon_minitimeVen 30 Nov 2012 - 8:25

Citation :
-Nous ne sommes pas des nobles, pas plus que vous, le coupa l'un des envoyés. Nous sommes tous citoyens de la grande République de Rhédalie, sujets du Gouverneur de Karala et Civitatis Imperii, vos égaux sur ces deux derniers points si vous ne vous étiez oubliés.
Fluffiquement cette accusation est cohérente, mais contestable. Néanmoins, les conflits entre puissances locales ou régionnales (annexions par un gouverneur planétaire d'une autre planète, par exemple) sont tolérées par l'Adeptus Terra, sinon légales dans l'Imperium, tant que l'équilibre du secteur n'est pas trop fragilisé. Ainsi, si ça ressemble au chef d'accusation d'un procureur, ce que je viens de dire est la défense l'a plus simpliste pour un avocat. ;)
Je rajouterais que l'Imperium est un gouvernement aristocratique (les Hauts-Seigneurs, les gouverneurs planétaires, le Senatorum Imperialis...) et que les Adeptes (les fonctionnaires, les membres de l'Adeptus Terra) sont socialement et constitutionnellement supérieurs aux citoyens.

&

Citation :
-Aldéran ne traite pas avec ceux qui ignorent les lois de l'hospitalité. Votre altesse Khefren XVII, Fils du Soleil, veuillez renvoyer ceux qui ici semblent plus soucieux de verser le sang de dignitaires que d'assurer la paix de leur nation. Quand à vous, ambassadeurs de Rhédalie, ce n'est ni le lieu ni le moment pour des attaques ouvertes dont la justification est encore à débattre.
Dingue ça, on dirait un certain modérateur... :SM1:

Primus inter pares. A titre personnel, je trouve que leurs arguments sont culturellement grotesques. Comme il dit, la justification de ces accusations est à débattre.


Citation :
Les nouveaux venus pour leur part ne bougèrent pas de leur position et de la protection des soldats d'élite aldéran qui, dans leur livrée bleu et blanche leur faisait un rempart face aux intentions loin d'être pacifiques de certains nobles non encore partis.
/me imite Barthez.
Un uniforme à la française ? Tu sais, je me disais que si la France avait été en guerre contre les Khajit, on aurait peint entièrement nos uniformes en rouge plutôt que d'inventer le kaki. :rire2: :diable:


Citation :
-Vous n'avez pas non plus mené de conflit vous même comte, que je sache? Et Aldéran elle même ne me semble plus si bien placée que cela pour prétendre connaître la meilleure façon d'emporter une guerre! Je tolère votre présence car la fille de la Terre l'a réclamée mais ne vous avisez pas de prétendre contrôler la situation avec votre prétendue autorité venue de votre Conseil lointain et vos quelques soldats tout bleus. Vous m'avez rabroué une fois de trop Sirion, continuez et vous ne recevrez plus le meilleur accueil dans mes Terres du Soleil!
Il commence enfin à parler en grand seigneur. Cela dit, nous verrons s'il sait aussi agir en tant que tel.
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MessageSujet: Re: Intérêts croisés   Intérêts croisés Icon_minitimeVen 30 Nov 2012 - 18:49

Le lendemain, une fois de plus, Sirion se réveilla de bonne heure. Il fut habillé par ses Gardiennes de Nuit et se dirigea ensuite droit vers son bureau. La soirée de la veille s'était terminée dans le calme. Il avait discuté avec le principal représentant de l'Administratum des Marches Impériales et celui ci avait accepté de manger avec lui pour le déjeuner de la journée. Gaïa avait été aussi compétente qu'en début de semaine dans son art du chant et, voyant que sa présence n'était pas indispensable, l'envoyé d'Aldéran s'était éclipsé après la fin de la représentation de la jeune fille, lisant quelques rapports avant de s'endormir.

La nuit n'avait pas été particulièrement notable d'après ce qu'il apprit des brèves qu'Atius n'avait pas manqué de déposer sur son bureau moins d'une heure plus tôt lorsqu'il s'était lui même éveillé. Les troupes Rhédaliennes s'étaient en grande partie repliées des principautés non alignées qui leur avait pourtant accordé libre passage et il y avait bien eut un accrochage anecdotique entre des gardes côte dans le Golfe de Lapis mais rien de bien anormal.

Une fois rassuré sur ces faits, Sirion saisit plusieurs cartes de l'Empire afin d'organiser son voyage vers l'ouest. Le plus évident aurait bien entendu été de prendre une valkyrie aldérane jusqu'à Khorsadan mais il comptait passer par les deux bases aériennes que Philaeus avait fait installer dans le désert et un détour par Carasta lui permettrait éventuellement de rencontrer les principaux dignitaires de l'Administration Assadienne et de visiter les locaux de l'Administratum local. Quoi qu'il en fut, il avait hâte de quitter Hélipolis, les dernières réactions de Khefren ayant finit de l'excéder. Peut être le roitelet voulait il la guerre après tout et avait il été désappointé de ne pas pouvoir profiter de celle que lui offraient les rhédaliens. Si tel était le cas, les intérêts Aldérans à la surface risquaient d'être plus que compromis: un conflit à grande échelle entre les deux nations risquait de durer des années et de coûter la vie à des millions de soldats. Si lincia devait s'inviter à la surface au milieu d'un tel chaos, les hérétiques risquaient de trouver un terrain fertile à la fois pour leurs promesses mensongères mais aussi pour que leur appareil militaire puisse planter ses racines. Heureusement, cette fois Aldéran avait un coup d'avance et si il le fallait, les troupes du domaine pourraient être à la surface en force en moins de dix mois. Si la paix pouvait être maintenue ou si un éventuel conflit entre Assadiens et Rhédalien pouvait ne durer que quelques mois, Karala formerait un avant poste presque inexpugnable d'où le Domaine pourrait étendre son influence dans cette portion de galaxie mais si le conflit devait éclater et s'éterniser...

Sirion profita également de la matinée pour écrire à son épouse et à ses filles, ne sachant trop si il en aurait l'occasion avec son voyage prochain. Iliana se faisait projet de venir rejoindre son père dans ce qu'elle ne pensait n'être qu'une affectation de prestige sur un monde souvent vanté dans le secteur Elonis pour la beauté de ses paysages, il comptait bien la dissuader.

Ces affaires terminées, l'heure du repas approchait. Sirion sortit du palais seulement accompagné d'un garde du corps cataphractaire et se dirigea vers l'hôtel qui avait été assigné aux Rhédaliens. La porte lui fut ouverte par une jeune femme dont les cheveux roux et la peau claire attestait d'un lieu de naissance bien plus au sud que les terres de l'Empire. Faisant de nouveau preuve de leur volonté d'indépendance, les ressortissants de la République avaient en effet décidé d'apporter leur propre personnel, toujours pour ne pas avoir à être servi par des esclaves.
Le hall était désert et la domestique conduisit l'ambassadeur à travers des couloirs tout aussi dépeuplés jusqu'à une salle à manger privée où l'attendaient les trois représentants des Marches Impériales.

-J'espère ne pas être en retard!
-Non, monsieur Ores. Nous vous attendions.

Sirion grimaça une fois de plus d'être nommé à la place de son ainé mais après tout, nul autre aldéran n'était à portée d'oreille et il pouvait aussi bien faire avec.

-Je suis heureux que vous ayez daigné me confier un peu de votre temps, je ne suis qu'un représentant étranger à la surface mais le maintient de la paix sur Karala m'est très cher.

Les autres échangèrent un regard avant que le représentant principal de l'administrtum ne réponde, apparemment choisit par les autres.

-Prendre parti dans un conflit n'est pas un moyen de maintenir la paix, d'autant plus quand la cause que vous soutenez est l'illégitime.

Il s'y était attendu.

-Au yeux d'Aldéran, la décision assadienne de s'opposer à l'entrée en guerre de Karala dans l'actuelle guerre civile Forine n'est aucunement perçu comme illégitime.
-Ils se sont opposés à leur gouverneur planétaire et souverain. La fille de la Terre s'est déclarée hostile à l'éminence impériale à laquelle elle avait juré service et son frère a soutenu son initiative. C'est de la haute trahison envers l'Impérium de l'Homme.
-Nous entrons dans le premier tenant contentieux, dit l'ambassadeur. Leurs altesses Ahotep et Khefren n'ont jamais juré fidélité au gouverneur Alun, pas plus individuellement qu'en tant que couple régnant. Le seul serment qui ait existé est celui fait par Ahotep lors de son ascension au Trône d'Abondance au prédécesseur d'Alun, le serment n'a pas été renouvelé par la suite au changement de gouverneur.
-Vous mettez là en avant un nouveau manquement des Assadiens! Ils ont...
-Le gouverneur Alun n'a pas non plus reçu l'hommage du Cercle des Sages Eradiens pas plus que de l'Assemblée des Archontes Eubastéen ni d'un grand nombre de princes divers. Sa prise de pouvoir fut dès le début plus que contestée...

Alun était le fil du précédent gouverneur mais avec celui-ci en pleine forme passé ses deux cent ans, beaucoup pensaient qu'il ne monterait jamais sur le trône d'autant que son père semblait favorable à une élection de son successeur plutôt que de léguer son pouvoir sur une base héréditaire. Sa mort avait été plus que suspecte et la prise de pouvoir qui avait suivit n'avait pas en l'état été pleinement acceptée.

L'un des deux membres de l'Administratum fut plus qu'outré de même que le représentant du Méchanicum mais le leader du groupe garda admirablement son calme.

-Si la Fille de la Terre est opposée à la gouvernance du Seigneur Gouverneur Alun, elle aurait du exiger son remplacement, non pas prétendre usurper son poste.
-Sur cela au moins nous sommes d'accord.

Sirion laissa à ces paroles le temps de retomber.

-Aldéran n'est pas venue à la surface pour assurer l'hégémonie d'une famille dirigeante particulière. Nous voulons assurer la paix de Karala à la surface mais nous désirons aussi que celle ci reste non impliquée dans les conflits qui ensanglantent déjà tout le secteur Enlenthis. Nous sommes donc en accord avec les Assadiens sur une part de leurs réclamations, néanmoins une Karala en paix pourrait garder sa direction située dans les marches impériales. L'actuel Fils du Soleil est bien trop jeune et vert pour présider à un monde entier et son épouse dispose déjà de bien assez de pouvoir pour le moment. Un accord peut être atteint, je n'en doute pas.

Celui qui avait fait preuve de calme quelques instants plus tôt avait le regard vide mais les deux autres semblaient suspendus aux lèvres de Sirion. Ils discutèrent longtemps tout en déjeunant de viande blanche . L'aldéran eut le temps de saisir qu'au sein même des basilicae administratives polaires les débats faisaient toujours rage entre ceux en faveur de l'intervention et ceux désirant atteindre un compromis. Alun était néanmoins soutenu par toutes les instances militaires des FDPs ce qui d'une part assurait un fort appui militaire à la Rhédalie, le représentant du méchanicus ayant même fait la bourde de laisser échapper quelques informations sur le fourniment en chars leman russ et hellhound des troupes des Marches, et d'autre part impliquait qu'il serait plus que difficile d'éventuellement débouter le gouverneur.

Alors que le repas atteignait son terme, le silencieux annonça qu'il était attendu au palais ainsi que ses collègues pour assister à la première négociation officielle entre Maximilien et Khefren. Les deux autres semblèrent dire que cela pouvait attendre mais finirent par se plier à la décision du premier et Sirion se fit un plaisir de les accompagner, en profitant pour collecter autant d'informations qu'il le put de l'adepte du méchanicum dont la balourdise, imputable à sa plus grande habitude des machines que des hommes laissait filtrer bon nombre d'informations. L'un des adeptes tenta bien de venir à son secours mais sans grand succès et le troisième semblait encore avoir l'esprit ailleurs.

Ils arrivèrent devant la porte de la salle de réception privée du monarque et entendirent des éclats de voix en venant. Ayant un mauvais pressentiment, Sirion ouvrit la porte à la volée, bousculant un garde.
Maximilien se tenait face à Khefren derrière lequel se dissimulait cette maudite créature à la chevelure blonde. Il hurlait de toutes ses forces sur le Fils du Soleil qui lui répondait sur le même ton. Un garde braquait son arme sur l'ambassadeur et avançait lentement alors que les représentants rhédaliens semblaient sur le point d'en venir au main avec les assadiens. Le Comte se prépara à faire usage de ses amplificateurs, les activant d'une pensée.

Un son couvrit en effet tous les autres.

Le bruit caractéristique d'un coup de feu suivit d'un impact et d'une chute.

Sirion se retourna comme au ralentit vers l'adepte silencieux jusqu'alors qui tenait à bout de bras un petit pistolet qui avait apparemment échappé aux détecteurs à l'entrée du palais.

Ses deux compagnons s'écartèrent instantanément de lui alors que les gardes de la porte se jetaient sur lui et que l'épée longue de l'un vienne transpercer son ventre.

Le garde qui menaçait un instant plus tôt Maximilien fut projeté en arrière, son crâne éclaté tombant en morceau.
Du sang gicla en tout sens, souillant la veste de l'ambassadeur de Rhédalie, gâchant le motif du tapis au sol... éclaboussant le visage du Fils du Soleil.

Tout alla ensuite à une vitesse impressionnante. Khefren vit rouge une seconde puis, avec dignité, ordonna que soit mis aux arrêts toute la délégation. Des gardes et des curieux accouraient de partout et Sirion se retrouva bousculé par des agents de sécurités venus s'assurer que rien n'était arrivé à leur monarque. La salle du conseil se vida en quelques minutes, Khefren visiblement furieux partant accompagné de plusieurs officiers de sa cour, sa favorite s'éclipsant discrètement par une porte dérobée. Maximilien fut trainé dehors par des gardes et l'aldéran lui coula un regard mauvais. Il voulait son incident, il l'avait eut mais avec un cruel manque de dignité.

Pourtant, loin du triomphe, une grande confusion se lisant dans le regard de l'envoyé.



La nuit était fort avancée lorsque Sirion eut enfin droit à une visite.

Cela faisait déjà trois heures qu'il était sur l'île pénitentiaire d'Aron, la prison isolée sur le delta où les Fils du Soleil avaient de tout temps emprisonné leurs plus dangereux captifs. Véritable forteresse avec ses larges murailles de pierre aux angles durs et ses nombreuses pièces d'artillerie, Aron était un lieu frustre bien loin des standards du quartier du palais et des barques royales auxquelles avait eut droit l'ambassadeur depuis son arrivée. Après son arrivée on l'avait confiné dans une cellule d'attente sans décoration ni autre commodité qu'une banquette de pierre en lui commandant d'attendre que l'interrogation de Maximilien n'arrive à son terme.

La délégation avait eut beaucoup à faire depuis l'incident. Khefren avait voulu déclarer la guerre à la Rhédalie dans l'après midi qui devait suivre et les Aldérans avaient compris qu'ils n'étaient pas en position de lui interdire cette décision. En lieu et place ils avaient temporisé. Le département d'analyse lui promettant un procès qui justifierait pleinement ses griefs à l'encontre de l'envoyé de la République. Philaeus avait promis de préparer une frappe aérienne contre les côtes nord de la Rhédalie en conjonction avec les forces aériennes des Terres du Soleil qui disposaient d'un rayon d'action bien moindre que les engins aériens du Domaine. Sirion pour sa part n'était pas directement entré en contact avec le monarque qui avait fait se rassembler sa garde et mettre en ordre de bataille sa flotte de guerre et en lieu et place il avait fait tout son possible pour pouvoir parler à Maximilien et tenter de comprendre le pourquoi.

Un garde bien incapable de parler la moindre forme de gothique vint le chercher et il traversa plusieurs couloirs peu éclairés avant d'arriver jusqu'à la cellule de l'émissaire. On l'introduisit et le gardien lui fit comprendre qu'il devait frapper trois fois si il désirait sortir. Sirion acquiesça et entra dans la pièce.

Le confort y était encore moins spartiate que dans la salle d'attente: il n'y avait aucune trace du moindre aménagement et le sol comme les murs étaient totalement nus à l'exception de quelques anneaux de fer.

Maximilien était à demi suspendu contre le mur opposé à la porte, ses poignets liés par des chaines étaient retenus par un cercle de métal incrusté haut dans la paroi de pierre et le forçant à rester en permanence sur la pointe des pieds pour ne pas avoir les épaules déboitées. Il avait été privé de tout vêtements et son torse comme ses jambes et son aine présentaient les traces des tortures qu'il avait subit. Il était accusé d'avoir attenté à la vie du Fils du Soleil et ceux qui l'avaient interrogé semblaient plus que décidés à avoir des aveux.

-Vous étiez prêt à mourir pour votre mission... j'espère que vous êtes satisfait?

Le rhédalien ne répondit pas de prime abord, ne bougeant qu'à peine. Il finit cependant par relever la tête et son visiteur put voir qu'un de ses yeux lui avait été arraché.

-Je... rien... prévu contre...

Il commença à baragouiner de manière à demi intelligible des déclarations d'innocence qu'il peinait à articuler.

-Je ne suis pas un bourreau, Monsieur de Pierrerose. J'ai bien des questions, je veux de nouveau comprendre le pourquoi, mais je n'exigerais rien de vous.

L'épave humaine releva tant bien que mal la tête et le comte vit qu'il lui fallut un réel effort pour reconnaître le nouveau venu dans sa cellule.

-Sirion... encore à prétendre savoir... mieux que le mioche... comment procéder?

Même ainsi il restait assez fier pour vouloir faire un peu d'humour. L'ambassadeur eut un sourire peiné de compassion envers son collègue.

-Pensez ce que vous voulez. Je veux simplement l'entendre de vous: aviez vous prévu l'incident qui a eut lieu?

L'autre tenta de rire mais il ne réussit qu'à tousser du sang.

-Je dois dire que -il toussa violemment- j'avais bien prévu d'organiser un petit quelque chose mais pas dès le début... au lieu de ça j'ai sans le vouloir courroucé cette... cette... cette harpie qui tourne autour du maitre de céans. -Il fit une pause.- Sans même que je ne comprenne ce qui s'est passé, le ton est monté et j'espérais bien qu'avec vous occupé avec mes gens à notre hôtel le gosse fasse une erreur... mais vous êtes arrivé avec une heure et demi d'avance et Orion a fait feu... je ne comprends toujours pas... c'est à lui que j'avais ordonné de vous tenir au loin et c'est en lui que j'avais le plus confiance parmi nos alliés des Marches, il était aussi originaire de rhédalie... enfin... la suite vous la connaissez...

Sirion prit un moment pour digérer cette information, légèrement énervé qu'on ait voulu le tenir écarté.

-Et vous savez comment il a fait passer une arme à la sécurité du palais? Il devait s'agir d'une arme de céramite ou de carbone aux balles spéciales pour ainsi ne pas être détecté. Pas le genre de chose que l'on a trouve le plus facilement.
-Je sais... je pense... je pense qu'Orion voulait que la guerre éclate... il avait peut être peur... peur qu'on... un accord. Il était étrange depuis hier soir...
-En ce cas il a mal visé si il voulait faire au mieux dégénérer les choses. Aurait il simplement touché Khefren et les conséquences eurent été...

Sirion préférait ne pas trop y penser. Si le Fils du Soleil avait été blessé mais non tué, il aurait sans doute envoyé par millions les hommes se précipiter sous les armes de ses ennemis par pure rage. Et si sa mort aurait eut l'avantage de mettre au pouvoir son frère plus conciliant, nul doute que le conflit n'en aurait pas moins été plus sanglant dans ses premières phases que si il devait advenir suite à un casus belli moins... spectaculaire.

-D'autant que... il... -l'envoyé Rhédalien avait réellement du mal à parler, il s'affaiblissait clairement.- Il n'a jamais su viser de ce que je sais... peut être voulait il toucher le Fils... je ne sais pas... ça n'a plus d'importance. La guerre va éclater et ma nation aura été entachée par ces événements...

Le prisonnier semblait réellement triste, non pas de son sort mais d'avoir échoué dans sa tentative de garder l'image de sa nation aussi immaculé que possible. Sirion compatissait.

-Il y a peut être encore des possibilités pour la paix. J'ai une valkyrie qui décolle dans une heure pour le campement de la Fille de la Terre, je peux peut être la raiso...

Une fois de plus, un grand bruit interrompit la déclaration. Un son assourdissant et violent qui coupa l'aldéran dans sa lancée mais aussi qui annihilait tout espoir que ce qu'il puisse faire à l'avenir puisse prévenir le conflit qui s'annonçait.

Un nouvel obus vint frapper la forteresse d'Aron puis un autre encore. Un véritable martèlement s'abattit contre les épaisses murailles et bien vite les cris d'alarme se firent entendre.

De nouveau, le regard de Maximilien fut plein de confusion mais cette fois Sirion n'était guère enclin à croire à une telle attitude. Un rapport qu'il avait lu tôt dans la journée révellait qu'une patrouille aldéran avait repéré au large une escadre de navires de guerre de fabrication rhédalienne. Il semblerait que ceux ci soient venus chercher leur ambassadeur.


Dernière édition par Araxyrie le Lun 3 Déc 2012 - 14:44, édité 1 fois
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